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4.64/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Annabel Séguret est aussi l'auteur des enquêtes de Simon et signe ici sa première saga historique.

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Bibliographie de Annabel Séguret   (3)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Il était triste comme à son habitude, beau et nu regardant par la fenetre, les bras croisés. Je ne sais pas ce qu'ont les femmes à trouver un sens érotique à la souffrance des hommes, à leurs cicatrices tant physiques que morales mais jamais il ne m'avait paru plus attirant.
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Je fis cependant un cauchemar. Je me voyais suivant une femme élégante mais ahurie, sa robe en sang, courant dans les rues, je l’appelais : « Margot ! Attendez ! » mais elle ne me répondait pas. Des centaines de cadavres jonchaient le sol. La gorge tranchée pour certains, éventrés pour d’autres. Des corps chutaient des fenêtres et venaient s’écraser sur les pavés de Paris, vivant, dans un craquement sinistre d’os, leur dernière seconde devant nos yeux. Des enfants, des femmes, la bouche ouverte de stupeur tant la mort les avait pris trop vite, entassés dans les rues. Des hurlements, une cloche qui sonnait. Une cloche maudite. Le tocsin. Puis de l’eau, de l’eau puissante et en colère, rouge et larmoyante et des fous pris par la violence et l’excitation du massacre. Et on me jeta dans l’eau de la Seine. Aisling aussi. J’étouffais et ne pouvais plus bouger. Je vis la lumière des torches courir comme des feux follets et toujours cette eau au-dessus de moi. Aisling essayait de me rejoindre mais elle fut emportée par les flots. Des corps flottaient et des bulles envahissaient l’eau qui me retenait prisonnière. Puis je me sentis plus calme, apaisée loin de toutes ces souffrances que je venais d’endurer. Loin de la mort de ces gens et de la mienne. Un enfant vint tout près de moi. Je l’attrapais et le serrais contre ma poitrine. Ses cheveux bruns et fins l’auréolaient, ses petits yeux bruns ne suppliaient plus et ses petites mains ne retenaient plus rien, il me faisait confiance et se laissait aller comme une petite poupée de tissu. Il dormait et je dormais enfin, tenant une fleur d’aubépine dans ma main.
On frappa à ma porte et on me sortit, heureusement de ce cauchemar qui m’avait pourtant semblé si réel.
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15 au 16 juin 1777, South Inlet, Caroline du Sud

Ma belle Louise,
Enfin nous sommes à terre. Nous avons perdu du temps à cause des vents contraires, c’est ce qui explique que tu recevras mes lettres plus tard que je ne l’aurais souhaité. Mais enfin, nous y voilà, mon amour.
Nous avons compris que nous arrivions quand nous avons vu des oiseaux voler autour de nous. Différentes espèces côtières qui nous ont, par leur présence, annoncé la terre promise. Et nous l’avons vue ! Oh oui ! nous l’avons vue ! Au départ, il n’y avait rien. Rien qu’un horizon que le soleil couchant nous rendait gris et plat. Pas de chaloupe ni même la moindre embarcation qui pouvait nous laisser présumer que nous pouvions entrer dans un port. Cela faisait plus de sept semaines que nous étions coupés du monde et aucun élément ne nous indiquait si la situation des Insurgents avait évolué ou pas. .../...
Me croiras-tu si je te dis que nous sommes arrivés dans un parc à huître ? Que les premiers colons que nous avons vus furent des esclaves noirs ! Nous avions dans un premier temps distingué de simples silhouettes s’affairant tant bien que mal sur des carrés de mer basse, puis nous avons pu voir la couleur noire de leurs torses car ils ne portaient que de simples culottes. C’est ainsi que nous les avons reconnus ! Ils ont pris immédiatement la fuite quand le baron de Kalb leur a demandé où nous étions ! Quelle ironie d’arriver sur ce sol américain, soi-disant futur pays des libertés, et que notre premier contact humain fût avec des esclaves !
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Le 5 mai 1777 en pleine mer.

Le temps me dure, ma très Chère Femme d’avoir de tes nouvelles.
Et c’est en sachant qu’elles ne me viendront pas tout de suite que je t’écris avec l’espoir que les miennes arrivent avant. Je suis meurtri. Comment vas-tu me pardonner ? Comprendras-tu de si loin où tu te trouves, que mon départ s’est fait bien contre ma volonté. Je t’écris cette lettre dans l’espoir qu’elle te parvienne alors que tu m’auras déjà pardonné. Je ne sais pas si je pourrais continuer ce voyage si je sais que tu gardes envers moi cette rancœur que je trouve pourtant bien légitime. .../...
Louise, ma Louise, comme je meurs de ne pas te toucher. Comme je te désire d’autant plus que la
mer est immense et vide de toi. Je déteste naviguer.
Je déteste cette inactivité dont je ne puis m’accommoder et me sens comme à la Bastille. Le vague à l’âme prend nos hommes régulièrement et Gilbert se plaît à dire
que la mer est triste et que nous nous attristons mutuellement, elle et nous. Comme il a raison quand il l’appelle « la triste plaine ». Lui qui était habitué à ses monts verdoyants et luxuriants d’Auvergne, tu imagines son désarroi devant une telle platitude et ce bleu, toujours le même, tout autour de nous ?
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Et le temps passa. Je ne le comptais pas. Je voyais juste son fil défiler devant mes yeux, le jour se lever puis se coucher, la lune faire son chemin à travers la gauche et la droite de la fenêtre, s’arrondissant pour quelques jours de fertilité, s’amaigrissant pour quelques jours stériles. Je vis le printemps puis l’été. J’étais couchée dans mon lit, recroquevillée sur ma peine et concentrée sur le vide. Le vide de Gabriel depuis un an. Ou deux, je ne savais plus.

Puis un matin l’envie me prit de me lever.
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Le 15 mai 1777, château des d’Abeline.

Mon tendre et aimé Gabriel, mon époux…
Que puis-je mettre sur cette lettre à part tout cet amour pour toi qui me submerge et que je t’envoie. Que puis-je mettre d’autre si ce n’est ma peine immense et cette colère qui m’a prise quand j’ai compris que tu m’avais abandonnée. Je t’en ai voulu, je t’ai détesté et je t’ai aimé plus encore.
Si tu m’avais fait part de tes projets, je serais venue avec toi.
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