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3.77/5 (sur 28 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jean de Saint-Cheron est diplômé de Sciences Po Paris et de la Sorbonne.

Directeur de cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris, il est chroniqueur hebdomadaire au journal "La Croix", responsable de rubrique chez Magnificat et contributeur régulier dans la presse (Le Figaro, Radio Notre-Dame, KTO, RCF).

Jean de Saint-Chéron est l’auteur d'un premier livre remarqué "Les bons chrétiens", paru aux éditions Salvator en septembre 2021.

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🎥 [400e ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE BLAISE PASCAL] 📌 « Pascal va nous aider à comprendre pourquoi nous cherchons le vrai et le bonheur sans y parvenir » 📌Jean de Saint-Cheron répond ici à trois questions : - En quoi Pascal est-il encore d’actualité ? - Comment la foi de Pascal peut-elle nous aider à trouver le bonheur ? - Comment Pascal, homme de science, concilie-t-il foi et raison ? 👉https://editions-salvator.com/philosophie/11503-voila-ce-que-c-est-que-la-foi.html #Littérature #interview #essai #livre #édition #blaisepascal #science #foi #bonheur #culture #JeandeSaintCheron #anniversaire #clermontferrand #auvergne #joie #religion #catholique #chrétien #vidéo

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Au « Grand 7 », on n'a pas lu le livre, mais on a vu les chromos au bouquet de rosés, les statues de plâtre peint, les photos.
(...)
Pourtant, en ce mois d'août 1921 ou 1922, alors que Titine a fait monter dans l'autocar sa petite troupe armée d'éventails, Thérèse n'est pas officiellement sainte. Pire : même pas bienheureuse. Mais elle fait un tel boucan dans le peuple que les curés de Rome épluchent les dossiers, pour voir si le pape doit la béatifier.

A peine descendues du car, il avait fallu grimper dans un train. Un vrai tape-cul. Le trajet avait duré des heures, tout le monde pestait. Madame, la voix rude, sans illusion, tâchait vaguement de consoler la petite Edith dont les jambes se balançaient dans le vide, dont la tête de mendiant aveugle suivait les moindres rires comme pour y avoir part, et dont les yeux sans jour, sous leur bandeau sordide, pouvaient encore verser des larmes. On savait bien, au fond, qu'elle ne reverrait jamais le soleil.

Enfin Lisieux.

Les messieurs enchapeautés saluent dévotement la délégation de robes à fleurs qui remonte la rue du Carmel en se frottant les fesses.

Le petite traîne la jambe. On pousse la grille. Les carrés plantés de fleurs des champs bourdonnent d'insectes. Les croix sont couvertes d'une mousse sèche, jaunâtre.

On y est : 1873-1897- Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus.

— Une redede pas possible.

— Ce que tu peux être sotte, son vrai nom c'est Martin. Ça, c'est son titre de bonne sœur.

On reste là. Un ange passe. Edith pleurniche. Qu'est-ce qu'on est venues faire, au juste ? Qui a jamais été guéri dans un cimetière ? Mais Carole, dite Cabriole, n'aura pas fait le voyage pour rien. Elle attrape Edith et se met à genoux, entraînant dans son geste Suzanne, Judith, puis la grosse Marie, enfin toute la bande hésitante. Alors on fait comme on peut. On récite les prières que l'on sait par cœur. La ferveur monte. On se prend à y croire. On pleure, on chante, on embrasse la croix. On parle à Thérèse, on lui présente la petite aveugle dont on finit par frotter le front avec la terre du cimetière.

Quatre jours plus tard - temps que Lazare avait passé au tombeau avant d'en être tiré par Jésus -, Edith Gassion, dont la voix conquerrait plus tard le monde sous le nom d'Édith Piaf, retrouvait la vue. Toute sa vie, la « Môme » brûlera des cierges à la petite Thérèse, la priera les mains jointes avant de monter sur scène, portera sur sa poitrine un portrait de la sainte.

Les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu, proclamait celui qui non seulement avait ressuscité Lazare, mais envoûté le cœur d'une adolescente, Thérèse Martin, devenue sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.
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Invité à une noce à Cana de Galilée, Jésus change sans trembler six cents litres d’eau en grand cru. Le premier miracle de sa carrière est remarqué : «II manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui» (Jn 2, 11). Le dieu des puritains n’aurait-il pas opté pour l'inverse, transformant six cents bouteilles de chambertin en eau plate?

Mais peut-être certains dangereux hérétiques continuent-ils de penser que le Christ n'était pas bon chrétien, qui pour avoir mangé et bu avec les pêcheurs et les prostituées fût traité de glouton et d'ivrogne (cf. Mt 11, 19).
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Nous avons cru à l'amour de Dieu: c'est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive {Deus caritas est, 2005).

Dans un passage d'À la recherche du temps perdu, Proust rend compte de cette mécanique de toute conversion véritable, qui suppose le détachement de certains plaisirs, de certaines habitudes, non par amour du renoncement, mais par amour d’autre chose - un plaisir plus grand, un bonheur plus durable, une joie plus parfaite :
La pratique de la solitude lui en avait donné l'amour comme il arrive pour toute grande chose que nous avons crainte d'abord, parce que nous la savions incompatible avec de plus petites auxquelles nous tenions et dont elle nous prive moins qu’elle ne nous détache. Avant de la connaître, toute notre préoccupation est de savoir dans quelle mesure nous pourrons la concilier avec certains plaisirs qui cessent d'en être dès que nous l'avons connue (A l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1918).

C'est donc parce qu'il a pratiqué la solitude que Swann (le personnage dont Proust parle dans ces lignes) a pu l'aimer. Or pour la pratiquer, il lui a fallu renoncer d'abord à ce qui était incompatible avec elle (la mondanité par exemple).
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La prostitution n'est pas un métier facile.
(…)
On aurait peut-être mieux fait de rester au
« Grand 7 », quitte à ne pas faire relâche. Derrière les murs à colombages de la rue Saint-Michel, il faisait encore frais au petit jour. Mais quelle femme digne de ce nom serait restée sur le sofa, bras croisés, jambe leste, quand la petite Edith souffre le martyre ? Des mois que l'enfant n’y voit plus. La nuit est tombée comme un drap sur ce petit bout de sept ans à peine. Les médecins sont perplexes, mais déjà ça ricane chez les bigotes, les bourgeoises, les ouvrières. Les clairvoyantes. La petite paie pour sa catin de mère, fille de Belleville à moitié arabe ; pour l'alcoolisme de sa marraine qui ne l’a pas gardée longtemps à demeure, titubant dans les bouteilles ; pour l'avarice et le stupre de sa grand-mère, la maquerelle de Bernay, qui nous aspire nos hommes les soirs de paye et nous fiche la vérole les soirs de cuite. On a beau dire, pourtant : au « Grand 7 », on a encore un cœur. Alors il a fallu sortir par ce temps de plomb, dans les japons trop lourds.
(…)
Comme toutes ses filles, ça fait un moment que Madame Louise, dite Titine, a entendu parler de Thérèse de Lisieux, morte dans un carmel avant vingt-cinq ans, à la fin du siècle dernier. Tout le monde dit que c’était une sainte. Après que la tuberculose l'avait emportée, en septembre 1897, la ville de Lisieux n'avait plus parlé que d'elle pendant des mois. Puis la légende s'était si bien colportée dans la région les années suivantes que c’était remonté jusqu’à Paris, enfin partout en France, et maintenant dans le monde. Personne n’était vraiment capable de dire ce qu'elle avait fait de sa vie, pourtant. Une religieuse banale - assez jolie tout de même, si l'on en croit les images qui circulent -, entrée au monastère à quinze ans, tombée malade, et restée dans son cloître jusqu à l'étouffement définitif, neuf ans plus tard. La hiérarchie du Carmel avait alors rassemblé des carnets noircis par Thérèse dans sa cellule pour en faire un livre. Histoire d'une âme. Le texte n'avait pas tardé à contredire la moue frileuse des éditeurs parisiens : à l'aube du xxe siècle, des dizaines de milliers d'exemplaires en étaient déjà écoulés.
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Le christianisme n’y va pas par quatre chemins : la sainteté est la seule vocation à être parfaitement universelle. Cette affirmation radicale vient des vieilles paroles de la Bible : « Soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint» (Lv 19, 2).

Naturellement, le Seigneur qui nous a faits sait qu'on ne fera pas boire un âne qui n’a pas soif. Or la grande soif de l'homme, c’est d’être heureux. Alors le Seigneur ajoute: «Tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t'apportera bonheur et fécondité» (Dt 6, 3). «Si tu es saint comme je te le recommande», dit Dieu à longueur de Bible, à longueur d'histoire d'homme, «tu seras heureux». L'appel qui semble venir de l'extérieur - « sois saint » - et celui qui semble venir de l'intérieur -- « que je sois heureux» ~ auraient un seul et même auteur.

Vocation à la sainteté et vocation au bonheur ne seraient qu'un seul et même appel.
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Il n y a rien de plus chrétien que de s'extasier devant l'incroyable beauté des femmes - voyez la beauté des femmes de la Bible ! -, que d'ouvrir de grandes bouteilles de vin — un clos-des-lambrays sur une bécasse au foie gras ~, que d’éclater de rire. Hilaire Belloc, brillant Anglais qu'oppressaient les ciels bas de l'anglicanisme, et compagnon de Chesterton en ses plus fameux gueuletons, l’avait bien repéré: «Partout où brille le soleil du catholicisme, on trouve l'amour, les rires et le bon vin.»

Péguy consacre quant à lui deux strophes de sa «Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres» aux habitudes de table de tout bon pèlerin de la Vierge :

Nous nous sommes levés ce matin avant l'aube.
Nous nous sommes quittés après les beaux adieux.
Le temps s'annonçait bien. On nous a dit tant mieux.
On nous a fait goûter de quelque bœuf en daube,

Puisqu'il est entendu que le bon pèlerin
Est celui qui boit ferme et tient sa place à table,
Et qu'il n'a pas besoin de faire le comptable,
Et que c'est bien assez de se lever matin
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Pour qui s’est approché d’elle, que Thérèse est une guerrière est donc une évidence. L’objet du présent éloge est de contrarier les incrédules. Nous ne trahirons pas les cierges brûlés par ma grand-mère, ni la statue perchée sur les étagères des bistrots. Plusieurs, au cours des décennies passées, écrivains ou prédicateurs, ont prétendu « briser la statue » pour révéler la vraie Thérèse. Qu’il ait fallu taper, pourquoi pas : les idées reçues sont d’érosion lente. Mais on n’aplatit pas une montagne à coups de marteau. Et Thérèse est toujours là, dans les niches des chapelles, entre les bouteilles de calva, dans sa cape blanche et sous son voile noir, avec son sourire triste et sa croix qui ne fait pas peur. Le lyrisme poussiéreux de son langage xixe n’est plus goûté par grand monde. Des bigotes de moins en moins nombreuses continuent de la vénérer. Quelques railleurs (également décroissants) continuent de la prendre pour une godiche. La plupart l’ignorent.
Elle est toujours là, pourtant. Et à y repenser, la statue n’est peut-être pas si laide. Il faudrait essayer de la polir. Le sang des roses en sortirait plus rouge.
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Dès les premiers siècles, l'expression « bon chrétien» désigne les plus fidèles épigones du Christ : saint Augustin utilise l'expression pour désigner le théologiens les plus fiables (De doctrina christiana II, 59). Dix siècles plus tard, au cours de son procès Jeanne d’Arc, avec son extraordinaire aplomb de petite fille, n’a de cesse de répéter qu'elle est « bonne chrétienne». Or dans son langage du xve siècle, que l'on soit bergère en Lorraine ou docteur en Sorbonne cela renvoie à un ensemble d'observances. George et Andrée Duby relèvent en effet dans Les procès de Jeanne d’Arc :

Les pratiques de la Pucelle répondent à la définition du « bon chrétien », telle que la fournit un procès de 1406, et aux recommandations des manuels de confesseurs de l'époque : connaître le Pater et le Credo, fréquenter l'église, sanctifier le dimanche, jeûner au Carême, se confesser au moins une fois l’an, communier à Pâques.
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Aimer c'est tout donner et se donner soi-même.
Qui a un plus rude combat que celui qui travaille à se vaincre ?
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Mais ce qui fait de Thérèse un combattant génial parmi les myriades de canonisés, c’est que non seulement elle s’est arrachée aux déterminismes psychologiques, sociaux et religieux qui voulaient faire d’elle une fille soumise, percluse de scrupules et terrifiée par un Dieu punisseur, mais encore que, plus que tout autre, elle a poussé à fond le paradoxe de l’Évangile : en même temps qu’elle se déclare guerrière, elle cherche à (re)devenir une enfant.
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