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3.76/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 16/05/1970
Biographie :

Jacques Amblard est maître de conférence, Université de Provence, Aix-Marseille 1, UFR LACS, Département Musique
Docteur, agrégé, titulaires de prix d’harmonie et de contrepoint au C.N.S.M. de Paris, Membre du LESA
Domaine de recherche : Tentatives d’éclairages ou de synthèses concernant les techniques et esthétiques musicales des XXe et XXIe siècle.
Thèse de doctorat : Pascal Dusapin et « l’intonationnisme », soutenue en 2001 à l’Université d’Aix-Marseille I, sous la direction de François Decarsin.

Il a enseigné la musique en collège, puis a présenté une émission de pédagogie musicale sur France Culture. Il est aujourd’hui rédacteur au Monde de la musique et enseigne la musicologie à l’Université de Provence. Ses articles scientifiques et de vulgarisation paraissent régulièrement dans diverses revues et programmes de concert (Opéra de Paris, Festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence...). Il a publié ouvrage de musicologie concernant le compositeur contemporain Pascal Dusapin (éd. MF, 2002) et un roman aux éditions Balland (v comme Babel, 2001). Ses goûts vont à la pédagogie, la musique et la littérature, notamment à l’interface de ces dernières, ce qui apparaît dans l’ouvrage romancé L’Harmonie expliquée aux enfants qui nous occupe.
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Source : http://gsite.univ-provence.fr et http://www.editions-mf.com/
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Super...
Soupir...
C'est à faire peur, ou faire pire : faire rire.
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J’ai enfin l’accroche. Cette débilité. Je force monstre le trait en chuintant à toute vitesse (ma façon de « parler » habituelle, mais surtout en cours, pour me débarrasser de chaque mot le plus vite possible, comme si je vidais une poubelle emplie de mots en la secouant fébrilement sur la tête des élèves). Presto.
– Voyez le commissaire de police de Cham ? C’est le fils du vieux Zian qui était maire avant et pendant et après les deux Ondes. Le vieux Zian est mort maintenant. Mais dans le cas de cette famille le piège est double. Ils s’appellent Groz-Tartiflaz et faut prononcer « Gro-Tartifla ». Pas de « Grose-Tartiflase » surtout. Ou le commissaire – le fils – vous mettrait en prison. Et vous demanderait d’avouer un crime que vous n’avez pas commis. Ou peut-être commis !
– Ha ! Ha ! Ha !
– Hi-hi-hi-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé.
– Ho ! Ho ! Ho ! Ha ! Ha ! Ha !
– Hou ! Hou !
Je sais pas s’ils ont tout entendu. Mais ils ont compris qu’on se moquait des flics et ça a dû les séduire. Les matous – les trois quarts sont des gars et pensez, un quart de gonzesses, ça représente une meilleure proportion de filles à l’ENSA que durant la préhistoire -, ces matous ont des mines sales, dégueu, déviantes. Même les filles. Ils ont l’air de détester tous les cours, assis, toutes les théories, bien pire que moi encore. Tant mieux. Comme ça quand je leur balancerai ma désespérante histoire de l’alpinisme, interminable à dire, cauchemardesque, il y aura moins de questions retorses pour me piéger. En euphorie, voltigeant follement, ainsi qu’un papillon, devant des parois bleues, roses, vert tendre, végétales, j’embrasserais ces gamins violemment, en pleurant, chacun, un par un. Mais là, moi « en bas » et eux en groupe, en armée, ils sont l’ennemi. Ce sont de jeunes coyotes assis en rangs d’oignons. Je les hais poliment.
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J'ai aperçu la gélinotte dans les lichens d'un épicéa géant Et je me demande encore si c'était un présage ou non ou rien ou si mais de quoi. On l'aura compris, relativement à toutes ces conneries, depuis le début de mon histoire, seuls les animaux sauvages, et les fleurs, comptent vraiment. Le reste on s'en fout.
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Au fond, la vérité est le contraire de ce qu'on pense.
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Essai.
Hélas si. On est morts. Toi, lecteur, moi, auteur, nous sommes morts. Notre monde est l'Hadès. Regarde-le. Ouïs-le. Or-r-r. L'étal létal. L'étang des ombres.
Ce sont les personnages de cette fiction, de toutes les fictions, qui sont dans le monde des vivants. D'où le prestige de la littérature.
Comment est-ce possible ? Ainsi : au fond la vérité est le contraire de ce qu'on pense [phrase en italique].
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Et c’était la « guerre ». Après les six premiers milliards de morts les lois mondiales provisoires annoncées par radio satellite se contredisaient d’une semaine à l’autre. Fin mai, en quelques jours, la majorité légale était descendue à treize ans, puis remontée à dix-sept, enfin stabilisée à seize. L’autonomie et la résistance physique des gamins étaient d’un coup idéalisées. Car de vieux lions, pourtant durs, étaient morts le 16 mai, durant l’Onde 1. Davantage de lionceaux avaient survécu. Bref c’est de bonne foi et presque avec discernement que les trois dignitaires, dont mon vieux, nous avaient expédiés.
Au casse-pipe. Aux couloirs de la mort glacée.
Gosse on apprend à dire « merci » aux aînés.
Merci… Trente adolescents : morts. Ça valait le coup de survivre à l’Onde 1. 77 % du groupe Espoirs de l’ENSA, parmi eux des filles (dont Zoé), en moyenne de quinze à dix-sept ans, ne « s’épanouirent » jamais dans notre Nouvelle Harmonie Mondiale, mais plutôt, fermèrent leur visage, jeunes macchabées, furent saisis par le gel instantané, ou l’épuisement, ou les cheveux d’ange, ou les avalanches, ou l’ensemble, sans parler du Mal Aigu des Montagnes, classique, sauf qu’ici médusant, REDOUTABLE. De retour en bas mon athlétique Zoé fut tuée par une femelle grizzly kodiak. Or, à ce moment, réduits à une poignée, on faisait plus attention. On claudiquait, apathiques, blêmes, somnambules en file indienne, dans la brise océanique, entre les pins Douglas, les aroles, les églantiers, les petits bouquets d’astrance, les massifs de raisin des ours. Ting-ting. Le vent faisait tinter nos chapelets de mousquifs sans qu’on s’en rende compte. Seule l’ourse semblait éveillée, elle, sous le ciel peint au rouleau gris. Elle était « dans l’instant présent », comme on nous l’enseignait à l’ENSA, au cours d’ECM. Ça oui. En forme, l’ourse… On entrouvrit la la bouche devant cette scène de chasse primitive, hébétés, abrutis, et moi en extase, quant à moi dans un délice intérieur vibrant, permanent, depuis huit jours. J’y viens.
On était partis nus. C’était à mort et à poil cette expé. Quant au matos, en effet, on avait quoi – un grand merci à mon vieux qui était conseiller en matériel sur l’affaire – des doudounes confort – 50 degrés, autant dire des édredons déchirés au-dessus de 8 000, non, dès 7 000, putain, les hyper-rafales les eurent dépecées dès 7 000. On n’emportait ni ailes, ni paras intégrés, ni hypercombis physios, ni ordilunettes, ni même antiques ordiviseurs, ni rien. On traînait encore des CORDES (-: ouais), alourdis, entravés, comme ces demoiselles, à l’époque des premières photographies sur la Mer de Glace, traînaient leurs robes noires souillées, semblables à des corneilles aux ailes brisées. On déployait un « caisson hyperbare », utile pour un enflé, OK, mais quand dix potes avaient le mal et gonflaient en même temps ? Hein ? papa ? Je survécus sans être plus fortiche que les autres. Ça débuta ainsi.
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Ô mort… Ô eau au loin. Au premier massacre – au Strato-McKinley – j’étais gosse. Avec les Jeunes Espoirs de l’ENSA, on partit de Cham, à fond, car sans se douter, comme les soldats en « 1914 », mais encore plus jeunes qu’eux, avec la fête, les cris, stridents, qui vrillaient l’ouïe, dans le car, puis le train, l’avion ; on s’envola saouls pour l’Alaska. Puis, en trois mois d’expé, on ne vit pas le soleil, ou peut-être une seule fois. Entre les tempêtes, le ciel faisait grise mine? Il semblait dégoûté, d’avoir craqué, vomi ses ires terribles et, ainsi, trahi son caractère infâme. Pfrfq. Il bougonnait ou boudait. Il maugréait ou restait de glace. Sur onze semaines on eut onze semaines de mauvais.
La stratocime ne se montra qu’après notre retraite, quand le bélier de nuages, issu du Pacifique, faiblit une heure. Alors on découvrit bien pire qu’une montagne et je me rappelle ce moment précis. Je pâlis, de l’éther glacé s’épancha dans mes tripes. Arsss… La vue en soi était un événement, une épiphanie, voire une apocalypse. Ô mon Dieu…
L’épée intégralement givrée, atrocement acérée, plantée dans toute la hauteur de l’azur, telle une blanche Excalibur, devenait trouble et comme gazeuse en haut. On eût dit que la pointe se décomposait en perçant la stratosphère. Car elle franchissait le bleu, en effet, pour taquiner le cosmos noir. Elle dépassait la vue car franchissait le ciel. L’ensemble était monstrueux, aberrant, pas invité par le paysage, comme une pub d’esquimau au citron montée par erreur dans un film d’auteur, devenant film d’horreur.
Plus précisément, la méta-montagne était semblable à une oie effroyable, la tête en décomposition, donc comme fulminant, et l’air guindé par son cou disproportionné et blanc pur. Rsss. Elle semblait ainsi fumer de rage mais avec dédain ou morgue ou devenir démente ou vociférant ou pas exactement ou le contraire ou l’ensemble. Elle intimait rrr-rrr-REVENEEEZ !
Non, pour ça, pas de danger h-hi. Aucun des rares survivants ne revint jamais au Strato-McKinley.
Jamais.
Et même presque aucun ne devint alpiniste. Alors qu’a priori c’était notre vocation à tous, notre passion de gosse alpin. Retourner… LÀ-BAS ? Moi seulement – à ma connaissance – y ré-échouai plus tard, d’ailleurs plusieurs fois et, finalement, à chaque carrefour de mon existence. Mais quant au groupe Espoirs, on était partis 39, donc une part conséquente des jeunes de Cham qui avaient survécu au premier cataclysme. On était si fiers d’être encore en vie ! On souriait. On riait. Et c’était un bon nombre. 39…
On en revint 9.
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Faut dire… c’était en l’an 0, l’été, juste après l’Apo. Trois vieux guides de la Compagnie, abasourdis – d’être encore en vie ? – puis songeurs, recueillis, bientôt titillés, exaltés, avaient bâclé le projet de cette expé autour d’une table à l’ENSA, roâo comme trois lions acharnés sur la même antilope, galvanisés par la rumeur de nouveaux paysages, d’altitude fabuleuse, de Néo-Alaska. C’étaient des hommes d’action. MALHEUR : ils croyaient donc que le monde dévasté avait besoin de leurs impulsions exemplaires ou de leur « contre-attaque » ou de quelque hâte du genre. Songez, aussi, à leur tentation de saisir les financements paradoxalement possibles par inertie bureaucratique, la thune disponible pour une expé même en ces temps de crise extraordinaires ; pensez à leur gourmandise à solliciter les rares anciennes structures curieusement intactes : quelques « avions » ou vieux matériels typiques du monde capitaliste anté-sismique, trucs divers, multicolores, fluo, synthétiques, voire en « matière plastique », qu’on n’a jamais revus depuis. C’était plutôt bien inspiré, car l’Onde 2, en l’an 3, finit de détruire ces vestiges. Bravo Groz-Tartiflaz.
L’un de ces trois guides était mon vieux. Le second était son pote Bébère de Vallorcine. Tous deux, durs de durs, étaient des légendes à la Compagnie et à l’ENSA. Le troisième, Zian Groz-Tartiflaz, était guide et maire. C’était lui surtout qui avait monté le projet. Or lui et Bébère avaient sous-estimé l’adversaire.
Ça oui h-hi.
On peut le dire.
Ils pensaient encore à l’âge d’or, à la préhistoire de l’alpinisme, elle-même centrée sur notre invincible municipalité : le glorieux Cham. Pour mesurer les dangers, ils n’avaient pour limites supérieures, au mieux – au pire – que les directissimes aux Drus, aux Jorasses, ou l’extrême himalayen pré-sismique. Pour eux, le summum, dans l’horreur, c’était le K2. Ils jaugeaient mal ce que pouvaient… « faire » une stratocime, l’hyperaltitude, le stratoblizzard, les cheveux d’ange, ces ogres d’une innocente aberrante monstruosité.
Mon vieux, lui, jaugeait mieux : il revenait lui-même du Strato. Mais il était… disons… « spécial » ? Mieux vaut ne pas en parler.
J’aime pas en parler.
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INGREDIENTS
(A NE PAS LIRE)

Ce texte cuisine des restes. Et de fait, à flairer son synopsis, méfiant, maussade, on craindrait un cake rance, un pudding trans, un kouglof de genres blets du siècle dernier, espionnage, aventure, utopie écologique - diable... - anticipation post-apocalyptique, magie, parodie, hymne suranné à Chamonix.
Mais bon.
Mais non. C'est simplement, polar en fond, de l'ALPINISME DE SCIENCE-FICTION.
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[je cite de mémoire un passage sur une jeune institutrice, Nanette, une petite chamoniarde, simple d'esprit, pardon s'il y a des erreurs, je n'ai plus le livre, car je l'ai prêté] : "Un écolier lui a demandé comment on faisait les soustractions. Nanette a fondu en larmes en disant qu'elle n'avait jamais su elle-même...
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