La haine de l’homme envers l’exécuteur valait le mépris que celui-ci lui retournait. Basile sentait les deux volontés s’affronter. Surpris, il se rendit compte qu’il pouvait voir les émotions des deux adversaires. Pas simplement les ressentir, mais bel et bien les apercevoir. La colère du volailler, nuage orageux, sombre, se gonflait et se dégonflait au rythme de sa respiration. Elle jaugeait le dédain qui cernait Gauvin et se dressait haut et fier comme un bouclier infranchissable pour lui faire front. Les deux sentiments se défiaient, s’élançaient pour tester leur intensité. L’air tremblait autour d’eux comme par les journées de forte chaleur. La tête lui tourna. Que lui arrivait-il?
Basile était tétanisé. Sa première exécution allait avoir lieu dans quelques heures. Après ça, il ne pourrait plus espérer exercer un autre métier. Il détailla la foule d’un air dégoûté, mais se reprit bien vite quand Gauvin revient vers lui et se planta, bras croisés et jambes espacées, devant son office. Surpris, Basile l’observa fixer la populace avant de comprendre qu’il affirmait ainsi son importance et les défiait de l’insulter à nouveau. L’exécuteur savourait l’instant, attendait son heure, le moment de passer à l’action.