C. Line

Notre relation, si on peut l’appeler comme ça, est explosive. Pas de promesses, juste des instants à la dérobée. Mon amant se redresse, me tire à lui puis me retourne. Aucun centimètre carré de mon épiderme n’est laissé à l’abandon. Dos à lui, je me cambre. Il déboutonne nos pantalons et sauvagement, il me prend au milieu de pièces détachées et d’huile de moteur. Lui et moi, c’est loin d’être romantique.

Il légèrement. Il pense me connaître, mais il se trompe. Nous sommes des ghosts par choix. Pas de puces ni d’autres gadgets connectés. Nous sommes des apatrides qui évoluons en marge de la MAP. Nous prenons et donnons ce que nous choisissons. Ivy est un être à part qui n’a pas sa place dans cette société. À douze ans, elle a été diagnostiquée sociopathe après la mort non naturelle de notre paternel.

Nous avons besoin d’informations et de retrouver une femme en particulier. La fille de monsieur X. a disparu. Elle a été aperçue, pour la dernière fois, montant dans une des limousines du Scorpion.

Je me redresse, pose mes mains entre mes cuisses et me penche en avant. Bingo, il est totalement subjugué par mes seins. Pfff, c’est vraiment trop facile. Je le trouve tout de suite beaucoup moins excitant. Harley, en jean et débardeur blanc échancré, nous rejoint d’un pas nonchalant et s’assoit sur l’accoudoir de mon fauteuil. Machin ne détourne pas son regard.

J’ai la sensation que le poids du monde pèse sur mes épaules. Je suis à moitié nue, assise sur le rebord de la baignoire à écouter les explications de ma petite puce sur son dernier meurtre. Il me faut un verre, que dis-je, une bouteille de saké chinois.

La vie humaine a de la valeur. Cet homme a peut-être une femme, des enfants, qui comptent sur lui. Quand tu élimines un individu, tu touches bien plus de personnes sans le savoir.

Je suis le feu, elle, c’est la glace qui m’apaise. Sans elle, je serais morte le jour de mes dix-huit ans. Ben oui, notre société bien-pensante se débarrasse des individus hypothétiquement dangereux et stérilise les porteurs de gènes mutants. Oui, bon j’ai eu quelques dérapages avant la majorité et vraiment beaucoup après, mais c’étaient toujours des vilains méchants pas beaux et les autres, c’était accidentel.

Petite, mince, douce, fragile, rousse avec d’immenses yeux verts, je suis une petite poupée à croquer. Ça me fait penser que la nature est une belle salope manipulatrice. Je me fais souvent penser à ces petites grenouilles avec des couleurs sublimes qui ont l’air inoffensives alors qu’elles sont les êtres les plus toxiques de la Terre.

Vous ne comprenez pas à quel point on brime ma personnalité et mon talent. On perd un temps fou à choisir nos contrats : pas d’enfants ni d’innocents, on évite les dommages collatéraux…Ça me fait bien rire toutes ces restrictions !

Je vais devoir affronter mes monstres intérieurs et je ne m'en sens pas capable.

On est dans la vie ce que l’on est sur le ring.
N’oublie jamais la règle d’or :
Se protéger