J'entendais aussi la voix des arbres; les surprises de leurs mouvements, leurs variétés de formes et jusqu'à leur singularité d'attraction vers la lumière m'avaient tout à coup révélé le langage des forêts. Tout ce monde de flore vivait en moi, dont je devinais les signes , dont je découvrais les passions; je voulais converser avec eux et pouvoir me dire, par cet autre langage de la peinture, que j'avais mis le doigt sur le secret de leur grandeur -
Théodore Rousseau
"O cités de l'Euphrate, rues de Palmyre, forêt de colonnes dans l'immensité du désert, qu'êtes-vous devenues?"
Hölderlin
Le docteur Paul Gachet
Le bon Samaritain de la " Nouvelle peinture"
Si l'on cédait à l'amour des raccourcis, le destin de Paul Gachet ( 1828-1909) se résumerait au triptyque suivant : un médecin sans vocation ni grand talent, un fou de peinture devenu collectionneur et graveur, un spécialiste de la neurasthénie aussi atteint que son meilleur portraitiste, Vincent Van Gogh.Trois facettes, et presque 3 temps d'une vie qui n'a pas livré tous ses mystères.
( p.28(
Si je parviens par l'assimilation de l'air avec ce qu'il sait faire vivre, et de la lumière avec que qu'elle fait éclore et mourir, à donner la vie générique à ce monde de la végétation, alors vous y entendrez les arbres gémir sous la bise qui doit les dissoudre, les oiseaux qui appellent leurs petits et crient.-
Théodore Rousseau
Théodore Rousseau
L'Enfant des forêts par Daphné Bétard
"Rousseau représente ce côté abrupt, farouche et un peu choquant, qui est à l'art ce que le paradoxe est à la vérité; il a ce précieux don de faire se hérisser les bourgeois, et même pas mal de peintres : c'est une qualité qui devient de plus en plus rare par ce temps plein de prudence." En quelques mots bien sentis, Théophile Gautier, à l'occasion du salon de 1851, perce à jour la personnalité artistique et intime de Théodore Rousseau. Discret et réservé, mais pugnace et déterminé, l'artiste est profondément insoumis (...)
Depuis la génération de l'arte povera, l'Italie vivait un calme plat. De nouveaux artistes émergent , de nouvelles structures apparaissent. L'Italie artistique serait-elle en phase de réveil ?
(p. 88)
Léonard est extraordinairement beau, élégant et soigné avec ses pourpoints chatoyants, ses chausses collantes et ses cheveux bouclés. Il force l'admiration par son esprit, son équilibre intellectuel, son assurance dans le travail. La trentaine, avec son nez cassé, sa sensibilité d'écorché vif, Michel-Ange n'a pas la superbe de son rival. Il est sauvage, débraillé, sale agressif et bagarreur.
Marginalité, exubérance, angoisse, jeunesse éternelle du mouvement : Jean Cocteau a exprimé les passions de notre époque. Son nom demeure si fort qu’il suffit à quiconque de le citer pour croire une bonne fois connaître son œuvre et se l’approprier. Ainsi imprègne encore notre époque, le parfum du poète qui fit graver sur sa tombe : « Je reste avec vous ».
La carrière et le talent d’Eisner [Will Eisner] couvrent l'histoire entière de la bande dessinée américaine. Il a su mêler tous les genres depuis Mickey et Superman jusqu'aux audaces les plus récentes.
(p. 23)
Parmi les très rares textes auxquels Bacon reconnaissait une dette directe on trouve Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, cette "fascination de l'abominable" qu'y décrit l'écrivain ne pouvait qu'inspirer le peintre. Aucun texte ne décrivait mieux pour lui la marche insensée de l'homme vers la barbarie, et la cruauté absolue de cette civilisation qui se croit en marche vers le progrès, alors qu'elle court vers le néant. En 1976, il transpose dans un triptyque cette parabole du sauvage, le mêlant au souvenir des Furies d'Eschyle.?