Tu l'entends derrière la porte...
Tu vois la poignée tourner...
Tu regardes la porte s'ouvrir...
Tes yeux balaient la pièce, d'un coin à l'autre,
comme s'il y avait un endroit pour se cacher.
Il n'y en a pas.
Tu ne bouges pas. Tes mains se mordent.
Il a apporté la chaise.
Il t'a dit de ne pas pleurer, mais les larmes ne cessent de s'échapper de tes yeux. Et tu t'en réjouis car ces larmes t'appartiennent. Elles sont à toi. Ce sont tes larmes. Il ne peut pas te les prendre. Il ne peut pas y toucher. Elles sont toutes à toi.
Il est vrai que parfois, tu détestes tellement Stevie que tu inventes des histoires dans lesquelles elle tombe dans la rivière, se perd dans les bois ou se fait écrabouiller par un des gros camions qui transportent des troncs d'arbre, mais tes histoires finissent toujours bien. C'est toi qui la sors de la rivière, tu la retrouves dans les bois, tu la sauves juste avant que le camion la renverse. Et jamais, absolument jamais, tu ne la prêtes.
- Bonjour les filles, dit l'homme.
C'est dimanche après-midi; il est assis sur un banc dans la parc, face à la mare aux canards. Il leur a apporté du pain dans un sac en plastique. Les arbres perdent leurs feuilles; le ciel est bleu après plusieurs journées nuageuses, et les filles suivent le chemin qui traverse le bois. Son coeur s'emballe.
- Bonjour, les filles, dit-il à voix basse.
Pourquoi les gens me traitent-ils comme si j'étais devenue quelqu'un d'autre tout à coup ? Je suis la personne que j'ai toujours été.
Ensuite, tu n'as plus rien à ajouter car, en vérité, tu le sais, tu n'es plus celle que tu étais avant d'entrer dans cette maison. Certes, tu es toujours Autumn Herbert, mais tu n'es plus la même, assurément. Tu as changé.
" Je ne partage pas vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer".