Alai

Belle pioche dans le rayon littérature asiatique d'une grande librairie bordelaise, un auteur tibétain dont j'étais passée à côté et dont je n'avais jamais eu entre les mains cette saga traduite de l'anglais. Car oui il s'agit clairement ici d'une saga tibétaine ancrée dans le début du 20ème siècle jusqu'à l'avènement des communistes chinois remportant contre les nationalistes leur guerre intestine. La vie tibétaine avant cette cassure est très codifiée, chacun est à sa place, les servants, les paysans, les bourreaux, les chefs de clan et leurs familles, les religieux, bref la société est organisée en clan qui de temps à autre se font la guerre ou alors s'allient au gré de mariages arrangés bien souvent.

Alai est l'un des fils du chef de clan de la famille Maichi. Seulement voilà il est considéré comme idiot et ne deviendra jamais chef de clan, son père préférant l'un de ses frères pour lui succéder. Mais idiot, pas tant que ça on le découvrira au fur et à mesure des années, il aura même de brillantes idées. Il est encore jeune et un émissaire chinois de l'ethnie Han propose un jour à son père des graines de pavots. Une fois plantées elles pourraient apporter richesse et prospérité au clan Maichi et léser les autres clans de la région. Sauf qu'évidemment, ce pavot destiné à être transformé en opium ne va pas amener la paix mais le déséquilibre de toute la région.

Ce roman fait plus de 600 pages et il faut parfois s'accrocher pour en poursuivre la lecture car l'intrigue se traîne et n'avance pas toujours très vite et pourtant je me suis laissée happer jusqu'aux dernières lignes curieuse de découvrir un Tibet méconnu exempt de la main mise chinoise actuelle et ce depuis les années 1950.

Belle découverte que je recommande aux amoureux du Tibet !

Très ancré dans la culture tibétaine contemporaine (on se situe vers le début/milieu du 20ème siècle), écrit dans un style simple mais néanmoins prenant, ce récit est un véritable dépaysement qui nous transporte dans un Tibet moderne mais conservant les archaïsmes de sa société médiévale. On lâche difficilement le livre qui sait nous faire aimer son narrateur et le voir à travers le prisme que n'a pas su adopter sa propre famille.