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3.19/5 (sur 67 notes)

Nationalité : République tchèque
Né(e) à : Jilemnice , le 10/05/1892
Mort(e) à : Prague , le 07/03/1972
Biographie :

Jan Weiss est un auteur tchèque de romans fantastiques et de science-fiction.

Fait prisonnier et déporté en Sibérie pendant la première guerre mondiale,il y contracte la fièvre typhoide;cette terrible expérience apparaît comme toile de fond de la plupart de ses écrits.

"La Baraque De La Mort" parue en 1927, "Le Régiment Fou" datant de 1930, par exemple.

Jan Weiss s'oriente ensuite de plus en plus vers la SF, avec, entre autres, "Du Cheval Blanc", "Le Pays des Petits-Fils" ou encore "Le Dormeur du Zodiaque".

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Bibliographie de Jan Weiss   (1)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
… Brok put enfin se faire une opinion sur Ohisver Muller et se représenter la monstrueuse grandeur de cet homme mystérieux qui était partout et nulle part. C’est ici que se déroulaient les luttes inégales entre les mulldors, sa monnaie, et les pauvres devises des autres nations. C’est en ce lieu que, chaque jour, des milliers de bouches prononcent mille et mille fois son nom. Ce nom qui résonne, tantôt comme un gémissement, tantôt comme un cri victorieux, tantôt comme une prière implorant la pitié ou le craquement des os sous un dur talon. La grande loupe au plafond était son œil.
Le microphone dans le mur son oreille. Le haut-parleur de cristal sa bouche. Sa main, sans doute peut descendre du plafond et lui-même peut apparaître dans un miroir.
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Soudain, il huma l’air. Une odeur étrange frappait ses narines. Une odeur tellement violente qu’il en manque s’évanouir. Elle s’élevait dans son cerveau comme les vapeurs de l’alcool, l’engourdissant et l’exaltant tour à tour, en traçant de curieux paysages devant ses yeux. « Mais quel est ce parfum si paisible et si bon ? Un pré fauché à la lisière d’une forêt. Tel l’encens qui s’élève des autels sacrificatoires, des meules de foin l’odeur monte vers le ciel. Sur ce pré, je me suis couché moi-même. J’ai du foin sous la tête, j’ai des brindilles dans les cheveux. Je suis couvert d’épices chaudes qui se dessèchent. Et je reconnais leurs différents langages : le serpolet, la sauge, la camomille.
>> Et quand j’ouvre les yeux, je vois la brume épaisse comme un crème. Je me souviens, je commence à me souvenir. La princesse s’éloigne et une musique, quelque part au centre de l’univers accompagne sa fuite… Mais ce parfum, d’où vient-il et quelle est sa signification ? Est-ce l’envoûtante mélodie des odeurs, qui berce et déchire avec plus de violence encore que le triste amour, aux lointains, du violoncelle et du violon ?
>> Et s’exhale l’arôme de la forêt, des mousses, des aiguilles de pins, des fraises et de la résine. Je vois une source blottie sous la verte dentelle des fougères. Y viennent boire les oiseaux des bois, les chevreuils et les braconniers…
>> Mais à présent, l’odeur de la forêt se disperse aussi dans la blancheur du brouillard. (…) Un vent s’élève qui fait claquer les voiles. La froide odeur de la mer (…)
>> Et voici qu’une nouvelle odeur, complètement différente, naît et prends sa place. Elle évoque un rêve étrange, depuis longtemps oublié. La chaleur du fourneau de cuisine, les fumets nourrissants des casseroles qui disent que le déjeuner est proche. Et soudain le courant d’air d’une porte brusquement ouverte. Une bouche qui s’ouvre et crie : « La guerre ! » Et de nouveau tout disparait sans laisser de trace (…)
>> Maintenant les odeurs se succèdent rapidement.
>> Une locomotive qui s’essouffle, les fumées.
>> La puanteur des wagons : six chevaux, trente hommes…
>> L’atmosphère meurtrière de la saleté, de l’eau-de-vie, des pieds sales et des latrines.
>> Le lointain
>> La terre fraichement retournée.
>> La poudre.
>> Les incendies qui couvent.
>> Le sang.
>> La pourriture des déchets, des conserves, des blessures purulentes, du phénol ; la pestilence des punaises écrasées, la fermentation et la décomposition de la chair ; les engelures noires qui se putréfient sous les pansements malpropres.
>> Au plafond, une petite lampe jaune répand dans l’air un mélange de pétrole et de mèche qui charbonne.
Pierre Brok se ressaisit. « Cela, tout cela, c’est mon passé ! Ce sont les souvenirs que j’ai perdus. Vite ! Vite ! » Il tendit la main. Rien ! La brume blanche. La princesse noire.
« Il n’est point de passé, hormis Mullertown »
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Un brouillard opalin, dense comme du lait, lui bouchait la vue. Brok hésita, se frotta les yeux, tendit les mains comme un aveugle et les agita.
A trois pas devant lui, il vit se fondre deux silhouettes, l’une noire, l’autre blanche. Atchorguène et la princesse. Brok s’élança dans la brume, les bras tendus et ne rencontra que le vide. Les ténèbres blanches l’éblouirent. Le silence opalisé l’assourdit.
Il bondit vers l’endroit où avait disparu la princesse. Il appela et battit des bras comme un oiseau aux ailes brisées. Le brouillard l’étouffait, une étrange chanson tintait dans ses oreilles. Non, ce n’était pas la brume qui chantait ainsi ! C’était le sang qui battait dans ses artères !
Chaque pas en avant ajoutait à son angoisse. Son corps ne lui obéissait plus et appréhendait les pièges qui semblaient le guetter dans cette atmosphère brumeuse. En se déplaçant lentement, il marcha dans la même direction, longtemps, très longtemps, sans jamais en trouver la fin.
Soudain il s’arrête et craint d’avoir été trop loin. Doit-il revenir sur ses pas ? Il est là, hésitant, au milieu des ténèbres blanches, abandonné des êtres et des choses, égaré, dilué dans cette vapeur sans limite. Déjà il est perdu, déjà les ténèbres blanches l’engloutissent, le traversent et le remplissent. Il sent qu’il va tomber et que son corps sans vie demeurera ici longtemps, très longtemps. Une jour peut-être, quand cette impondérable blancheur se sera dissipée, des gens passeront ici et heurteront du pied son cadavre. Mais personne ne le verra.
Ses forces l’abandonnent, Il ne peut aller plus loin. Ses jambes semblent se liquéfier et devenir, elles aussi, un lourd brouillard sans forme. Il s’effondre et se met à pleurer.
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Cette ascension aura-t-elle jamais une fin ? Où sont les portes? L’homme monte toujours. Le tête lui tourne, le tapis et sa cascade de pourpre lui incendie le cerveau.
Soudain il s’arrête. « Peut-être … vaudrait-il mieux redescendre ? Reculer ? Non, il est trop tard. Je suis allé trop haut. Plus haut. En avant ! »
Encore un étage. Et encore un. Ce n’est plus possible. Encore un. Le dernier ? Un nouvel étage, monotone, et la langue que tire le tapis rouge.
Le cœur est prêt à se rompre, les jambes fléchissent. Impossible d’aller plus haut. « Où suis-je arrivé ? Qui ?... Moi ? Qui est-ce, moi ? Qui suis-je ? »
Une pensée stupéfiante. Une surprise. L’homme saisit sa tête entre ses mains.
« Qui suis-je ? »
Mais le cerveau se tait… De mémoire ?... Point !
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- Monsieur, faites de moi et de mes frères de nouveaux hommes. Donnez-nous des noms au lieu de nos matricules, des aliments plutôt que des cubes. Donnez-nous l’amour, le désir et les rêves. Faites-nous sortir de cette prison et donnez le soleil à tous ceux qui croyaient l’avoir perdu à jamais.
- Je le promets, dit Brocke.
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Nous ne savons pas ce qu'est l'amour, c'est pour cela que nos jours sont si longs et qu'il n'y a pas d'avenir hormis la mort. Nous n'avons ni goût ni faim, nous n'avons ni souhait ni rêve, sauf un : et c'est le désir prodigieux qui nous torture et que même le Dieu Muller ne peut nous arracher ! C'est le désir de la mort. Chacun de nos réveils signifie la terreur et nos journées entières ne sont d'un seul désir du lit, du sommeil : la mort ! Nous sommes des milliers et des milliers à la désirer, cette nuit silencieuse, sans rêve, dont nous ne nous réveillerons plus jamais...
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