Paris, France 2, plateau de "Bouillon de Culture", 30 août 1990, 23h
- Quant à vous, Anton-John Emmetson, c'est par un clin d'oeil à Georges Perec que s'ouvre votre roman, qui s'appelle d'ailleurs La disparition de Perec. C'est une habitude chez vous de rendre hommage à des écrivains dans vos romans. Le précédent faisait allusion à Boris Vian, il s'intitulait J'irai me crasher sur vos tombes, chez le même éditeur, dans la Série Noire. Pourquoi ces clins d'oeil?
- Pour emmerder les héritiers.
- Sérieusement, vous comptez en faire beaucoup dans cette série?
- Quelques-uns encore, peut-être un évoquant Cervantès, un autre Debord, un Scutenaire un Tardieu, que sais-je?
Bernard Pivot se trémousse sur sa chaise. (...)
- Pourquoi ce choix d'un pseudonyme anglo-saxon?
- Because.
Et ça va continuer comme ça un bon moment. Pivot est pressé de passer au suivant de ses invités, le comédien Alan Delon, qui vient de payer cher un nègre pour écrire sous son nom un autre polar. Emmetson/Raimu attend l'occasion jusqu'à la fin de la soirée puis finit par la caser:
-Monsieur Delon, pourquoi ne faites-vous pas un livre avec Serge Lama , le chanteur? Vous pourriez l'appeler "Viens nous servir à boire".
Ahuri, le comédien le regarde, tandis que Pivot en perd ses lunettes.
-Je verrais bien ça en librairie, moi: "Lama-Delon: Viens nous servir à boire."
"Où que vous soyez, qui que vous soyez, il y a un salaud qui vous empêche de vivre. Politicien, ecclésiastique, militaire, flic, patron, promoteur, fonctionnaire, douanier, chef de service, petit chef, huissier, contrôleur, bureaucrate, banquier, etc. (liste non exhaustive).
"Tuez le.
"Vous accomplirez un acte de salubrité publique. Vous réaliserez par la même occasion une oeuvre d'art du plus haut niveau.
"La campagne "TUEZ UN SALAUD!" vous offre aussi la possibilité de satisfaire votre sens de l'altruisme. En tuant celui qui vous gêne, vous tuez aussi celui qui gêne les autres."
"Soyez moderne. TUEZ UN SALAUD!
"Soyez branché. TUEZ UN SALAUD!
"La vie est courte. TUEZ UN SALAUD!
"Pensez aux autres. TUEZ UN SALAUD!
"Prenez votre pied. TUEZ UN SALAUD!
"Le premier salaud d'envergure nationale mourra le 19 mars 1986, à 16 heures. Tuez vous-même le second.
'N.B.: Si vos convictions intimes vous interdisent d'ôter la vie à quelque animal nuisible que ce soit, nous vous invitons à accomplir le même acte de façon symbolique, en détruisant par exemple, un monument à la gloire d'un ou plusieurs salauds notoires, ou encore une oeuvre d'art dégoûtante de votre choix."
"
L’ agent Frost commence à se poser des questions. C'est la cinquième fois en trois jours qu’il doit s’occuper d’incidents en rapport avec des récepteurs de télévision.
La première fois, ça avait l'air banal : constaté, au matin, un vol de nuit ( ce qu’on pourrait appeler un Saint Exupery) dans un stock de supermarché en plein centre-ville.