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Critiques de Darina Al-Journi (45)
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Toutes les petites filles rêvent d'avoir un père comme Assem. Un Papa drôle, fantasque, aimant ! Un Papa funambule qui se joue des difficultés et des travers de la vie au quotidien ! Un Papa toujours en vadrouille, clope au bec, mais qui toujours revient ! Un Papa fulminant contre toutes les injustices de l'existence ! Et surtout, surtout, un Papa qui interdit d'interdire ! Même si ce précepte sacré, terriblement soixante-huitard, finit souvent par se retourner contre lui.

Darina est née au Liban sur un air de Nina Simone…

Espiègle, aguicheuse, curieuse de tout, impudente, aussi brillante que dilettante, elle ressemble à ce père rocambolesque. Cette éducation libertaire fait d'elle une sorte de hors-la-loi, de réfractaire. Dans ce pays qui se caractérise par la force de ses communautés religieuses, elle n'est ni chrétienne ni musulmane. Darina rit, comme seuls les enfants heureux savent rire, des coups de pieds adressés par son père aux culs de toutes les religions.

Darina est encore une jeune adolescente quand la guerre civile explose au Liban. Mais les communautés religieuses peuvent se déchirer entre elles comme chiens ardents à la curée, les états voisins envieux participer à l'hallali, le peuple du pays des cèdres disparaître sous les bombardements et les massacres innommables, Darina refuse de changer. Malgré les bombes, la peur, la haine et l'absurdité de la vie dans ce climat de mort, elle demeure une femme libre, excessive, débridée, qui fonce toujours tête baissée, même si c'est pour se fracasser contre un mur.

En jouant sa vie à pile ou face, en bravant tous les interdits et en se prêtant à toutes les expériences, Darina fait de la guerre son nouveau terrain de jeu. Elle vit chaque seconde comme s'il s'agit de sa dernière. Elle la vit pleinement, intensément, férocement, sans retenue aucune. La guerre est son complice ; Beyrouth en ruine son royaume.

L'éclat de Darina, sa joie de vivre, son insouciance suicidaire, sa grâce sauvage et séductrice, lui permet de courir plus vite que la mort, de la battre sur le poteau.

Et puis la guerre prend fin. Les bourreaux se mêlent aux victimes ; ils finissent presque par leur ressembler. Les religieux, les bigots, les bien-pensants, les dévots, les cafards, les hypocrites imposent leur loi d'airain.

Comme il avait raison Papa !!!

Darina est morte le jour où Nina Simone a cessé de chanter…



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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Darina Al-joundi nait au Liban, en 1968. Son père est un réfugié politique Syrien, de gauche, athée, qui n'a de cesse d'élever ses trois filles en femmes libres, personnalité atypique et flamboyante, épicurien dans l'âme.

Elle raconte son enfance lumineuse, d'une incroyable liberté.

Et puis la guerre.

Cette guerre civile, interminable, qui fera exploser l'équilibre illusoire

De ce pays fragile, mosaïque de communautés.

L'auteure ne cache rien, ne tait rien, de cette violence qui détruit tout, de cette vie que l'on mène dans le chaos des bombes, au fil du décompte des morts, avec en toile de fond les massacres et les exactions.

Comment survivre sinon dans l'excès, une fuite en avant, une ivresse pour oublier, ou, au moins, pour continuer de se sentir vivante.



Témoignage coup de poing, cri du coeur poignant, glaçant et percutant.



Challenge Multi-défis 2018

Challenge Plumes féminines 2018

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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Beyrouth : le bonheur, la liberté, le chaos, l’horreur.



« Beyrouth était une ville libre, l’oasis de tous les intellectuels arabes interdits de parole dans leurs pays. C’était aussi la capitale de l’OLP, les Palestiniens y faisaient la loi, Beyrouth était leur république. »



Cette histoire vraie va raconter l’enfance, heureuse, de Darina Al-Joundi, fille d’intellectuels, chérie par son père épris de liberté totale. J’ai beaucoup apprécié de lire cette période, qui s’étend sur les premières pages du roman, car Darina est une enfant espiègle et sa manière de parler et d’agir me fait bien rire.

Et puis survient la guerre du Liban, en 1975, guerre civile monstrueuse qui a plongé les libanais dans l’horreur complète. Darina continue à apprécier la vie et se calque sur le comportement de son père. Mais il faut se protéger des bombes, se cacher… Et l’adolescence arrive, toujours sous le couvert de la guerre…, qui est devenue la vie normale ! Au point que sans le bruit des bombes, Darina a des insomnies ! Et c’est là que tout dérape : Darina va faire de multiples expériences : la drogue, le sexe…, toujours avec l’accord tacite de son père, du moment qu’elle reste libre. Cette guerre la « décanalise », elle se projette dans l’horreur pour la faire sienne. Et là, j’avoue, c’était trop pour moi. Déjà le fait de citer à tout bout de champ les faits d’armes, les déplacements de troupes, les invasions…j’ai eu du mal. Et la conduite jusqu’au boutiste de Darina, quasi cautionnée par son père, m’a vraiment mise mal à l’aise.

Enfin survient la mort du père, et là…c’est un autre type d’horreur qui va survenir. C’est là que je comprends pourquoi elle n’a guère parlé de sa mère durant tout le livre… Mais je n’en dirai pas plus.



En conclusion, je vais mentionner la phrase de Mohammed Kacimi qui a écrit le livre avec Darina : « La vie roman de Darina dit combien est vulnérable la liberté de la femme, qui restera à jamais une langue étrangère aux yeux de l’homme. »

Même si je n’ai que moyennement apprécié cette histoire, j’aurais foncé voir la pièce de théâtre au festival d’Avignon, car je ne peux que prononcer mon respect pour Darina et pour toutes ces femmes qui, comme elle, ont souffert au-delà du possible, sous le joug de la guerre et des hommes.



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Prisonnière du Levant

« Ici repose la génie d'Orient, leader de la Renaissance Arabe, idole littéraire et sociale. Priez pour son âme. La défunte May Ziadé ».

Telle est l'épitaphe d'une femme exceptionnelle, née à Nazareth en 1886, qui passa sa jeunesse au Liban avant d'emménager au Caire avec ses parents vers l'âge de 20 ans. Assoiffée de connaissance, de culture et de littérature, May Ziadé (dont le vrai prénom est Marie) deviendra, très jeune, poétesse, écrivaine, journaliste. Dans le Caire des années 1910-1920, elle tiendra l'un des salons littéraires les plus courus d'Orient, réunissant les plus grands intellectuels et artistes du moment. On y discute de culture, évidemment, mais aussi de politique, en cette période troublée qui voit l'Egypte tenter de prendre son indépendance.

L'insolite destinée de May Ziadé est encore marquée de deux autres particularités : elle a été une pionnière du féminisme oriental, portant haut l'étendard de la libération des femmes. Elle fut aussi, pendant 19 ans, le grand amour du poète libanais Khalil Gibran, alors exilé aux Etats-Unis. Un amour purement épistolaire et platonique, puisqu'ils ne se rencontrèrent jamais...

Mais une telle icône ne pouvait connaître qu'un destin tragique. Frappée, en à peine trois ans, par la mort de son père adoré, de sa mère, et surtout de Gibran, elle sombre dans une profonde dépression. Profitant de sa fragilité, ses cousins font main basse sur sa fortune, plaçant May sous tutelle en même temps qu'ils l'enferment dans un hôpital psychiatrique au Liban. Pendant de longs mois, la jeune femme y subira de mauvais traitement, dans un isolement quasi-total. Ce n'est qu'au prix de combats judiciaire, médiatique et politique colossaux que ses rares amis restés fidèles parviendront à l'extraire de cet enfer et à la faire revenir au Caire. Affaiblie physiquement, blessée moralement, May ne se remettra jamais vraiment de cette épreuve, malgré sa réhabilitation en tant que « saine d'esprit » et les multiples hommages dont elle fera l'objet. Elle mourut en 1941, à l'âge de 55 ans.



Ce petit livre (144 pages) relate dans les grandes lignes et à traits un peu grossiers la vie de May Ziadé. Très moyen par sa qualité littéraire (style plat qui ne restitue pas les émotions, multitude de références à des contemporains de May mais sans détails, au point qu'on s'y perd, et une foule de coquilles dans l'édition numérique), il vaut cependant comme portrait de femme, et permet de découvrir (en tout cas pour moi) une figure importante du féminisme et de la littérature arabe d'il y a un siècle.



Un mot sur l'auteur : Darina al Joundi établit un parallèle entre sa vie et celle de May Ziadé : toutes deux éprises de liberté, toutes deux écrasées par la volonté des hommes, deux survivantes (pour plus d'informations, lire l'autobiographie de Darina al Joundi, « Le jour où Nina Simone a cessé de chanter »).
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

"Là, j'ai commencé à sentir que cette guerre allait transformer en loups à la fois les bourreaux mais aussi les victimes". Constat qui n'aura de cesse de se vérifier dans ce Liban en plein chaos.



Ainsi, ce récit enchaîne les faits à un rythme saccadé. La narratrice entend "croquer la vie" malgré les bombes et les moeurs sociales étouffantes. Cependant, c'est au sein de sa propre famille que lui sera asséné le coup de massue : un internement pour avoir trop manifesté sa soif de vivre ! Il lui faudra de nouveau se battre, mais choisir son destin a un prix.



Un ouvrage qui s'aborde comme on dévale des escaliers au risque d'y perdre son souffle. Un sentiment d'urgence qui, néanmoins n'enlève rien à la clarté du propos.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Deux jours, il m'aura fallu deux jours pour arriver à écrire ces quelques mots, sans que mon cœur peine et ma gorge griffe. J'ai été bouleversée, touchée, culbutée, empoignée par ce récit. Dès la dernière page tournée, une remontée de souvenirs, d'émotions, de sensations est venue me percuter de plein fouet.



J'ai connu ou plutôt "reconnu" des mots, des situations, qui ont fait écho en moi avec une violence inouïe : l'éducation pour faire d'un enfant un être libre, libre de ses choix, libre de ses erreurs aussi, l’éducation pour espérer un adulte émancipé.



La grosse différence avec ma petite expérience, Darina al-Joundi, vous avez grandi au Liban, sous le feu des F16 comme d'autres scrutent celui du 14 juillet, à un moment où la mort se joue à la roulette comme on achèterait un ticket gagnant. « I will survive ! » Vous avez survécu, même à l'indicible.



Et je vous entends « Viens, viens, jouis avant qu'on ne crève ». Car c'était cela votre religion, tromper la mort quitte à se tromper ...mais exulter ! J'ai donc mis « The traveller » de Chris de Burgh pour vous imaginer, dansant et criant sur cette chanson, tout en me disant que "Borderline", vous irait bien aussi.



You put a spell on me Madame ! J’irai vous voir sur scène, c’est une évidence.



Papa, j'ai été moins courageuse que Darina. Je n'ai pas osé te le dire, j’avais apprécié ma première bouffée de cigarette. Elle me donne l'occasion de te saluer dans ce petit nuage de fumée. Si tu rencontres Assem al-Joundi, je suis certaine que vous vous reconnaîtrez, vous avez sûrement réussi à la créer, votre communauté des athées. Je l’espère...



« I wish I knew how it would feel to be free »
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Un livre tord boyau qu'on m'a prêté.

C'est vrai que je ne l'aurai pas choisi de moi-même !

Même si Darina al Joundi est une comédienne de théâtre …et surtout qu'elle a joué dans l'adaptation de ce livre à Avignon en 2007 !

Une femme qui expérimente ses propres limites dans la sexualité et la drogue… durant la guerre civile au Liban.



Le seul personnage qui m'a vraiment marqué c'est son père :

Un être libre dans le bon sens du terme…

un intellectuel,

syrien laïc,

réfugié politique au Liban et journaliste.

Il élève ses deux filles avec l'idée que rien ,ni personne ne doit les soumettre à quoi que ce soit !

J'aurai rêvé d'avoir un père comme lui avec cette ouverture d'esprit…

Qui laisse faire, laisse expérimenter, laisse vivre sans imposer un formatage en bonne et due forme.

Pour lui ce qui est important c'est d'être libre et de le rester !





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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter



Darina Al-Joundi nous raconte, comme elle a raconté à Mohamed Kacimi, comme elle a raconté sur la scène du Festival d'Avignon.

Elle raconte son enfance et son adolescence, entre Liban et Irak. Elle raconte surtout son père, cet homme ivre de liberté qui voulait le meilleur pour ses filles et surtout qu'elles ne fraient pas avec la religion, aucune religion.

Elle raconte le Liban, pays complexe, avec ses communautés bien silotées, qui donnent les lignes de ce qu'on doit penser, ce qu'on doit croire, comment on doit vivre. Elle raconte cette petite fille sans papier dans son propre pays parce qu'elle n'appartient à aucune de ces communautés.

Elle raconte Beyrouth, détruit petit à petit par la guerre, un Beyrouth en ruine.

Elle raconte la vie des femmes dans un pays dominé par les hommes où elles ne sont que bêtes de somme.

Elle raconte cette envie de liberté qui ne l'a jamais quittée, ces jeux malsains avec la mort qui lui a tenu compagnie si longtemps, cette audace suicidaire de se perdre dans la cocaïne bon marché.

Elle raconte cette soif de vivre tiraillée par cette attirance du morbide.

Elle raconte les danses sous les bombes, les parties de jambes en l'air dans une ville détruite, ces pieds de nez au destin qui ne lui a pas fait beaucoup de cadeaux.

Elle raconte et nous on sourit, on rit parfois

Elle raconte et on est ému, bouleversé toujours.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

C'est le titre qui m'a attiré en premier. Je suis fan de Nina Simone. La musique de Nina Simone, son engagement civique font écho à ce texte dense de Darina Al-Joundi qu'elle interprète en solo sur scène. Une performance qui la révéla en 2007 au festival d'Avignon.

La narratrice a vécu milles vie a Beyrouth et dans ce pays confronté à une guerre qui dura quinze ans. Elle raconte sa famille, surtout son père, intellectuel et opposant syrien, qu'elle adore. le texte débute par l'enterrement de ce père, par les rites qu'il avait refusés sa vie durant. Cet enterrement à lieu dans le Sud-Liban qui a été occupé pendant près de 20 ans par les israéliens. La narratrice s'enferme avec le corps de son père et raconte son enfance villageoise, vivant en vrai garçon manqué. Son père, exilé épouse sa mère, libanaise. le couple est allé vivre à Beyrouth où la narratrice est née. Les enfants du couple sont syriens car la nationalité dans nombre de pays arabes se transmet par le père. La relation avec le père est presque fusionnelle. Il est la liberté absolue. Elle découvre aussi très jeune la télévision. Elle sera jeune actrice. Son aplomb est étonnant pour une si jeune fille. Cette liberté, même la guerre ne parviendra pas à la corrompre. Elle découvre les garçons, la sexualité, l'alcool et la drogue. Sous les bombes, et face aux différentes milices confessionnelles, elle expérimente, toujours en mouvement. Elle existe. J'ai senti dans ces pages que la religion est un poison.

Il y a une scène qui m'a bouleversé. Celle de la roulette russe. Avec deux amis, la narratrice a tenté sa chance. L'un de ses amis, lui, s'est tiré une balle dans la tête. Les pages où elle évoque le massacre dans le quartier de Sabra sont très fortes. En 1982, j'avais dix ans. La narratrice en avait quatorze.

C'est un texte puissant.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Le soir des funérailles de son père, Noun coupe le son des psalmodies du Coran qui accompagnent obligatoirement cette cérémonie. L'acte provoque un grand scandale dans sa famille. Noun décide de s'enfermer à double tour avec son père pour lui dire ce qu'elle a sur le cœur, lui rappeler toutes les leçons de liberté qu'il lui a données. Noun est libre face à la mort, mais une simple porte la sépare d'un monde hostile.

Au fil des évocations, Noun quitte le paradis perdu de son adolescence, de ses révoltes pour se confronter à la fin du monde, à une société qui interdit à la femme l'exercice de la parole, du rêve et de la révolte.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Avec ce livre, j'ai découvert certains aspects du Liban que je ne connaissais pas au sujet de la guerre du Liban.



Pour le reste, l'auteure est une jeune fille qui cherche à garder sa liberté à tout prix, issue d'une famille d'intellectuels, dont un père d'origine syrienne prônant un athéisme emprunt d'une once de catholicisme.



La guerre a marqué l'enfance de Darina et sa jeunesse. Un livre qui va crescendo: la liberté personnelle de femme est l'objectif de Darina, sous l'oeil bienveillant du père. Une fois la guerre finie, le père mort, la liberté est finalement bafouée à son summum, par une autre femme...



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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Un portrait magnifique d'un père libertaire et libre dans un pays qui tente d'enfermer les individus dans des cases communautaires. Dès les premières pages, on est embarqué par ce grand souffle de liberté qui nous donne bien des forces à nous qui voulons être nous même qu'importe les qu'en dira t on.

De l'humour, de la violence due au mémoire de la guerre civile et de la difficulté d'affirmer sa liberté, son libre arbitre. Un texte qui donne envie de le voir jouer sur scène. Et pour l'avoir vue du grand théâtre.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Ce n’est pas un livre, c’est une déflagration.

C’est le récit d’une enfance iconoclaste dans un pays bientôt déchiré par la guerre : l’auteure et narratrice a grandi dans le Liban des années 60-70.

Elle a surtout grandi auprès d’un père pour lequel la liberté était une raison de vivre - et de mourir. Un père qui exhorte ses filles à vivre, à vivre comme bon leur semble, à vivre sans jamais s’enfermer dans un mariage ou dans un dogme.

Une enfant de la balle rattrapée par les bombes. Son adolescence devient une épreuve du feu ; la mort est partout, au coin de la rue, en pleine fête, partout. La jeune fille explose dans une jeunesse mortifère, prête à tout.

Je lis, je lis sans quitter tout à fait ce récit même quand je dois m’interrompre. Je termine ce récit en tremblant, un long frisson qui se prolonge. Je le termine mais je suis, et serai encore longtemps, hantée par l’histoire de Darina.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Il arrive quelques fois dans la vie que des rencontres nous marquent durablement. Elles peuvent être fugaces, imaginaires ou s’immiscer dans l’air du temps… Elles sont là et elles nous narguent. Elles ne nous lâchent que lorsqu’on a bien voulu leur ouvrir notre cœur. Cela m’est arrivé il y a quelques années. Ma vie était chaotique. J’avais l’impression de perdre pied.

J’avais donc besoin d’une rencontre frontale pour prendre conscience de certaines choses. Cette rencontre est restée pour moi mémorable. Elle a les traits d’un homme, un libanais. Un jour, je lui ai demandé:

-C’était comment de grandir dans un pays en guerre ?



Il m’a répondu :

- Oh ! Tu sais, à force on ne la voit plus…



Cette réponse m’avait tellement marquée que je n’ai pas poursuivi l’entretien. La phrase se suffisait à elle seule. Nous avions de suite parlé d’autres choses, pour notre plaisir à tous les deux, heureux de fuir l'impensable.



Dernièrement, je suis tombée sur un livre que j’avais noté dans mon carnet de lecture de 2008 et qui m’avait été vanté par la radio TSF. Bien que je sois consciente que tous les libanais ne partagent pas le même ressenti, l'ouvrage que je viens de lire m’a permise de retrouver l’atmosphère de cette rencontre que j’avais reléguée dans un coin de ma tête, poliment.

L’histoire est différente et pourtant les mêmes émotions sont palpables. Cependant je préfère vous laisser en compagnie d’un des deux écrivains de ce livre poignant. Il en donne un très bel aperçu :

« Au mois de juin 2006, j’organisais une manifestation autour de Beyrouth dans un théâtre parisien. A l’issue des représentations, une jeune femme, habillée en noir, timide, effarouchée même, est venue vers moi, elle m’a donné un manuscrit et sans dire un mot elle a disparu. Je l’ai lu le soir même. C’était une lettre ouverte à son père, qui avait rêvé pour sa fille la plus grande des libertés et qui allait justement, à cause de cette liberté, connaître la pire des servitudes. Le texte était pudique, métaphorique. Je l’ai appelée pour savoir si elle était prête à aller plus loin, à vider réellement son sac. Elle s’était prêtée au jeu avec une transparence inouïe. Elle me faisait le récit de son enfance, de ses guerres, de ses drogues et de ses amours sans aucune censure. Elle racontait. J’écrivais. De cette rencontre est née une grande amitié et un texte de théâtre que j’ai soumis à Alain Timar, directeur du théâtre des Halles à Avignon. Le lendemain, celui-ci prenait le TGV pour lui proposer de la mettre en scène et de l’accueillir dans son théâtre pour le festival d’Avignon. Elle qui était comédienne depuis l’âge de huit ans n’avait jamais joué en France. Son exil du Liban l’avait éloignée de la scène. Elle avait une telle avidité de jeu qu’au troisième jour les gens se battaient pour la voir. Impie, belle, ardente, et libérée, elle valait son pesant de poudre dans la Chapelle Sainte-Claire.

Toute la presse nationale a parlé de sa performance. Laure Adler et Fabienne Pascaud diront d’elle qu’elle a été la révélation du festival 2007. Le conte de fées ballait se prolonger. Thierry Fabre, qui avait vu le spectacle, nous a demandé d’en faire un récit. Nous nous sommes retrouvés à Paris. Chaque jour, Darina me racontait, tantôt en arabe, tantôt en français, année par année, sa vie et, moi, j’écrivais. A la fin, je me suis retrouvé avec des centaines de feuillets. Il fallait agencer le tout, sans jamais perdre la musique de son récit oral, en faire une fiction où tout est vrai. La vie roman de Darina raconte aussi l’histoire insensée de ce Liban qui jubile en temps de guerre et s’effondre en temps de paix, tout comme elle dit combien est vulnérable la liberté de la femme, qui restera à jamais une langue étrangère aux yeux de l’homme. »





Résumé de la quatrième de couverture :

Quel est le prix de la liberté, qu’elle soit sexuelle, amoureuse, politique, sociale ou religieuse ?...Telle est la question que pose cette histoire stupéfiante, faite de vérité et de folie, de rage et de tendresse. La narratrice grandit dans le Liban contemporain en s’efforçant d’être fidèle au rêve de son père, un journaliste et écrivain pour qui la liberté n’est pas négociable. Mais ce rêve va se fracasser sur la violence et la haine de la guerre civile, qui tolère tous les excès-sexe, alcool, drogue, provocations. Le refus affiché des règles sociales et des convenances religieuses finit pourtant par défier une société qui réprime durement l’insoumission… Voici le récit d’une renaissance, le retour à la lumière d’une jeune femme qui a côtoyé la folie et la mort. Audacieux, impudique et bouleversant, son témoignage dévoile une immense fragilité mais aussi une force et une espérance irréductibles.





Mon avis :

Darina Al-Joundi était une parfaite inconnue pour moi jusqu’à présent. Ma première rencontre avec ce livre a eu lieu avec la couverture. J’avais du mal à quitter la femme des yeux. Elle m’inspirait beaucoup de tendresse, d’émotions réfrénées, de sensibilité et d’intimité. Tandis que j’entendais à mes oreilles les paroles de Nina Simone chanter « My baby don't care for shows, My baby don't care for clothes, My baby just cares for me, My baby don't care for cars and races...», j’étais curieuse de connaître le lien qui unissait cette chanteuse de jazz à un récit sur la guerre au Liban, sur cette femme que je pouvais voir sur la couverture du livre et qui m’évoquait tant d’émotions disparates et souvent extrêmes. Quel rôle jouait Nina Simone dans ce récit ?



Ce livre est difficile à digérer. Il remue tellement de choses, le propre de la guerre sans doute comme l’écrivent les deux auteurs de ce livre. « La guerre crée un état de non-droit, elle régularise la mort, normalise la barbarie, entretient la peur et les fantasmagories, ravive les vieux démons, ébranle la morale et l’humanisme ».



Cela fait cinq jours que je tente de mettre des mots sur mes émotions pour présenter ce livre et pour comprendre pourquoi les mots sont en grève devant tant de maux révélés, des maux sans frontières et qui touchent tout le monde, sans distinction de race, de sexe, de couleur, d’âge et de religion.

Souvent, nous n’avons de la guerre que des déferlantes d’images télévisuelles oppressantes représentant nombre d’immeubles bombardés ou encore de corps déchiquetés. Lorsque les victimes, lorsqu’elles sont encore vivantes, sont interrogées, pressées de témoigner, elles parlent alors souvent de leur fuite. Rarement, dans ces reportages, il est choisi d’entrer avec elles dans le vif du sujet. Dès lors, on ne vit pas en leur compagnie l’atrocité de leur quotidien. Et pourtant comment vit-on dans un pays en guerre ? Finit-on par l’oublier comme me l’a dit mon ami ? Arrive-t-on à vivre normalement ? Quelles images revêt la normalité en tant de guerre ? Les émotions ont-elles leurs places et, si oui, sous quelles formes ?



A mon sens, ce récit est un témoignage d’une forme de survivance. Darina a tenté de vivre, puis de survivre. Elle a tenté la douceur, puis naturellement s’est tournée vers la violence souvent sans se rendre compte de la brutalité qui l’agitait, étreignant la réalité quitte à se faire mal, jouant avec la vie comme on joue avec un ami.



Cette histoire commence le jour de l’enterrement du père de la narratrice, Darina Al-Joundi. Un père mort parce qu’il « avait tout dit » et qu’il n’avait plus rien à raconter à sa fille, alors que les « maisons bombardées fument encore. L’armée israélienne vient juste d’évacuer le Sud-Liban après vingt ans d’occupation. » Et là, les femmes se mettent à pleurer et à gémir. Elles se jettent sur son père. Elles sont tristes. Puis, soudain, « une voix étrange » hurle des sourates du Coran. La narratrice a aussitôt le ventre « déchiré ». « J’ai ouvert la porte de la pièce voisine. Elle était pleine de femmes en noir, elles pleuraient autour d’un radiocassette qui diffusait des prières. Je les ai enjambées, je les ai piétinées, je me suis emparée du radiocassette. J’en ai coupé le son. Les femmes poussaient des cris d’horreur. Ma mère, mes sœurs tentaient de me rattraper :

Arrête tu es folle, reviens, ce n’est pas le moment…



J’ai couru me réfugier dans la chambre de mon père. J’ai fermé à double tour la lourde porte en chêne. J’ai entendu les hommes hurler :

Espèce de folle, remets le Coran sinon on te tue. Ouvre salope, ouvre ! On ne coupe pas la parole de Dieu. Ouvre putain, si tu touches au Livre de Dieu, tu es morte.

De derrière la porte je criais à mon tour :

Ce n’est pas le Dieu de mon père. Il n’a jamais eu de Dieu, mon père. Il m’a fait jurer : « Ma fille, fais gaffe à ce que ces chiens ne mettent pas du Coran le jour de ma mort. Ma fille, je t’en prie, je voudrais du jazz à ma mort et même du hip hop, mais surtout pas du Coran ». Je veux bien lui mettre Nina Simone, Miles Davies, Fairouz et même Mireille Mathieu, mais pas de Coran. Vous m’entendez, je vais lui passer à la place de vos prières Le dernier Tango à Paris. Il prenait toujours du Fleurier demi-sel. Vous ne l’enterrerez pas comme ça, vous ne l’aurez pas. Je ne vous ouvrirez jamais. J’ai enlevé la cassette du Coran et j’ai mis Save Me de Nina Simone. Les coups redoublaient contre la porte. Moi, je dansais seule face à mon père. Je lui parlais fort, comme si je voulais le réveiller de sa mort :

- Heureux ? Tu l’as eue ta Nina Simone, tu l’as eu ton jazz, je t’ai épargné le Coran, n’est-ce pas ? Et maintenant qu’est-ce que je fais ? Qui va me protéger contre ces monstres ! C’est toi qui me l’a appris : « Méfie-toi ma fille, tous les hommes de ce pays sont des monstres pour les femmes. Ils sont obsédés par les apparences, ils sont ligotés par les coutumes, ils sont rongés par Dieu, ils sont bouffés par leurs mères, ils sont taraudés par le fric, ils passent leur vie à offrir sur un plateau leur cul au bon Dieu, ils ouvrent leur braguette comme on arme une mitraillette, ils lâchent leur sexe sur les femmes comme on lâche des pitbulls. Quels chiens ! » Tout à l’heure, une de tes ex-maitresses a voulu t’embrasser les mains. Je lui ai conseillé de t’embrasser la bite. On ne sait jamais, elle aurait pu te ressusciter. Elle aurait joué Jésus et toi, Lazare. »



Ce livre est l’histoire d’un amour fou d’un homme pour la liberté et qui, coûte que coûte l’inculquera à ses enfants. Contrairement à la plupart des parents qui s’insurge devant les écarts commis par leurs enfants, le père de Darina s’en faisait une joie. Il devenait le complice de leurs manquements. Il leur apprenait l’arabe en chansons ou en poésies, leur affirmait que Marx était né en Syrie, là même où il était né. Laïc fervent, il comparait le Christ à Guevara, persuadé qu’un « type qui transforme l’eau en vin ne peut pas être foncièrement mauvais ».



Darina aurait pu être une enfant comme les autres mais son histoire démontre le contraire. En révélant ses origines, elle pose la question de la liberté face à l’autoritarisme et aux limites de la pensée humaine:

« Mes sœurs et moi étions conscientes très tôt de ne pas être comme les autres. Notre père était un refugié politique syrien, titulaire d’une simple carte de séjour renouvelable tous les trois mois et notre mère libanaise ne pouvait pas en fonction de la loi qui règne dans tous les pays arabes, nous transmettre sa nationalité parce qu’elle était une femme. Nous étions toutes les trois sans papiers dans le pays où nous étions nées. Et dans ce Liban où chacun n’existe que par sa communauté et sa confession, nous n’avions ni communauté, ni confession. Nous ne savions pas si nous étions chrétiennes ou musulmanes. Quand nous posions la question à notre père, il répondait :

Vous êtes des filles libres. Un point c’est tout. »



Une bonne sœur s’indigne par exemple de ne pouvoir caser Darina dans une confession quelconque et ainsi la diriger vers le cours approprié. Darina ne comprend pas pourquoi on l’empêche de suivre la voie de son cœur : « Et moi, plongée dans ce gouffre auquel je ne comprenais rien, je me suis accrochée à sa robe :

- Je vous en prie sœur Thérèse, ne me privez pas de catéchisme, j’avale toutes les hosties à moi seule, je connais par cœur toutes les histoires, j’aime la messe, ne me chassez pas. » La bonne sœur, pleine de pitié, lui demande pourquoi elle est autant attachée au catéchisme. Et Darina, aussi sincère que peuvent l’être les enfants, répond tout naturellement :

« Pour l’histoire de la pute, j’adore les histoires de putes ». La bonne sœur a embrassé sa croix, outrée, et a répondu : « Seigneur, on ne les changera jamais».



Sur fonds de bombarments incessants, nous découvrons avec Darina comment des hommes perdent leur humanité ou comment les hommes ont en eux naturellement une certaine « inhumanité ». « Nous n’étions plus des hommes. Les loups, sans doute sont moins cruels ». Face à la folie meurtrière, on réagit comme on peu. Darina rit « à force d’avoir peur », puis décide de vivre comme son père lui a appris, sans peur et sans reproches. Mais la triste réalité finira par la rattraper, violemment. Elle sera internée dans un asile psychiatrique, histoire de l’obliger à rentrer dans le moule. Meurtrie, elle apprendra à se libérer et fuira pour mieux se retrouver, ailleurs. Ses origines ? Pour Darina, ses racines n’ont pas de frontières terrestres.



Ce texte a plusieurs lectures. On peut le lire comme un support historique concernant le Liban en guerre, mais ont peut aussi s’intéresser à ce récit pour tout ce qui attrait à la place de l’intimité de chacun pendant la guerre et voir quelle place et quel droit l’intimité peut avoir. Face à l’absurdité de la guerre, la croissance de l’individu se révèle être un reflet de la guerre. Le corps devient en effet ici une lutte perpétuelle vers la liberté. Tout amour est impossible. Nous dit Darina. « Beyrouth était tellement démantelé, brisé en une infinité d’îlots et d’univers qu’une fille avait intérêt à avoir un amoureux habitant dans la même rue et de préférence dans le même immeuble, sinon son amour serait impossible ». Puisque aucun tabou n’est présent, aucun amour possible, la seule issue pour atteindre la liberté reste la libération sexuelle pour Danira. Elle la recherche et comme elle n’a pas de partenaire, elle décide de se dépuceler seule :



« Je me suis accroupie. Je ne me suis pas caressée le sexe. J’ai juste senti au bout de mes doigts les poils un peu drus, j’ai écarté mes lèvres, j’ai enfoncé lentement mes doigts, j’entendais le rire de mon père, je voyais le regard malicieux de Maher, j’ai senti quelque chose qui résistait, j’ai forcé. J’ai senti quelque chose couler sur mes doigts. J’ai retiré ma main, elle était rouge. La porte s’est ouverte. Maher était de retour. Dehors, la guerre n’en finissait pas. »



Ce premier rapport sexuel censé être important est d’autant plus brutal qu’il se fait seul. Cette violence n’est pas sans faire écho au monde extérieur. Les violences sont partout. Bombardements, trahisons de voisins… Mais, comme elle le dit elle-même, Darina était « convaincue qu’elle allait mourir d’une seconde à l’autre. » Alors, elle « mettait les bouchées doubles. » Elle « était donc affamée de tout. »



Dans ce livre on se rend compte à quel point l’instant présent est important. Ici, il est même le seul gage de réalité, seul refuge face à l’atrocité humaine auquel on se voue corps et âme, entièrement.



Il arrive quelques fois dans la vie que des rencontres nous marquent durablement. Elles peuvent être fugaces, imaginaires ou s’immiscer dans l’air du temps… Ici, cette rencontre se retrouve à travers ce livre. Ce moment est réel. Le rêve y est absent. Plus personne ne rêve. On écoute bouche bée Darina nous conter son passé, recevant chaque impact des mots en pleine face telle une bombe sur un civil. Un magnifique témoignage qui pose ici la fureur de vivre comme archétype de la vie. Les mots frappent chaque page qu’ils soient crus, émouvants ou drôles mais le sourire fait rapidement pâle figure… Le sourire se meurt tandis qu’une voix continue de se faire entendre. Nina Simone chante quelque part, toujours là, malgré tout, représentant ainsi toutes les voix tues que cette afro-américaine, cette militante des droits civiques aux Etats-Unis, a su transformer en chant universel.



Un petit aperçu de Nina Simone qui chante ici Save me....
Lien : http://aupetitbonheurlapage...
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Le jour où Nina Simone a arrêté de chanter, le père de Darina Al-Joundi est mort. Elle écrit une lettre ouverte à son père qu’elle confie bien plus tard à Mohamed Kacimi. Celui-ci l’engage à aller plus loin et Darina lui fait alors le récit de son enfance, de ses guerres, de ses drogues et de ses amours sans aucune censure. Ce récit deviendra un texte de théâtre qui sera joué au festival d’Avignon. S’ensuivra une tournée qui se prolongera jusqu’à Paris en juin 2010.



Puis le récit s’étoffera davantage jusqu’à devenir ce livre.



Le livre commence presque avec un avertissement donné par son père :



« Méfie-toi ma fille, tous les hommes de ce pays sont des monstres pour les femmes (… ) ils ouvrent leur braguette comme on arme une mitraillette, ils lâchent leur sexe sur les femmes, comme on lâche des pittbulls. »



Ce père tant admiré et aimé sera son mentor, voulant éduquer ses filles dans la plus totale liberté, et les exposant malgré lui à bien des dangers. Car à ne rien vouloir interdire, les filles, livrées à elles-mêmes, manquent de repères. Elles vivent dans un milieu d’intellectuels proches des palestiniens, et vont à l’école dans des écoles catholiques. Dans la famille, personne ne porte le voile, et la mère de Darina travaille à la radio. Darina travaillera à la télévision et deviendra comédienne.



Tout ceci dans un Liban déchiré par la guerre, où Darina et sa famille côtoient la mort chaque jour. Celle-ci vivra en femme libre : liberté sexuelle, usage de drogues, d’alcool jusqu’au jour où elle se rendra compte que cette liberté est illusoire. Darina s’avoue enfin sa peur et fait le constat sans appel de sa propre vulnérabilité dans un pays qui veut revenir à la paix : « J’ai compris notre vulnérabilité de femmes, on a beau être une vedette, médecin, une célébrité, au moindre faux pas la femme redevient femme , bête de somme qu’on enchaîne comme on veut. ».



C’est alors qu’elle décide de partir à Paris.







Ce livre est d’abord une voix, une voix de femme.




Lien : http://www.litterama.fr/arti..
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Dans cette fiction où tout est vrai Darina al-Joundi raconte sa vie de femme libre grâce à l’éducation que son père lui a donnée. En effet, ce père journaliste et écrivain est profondément moderne, il est contre toute forme d’intégrisme et préfère écouter "Nina Simone" plutôt que les discours religieux, cette personnalité originale et joyeuse rend ce personnage vraiment attachant. Mais le Liban est un pays déchiré par la guerre civile et la montée de l’intégrisme. Darina al-Joundi est comme son père, elle va vivre à l’excès tout ce qui est interdit, par opposition aux lois instaurées contre les femmes. A la mort de son père, Darina al-Joundi va payer très durement sa façon de vivre. C’est avec étonnement que l’on va découvrir que c’est sa mère qui va mettre fin d’une façon brutale à son insoumission.

Voir aussi : http://de-page-en-page.over-blog.com/article-23021014.html

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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Il y a des livres légers qu'on lit pour se divertir, celui-là n'en fait pas partie. Il est dur, cru, c'est un objet brut en même temps qu'une ode à la liberté sous toutes ses formes.

S'il est dur, c'est que Darina al joundi y décrit sa vie d'enfant, d'adolescente puis de jeune femme au Liban, pays qui entre en guerre alors qu'elle n'est âgée que de 7 ans. Darina al Joundi est aujourd'hui comédienne, de théâtre et de cinéma. Elle est née à Beyrouth en 1968, et à cette époque, Beyrouth était, nous dit-elle « une ville libre, l'oasis de tous les intellectuels arabes interdits de parole dans leur pays ». Ce sont ces intellectuels, journalistes ou poètes, que fréquente son père durant les premières années de sa vie, avant que le régime ne se durcisse, que les tensions communautaires ne s'exacerbent et que la guerre n'éclate.

De son enfance et de sa vie de jeune femme, Darina al Joundi avec la complicité de Mohammed Kacimi fait une pièce qui sera en 2007 saluée par le festival d'Avignon., et c'est de cette pièce qu'est tiré le roman du même nom.

Dans ce livre, elle dit l'horreur, brute, mêlée au quotidien, à ses peines et ses joies, la vie qui continue dans la guerre, l'amour et la folie. Elle nous parle aussi de son père, ce personnage ambigu qui a fait sien le slogan « il est interdit d'interdire » et cherche à offrir à ses filles la plus grande liberté possible, restant fidèle à ses convictions alors qu'à l'extérieur l'intégrisme se répand et que la guerre commence. Elle fréquente alors une école catholique, choisie par leur père parce que, a-t-il décrété, « Les bonnes sœurs sont de gauche » !



Tout est mêlé dans ce texte, la grande histoire du Liban et la petite, celle de Darina, qui grandit au milieu des bombes en constant décalage avec le contexte et les réalités de son pays: se les prenant constamment de plein fouet, mais tentant de ne pas perdre de vue qui elle est. C'est un roman très fort, et jamais larmoyant, qui jamais ne s'apitoie sur quoi que ce soit. Darina al Joundi décrit la réalité violente, continuant son chemin et flirtant parfois avec la folie.

A lire toujours, partout, de toute urgence!

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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Texte à quatre mains, une voix qui s’élève : celle d’une femme qui hurle à la liberté.



Dans un Liban en proie à la guerre civile, la narratrice se construit. Avec ou en dépit, c’est selon. Qu’elle soit physique, sociale, sexuelle, religieuse ou politique, son père lui apprend à n’en rien abandonner. Aucune concession, au risque de s’y perdre. Pour survivre ? Des histoires. Pardon… pour vivre. De Beyrouth à Paris, c’est un chemin semé de violence, de plaisir et de folie.



Liberté, liberté, liberté… difficile d’écrire sur Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter sans en faire une répétition systématique. Peut-être parce que ce texte poignant ne se raconte pas tant qu’il se lit, qu’il s’éprouve. Il se vit aussi : sur la scène, une comédienne qui se joue elle-même. Et sur la page, une femme qui parfois se joue d’elle-même.



Sentiment que quelques lignes ne me permettront pas d’expliquer le sentiment qui m’a envahie à la lecture de ce livre. Sentiment également que je ne saurais quoi faire de lignes supplémentaires. Alors je m’arrête.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

J'ai lu peu de livres aussi percutants que "Le jour où Nina Simone a cessé de chanter". Je me suis retrouvé littéralement happé par l'histoire narrée (et vécue, pour la plus grande partie) par Darina al-Joundi. Traitant majoritairement des problématiques de liberté : de conscience, de religion, de déplacement, des femmes... ce roman offre également une funeste vision des différentes enclaves qui gâchent l'horizon de l'être humain.





Son héroïne, animée par la fureur de vivre, va briser (ou au moins tenter) un à un les carcans qui l'enserrent, ce qui ne sera pas sans retour de bâton. Un livre rare, que l'on savoure pour son caractère aussi enflammé, mais réfléchi, que celui de son personnage principal.
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Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

Quel est le prix de la liberté ? Liberté sexuelle, amou-reuse, politique, sociale ou religieuse...

Darina al-Joundi raconte, sous la plume de Mohamed Kacimi, une histoire stupéfiante, une histoire faite de vérité et de folie, de violence et de tendresse. Toute l'histoire du Liban contemporain concentrée en l'histoire d'une personne, fidèle au rêve persistant d'un père journaliste et écrivain pour qui la liberté n'est pas négociable. Ce rêve va pourtant se fracasser sur la violence et la haine de la guerre civile, là où tout devient possible, le sexe défie la peur, la drogue défie la vie, le refus de toutes les règles sociales et des conve-nances religieuses défie une société qui va se venger durement contre la jeune insoumise...

Ce livre est bien plus qu'une confession, c'est l'histoire d'une rédemption, des retrouvailles avec la vie d'une jeune fille qui devient femme au voisinage de la folie et de la mort. Il touche au coeur, au plus profond des entrailles, là où l'émotion se libère par un tremble-ment, dit toute la vérité d'un être dans son immense fragilité et son irréductible force.

Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter commence le jour de la mort du père, dans un lieu appelé autrefois château de Beaufort... Un texte qui reprend et prolonge le spectacle-événement du Festival d'Avignon.

Ht Divan sur reco d'une libraire à l'émission La Grande Librairie, ce livre a longtemps attendu sur ma PAL. Je n'en comprenais pas bien le titre sans pour autant prendre le temps d'essayer... Lorsque j'ai ouvert la première page je suis tombée dedans. Incroyable récit. Incroyable femme que cette Darina Al Joundi. Tout est dans ce livre. Un charivari de sentiments, amours, beautés, atrocités. Il dépasse la politique tant il s'incarne jusqu'au tripes. Je l'ai englouti d'un trait. Un livre rare et unique. Plus qu'un livre, un destin, une vie, des vies, un pays... à la folie.
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