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Joseph-Étienne Roulin, 1889, Vincent Van Gogh (le facteur comme l'appelle Vincent)
"Il a pour moi des gravités silencieuses et des tendresses comme serait d'un vieux soldat pour un jeune. Et cela fait du bien quand cela vient d'un homme qui n'est ni aigri, ni triste, ni parfait, ni heureux, ni toujours irréprochablement juste. Mais si bon enfant et si sage et si ému et si croyant."
Située non loin de Philadelphie, à Merion (Pennsylvanie), la Fondation Barnes abrite près de deux mille oeuvres, parmi lesquelles un ensemble exceptionnel de peinture française impressionniste et post-impressionniste. Les dispositions testamentaires de son fondateur le docteur A.C. Barnes (1872-1951) ont longtemps restreint l'accès de cette collection unique au public.
Un ensemble de soixante-douze oeuvres inédites a pu être prêté à titre exceptionnel pour l'exposition : vingt toiles de Cézanne (parmi lesquelles les Grandes baigneuses et les Joueurs de cartes), seize Renoir (notamment Le déjeuner et La famille de l'artiste) un Manet et deux Monet. La grande version des Poseuses de Seurat domine l'ensemble d'oeuvres post-impressionnistes (parmi lesquelles figurent Van Gogh, Gauguin, Seurat, Toulouse-Lautrec) ; s'y ajoutent quelques tableaux du Douanier Rousseau. Le XXe siècle est amorcé avec Le bonheur de vivre de Matisse, plusieurs Picasso des périodes bleue et rose, puis une sélection d'oeuvres de grande qualité de Modigliani, Soutine et Roger de la Fresnaye.
Ce qui constitua le caractère exceptionnel de cette exposition fut certainement le rapprochement opéré de certains tableaux de la fondation Barnes avec d'autres oeuvres conservées au musée d'Orsay.
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Après le bain, 1910, Pierre-Auguste Renoir
Le grain de la toile transparaît sous le corps de la baigneuse, dont les formes ondoyantes soulignées par des touches en virgule suggèrent une relation facile à la couleur, le peintre maniant ses pigments comme l'amant caresse la chair. Les coups de pinceau rapides marquent un sursaut de vigueur chez le peintre affaibli. Il se repaît de sensualité picturale et de jeunesse, peut-être pour oublier le déclin inéluctable de ses forces, déjà considérablement avancé.