Chloe Wilkox

Putain, ce que je t'aime...
Ces mots...il n'y a pas meilleur aphrodisiaque.
_ moi aussi , je t'aime. Je t'aime à en crever.
_non, pas à en crever, lache t-il d'une voix rauque .
_ok... à en vivre, alors. Envers et contre tout.
_envers et contre tout, répète t-il avec un sourire en coin iresistible.

Mon regard croise celui de David. Et... et je n'en reviens pas mais...

Il pleure !

Sur la joue de David coule une larme d'émotion. Il s'en rend compte et, un peu g^né, l'essuie avant de me sourire et d'articuler en silence, à mon attention:'' I love you ''.

- C'est ce soir, Louisa. Ce soir que le monde va entendre...
Il n'achève pas sa phrase.

- Tu m'as sauvé de moi-même, Louisa. Et ce livre en est le témoignage. Ce soir, je lirai pour toi, et rien que pour toi.

Pour la première fois, je perçois que je ne suis pas seulement, à ses yeux, la femme qu'il aime mais également l'élixir, la seule et unique cure qu'il existe contre le vampirisme, le remède à tous ses maux. Il lui suffirait de me tuer pour connaître enfin le repos. Il le sait. Une part de lui en meurt d'envie. Pour la première fois, grâce au sortilège qui nous unit, je comprends qu'il n'y a rien au monde que Ben veuille autant que redevenir humain. Et cela me glace d'effroi. Comment peut-on à la fois aimer quelqu'un et vouloir sa mort ?

Ce type est richissime, il se déplace en jet privé, je ne vois pas en quoi je pourrais lui être utile. Et puis, on ne fait pas vraiment partie du même monde ! Un auteur traduit dans cinquante langues, chacun de ses romans vendu à des millions d'exemplaires… Bientôt plus riche que la reine d'Angleterre. En même temps, il est américain, je ferais mieux de le comparer à Bill Gates. Le Bill Gates de la littérature… À peine vingt-neuf ans et déjà milliardaire.

– Hummm… fais-je mine de réfléchir. Je parierais sur le plus sexy des vampires.
– Peut-être bien…
– Je le savais ! je m’écrie faussement triomphale. Robert Pattinson ! Benjamin rit puis me fait tourner sur moi-même. Une fois qu’il a fini de me faire swinguer, il me plaque contre lui et attrape ma lèvre inférieure entre ses deux rangées de dents étincelantes.
– Robert Pattinson… dit-il en levant les yeux au ciel. Tu mériterais que je te morde, pour la peine.
– Tu as envie de me punir ? je suggère, effrontée.

– Tu ne sais pas, Gloria. Tu n'as que 22 ans. Tu sais peut-être à quel point l'amour et le sexe sont liés, concède-t-il, mais tu ignores à quel point ils ont à voir avec la mort.

Il faut plus d’une minute pour que la Mercedes redevienne étanche – autant dire une éternité. Une fois enfin à l’abri, je glousse et me désole en même temps.
– Tes beaux sièges en cuir…
– J’espère qu’ils vont s’en remettre, admet-il. J’ai tendance à me foutre de mes voitures, du moment qu’elles ne sont pas trop inconfortables et qu’elles roulent mais, pour des motifs personnels et inavouables, je viens de m'attacher irrémédiablement à celle-là. 

– Tyee, à présent, est-ce que… ?
Mais elle n’a pas le temps de me poser sa question : en un instant, elle vacille puis se laisse tomber, les yeux révulsés. J’ai juste le temps de la rattraper avant qu’elle heurte le sol.
– Nikkie ? Nikkie, ça va ? demandé-je malade d’angoisse en m’accroupissant et en posant sa tête sur mes genoux.
C’est de ma faute, putain ! Qu’est-ce qui m’a pris de lui balancer tout ça de but en blanc il y a dix minutes ? Qu’est-ce que j’espérais comme réaction exactement ?
– Oui, ce n’est rien, s’excuse-t-elle. Juste un vertige. Ce doit être cette chaleur… Les filles du Minnesota ne sont pas équipées pour ce genre de températures…
Et elle trouve le moyen de plaisanter !
Je ne peux m’empêcher de sourire, soulagé. C’est une guerrière. Je me relève en la portant dans mes bras.
– Qu’est-ce que tu fais ?
– Je t’emmène à la voiture, l’informé-je. Je pense qu’entre tes émotions et la prise de sang, tu fais une crise d’hypoglycémie. Il faut que tu manges.
– C’est ta manière à toi de m’inviter à dîner ? me taquine-t-elle en retrouvant légèrement ses couleurs.
– Peut-être bien, rétorqué-je sur un mode léger.
Le plus pathétique étant que peut-être bien, en effet. 

- Que veux-tu que je te dise? fait-il avec un haussement d'épaules désinvolte et un sourire de sale gosse craquant. Tout ce qui vient de toi a meilleur goût, c'est comme ça.
Il est exasperant! Le pire, c'est que sa stratégie fontionne: je sens un picotement entre mes cuisses à la simple suggestion de ce que sa langue pourrait me faire.
Je suis vraiment obsédée.