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EAN : 9782370492043
432 pages
La Volte (20/10/2022)
3.86/5   18 notes
Résumé :
Années 2050. La Terre, en pleine extase sismique, rate in extremis son but pur, son rêve métaphysique : l’extermination de l’espèce humaine. Conséquence des cataclysmes, outre onze milliards de morts, des monts, au Chili, en Alaska, ont grandi. L’un d’eux, dit-on, atteindrait 16 000 mètres d’altitude. Ce « Strato-McKinley » défie les Chamoniards encore en vie. Naît l’alpinisme « zen » ou « stratosphérique ». C’es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
WowowowowoW c'est la glisse ultime !!! La grimpe stylisée !!!!!!


Mais... je prends le train en route, bande de petits marsupilamis, et je ne comprends pas trop toutes ces histoires de "complot", dans les autres avis. le bouquin parle pas de ça, il a d'ailleurs été fini en 2015, apparemment, si l'auteur l'a pas inventé, c'est écrit à la dernière ligne, je crois, de mémoire. 2015, donc à une époque où donc personne ne parlait de complotisme, si ??? D'ailleurs le livre ne parle ni de vaccin ni de masque, ou alors j'ai raté un épisode ? Et pas vu de "reptiliens" non plus, là-dedans, contrairement à ce qui a été écrit, d'ailleurs. Ou alors j'ai sauté le passage ?
Il faut plutôt tirer son chapeau à ce texte, de parler dès 2015 d'écologie totalitaire ! Et quant au reste, c'est de la fiction grinçante, c'est tout, plutôt dérangeante et actuelle "oar hasard" donc, on dirait, et tant mieux ! Moi j'aime bien ce côté explicite : enfin de la SF qui ne se contente pas de cette éternelle critique de la société hyper prudente, hyper allusive, comme si les auteurs risquaient encore d'être embastillés par lettre de cachet !!!
Mais cet aspect grinçant vient qu'à la fin comme dans une fête finale, un clin d'oeil, quand le lecteur (bon la lectrice pour oim) est déjà bien accroché-e par tout autre chose, par la superbe intrigue montagnarde, et je parle pas même de l'intrigue du polar, très psychologique, et pas mal non plus.
à savoir : mais comment grimper un monstre de 16 000 mètres qui crève le ciel ??? Ou on ne plus respirer ? Et sans oxygène ????? En se délestant ? A tout tout tout point de vue ?


Car le vrai sujet, oui, c'est la montagne, physique et métaphysique... J'ai toujours rêvé, gamine déjà, de montagnes pires qu'en Himalaya.. là je suis servie, madre de dios !!!!!! Bon je suis d'Annecy, faut dire. Je suis un peu du milieu. Gamine, je demandais : Et au-dessus de l'Everest, y a quoi ?


Mais en vérité, à mon humble avis, pour pleinement apprécier ce livre, il ne faut pas vraiment être amateure de monts comme oim. Il ne faut pas non plus être forcément fondu(e) de SF car ce livre n'en est pas vraiment. C'est plutôt une dystopie, un truc comme ça.
Il faut surtout aimer la littérature, la "vraie", celle qui essaie de trouver son style, de surprendre le lecteur pas seulement dans l'histoire mais dans la façon dont elle est racontée, surtout ça. Moi c'est ma passion, la littérature, passion partagée avec la montagne, donc ça tombe bien mais je suis peut-être pas le cas le plus typique, hélas pour l'auteur !!! Il risque d'être déçu par ses critiques à mon avis !!! Car les fondus de montagne, comme tous mes potes, sont plutôt de sympathiques illétrés, les fondus de sf ont leurs codes très particuliers, avec histoire demandée hyper inventive et style demandé please sans invention, et les fondus de littérature ne vont pas forcément avoir l'idée de lire un bouquin comme ça, avec une couverture grand public, djeunz, sf. Voilà le porte-à-faux. Mais le public de ce livre, à mon sens, sera les littéraires, plus que les grimpeurs ou les gheeks.
La plupart des gens aiment lire des histoires, mais pas tant les nouveaux styles. or, ce style, ici, est ouvragé, à l'évidence, bien qu'en fait très facile à appréhender, sans ampoulement, ni artifice : le pire risque avec les essais de style en littérature, je le sais car je me suis moi-même essayée à écrire et je peux vous dire, les marsupilamis, que c'est plus facile de se planter que l'inverse, OUBA OUBA!!
Bref croire qu'on a affaire ici à quelque chose "d'étrange" ou de "fantaisiste" est faux, à côté de la plaque. c'est tout de suite familier tout en étant excitant, "moderne", stimulant. C''est nouveau mais structuré, ciselé, pour finalement parler vraiment de l'humain et de la vie et dire des vérités dessus. Alors ne croyez pas, tous, que tout ça a quelque chose de loufoque. PAS DU TOUT. Je dis ça parce que c'est l'écueil courant, le loufoque, quand on essaie d'innover, dans la littérature moderne. mais là non ! L'histoire est d'ailleurs super ancrée, blindée, à mort, dans les codes d'aujourd'hui, par exemple avec cette éternelle tentation du polar. Et ça fait passer le reste, les audaces, avec en tête, cette histoire franchement surprenante à la fin de la troisième partie, titrée finement-ironiquement PARTIE NULLE, qui n'est pas une "transformation" étrange, du tout, mais une révélation, une apocalypse justement, c'est franchement mémorable. Je me dirai à propos de ce livre plus tard :ah oui c'est le bouquin où il y a.... ça.


Un défaut que je vois, surtout, un détail, mais emmerdant, c'est à propos du commissaire, débonnaire, mais moche, le genre Orson Welles, à l'expression décrite comme celle d'un "congre", d'une "rascasse", d'un "mérou", d'une "lotte", d'un... (je sais plus à force) d'un cabillau ?, à la fin, on a envie de dire : ok on a compris !!! Quand est-ce que tu nous invites dans un restaurant de poisson au lieu de nous asséner tout ça, mec ?


Bon attendez je m'allume une clope.


Mais à part ce détail qui m'a gênée, je dis wawaw Respect, avec l'accent des quartiers, les petits marsupilamis! !!!..., Je tire mon chapeau, enfin, mon bonnet en laine, et j'attends le prochain opus... Y aura presque que des mauvaises critiques, oh-là-là je les vois venir !!! le "stratoblizzard" arrive ! Et de la part de gens qui n'ont pas pris le temps de prendre la mesure de ce morceau, ou qui n'aiment pas la littérature mais juste bouffer des bouquins, des histoires, bref des gens un peu limités du cigare comme il y en a énormément sur ces sites. Faudrait pas que ça dégoûte l'auteur. Eh mec ! Si tu veux, écris la suite pour moi seule, si y a une suite prévue, et c'est pas de la drague, t'inquiète, je suis hyper maquée et amoureuse, d'un super grimpeur figure-toi ! Je t'attends, de pied ferme, sur une énorme plaque de granit rose chamoniard ! Mais prends ton temps parce que pour repondre une histoire aussi chiadée aux petits oignons, aussi bien orchestrée, va falloir que tu bosses à mort. Je te préviens gentiment. OK j'ai l'air de parler en "connaisseuse", parce que j'ai étudié les lettres à la fac, même si ça se voit pas dans mon style brouillon, mais bon. OK OK OK. Peut-être que je me plante en beauté. Comme le "héros" du bouquin se plante, échoue, souffre, et pourtant kiffe..., tant de fois, au Strato. Avant l'assaut ultime à la fin... et alors ? Y va se passer quoi ? je vous dis pas... Mais vous serez pas déçus ! C'est la Blanche Apo... théose !!!!!!!!
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En ce qui me concerne, sans être "complotiste" pure et dure, je comprends - du moins je crois - l'ironie mais surtout l'amusement enfantin de l'auteur face au complotisme, ironie soit face à ces idées, soit face au monde tel que vu selon ces idées. Cela marche dans les deux cas, pourtant opposés... Bon? C'est peut-être plus facile d'apprécier si l'on est un tant soit complotiste soi-même, mais qui sait...
J'ai tant aimé la voix du narrateur, vraie (prise dans la noirceur de son destin) et surtout le souffle, dans ce texte, le sublime des hauteurs, de la nature à nouveau pure. Un vrai roman écologique. Les animaux si mignons partout... Décris comme des boules d'amour, ou de "petites boules de soleil" (à un moment des canetons courant dans les rues de Chamonix, rues à nouveau sauvages et herbeuses). Oui, ces bêtes velues ou emplumées égaient le texte partout.
Pour moi, comme dans Jude l'obscur, malgré de noirs événements, dont des cataclysmes affreux, les "Ondes", c'est un roman sur la joie, au contraire de ce qui a pu être écrit, dans les deux autres critiques, mais peut-être plus précisément sur la joie spirituelle quand on a "renoncé" au monde, et notamment à la sexualité, comme le "narrateur", sorte de semi-ange qui trouve ainsi sa force extraordinaire en montagne, son humilité, et rit de tout mais sans méchanceté, comme un semi-ange regarderait les tragédies de ce monde d'un regard pastel, mi-amusé, mi-peiné, car il saurait que tout ça n'est qu'une étape. Peut-être faut-il etre croyant pour aimer ce livre ? Pas sûr non plus... Il suffit d'etre un grand amoureux des plantes, des montagnes, des fleurs, de la hauteur vertigineuse !
J'ai bien aimé l'astuce aux 3.4 du livre astuce annoncée en avant-propos, mais effectivement astuce de taille et coeur littéraire de l'ensemble, un peu. C'est vraiment marrant.
Le personnage du "vieux" surtout m'a fascinée. Mon père était presque aussi dur que lui, alors... Mais c'est surtout la force chamoniarde qui s'exprime ainsi... cet esprit contestataire, que j'ai un peu connu, esprit hippy, hyper-sportif, presque suicidaire, ou hyper spirituel parfois... D'où ma première citation. Moi aussi comme le narrateur j'aurais voulu que mon père me prenne avec lui dans ses voyages ! En vain...
L'esprit de ce texte, derrière cles drames récurrents (car c'est un roman "pur" mais noir où le narrateur est pris dans des tourmentes de plus en plus épouvantables et fatales... jusqu'à la fin qui est une montée-descente aux enfers - ou descente montée-au paradis - d'un rythme effréné), l'esprit de ce texte, disais-je, est en fait, selon ma lecture, un esprit de joie, de rire fin, un regard de Joconde. Ce qui m'a le plus amusée sont les cours donnés aux élèves aspirants-guides de l'ENSA (où une petite histoire de l'alpinisme est déroulée), ces élèves nuls qui ricanent tout le temps, de tout, moi qui suit professeure, cela a fortement résonné en moi ! Cela fait vrai et c'est nouveau, d'écrire ça, enfin à ma connaissance. Cela rit de l'inculture des jeunes, mais aussi des vieux (le narrateur le premier, très peu intellectuel et soupirant de soulagement quand il trouve plus nul que lui...). C'est le côté le plus contemporain du bouquin, à mon sens. Et c'est tellement drôle, un personnage maladivement timide, vivant un enfer ((de plus) car obligé d'enseigner, obligé pourquoi ? Parcequ'il est trop timide pour démissionner....
Cet esprit de joie, de discrétion, de légèreté (celle des sportifs de nature, typiquement, grands montagnards ou marins...), promu dans ce texte, trouve son acmé dans un autre passage que je cite. (Pardon car mes citations sont imprécises, je n'ai plus le texte, je l'ai prêté à ma maman.)
Moi j'ai ri et pleuré dans ce livre... Et d'habitude je suis plutôt dure avec les livres car j'ai beaucoup lu (je suis prof de lettres) et je veux trouver du nouveau.. D'où ma bonne note.
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Un récit passionnant et haletant dont le rythme s'accélère au fil des pages. L'écriture est riche souvent poétique et chantante. Il est très agréable de se laisser porter par les mots de ce livre. Les effets de style sont omniprésents. Beaucoup de descriptions précises et techniques, même s'il est parfois difficile de s'immerger dans l'univers du récit. de nombreux thèmes s'imbriquent : effondrement, alpinisme, polar, science fiction...ce qui amène l'esprit du lecteur dans un monde transversal et le nourrit largement de multiples occasions de s'évader.
Une seule lecture ne permet pas de comprendre toutes les subtilités et la finesse d'écriture de ce livre.
Mais il ne fera sans doute pas l'unanimité par son histoire surréaliste et parfois totalement improbable.
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Ai-je apprécié ma lecture ? Car ce n'est pas le genre de livre ayant pour but de te faire passer un bon moment… non… car il est question d'alpinisme, d'alpinisme post-apo qui plus est : quelque chose d'hardcore. L'auteur nous met en garde dès le début du livre qu'il va falloir s'accrocher, persévérer jusqu'à la dernière partie qu'il nous promet valoir le détour. On se met donc véritablement dans la peau de notre alpiniste de héros qui s'est embarqué dans de nombreuses expéditions sur le Strato, ce mont né des catastrophes ayant balayées une grande partie de l'humanité et reconfigurée les cartes. le Strato c'est haut, si haut qu'il peut rendre fou et qu'il entretiens craintes et fascination. Parfois, je me suis perdue dans la tête de notre narrateur qui nous plonge dans son passé jonché de traumas, insérant ci et là des citations issus des livres de son grand-père, coupant ainsi sa réflexion. Je me suis aussi perdu dans ses nombreuses répétitions… Mais, même si à la lecture cela était laborieux, cette écriture corresponds parfaitement à ce personnage perdu et prit dans une enquête qui le dépasse dans un monde lui-même sévèrement atteint : on parle quand même d'apocalypse. Les personnages qui l'entourent n'ont pas l'air beaucoup plus sain, ils ont tous leurs tocs et leurs vices.

On poursuit notre ascension et le texte nous donne de bonnes prises malgré l'effort que représente la lecture. L'auteur parvient à nous tenir en haleine, à nous donner assez de révélations et d'éléments étranges pour nous donner envie de tourner les pages. Finalement, ça allait au-delà de la promesse de cette dernière partie car je parvenais toujours à trouver des éléments intéressants auquel m'accrocher. Et plus on approche de cette dernière partie plus on sent que le texte va « exploser ». C'est le bordel, pour rien divulguer. C'est un bordel qui au départ m'a semblé bien trop énorme, une accumulation grotesque et pourtant … pourtant j'étais contente d'arriver à cette dernière partie qui m'a donner quelques fous rires. Était-ce le but ? Finir sur des fous rires face à l'explosion de l'intrigue ? Suis-je devenue folle en grimpant le Strato ? C'était peut-être ça le but de l'auteur …

Ai-je apprécié ma lecture ? Non. Ou en tout cas, je n'ai pas apprécié toute ma lecture qui a été, en grande parti, une épreuve. Mais si une oeuvre ne vivait que pour véhiculer du bien-être et de la joie ça se saurait. J'ai relevé le défi de l'auteur, aller au bout, et j'en sors avec une certaine satisfaction. J'ai eu l'impression d'être face à une oeuvre avec un vrai parti prit, qui ne faisais aucune concession. C'est pour cela que je pense que ce livre mérite une excellente note !
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La Terre s'est lâchée un grand coup en 2055, l'an 0. En quelques séismes, elle a redéfini en grande partie la géographie, tuant ainsi des millions le personnes lors de l'Onde 1. Des sommets montagneux déjà élevés ont battu de nouveaux records. On est dans le stratosphérique avec les « stratocimes ». Une nouvelle génération de grimpeurs, parmi les survivants, a suivi. Dont le narrateur.

Je poursuis mon voyage dans les montagnes de SF. Après la nouvelle « La montagne » placée dans le recueil Les migrants du temps de Liu Cixin (« Là où il y a de la montagne, il y aura toujours quelqu'un pour la gravir. ») et sa montagne liquide créée par des extraterrestres. Après le bord du monde est vertical de Simon Parcot et son sommet réservé à ceux qui se sont trouvés. Voici Apocalypse blanche de Jacques Amblard, un roman allumé, déjanté, complètement barré. Et pas facile à suivre. Il m'a fallu du temps pour arriver au bout. Mais revenons à la montagne. Dans ce roman, elle est centrale. le narrateur en est un fondu, qui grimpe de façon exceptionnelle. Il est également testeur de matériel de pointe pour de grandes marques. Et pour tester, il teste. Il amène le matériel (et lui-même) au maximum. Et même au-delà des limites. de toute façon, c'est une marque familiale. Son père, le vieux (pas un modèle de figure paternelle, qui était un taiseux violent avec son enfant), est un adepte de la grimpette nu. Quant au narrateur, bien qu'il reste habillé, il est tout de même lié à la montagne depuis son plus jeune âge. Très rapidement, il s'est retrouvé à tenter d'atteindre un des nouveaux sommets, qui dépasse les 10000 mètres, le Strato. Mais chacune de ses tentatives a été un échec. Pour de multiples raisons. Dont la bizarrerie, voire la folie des membres de ses équipes.

À chaque fois, il s'est retrouvé comme bizuté. Battu, frappé, violenté, violé. Et il accepte ça comme si c'était normal. L'habitude faisant loi. de toute façon, cela a commencé très tôt, puisque très jeune il s'est retrouvé dans le lit d'une plus vieille vedette de ce milieu. Cela se savait, on en parlait, mais on laissait faire. Il a une relation aux autres très passive : il ne veut pas embêter, il ne veut pas de conflit. Alors il cède. Quel que soit le sexe, quelle que soit la personne. Lui se considère non intéressé. Loin de tout cela.

Autre point troublant de ce personnage, ses amnésies régulières. Des heures, des jours, des mois disparaissent de son esprit. Sans que l'on en comprenne vraiment la raison. Sauf peut-être à la fin, dans ces derniers chapitres qui expliquent, du moins en partie, les mystères distillés au cours des premières parties.

Car le moins que l'on puisse dire est que Apocalypse blanche (la sirène sous la cime) est un roman surprenant. Dès le prologue, intitulé « Ingrédients (à ne pas lire) », l'auteur, Jacques Amblard, s'adresse à son lecteur et crée avec lui une connivence. Il n'hésite pas à dévaloriser son récit, en demandant de la patience pour arriver à la dernière « partie » : « Crois-moi. Survis aux trois premières parties. Et la dernière te plaira. » Cela met tout de suite dans l'ambiance. Tout le reste est à l'avenant. Les personnages émettent souvent des borborygmes, des petits bruits entre le rire et l'essoufflement. Les chapitres portent des noms d'animaux (on en comprend à peu près la raison à la fin). L'auteur insère des citations sans lien apparent avec le récit, prolongées par des notes de fin de roman parfois ésotériques au possible. le narrateur se met à rire n'importe quand sans que l'on comprenne bien pourquoi. Il est interrogé par la police sans que l'on comprenne bien pourquoi. Il accepte l'inacceptable (se faire frapper, violer, perdre ses enfants, etc.) sans que l'on comprenne bien pourquoi.

Et les explications finales sont pour le moins étranges. Elles tiennent à peu près la route sur le plan logique (quoique, pas toujours, mais ne chipotons pas). Mais c'est un ramassis phénoménal d'éléments soutirés au complotisme qui ferait pâlir d'envie les gourous et autres pseudo-théoriciens en mal de gloire ou de pognon sur internet. Sans doute est-ce ironique, mais c'est peut-être un peu beaucoup. On croise les reptiliens, les puissants de ce monde cannibales, pédo-satanistes, les petits gris et tout le bestiaire de ce monde imaginatif et foldingue du conspirationnisme. Valent-elles, ces explications, que l'on s'accroche à ce roman comme à une paroi verticale, je n'en suis pas certain. J'ai vraiment dû me motiver par moments pour ne pas abandonner tant certains passages sont d'une grande longueur et surtout tant je n'ai pas réussi à, sinon saisir la logique de l'auteur, du moins y trouver un intérêt. Cela n'a pas été le cas tout le long du roman, sinon je l'aurais laissé de côté. de nombreuses pages m'ont donné envie de poursuivre la lecture, de tenter de comprendre, de voir où Jacques Amblard voulait m'emmener. Mais toute la folie du texte, tout son amour de la montagne (et certains passages m'ont vraiment fait rêver, moi qui aime ces blocs de pierre et de glace), toute son originalité ne sont pas parvenus à me convaincre.

À la fin de la lecture d'Apocalypse blanche, je sais déjà qu'il me restera en mémoire certains passages de ce roman fantasque et excessif. Que je ne regrette pas ces moments, même si je ne les conseille pas à tout le monde. Il faut avoir du temps et un esprit libre de tout schéma préétabli, de toute attente logique, avide de nouveauté formelle et en recherche de nouvelle sensations, même les plus morbides ou dérangeantes. Roman de l'excès, mais c'est bien normal quand on s'attaque aux plus hauts sommets.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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critiques presse (1)
Actualitte
24 avril 2023
Il y a la science-fiction telle qu’on l’imagine, telle qu’on la connaît plus largement. Et puis, il y a celle proposée par les éditions La Volte : une science-fiction qui sait aller au-delà, repousser les limites du possible, autant narrativement que linguistiquement.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
J’ai enfin l’accroche. Cette débilité. Je force monstre le trait en chuintant à toute vitesse (ma façon de « parler » habituelle, mais surtout en cours, pour me débarrasser de chaque mot le plus vite possible, comme si je vidais une poubelle emplie de mots en la secouant fébrilement sur la tête des élèves). Presto.
– Voyez le commissaire de police de Cham ? C’est le fils du vieux Zian qui était maire avant et pendant et après les deux Ondes. Le vieux Zian est mort maintenant. Mais dans le cas de cette famille le piège est double. Ils s’appellent Groz-Tartiflaz et faut prononcer « Gro-Tartifla ». Pas de « Grose-Tartiflase » surtout. Ou le commissaire – le fils – vous mettrait en prison. Et vous demanderait d’avouer un crime que vous n’avez pas commis. Ou peut-être commis !
– Ha ! Ha ! Ha !
– Hi-hi-hi-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé.
– Ho ! Ho ! Ho ! Ha ! Ha ! Ha !
– Hou ! Hou !
Je sais pas s’ils ont tout entendu. Mais ils ont compris qu’on se moquait des flics et ça a dû les séduire. Les matous – les trois quarts sont des gars et pensez, un quart de gonzesses, ça représente une meilleure proportion de filles à l’ENSA que durant la préhistoire -, ces matous ont des mines sales, dégueu, déviantes. Même les filles. Ils ont l’air de détester tous les cours, assis, toutes les théories, bien pire que moi encore. Tant mieux. Comme ça quand je leur balancerai ma désespérante histoire de l’alpinisme, interminable à dire, cauchemardesque, il y aura moins de questions retorses pour me piéger. En euphorie, voltigeant follement, ainsi qu’un papillon, devant des parois bleues, roses, vert tendre, végétales, j’embrasserais ces gamins violemment, en pleurant, chacun, un par un. Mais là, moi « en bas » et eux en groupe, en armée, ils sont l’ennemi. Ce sont de jeunes coyotes assis en rangs d’oignons. Je les hais poliment.
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Et c’était la « guerre ». Après les six premiers milliards de morts les lois mondiales provisoires annoncées par radio satellite se contredisaient d’une semaine à l’autre. Fin mai, en quelques jours, la majorité légale était descendue à treize ans, puis remontée à dix-sept, enfin stabilisée à seize. L’autonomie et la résistance physique des gamins étaient d’un coup idéalisées. Car de vieux lions, pourtant durs, étaient morts le 16 mai, durant l’Onde 1. Davantage de lionceaux avaient survécu. Bref c’est de bonne foi et presque avec discernement que les trois dignitaires, dont mon vieux, nous avaient expédiés.
Au casse-pipe. Aux couloirs de la mort glacée.
Gosse on apprend à dire « merci » aux aînés.
Merci… Trente adolescents : morts. Ça valait le coup de survivre à l’Onde 1. 77 % du groupe Espoirs de l’ENSA, parmi eux des filles (dont Zoé), en moyenne de quinze à dix-sept ans, ne « s’épanouirent » jamais dans notre Nouvelle Harmonie Mondiale, mais plutôt, fermèrent leur visage, jeunes macchabées, furent saisis par le gel instantané, ou l’épuisement, ou les cheveux d’ange, ou les avalanches, ou l’ensemble, sans parler du Mal Aigu des Montagnes, classique, sauf qu’ici médusant, REDOUTABLE. De retour en bas mon athlétique Zoé fut tuée par une femelle grizzly kodiak. Or, à ce moment, réduits à une poignée, on faisait plus attention. On claudiquait, apathiques, blêmes, somnambules en file indienne, dans la brise océanique, entre les pins Douglas, les aroles, les églantiers, les petits bouquets d’astrance, les massifs de raisin des ours. Ting-ting. Le vent faisait tinter nos chapelets de mousquifs sans qu’on s’en rende compte. Seule l’ourse semblait éveillée, elle, sous le ciel peint au rouleau gris. Elle était « dans l’instant présent », comme on nous l’enseignait à l’ENSA, au cours d’ECM. Ça oui. En forme, l’ourse… On entrouvrit la la bouche devant cette scène de chasse primitive, hébétés, abrutis, et moi en extase, quant à moi dans un délice intérieur vibrant, permanent, depuis huit jours. J’y viens.
On était partis nus. C’était à mort et à poil cette expé. Quant au matos, en effet, on avait quoi – un grand merci à mon vieux qui était conseiller en matériel sur l’affaire – des doudounes confort – 50 degrés, autant dire des édredons déchirés au-dessus de 8 000, non, dès 7 000, putain, les hyper-rafales les eurent dépecées dès 7 000. On n’emportait ni ailes, ni paras intégrés, ni hypercombis physios, ni ordilunettes, ni même antiques ordiviseurs, ni rien. On traînait encore des CORDES (-: ouais), alourdis, entravés, comme ces demoiselles, à l’époque des premières photographies sur la Mer de Glace, traînaient leurs robes noires souillées, semblables à des corneilles aux ailes brisées. On déployait un « caisson hyperbare », utile pour un enflé, OK, mais quand dix potes avaient le mal et gonflaient en même temps ? Hein ? papa ? Je survécus sans être plus fortiche que les autres. Ça débuta ainsi.
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Ô mort… Ô eau au loin. Au premier massacre – au Strato-McKinley – j’étais gosse. Avec les Jeunes Espoirs de l’ENSA, on partit de Cham, à fond, car sans se douter, comme les soldats en « 1914 », mais encore plus jeunes qu’eux, avec la fête, les cris, stridents, qui vrillaient l’ouïe, dans le car, puis le train, l’avion ; on s’envola saouls pour l’Alaska. Puis, en trois mois d’expé, on ne vit pas le soleil, ou peut-être une seule fois. Entre les tempêtes, le ciel faisait grise mine? Il semblait dégoûté, d’avoir craqué, vomi ses ires terribles et, ainsi, trahi son caractère infâme. Pfrfq. Il bougonnait ou boudait. Il maugréait ou restait de glace. Sur onze semaines on eut onze semaines de mauvais.
La stratocime ne se montra qu’après notre retraite, quand le bélier de nuages, issu du Pacifique, faiblit une heure. Alors on découvrit bien pire qu’une montagne et je me rappelle ce moment précis. Je pâlis, de l’éther glacé s’épancha dans mes tripes. Arsss… La vue en soi était un événement, une épiphanie, voire une apocalypse. Ô mon Dieu…
L’épée intégralement givrée, atrocement acérée, plantée dans toute la hauteur de l’azur, telle une blanche Excalibur, devenait trouble et comme gazeuse en haut. On eût dit que la pointe se décomposait en perçant la stratosphère. Car elle franchissait le bleu, en effet, pour taquiner le cosmos noir. Elle dépassait la vue car franchissait le ciel. L’ensemble était monstrueux, aberrant, pas invité par le paysage, comme une pub d’esquimau au citron montée par erreur dans un film d’auteur, devenant film d’horreur.
Plus précisément, la méta-montagne était semblable à une oie effroyable, la tête en décomposition, donc comme fulminant, et l’air guindé par son cou disproportionné et blanc pur. Rsss. Elle semblait ainsi fumer de rage mais avec dédain ou morgue ou devenir démente ou vociférant ou pas exactement ou le contraire ou l’ensemble. Elle intimait rrr-rrr-REVENEEEZ !
Non, pour ça, pas de danger h-hi. Aucun des rares survivants ne revint jamais au Strato-McKinley.
Jamais.
Et même presque aucun ne devint alpiniste. Alors qu’a priori c’était notre vocation à tous, notre passion de gosse alpin. Retourner… LÀ-BAS ? Moi seulement – à ma connaissance – y ré-échouai plus tard, d’ailleurs plusieurs fois et, finalement, à chaque carrefour de mon existence. Mais quant au groupe Espoirs, on était partis 39, donc une part conséquente des jeunes de Cham qui avaient survécu au premier cataclysme. On était si fiers d’être encore en vie ! On souriait. On riait. Et c’était un bon nombre. 39…
On en revint 9.
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Faut dire… c’était en l’an 0, l’été, juste après l’Apo. Trois vieux guides de la Compagnie, abasourdis – d’être encore en vie ? – puis songeurs, recueillis, bientôt titillés, exaltés, avaient bâclé le projet de cette expé autour d’une table à l’ENSA, roâo comme trois lions acharnés sur la même antilope, galvanisés par la rumeur de nouveaux paysages, d’altitude fabuleuse, de Néo-Alaska. C’étaient des hommes d’action. MALHEUR : ils croyaient donc que le monde dévasté avait besoin de leurs impulsions exemplaires ou de leur « contre-attaque » ou de quelque hâte du genre. Songez, aussi, à leur tentation de saisir les financements paradoxalement possibles par inertie bureaucratique, la thune disponible pour une expé même en ces temps de crise extraordinaires ; pensez à leur gourmandise à solliciter les rares anciennes structures curieusement intactes : quelques « avions » ou vieux matériels typiques du monde capitaliste anté-sismique, trucs divers, multicolores, fluo, synthétiques, voire en « matière plastique », qu’on n’a jamais revus depuis. C’était plutôt bien inspiré, car l’Onde 2, en l’an 3, finit de détruire ces vestiges. Bravo Groz-Tartiflaz.
L’un de ces trois guides était mon vieux. Le second était son pote Bébère de Vallorcine. Tous deux, durs de durs, étaient des légendes à la Compagnie et à l’ENSA. Le troisième, Zian Groz-Tartiflaz, était guide et maire. C’était lui surtout qui avait monté le projet. Or lui et Bébère avaient sous-estimé l’adversaire.
Ça oui h-hi.
On peut le dire.
Ils pensaient encore à l’âge d’or, à la préhistoire de l’alpinisme, elle-même centrée sur notre invincible municipalité : le glorieux Cham. Pour mesurer les dangers, ils n’avaient pour limites supérieures, au mieux – au pire – que les directissimes aux Drus, aux Jorasses, ou l’extrême himalayen pré-sismique. Pour eux, le summum, dans l’horreur, c’était le K2. Ils jaugeaient mal ce que pouvaient… « faire » une stratocime, l’hyperaltitude, le stratoblizzard, les cheveux d’ange, ces ogres d’une innocente aberrante monstruosité.
Mon vieux, lui, jaugeait mieux : il revenait lui-même du Strato. Mais il était… disons… « spécial » ? Mieux vaut ne pas en parler.
J’aime pas en parler.
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J'ai aperçu la gélinotte dans les lichens d'un épicéa géant Et je me demande encore si c'était un présage ou non ou rien ou si mais de quoi. On l'aura compris, relativement à toutes ces conneries, depuis le début de mon histoire, seuls les animaux sauvages, et les fleurs, comptent vraiment. Le reste on s'en fout.
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