Mon visage vire couleur poireau. Appelez-moi Shrek.
Nathan avait les yeux bouffis de sommeil et les cheveux en pétard. On aurait dit un ourson qui venait de se réveiller de longs mois d'hibernation et qui passait la première fois la tête hors de sa grotte, tout ébloui par la lumière du jour. (Bon, en même temps, je n'en ai jamais vu... J'imagine, quoi !).
Tout a commencé le premier jour des vacances de février
- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Qui parle ?
Un inconnu ? Un fantôme ? Un Martien qui connaît mémé et qui veut l'emmener à bord d'une vraie fusée spatiale ? Je me suis toujours doutée qu'elle venait d'une autre planète.
Dans la vie, il faut saisir toutes les occasions d'étaler sa science, surtout quand on n'en a pas beaucoup.
Je jette un regard éploré à ma grand-mère qui, assise les mains jointes sur ses genoux, ressemble à un cochon d'inde en furie. Ses joues sont rouges et gonflées. Elle aussi est évidemment extrêmement déçue de cette défaite.
Regarde ! elle hennit, narines ouvertes (poilues, les narines, je remarque).
Ma mère entre dans la cuisine. Encore une fois !
Elle aperçoit mémé au sol et se met à ouvrir la bouche bizarrement. Pas un son ne sort. Elle a vraiment une drôle de tête.
Du coup, un silence gênant s'installe. On sait plus trop quoi faire, mémé et moi. Je pense à lancer un joyeux petit : "surprise ! Mémé vient de faire un petit vol plané !", mais je n'ose pas, n'étant pas complétement sûre de la réaction de maman. Je lis dans le regard de ma grand-mère une SOUDAINE ENVIE de faire la morte, ce qui, à mon avis, n'est pas non plus la solution. (pp. 18-19)
Mes yeux ne quittent pas l'écran de mon ordi et mes doigts passent d'une touche à l'autre avec légèreté, assurance et virtuosité. Je suis le Mozart du clavier azerty, le Beethoven du PC.
- J'ai la sérieuse impression que, finalement, notre coopération n'est pas très efficace, constate mémé en rajustant sa tunique en peau de panthère. J'irais même jusqu'à l'appeler "foireuse", si tu le permets. (p. 39)