Citations de Voltaire (2229)
"Vous devez avoir, dit Candide au Turc, une vaste et magnifique terre ? - Je n'ai que vingt arpents, répondit le Turc ; je les cultive avec mes enfants ; le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin"
l'amour propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on lui a fait une piqûre
- Vous vous plaignez, leur dit la vieille ; hélas ! vous n'avez pas éprouvé des infortunes telles que les miennes."
Cunégonde se mit presque à rire, et trouva cette bonne femme fort plaisante de prétendre être plus malheureuse qu'elle. " Hélas ! lui dit-elle, ma bonne, à moins que vous ayez été violée par deux Bulgares, que vous n'ayez reçu deux coups de couteau dans le ventre, qu'on n'ait démoli deux de vos châteaux, qu'on n'ait égorgé à vos yeux deux mères et deux pères, et que vous n'ayez vu deux de vos amants fouettés dans un auto-da-fé, je ne vois pas que vous puissiez l'emporter sur moi ; ajoutez que je suis née baronne (...)
La vieille frappe à une petite porte. On ouvre ; elle mène Candide par un escalier dérobé dans un cabinet doré, le laisse sur un canapé de brocart, referme la porte, et s'en va. Candide croyait rêver, et regardait toute sa vie comme un songe funeste, et le moment présent comme un songe agréable.
La vieille reparut bientôt ; elle soutenait avec peine une femme tremblante, d'une taille majestueuse, brillante de pierreries, et couverte d'un voile. "Ôtez ce voile", dit la vieille à Candide. Le jeune homme approche ; il lève le voile d'une main timide. Quel moment ! quelle surprise ! il croit voir mademoiselle Cunégonde, il la voyait en effet, c'était elle-même.
Pangloss enseignait (...) qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles.
(...)
Un jour Cunégonde en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu'on appelle parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme mademoiselle Cunégonde avait beaucoup de dispositions pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s'en retourna toute agitée, toute pensive, toute remplie du désir d'être savante (...)
"Une scène si triste, dit le marquis de Torci, serait difficile à décrire, quand même il serait permis de révéler le secret de ce qu'elle eut de plus touchant." Ce secret n'était que celui des pleurs qui coulèrent.
L'esprit républicain est au fond aussi ambitieux que l'esprit monarchique.
Sans l'industrie hardie de quelques négociants, et surtout de ceux de Saint-Malo, qui allèrent au Pérou, et rapportèrent trente millions, dont ils prêtèrent la moitié à l'État, Louis XIV n'aurait pas eu de quoi payer ses troupes. La guerre avait ruiné la France, et des marchands la sauvèrent.
Les esprits s'aigrissaient par le malheur.
[...] aussi fier que Louis XIV, mais de cette fierté triste et mélancolique qui rebute plus qu'elle n'impose. Si les beaux-arts fleurirent en France par le soin de son roi, ils furent négligés en Angleterre, où l'on ne connut plus qu'une politique dure et inquiète, conforme au génie du prince.
Toute la terre était en paix vers les deux dernières années du XVIIe siècle, époque d'une trop courte durée.
[...] il prodiguait des présents avec cet art de donner qui est encore au-dessus des bienfaits ; il mettait dans ses dons la magnificence d'un prince et la politesse d'un ami.
On amena sa fille en France, pour épouser, à onze ans, le duc de Bourgogne qui en avait treize.
[...] l'intérêt des peuples semble établir une autre morale pour les princes.
Ceux qui ont plus d'humanité que de politique remarqueront que, dans cette guerre, Louis XIV était armé contre son beau-père le roi d'Espagne ; contre l'électeur de Bavière, dont il avait donné la sœur à son fils le dauphin ; contre l'électeur palatin, dont il brûle les États, après avoir marié Monsieur à la princesse palatine. [...]
La plupart des guerres entre les princes chrétiens sont des espèces de guerres civiles.
La galanterie et le métier de courtisan furent ignorés de lui ; il en cultiva plus l'amitié, et en fut plus honnête homme. Il vécut aussi ennemi de l'intérêt que du faste ; philosophe en tout, à sa mort comme dans sa vie.
Si quelque chose justifie ceux qui croient une fatalité à laquelle rien ne peut se soustraire, c'est cette suite continuelle de malheurs qui a persécuté la maison de Stuart pendant plus de trois cents années.
Paris, idolâtre de son roi, le croyait réellement invincible.
Vous savez que ce qui paraît neuf n'est souvent qu'une redite.
On dit le grand Corneille, pour le distinguer de son frère. On ne dit pas le grand Virgile, ni le grand Homère, ni le grand Tasse. [...] Les titres ne servent de rien pour la postérité : le nom d'un homme qui a fait de grandes choses impose plus de respect que toutes les épithètes.