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3.94/5 (sur 59 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Charlotte Dordor est diplômée de lettres classiques. Elle est éditrice et partage son temps entre la région parisienne et l'Auvergne. Le Retour de Janvier est son premier roman.

Source : amazon
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La barque glisse sur l’eau régulièrement, un train sur des rails. Depuis qu’il est là, son corps a eu le temps de s’accommoder à l’exercice, il a fait du muscle, dirait sa mère. Du muscle, mais pas seulement : le geste est fluide et assuré. Janvier maîtrise son embarcation, elle file à travers les rues silencieuses, on ne sent plus les coups de rame.
Après les avoir redoutées, ce sont désormais les périodes qu’il préfère, les grandes marées, il les attend, quand on ne peut plus circuler à pied et que l’eau pénètre partout. Alors on ne voit plus les murs décrépis, les objets qui jonchent le sol, les maisons qui menacent de s’effondrer, les trottoirs détruits. Inondée, la ville rutile, comme neuve.
(Incipit)
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À la lumière de sa torche, il attrape tout ce que peut contenir son sac à dos. Deux bouteilles d’eau, des biscuits. L’alcool de Wladimir lui tape sur le front quand il se baisse. Quelques vêtements, son téléphone. Machinalement, il saisit Belle du Seigneur, puis le repose. Il faut emporter le strict nécessaire. Dans la bibliothèque, il cherche quelques minutes. Dehors, les sirènes s’obstinent, implacables. Elles ne s’arrêteront plus. Il pense aux longs mois pendant lesquels il a amassé méticuleusement ce qu’il pouvait sauver de chefs-d’œuvre. Il faut encore sauver, mais plus vite, et moins. Pris d’un immense découragement, il se dirige vers la porte, fait demi-tour. Il ferme les yeux, pose ses mains sur une étagère au hasard. Le sort décidera. C’est Guerre et Paix. Il ne s’y résigne pas, le repose. Quel livre saurait contenir à lui seul tous ses désirs, tous ses besoins ? Ses yeux s’arrêtent sur un recueil de poèmes. Fureur et Mystère, de René Char. Pourquoi pas. Il y a au moins une promesse.
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Et puis un jour de grand sec, il avait poussé plus loin sa promenade habituelle au port, il était passé devant un haut bâtiment en verre dont les vitres du rez-de-chaussée avaient éclaté sous le poids de l’eau. C’était la médiathèque. Elle prenait toutes les inondations de plein fouet, même les plus faibles. Des milliers de morceaux de verre recouvraient le trottoir et le faisaient scintiller. Ils crissaient sous les pas de Janvier. Il pénétra par une fenêtre. Le spectacle était désolant. Il n’y avait plus une étagère debout ; des monceaux de papiers qui avaient dû être des livres pourrissaient sur le sol rongé. Par endroits, certains stagnaient dans des flaques tels des poissons morts, car le plancher se crevait. Au contraire, des centaines de pochettes de DVD affichaient une santé insolente. Le plastique triomphait dans son inutile pérennité.
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Plus les incendies dévorent les forêts, plus les ouragans font rage et dévastent les édifices les moins solides, plus on se réfugie dans les illusions de la modernité. Après chaque tempête on arme son pavillon de béton supplémentaire et on ajoute la climatisation pour se prémunir de la prochaine canicule. On agit en aveugle sur les symptômes.
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Il contemplait la montagne. La lumière rasante jetait son or sur les prés, à travers les frênes. Le silence et la chaleur figeaient l'air. Soudain, une note le déchira pour arriver droit au cœur de Janvier et continuer sa danse. Il reconnut les premières mesures d'une fugue de Bach, en mineur, qui lui revenait de loin.
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Il se le figurait en fœtus translucide, imparfait, inachevé et monstrueux, et le voyait comme un fardeau à venir, le nœud du problème, l’élément sans lequel la vie aurait une chance de prendre le dessus. Et voilà qu’il se retrouve en face de ce minuscule prodige. (p.291)
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Janvier évolue courbé sur le chemin qui longe le flanc de la colline. Derrière le muret de pierres, il découvre ce que les arbres lui cachaient d'abord : la pente descend dur, épouse les collines circulaires et forme un grand cirque vert, traversé par un ruisseau qui s'époumone.
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À ce terme d’« ouragan », Janvier s’assombrit. Le vent qui anéantit tout, qui peut dévaster sa terre natale, saccager les arbres, donner à chaque hameau un visage de désolation, mettre en danger ceux qu’il aime, oui, la réalité de l’ouragan lui dévore le ventre d’angoisse, un instant, mais avant cette réalité, c’est le seul fait d’entendre le terme dans la bouche de sa mère. Il y a quelques années, elle aurait parlé d’orages, de tempêtes à la limite. Les mots du nouveau monde ont atteint l’ancien en sa chair, ils gangrènent le noyau le plus préservé. (p.47-48)
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C’est pas mieux à Paris, tu sais. C’est pire, même, je pense. Ici encore, il reste, je ne sais pas, un esprit de solidarité. On a tous la même merde sous les yeux, alors ça fait réfléchir. Tu ne trouveras pas un type ici, même un abruti, même un militaire, dit-elle en baissant la voix, pour dire que la première urgence n’est pas écologique. Là-bas, c’est chacun pour soi. Tant que Paris ne sera pas enseveli sous les eaux, les flammes, les tempêtes ou les millions de réfugiés, ça va continuer. (p.44)
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C'était l'époque où la ville s'effondrait. On commençait à penser que l'eau ne partirait plus. Les gens qui prenaient leurs quartiers étaient majoritairement des migrants que le reste du pays avait rejetés et qui venaient échoué sur le littoral. La ville était désolée et meurtrie. Même les nouveaux arrivants quittaient le centre pour s’entasser dans des banlieues que les lendemains menaçaient pourtant aussi.
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