Le fisc prend un soin particulier à vérifier les déclarations de revenus des femmes de petite vertu, mais se déclare impuissant quand l'un des industriels les plus fortunés de ce pays déclare qu'il ne paie pas l'impôt sur la fortune.
L'Etat ayant transféré un pouvoir de décision sans toujours l'assortir des modalités de contrôle appropriées, il s'ensuivit plusieurs drôleries et quelques fraudes. Les ministres purent donc se défausser plus aisément de leurs responsabilités. Ainsi, Michel Delebarre, l'éternel premier-ministrable de la fin des années quatre-vingt, et qui fut ministre de l'Equipement, eut à répondre d'un rapport de la Cour des comptes qui s'étonnait qu'un échangeur d'autoroute soit inutilisable. En toute mauvaise foi, il affirma : "Ce ne sont pas les ponts qui ont été construits trop bas, ce sont les camions qui sont devenus trop hauts."
Adolphe Thiers, dans un discours qu'il faudrait afficher dans nos mairies, affirmait en 1850 : "Je dis et je soutiens que l'enseignement primaire ne doit pas être forcément et nécessairement à la portée de tous, j'irai même jusqu'à dire que l'instruction est, suivant moi, un commencement d'aisance et que l'aisance n'est pas réservée à tous."
"Les Français, écrivait Thomas Edward Lawrence, sont partis d'une doctrine qui fait du Français la perfection humaine. Evidemment, pensent-ils, un étranger n'atteindra jamais leur niveau, mais sa valeur sera d'autant plus grande qu'il s'en approchera davantage." Reconnaissons-le, on en vient à ne pas concevoir que l'on puisse être autre chose que français. Montesquieu l'avait remarqué.
Nous avons eu des rois qui ont consigné dans leurs carnets des faits inénarrables. Louis XVI, le 14 juillet 1789, écrivit dans son journal intime : "Rien!"
De nos jours, nous avons des ministres qui jouent fort habilement de leur ignorance. Cela ne vaut guère mieux.
(Or), c'est exactement ce qui se passe dans l'organisation de la vie politique française depuis la fondation de la Cinquième République. La majeure partie de la classe politique est constituée de fonctionnaires. Les experts sont ainsi devenus des élus. L'espèce humaine résidant dans l'Hexagone s'est transformée en comité restreint qu'entourent des animaux respectueux à qui l'on jette un os quand ils manifestent dans la rue.
J'apprends, en écrivant ces lignes qu'aux Etats-Unis plusieurs chaînes de télévision se sont fait l'écho d'informations selon lesquelles le président Bill Clinton et Monica Lewinsky, ancienne stagiaire de la Maison Blanche, avaient été surpris dans une attitude ne laissant aucun doute sur la nature de leurs relations.
Un pauvre qui dérobe par nécessité est envoyé en prison.
Les prisons étant pleines, le pauvre - à la différence du brigand - ne peut y résider qu'avec difficulté.
Le pauvre continue donc à dérober au boutiquier ce dont il a besoin.
Le boutiquier détrousse le badaud dès qu'il franchit sa porte.
Ce faisant, le boutiquier s'enrichit, devient propriétaire de son fonds puis, après un labeur respectable, acquiert parfois les murs.
Les murs de l'ensemble ravissent le promoteur, qui subjugue le banquier.
Le premier devient, avec l'argent d'autrui, propriétaire du tout.
A la moindre secousse, tout ce joli monde s'associe, s'arme contre la tyrannie, hurle qu'on veut le pillage et la ruine des honnêtes gens, et s'en va, d'un pas alerte désigner le coupable. Ce coupable, c'est le pauvre, car c'est par lui que tout commence.
La Commission européenne s'obstine ainsi à vouloir normaliser le calibrage des oeufs, le volume des cages à poules, la vitesse des ascenseurs, la taille des pédales de frein des tracteurs forestiers, les opérations chirurgicales de changement de sexe et le goût des fromages fabriqués à partir de lait cru.
Ne trouvez-vous pas le parallèle saisissant?
Nous avons certes, à la suite du traité de Paris, dû céder le Québec et la rive gauche du Mississippi - judicieuse manoeuvre diplomatique qui fit de l'Angleterre la première puissance coloniale du monde -, mais jamais, non jamais, nous ne renoncerons à Bruxelles!
Placez un fruit qui commence à blettir au milieu des fruits sains, le premier aura tôt fait de gâter les seconds. Le technocrate a les mêmes capacités, c’est-à-dire qu’il génère un nombre incalculable d’incapacités dès qu’il se met à vouloir gouverner les hommes.