Authors Kurt & Ellie Johnson talk about The Barrens
Nos mains étaient liées, elle posa mes doigts sur sa joue puis les embrassa un à un. J'aimai la façon inattendue dont elle le fit. Ce simple contact était comme un chocolat chaud réchauffant mes entrailles.
Pages 35
Il se qualifiait d'éco-anarchiste, une mouvance en marge de la société qui regroupe les anarchistes antigouvernement et les hippies gauchos pour le retour à la nature. La symbolique du serpent de la société qui se mord la queue, je suppose. Pour Jake, l'ouroboros signifiait le renouveau cyclique, être proche de la Terre, la fertilité de la vie et la mort dans la nature. Il ne croyait ni au gouvernement ni aux impôts. L'autosuffisance, c'était être proche de Dieu, même s'il ne croyait pas en Dieu. IL pensait que la Terre est un être organique et que l'humanité est son cancer. IL refusait de faire partie de ce cancer, son style de vie reflétait son choix de ne pas y participer. p138
" Il a dit : "Quand les gens voient une file d'attente, ils viennent se placer derrière la dernière personne. Les gens sont des moutons qui finiront par se suivre les uns les autres jusqu'au bord de la falaise. Tu dois apprendre à être seule, à penser par toi-même. Rien ni personne d'autre que toi-même ne pourra t'apporter l'indépendance et l'assurance."
Page 123
Le moteur presque coupé, dans une quasi-absence de son à la fois effrayante et apaisante, j'imaginai l'instant où le pendu tombe, juste avant que la corde ne se tende et ne lui brise le cou. L'horrible analogie me sortit de ma peur, j'eus un sourire morbide. L'avion toucha l'eau et glissa en une éclaboussure silencieuse. J'étais toujours en vie.
Page 28
- Quand les gens sont amoureux, leurs cœurs battent l’un pour l’autre. C’est prouvé.
- Holly
Ses yeux restèrent fermés. Sa bouche se contracta en une grimace de douleur. J’arrêtais de la secouer sans la quitter du regard, attendant que ses paupières se rouvrent et qu’elles me reconnaissent. Je cherchai le moindre signe que Holly était toujours avec moi, le plus petit espoir qu’elle se rétablisse, que nous reprenions ce voyage qui me glissait entre les doigts et ne me laissait que de la douleur. Je voulais que Holly me raconte plus d’histoires, d’autres histoires imaginaires sur nous. Je voulais continuer de lui raconter mon histoire. Je voulais lui dire à nouveau que je l’aimais. (page 110)
Holly dit :
- Appuie sur mon poignet et suis les battements de mon cœur.
Je les sentis.
- À moi, maintenant. Tape avec ton doigt quand tu sens mon pouls, je ferai pareil.
Étrange, nous tapotions en même temps, respirions en même temps ; nous conservâmes ce rythme. Holly déclara :
- Quand les gens sont amoureux, leurs cœurs battent l’un pour l’autre. C’est prouvé.
Ce qu’elle venait de dire se rapprochait d’une déclaration d’amour véritable, je n’en avais jamais entendu de ma vie. […] j’étais submergée par l’émotion.
(p. 77)
Nous installâmes la tente en forme de dôme à une certaine distance de la tente anti-insectes où nous avions prévu de cuisiner. Parce que, selon Holly, si les ours venaient renifler, nous serions loin de leur chemin. Holly prépara du riz au curry sous la tente dédiée, et me montra ensuite comment laver la vaisselle sans produit en la frottant avec du sable puis en la rinçant dans la rivière. Son leitmotiv au camping était, Ne pas laisser de trace derrière soi. p34
Cody avait le béguin pour moi. Un jour, il m’a coincée derrière une benne à ordures. En quelques secondes, sa langue était dans ma bouche et ses mains sur mes seins. J’ai essayé d’aimer ça -je pensais être censée le faire. Mais honnêtement j’ai détesté, alors je l’ai repoussé et je lui ai dit : « Lâche-moi » et il a obéi. Ce qui est drôle c’est que nous sommes devenus amis après. Je suis sûre qu’il savait que j’étais homo, mais on n’en parlait pas. (page 144)
Ma motivation avait toujours été de franchir un obstacle à la fois - sortir du Nebraska, aller à l’université, trouver un emploi, être autonome. Commencer par partir puis penser à tout le reste le moment venu. Mais je sentais que ma vie devait être plus qu’un simple dépassement de soi, j’avais besoin d’une boussole existentielle. Ce que Holly soutenait assaut du sens. On a besoin de créer des histoires tout au long de sa vie, un fil qui a son récit.