AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Pierre Grédy (3)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Une rose au petit déjeuner

Une rose au petit déjeuner ? Petit marivaudage, année soixante-dix, entre jeunes gens vivant en collocation. C'est charmant et bien démoder, cela pourrait convenir à ceux qui apprécient le vieux mais pas trop, autrement dit le « vintage ».



Deux jeunes femmes plus ou moins étudiantes partagent un appartement. L'une d'elles part en vacances avec un amoureux, un parmi d'autres, la révolution sexuelle est en cours. L'absence de la copine laisse l'appartement complètement disponible pour l'autre. Elle va donc pouvoir vivre quasiment maritalement avec son amant du moment. Seulement voilà, elle s'ennuie, car si au jeu de l'amour son amant d'étudiant en médecine vaut son prix, en revanche il ne brille ni par le goût ni par l'esprit : aucune discussion, horizon borné à la médecine, un humour de carabins en âge d'être interne : affligeant ! Mais voilà qu'un ami d'enfance entre en scène. Cette amitié était si forte qu'on pouvait parler de relation fraternelle. Bien entendu tout le sujet de la pièce est là ; comment va s'opérer la transition vers une relation amoureuse. Tous les personnages semblent percevoir la naissance d'un véritable lien affectif, qu'ignorent complètement les intéressés. L'amoureux en titre manifeste sa compréhension par une jalousie qui n'aura d'autre effet que de rapprocher les deux ingénus. Faut dire qu'en plus d'être un interne surmené et bas du plafond il cogne dur ; le frangin est mis KO. Les soins sont une occasion d'un rapprochement physique entre ces deux innocents. Ce qui les troublent beaucoup et les met mal à l'aise. La résistance à ce penchant leur permet de lutter efficacement contre ce malaise, auquel s'ajoute la terrible crainte de l'inceste. Implicitement, se met en place une confrontation entre une conception « naturelle » des relations sentimentales et le dogme de l'amour libre qui refuse tout affectivité. Confrontation qui se manifeste dans une espèce de point d'orgue dans un épisode où intervient une Suédoise totalement décomplexée qui propose la solution de la partouze pour clarifier la situation et rester dans des rapports hygiéniques, dégagés de toutes conceptions archaïques et aliénantes. Ce personnage est présenté comme ridicule, stupide et sentencieux, il agit comme repoussoir. Pour les deux auteurs il est clair qu'ils se placent du côté du sentiment et d'une certaine fidélité. Car ce qui doit arriver, arrive, nos deux ingénus découvrent qu'ils sont l'un pour l'autre l'âme soeur et vont se marier. Sans doute auront-ils tout pleins d'enfants.



Encore une fois, sous des dehors badins et galants, Barillet & Grédy sont des auteurs qui prônent une morale somme toute assez traditionnelle. Mais à leurs décharges je dirais qu'ils le font avec délicatesse et parfois de l'élégance ; on ne peut pas en dire autant de tous les prêchi-prêcha qui pullulent ces temps-ci. Maintenant est-ce que cette pièce est encore d'actualité ? Je ne sais pas trop ; sans doute peut-elle faire le miel d'une troupe qui voudrait marivauder en « Vintage-seventhies ».
Commenter  J’apprécie          40
Fleur de cactus

Voici une comédie boulevardière qui a connu un regain de notoriété grâce aux nominations qu'elle a reçues lors des derniers molières. Manifestement la mise en scène de Michel Fau a fait mouche. Pour ma part, je ne peux rien en dire car je n'ai pas vu cette version de la pièce, ni même d'ailleurs aucune autre. Par contre j'ai eu l'occasion de la lire. Et ma foi parmi la production dramatique du couple Barillet & Grédy c'est effectivement l'une des plus plaisantes, qui de plus conserve une certaine fraîcheur lui permettant à plus 52 ans d'être encore jouable : ce qui pour ce type de répertoire est à tout le moins remarquable.

En parfait virtuoses du vaudeville les auteurs réussissent à en prendre le contre-pied, ce qui leurs permet de renouveler ce type d'intrigue, échappant ainsi aux stéréotypes du genre. L'astuce consiste à contraindre le personnage central à mentir, non pour dissimuler une liaison extra-conjugale à une épouse, mais l'inverse. C'est-à-dire à donner corps à une épouse qui n'existe pas pour rassurer une maîtresse quelque peu scrupuleuse. Pour ce faire le monsieur en question (dentiste de profession) parvient à convaincre sa secrétaire de prendre le rôle de la légitime. Mais voilà, celle qu'il avait toujours prise pour une employée compétente et zélée cache, sous des dehors peu amènes, un amour enflammé pour lui. S'ensuit une série de chassé-croisés et de quiproquos, car au fur et à mesure que la fiction matrimoniale s'incarne de nouveaux personnages interviennent bousculant les plans du dentiste amoureux. Au cours de l'action, semble se former des couples dont la principale caractéristique est une grande différence d'âge entre les deux partenaires. Heureusement après bien des errances sentimentales, la proximité des âges dans l'appareillement des couples est respecté et donc la morale aussi. Jusqu'à présent dans ce que j'ai pu lire de Barillet & Grédy après quelques errements on retourne toujours aux conventions sociales ( en tout cas celles des années 50/60 ).

Quoi qu'il en soit, comme dans la plupart des comédies du duo, il se dégage de cette petite Fleur de Cactus un léger parfum suranné, qui en fait tout le charme.
Commenter  J’apprécie          40
Fleur de cactus

En 1964, année de sa sortie, la pièce de Barillet et Grédy a connu un triomphe rarement égalé sur les planches, au point qu’elle est restée à l’affiche durant trois ans avant de connaître une adaptation cinématographique avec Walter Matthau, Ingrid Bergman et Goldie Hawn cinq ans plus tard. On le sait, Barillet et Grédy, couple emblématique du théâtre de boulevard, se sont fait les ambassadeurs de l’étude de nos névroses en les analysant sous la loupe du rire. Les héros de leurs comédies sont souvent des gens introvertis, un chouia égocentriques, impulsifs et même pathétiques, avec de la séduction dans la manière de faire virevolter leurs contradictions. Avec « Fleur de cactus », on se trouve en terrain conquis d’avance, sans mauvaises surprises, avec des dialogues affûtés en amont et des scènes éblouissantes qui génèrent quiproquos et retournements de situation comme on les adore. Rien de plus fragile qu’une fleur, dit-on… Pourtant, celle-ci ne cesse de s’épanouir depuis sa création en France, il y a six décennies par Sophie Desmarets et Jean Poiret.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Pierre Grédy (25)Voir plus


{* *}