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EAN : 9782330117771
448 pages
Actes Sud (02/01/2019)
3.95/5   239 notes
Résumé :
Miguel et Elena se rencontrent dans une résidence séniors à Tarifa. À court de temps, ils décident de s'épauler pour solder leurs comptes avec la vie et se jettent sur la route au volant d'une flamboyante Datsun de 1967. Direction Madrid, Barcelone et Malmö, en quête des vérités qui blessent et d'un amour qui tue.
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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Février 2014, Séville. À soixante-quinze, Miguel Gandia, veuf depuis quelques années, vit des jours rythmés par une même logique et même routine, la solitude pour seule compagnie, exceptés les deux soirs par semaine où il retrouve ses anciens collègues de la banque au centre équestre. Méthodique, logique, exigeant aussi bien avec lui-même qu'avec les autres, il considère avoir réussi sa vie. Sauf pour sa fille, Natalia, qui n'a pas vécu un mariage heureux, son ex-mari étant violent avec elle. En ce jour de février, alors qu'il s'apprête à rentrer chez lui, il est pris d'un malaise. S'inquiétant pour lui, Natalia l'accompagne aussitôt chez le médecin. Ce dernier lui annonce qu'il est atteint d'un début de démence sénile. Ne supportant pas de le laisser seul chez lui, Natalia propose de l'héberger bien qu'elle ait renoué avec son ex-mari. Une situation que ne tolère pas Miguel, décidant alors de s'installer dans une résidence pour personnes âgées, à Tarifa. C'est ici qu'il va faire la connaissance d'Helena, une femme fantasque et imprévisible, que la vie a souvent malmenée...

Deux personnes âgées qui n'attendent plus vraiment grand-chose de la vie, surtout Migel dont les jours sont comptés, une jeune prostituée à Malmö qui paye encore aujourd'hui les dettes de son grand-père, un policier corrompu, un trafiquant de drogue sans aucun scrupule, une mère qui veut se suicider avec sa fille... et bien d'autres personnages encore, ancrés à Malmö, Tarifa ou Séville, dans les années cinquante ou en 2014, qui peuplent ce roman foisonnant et riche, à la construction implacable. Víctor del Árbol tisse peu à peu les liens qui les unit au fil des pages, s'attardant sur chacun avec une précision méticuleuse, leur donnant corps et âme. En fil rouge, le road-movie de Miguel et Helena, le premier pour sortir sa fille des griffes de son ex-mari et la raisonner, la seconde pour revoir son fils, installé à Malmö. Au fil de leur voyage, des confidences et des secrets révélés. Si, au début, la lecture s'avère complexe, l'on referme ce roman bouleversé, ému et admiratif devant cette intrigue d'une rare maîtrise, devant cette plume dense et étoffée, devant cette multitude de personnages et d'événements qui s'emboîtent, devant tous ces sujets abordés (qu'il s'agisse de la vieillesse, de l'amour, de l'enfance, de la trahison, de la transmission, de la vengeance, du poids du passé...). Tragique, d'une extrême noirceur mais d'une beauté insaisissable...
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Bouleversant d'humaniTÉS .
Troublant.
Fraichement authentique.
Trop vrai.
Le grand Victor del Arbol est ici excellent.
"Par-delà la pluie" est à lire.
ABSOLUMENT.
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J'avais été très séduit, il y a quatre ans, par Toutes les gouttes de l'océan (rebaptisé depuis, semble-t-il, Toutes les vagues de l'océan), oeuvre de l'écrivain espagnol Victor del Arbol. Dans son dernier roman, Par-delà la pluie, je retrouve la même brutalité sordide dans les faits racontés et dans la façon de les raconter. Je retrouve le même ancrage du récit dans la mémoire tragique de l'Histoire, en l'occurrence celle de la dictature franquiste en Espagne dans les années quarante et cinquante.

Je retrouve aussi la même pluralité de personnages, de lieux et d'intrigues, dans laquelle je me suis senti un peu perdu au début, ne voyant pas ce qui les reliait. Mais l'incontestable cohérence de l'ensemble apparaît peu à peu, comme un puzzle à construire à l'aveugle, qui ne révèlerait son image finale qu'à la pose des dernières pièces.

On dit que Par-delà la pluie est un roman noir. Est-ce le cas ? L'auteur a conçu la partie de l'ouvrage située en Suède comme un polar, au demeurant très captivant, dont les chapitres s'intercalent avec ceux de la fiction principale en Espagne. Mais ces deux parties sont tellement différentes et indépendantes – au-delà de quelques liens – que je me demande si Victor del Arbol n'est pas prisonnier de l'image qu'on a de lui et qu'il a contribué à façonner, celle d'un auteur de roman noir.

N'est-ce pas en fait la problématique à laquelle sont soumis les personnages principaux du roman ?

A soixante-quinze ans, Miguel vit seul. Depuis sa jeunesse, il porte des lunettes d'écaille et une moustache à laquelle il apporte un soin maniaque : un masque à l'image de l'homme qu'il voudrait que l'on voie en lui. Il a mené une vie professionnelle et familiale on ne peut plus classique, régie par une vision très stricte de ce qu'il devait faire. Un parcours limpide dont il a longtemps pensé qu'il était réussi. Mais Miguel est désormais confronté à des difficultés qu'il ne sait pas résoudre et il ressent de surcroît les tous premiers effets d'un Alzheimer.

Encore belle à soixante-dix ans, Helena vit seule, elle aussi. Quand elle avait onze ans, sa mère s'est suicidée devant elle, après avoir cherché à l'entraîner dans la mort. Elle a mené depuis une vie compliquée et éprouvante, dont on ne connaîtra les tenants et aboutissants que vers la fin du livre, car elle les camoufle, en même temps que sa peur de l'avenir, derrière du persiflage et de l'extravagance : son masque à elle.

Les contraires s'attirent souvent, Helena et Miguel pourraient en attester. Pour sortir de leur faux-semblant, ils vont entreprendre ensemble ce que l'auteur nomme « un road movie symbolique ». (Ce n'est pas un hasard si les deux femmes qui ont le plus compté pour Helena s'appellent Thelma et Louise). Un voyage censé les amener d'Andalousie jusqu'en Suède. Un voyage semé d'écueils : préparez-vous à des rebondissements. Un voyage qui pourrait les aider à regarder en face leur passé, celui de leur père, celui de leur mère, et celui de leur pays.

Au travers des péripéties surprenantes imaginées par l'auteur, la narration aborde plusieurs questions de société actuelles, parmi lesquelles le problème des femmes battues par leur conjoint. Mais le sujet central du livre est la peur de vieillir, notre peur de vieillir. Elle ne serait pas notre peur de la mort, mais au contraire notre peur de la vie, faute de lui avoir donné un sens adapté à ce que nous sommes réellement, et non pas à ce que nous croyons vouloir être, empêtrés dans une mémoire que nous n'assumons pas. Et il n'est jamais trop tard pour conjurer notre peur et vivre la vie comme elle vient.

Un livre qu'on ne lâche pas. de très belles pages, des passages émouvants. Mais aussi, parfois, des approximations dans l'expression. Peut-être un problème de traduction.

Par-delà la pluie !... « Par-delà les confins des sphères étoilées… », écrivait Baudelaire. Dans le dernier chapitre, libéré de sa peur de l'avion, Miguel sillonne pour la première fois l'immensité profonde, au-delà des souvenirs mouillés qui chargeaient de leur poids son existence brumeuse.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Victor del Arbol, une des grandes plumes de la littérature mondiale reconnues depuis longtemps, auteur notamment "LA TRISTESSE DU SAMOURAI ( critique ici même) " et la Maison du Chagrin sans oublier le dernier en date "La veille de presque tout "( voir critique) est l'un des très grands auteurs de romans noirs encore vivants , et même auteurs de romans tout court, tant ses romans, d'une ambition et d'une classe folle, dépassent largement le simple cadre du roman de genre ( une étiquette que del Arbol n'aime pas beaucoup d'après ses interviews.

Les romans de del Arbol, comme leurs titres d'ailleurs l'invitent fortement, distillent en effet une charge poétique indéniable qui ne laisseront pas insensibles les chanceux qui oseront s'y aventurer.

C'est évidemment le cas pour son dernier roman en date, "Par delà la pluie, sorti en France en tout début d'année, dans la fidèle collection noire d'Actes Sud, la bien nommée Actes Noir.

Une fois de plus, del Arbol s'engage sur un genre a prioriement bien ciblé, ici le road movie, mais pour en faire quelque chose particulièrement ambitieux et à la construction très aboutie.

Une intrigue dans laquelle il sera notamment question de tenter de refermer les blessures traumatisantes de l'enfance, et de personnages complexes, généralement marqués par la vie mais qui tentent une hypothétique résilience. Une intrigue dont la maitrise d'ensemble laisse béat d'admiration .

Dense et bouleversant, Par-delà la pluie brasse une multitude de thématiques. comme la valeur de la mémoire, le déterminisme social, les relations père-fils, la dépendance liée à l'âge, la liberté individuelle, la transmission d'une génération à une autre, la culpabilité face à l'histoire et plus particulièrement comme souvent chez l'auteur les stigmates de la guerre d'Espagne.

La souffrance intérieure qui anime les deux protagonistes principaux, Helena et Miguel, emporte avec elle toute la charge émotionnelle de ce roman polyphonique qui possède irrémédiablement une grande résonance poétique témoignant d'une plume hors du commun..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le poids de la mémoire est la pierre de voûte de tous les romans de Victor del Arbol.
L'auteur catalan explore inlassablement l'incommunicabilité des traumas familiaux.
Les victimes souhaitent s'affranchir des ténèbres d'un passé qu'elles n'ont pas connu mais qui conditionne en tous points leur rapport au monde.

Par-delà la pluie confirme la règle et soulève des questions essentielles : Faut-il déterrer le passé ? Toutes les vérités sont-elles toujours bonnes à dire ?

Constitué de plusieurs histoires qui se croisent et se fuient, tout comme la vie, ce roman feuilleton est une sorte de road-movie qui traverse des pays mais qui surtout revient dans le temps, là où sont nés tous les traumatismes que les personnages portent dans leurs chairs.

Ce voyage est une métaphore de la vie qui passe et de comment nous construisons ce que nous sommes à travers nos souvenirs.
Il est beaucoup question de sables mouvants de l'Histoire qui engloutissent les fantômes, telles des portes tournantes.

Dans ce roman paru en 2017, l'on ressent la profondeur, l'acuité du regard et la maturité de l'écriture de Victor del Arbol.
Il se distingue véritablement en tant que passeur d'histoires qui jongle avec un découpage presque cinématographique à tous les niveaux de la narration.

Nous ne pouvons pas échapper à ce que nous sommes.
Rien ne pèse autant que la mémoire.
Victor del Arbol déterre ce qu'on veut taire, oublier, minimiser, par confort par fuite, par douleur

Mais il rappelle combien il est nécessaire de nous libérer de nos peurs et de nos amarres, seul chemin vers le bonheur et la renaissance.

On referme ce roman avec en tête nos propres souvenirs d'enfance, nos craintes, nos peurs et nos doutes.


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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
25 mars 2019
Avec ce cinquième roman traduit en français, l’Espagnol Víctor Del Árbol nous propose un étonnant road trip [...] Sans être aussi bon que Toutes les vagues de l’océan ou La veille de presque tout, un livre qui risque quand même d’en remuer plusieurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
15 mars 2019
Victor del Arbol ne s'embarrasse pas des lieux communs du roman noir en ouvrant Par-delà la pluie avec une scène de suicide. Mais ce tragique prologue a le don de cristalliser une pulsion de mort qui va battre durant 448 pages.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
01 février 2019
Le Catalan livre une intrigue méticuleusement tissée, où il donne libre cours à son talent de conteur [...]. Une complexité qui confirme que del Arbol est l’un des meilleurs auteurs de noir de langue espagnole...
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, je me dis qu'à soixante-dix ans on a encore le temps de changer de vie. Le problème, c'est que les paysages que nous traversons restent identiques, et que nous hébergeons les même questions et la même absence de réponses. En définitive, on en revient toujours au même, protégé par la certitude des souvenirs. Nous connaissons leurs douleurs, que nous avons domestiquées, alors que la nouveauté augure aussi de nouvelles souffrances.
Commenter  J’apprécie          180
Le monde ne pouvait pas changer, et lui, Miguel, il ne comprenait pas non plus tout le sens de la vie. Il comprenait seulement qu'elle passait très vite, qu'elle s'en allait, avec ses outrages, ses peines et ses joies ; que certains fermaient les yeux très fort et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre son appel ; que d'autres souffraient sans se plaindre et traînaient leur existence sans regarder derrière eux ; et que quelques-uns seulement apprenaient à temps à la vivre.
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La vie de ceux que nous aimons n'est jamais assez longue. Peu importe s'ils sont malades, s'ils souffrent ; nous sommes égoïstes, nous ne voulons pas les laisser partir et rester seuls, enfermés avec leurs photographies, flairant leurs vêtements, évoquant des souvenirs et pleurant leur absence.
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Le monde ne pouvait pas changer, et lui, Miguel, il ne comprenait pas non plus tout le sens de la vie. Il comprenait seulement qu'elle passait très vite, qu'elle s'en allait, avec ses outrages, ses peines et ses joies ; que certains fermaient les yeux très fort et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre son appel ; que d'autres souffraient sans se plaindre et traînaient leur existence sans regarder derrière eux ; et que quelques-uns seulement apprenaient à temps à la vivre. (p. 441)
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Le problème, c’est que les paysages que nous traversons restent identiques, et que nous hébergeons les mêmes questions et la même absence de réponses. En définitive, on en revient toujours au même, protégés par la certitude des souvenirs. Nous connaissons leurs douleurs, que nous avons domestiquées, alors que la nouveauté n’augure que de nouvelles souffrances. Nous devenons lâches.
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Videos de Victor del Arbol (51) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor del Arbol
À l'occasion du salon du livre de Genève 2019, rencontre avec Víctor del Arbol autour de son ouvrage "Par-delà la pluie" aux éditions Actes Sud.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2283734/victor-del-arbol-par-dela-la-pluie
Notes de Musique : Youtube Audio Library.
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