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3.96/5 (sur 88 notes)

Nationalité : Italie
Biographie :

Wu Ming est le pseudonyme collectif de cinq écrivains dont les multiples activités troublent depuis plus de deux décennie le paysage culturel italien.

Avec leur projet politico-littéraire destiné au sabotage et au détournement de la culture officielle, ils se sont fait connaître pendant la deuxième moitié des années 1990 grâce à des canulars médiatiques, à des manipulations sur Internet et au grand succès d'un roman historique signé Luther Blissett: "L'Œil de Carafa" ("Q", 1999).

Le collectif Luther Blissett a été créé en 1994 par un groupe de jeunes Bolognais issus des milieux post-opéraïstes. Influencé par les grands courants de la pensée critique de l'époque, le projet Luther Blissett a rapidement connu un grand retentissement dans le milieu de l'underground. À sa dissolution en 2000, on comptait en effet une cinquantaine de groupes de plusieurs villes européennes, revendiquant leur appartenance à ce projet.

Certains des auteurs italiens derrière Luther Blissett ont continué à partir de 2000 leurs activités littéraires sous le pseudonyme collectif Wu Ming et ont publié depuis de nombreux essais et romans.

La bataille contre la propriété intellectuelle et le refus de "la machine qui crée la célébrité" ont contribué à alimenter la curiosité autour de ces jeunes écrivains de la région de Bologne qui, depuis 2000, même s'ils ne cachent plus leurs véritables identités, utilisent le pseudonyme Wu Ming, un mot chinois qui, selon la prononciation, peut signifier "sans nom" ou "cinq noms".

Sous cette signature, ils ont publié plusieurs romans collectifs, dont "Manituana", publié en mars 2007 en Italie, mais aussi des romans individuels, dont les deux meilleurs sont aujourd'hui traduits en français : "New Thing", de Wu Ming 1, et "Guerre aux humains", de Wu Ming 2.

Les cinq membres du groupe sont Roberto Bui (Wu Ming 1), Giovanni Cattabriga (Wu Ming 2), Luca Di Meo (Wu Ming 3), Federico Guglielmi (Wu Ming 4) et Riccardo Pedrini (Wu Ming 5). Wu Ming 3 quitte le groupe en 2008.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
(En 1927):
- [...] L'Union soviétique devrait se doter d'une association unique de musiciens. Même chose pour les écrivains, les metteurs en scène de théâtre, les peintres. Le risque, autrement, est de revenir à une créativité individualiste, une fin en soi, qui brûle d'envie de se distinguer.
- Entièrement d'accord, intervient Bogdanov. L'unique association qui devrait demeurer en Union soviétique est l'Union soviétique elle-même. Même le parti communiste devrait se dissoudre. Quel sens a un parti quand l'intérêt du peuple est garanti par l'Etat? C'est un doublon inutile, une épave de l'Histoire.
Elle ne répond pas, désorientée par le sérieux apparent de Bogdanov.
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[A propos de l'immortalité:]
- Notre cerveau, poursuit-il, a besoin de nouveauté, et dans un temps infini la nouveauté s'épuise, tout se répète. Nous avons l'impression que cela arrive en l'espace de cinquante ans, alors imaginez en cinq cents ans. Que vous resterait-il à faire après être tombé amoureux quatre-vingt-dix fois, avoir vu naître soixante enfants, avoir appris à travailler l'argile, à écrire de sublimes poésies, à escalader les plus hautes montagnes, à mener toujours les mêmes batailles?
Il soulève sa tasse et la porte à sa bouche, comme une pause étudiée.
- La seule réponse serait le suicide. Car l'immortalité individuelle est une condamnation. A vie.
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Il est écrit sur la première page : dans la fresque, je suis l’une des figures à l’arrière-plan.
Une écriture soignée, minuscule, sans la moindre bavure, formant des lieux, des dates, des réflexions. C’est le carnet des derniers jours convulsifs.
Les lettres sont vieillies et jaunies, poussières de décennies passées.
La pièce de monnaie du royaume des fous se balance sur ma poitrine, symbole de l’éternelle oscillation des fortunes humaines.
Le livre, le dernier exemplaire rescapé peut-être, n’a plus été ouvert.
Les noms sont des noms de morts. Les miens, et ceux des hommes qui ont parcouru ces sentiers tortueux.
Les années que nous avons vécues ont enseveli à jamais l’innocence du monde.
Je vous ai promis de ne pas oublier.
Je vous ai mis à l’abri dans ma mémoire.
Je veux tout maîtriser depuis le début, les détails, le hasard, le flux des événements. Avant que le recul ne brouille mon regard, émoussant le vacarme des voix, des armes, des bataillons, atténuant les rires et les cris. Et pourtant, seul le recul autorise à remonter à un début probable.
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La guerre était perdue. Les dernières nouvelles disaient qu'à Paris les blancs discutaient la paix. Les Anglais négociaient la reddition, mais aucun Indien ne siégeait avec eux. Joseph Brant était désormais un allié incommode. les survivants des Six Nations vivaient dans une poignée d'iles à l'embouchure du Saint Laurent.
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Personne ne pouvait savoir que Zitomirski avait été recruté par la police secrète du tsar en 1902, quand il étudiait encore à l’université de Berlin. Nom de code « André ».
Kamo prit contact avec lui pour convenir d’une visite et lui remit la lettre de Lénine. Zitomirski le fit savoir à ses chefs qui demandèrent immédiatement à la police allemande d’arrêter Kamo. Quand les flics débarquèrent dans sa chambre d’hôtel, ils le trouvèrent en possession d’un passeport autrichien (œuvre de l’amie peintre de Krassine), d’une petite valise remplie des détonateurs et de vingt billets de cinq cents roubles.
Lorsque le sous-chef de la police russe reçut le rapport par l’intermédiaire de l’ambassade, il ne mit pas longtemps à deviner d’où provenaient les billets et quel était le plan des voleurs. Il télégraphia donc à tous les départements de police de toute l’Europe occidentale :
« Arrêter quiconque cherche à changer des billets de cinq cents roubles. Stop. Dangereux bandits. Stop. Alerte maximale. Stop. »
Quand, fin 1907, la nouvelle de l’arrestation de Kamo arriva à Kuokkala, il était désormais trop tard pour suspendre l’opération. Les camarades et leurs compagnes étaient déjà partis chacun dans une direction, vers une banque d’un des pays de l’Ouest. Mais à présent la police russe savait qui avait monté le coup. Et les mencheviks, les camarades du parti opposés aux vols, le savaient aussi. Personne ne les aiderait. Il fallait se mettre à l’abri comme on pouvait avant qu’on arrive de Saint-Pétersbourg pour les arrêter.
Natalia et Nadia nettoyèrent entièrement la maison : papiers, notes, livres, vêtements. Chaque trace de leur passage fut effacée, brûlée dans la cheminée de la salle à manger ou confiée à des camarades finlandais pour qu’ils la fassent disparaître. Lénine se rendit à Helsinki, en attente d’un bateau pour Stockholm. Les ports principaux étaient surveillés par la police. Pour embarquer il dut parcourir trois milles à pied sur une partie de mer gelée, jusqu’à l’île où le bateau faisait escale. À un moment la glace céda et il faillit se noyer.
– Quelle stupide façon de mourir ça aurait été, commenta Lénine trois semaines plus tard quand ils se revirent à Genève, sains et saufs.
Pour s’y rendre ils étaient passés par Berlin, ils avaient rencontré Rosa Luxemburg. Quelle perte a été son assassinat pour le mouvement ouvrier. Une de ses phrases semblait spécialement écrite pour contredire Lénine : « Le marxisme doit toujours lutter pour les vérités nouvelles ».
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Boire de l'eau signifiait absorber le flux dégoutant qui courait dans les tuyauteries souterraines en bois d'orme, exposées à toutes sortes de saletés, peut-être aussi à ce qui remontait de la Tamise, purin contaminé par toute l'ordure de Londres et de Westminster. Outre les excréments humains, dans ces eaux étaient dilués les acides, les minéraux et les poisons des officines et des manufactures. Sans parler des carcasses d'animaux et d'hommes, et des rejets de baignoires, des cuisines et des urinoirs.
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Bogdanov a à peine le temps de serrer des mains, d’oublier quelques noms et de s’installer que le commissaire à l’Éducation rejoint déjà le centre de la scène, devant les deux pianos, pour la liturgie des saluts et du discours inaugural. Petit bouc et calvitie à la Lénine, corpulence stalinienne et petites lunettes à la Trotski ; plus il vieillit et plus Anatoli Vassilievitch Lounatcharski incarne, même dans son aspect, l’équilibre entre les factions. Quand il était encore d’un seul côté, ils partageaient l’encre, les pensées et les batailles, mais aussi l’aversion de Lénine. Pendant une vingtaine d’années, ils ont même été beaux-frères. Maintenant il est marié à une actrice qui fait scandale avec ses bijoux. Trop nombreux pour une femme soviétique. Sera-t-elle là, elle aussi ? L’occasion n’est pas assez mondaine.
Sur le ton de celui qui propose un toast dans un repas de famille, le bon Anatoli explique ce que tout le monde sait déjà. La section musicale du Proletkult de Moscou doit proposer un morceau pour le dixième anniversaire de la révolution. Étant donné l’importance de l’événement, il a été décidé de choisir le compositeur au moyen d’un grand concours dont cette matinée est l’étape finale.
Tandis qu’un rayon de soleil se reflète sur son crâne chauve, le commissaire rappelle les résultats de l’organisation dans le champ de la musique, du théâtre et du cinéma. C’est précisément ces jours-ci que Sergueï Eisenstein, vieille connaissance de tant de proletkultistes, est occupé par le tournage d’un long métrage sur Octobre, produit par le gouvernement avec le plus important financement jamais attribué pour un film. Loué soit donc Proletkult qui en seulement dix ans a apporté une contribution déterminante à la culture soviétique.
L’éloge sonne comme une épitaphe. Et pourtant Anatoli aussi a participé à la fondation du Proletkult, pour pousser les ouvriers à inventer un art nouveau, à dépasser l’individualisme et à semer les graines de la future collectivité humaine. Réduire tout cela à une « contribution », aussi déterminante soit-elle, à la culture soviétique, est un lot de consolation.
Même la référence à Eisenstein n’est pas vraiment flatteuse. Le metteur en scène s’est désormais éloigné du Proletkult et son exemple évoque une parabole idéale, de l’art prolétarien au cinéma de propagande. De l’autonomie créative à l’œuvre de commande du gouvernement.
Au contraire, le Proletkult est né pour rester indépendant. C’est justement Lounatcharski qui soutenait que les travailleurs devraient avoir quatre organisations distinctes : le Parti pour la politique, les syndicats pour le travail, les coopératives pour l’économie et les cercles pour la culture. C’est ce qu’il écrivait du temps du gouvernement provisoire, et puis le gouvernement, il l’a rejoint, et en l’espace de trente ans le Proletkult est devenu un des nombreux cénacles dépendant de son ministère.
Louée soit donc aussi Nadejda Kroupskaïa, assise à la droite de Bogdanov, après le fauteuil vide du commissaire. En tant que directrice du comité central pour l’éducation politique, la plus illustre veuve du pays a su diriger les si nombreux cercles culturels, évitant les jalousies et stimulant la collaboration réciproque.
De nombreuses mains applaudissent pour saluer la fin du discours ministériel et l’entrée des deux pianistes, très élégants dans leur jaquette grise.
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Au congrès de Londres, ce printemps-là, les bolcheviks avaient encore une ligne commune. Il fallait des armes et des militants prêts à s’en servir. Pendant la révolution perdue, deux ans auparavant, les ouvriers avaient subi la violence de l’armée. Ils ne se feraient plus jamais prendre sans s’être préparés. Les bombes artisanales de Léonid Krassine ne suffisaient pas. Ni l’argent récolté par Gorki, le grand écrivain, grâce à sa renommée internationale. Il avait trouvé des sympathisants prêts à ouvrir leurs portefeuilles jusqu’aux États-Unis. Mais ça ne suffisait pas. Il fallait prendre les sous là où ils étaient. À Londres la proposition fut rejetée. Les mencheviks ne voulaient plus d’expropriations. Pas de bombes. Pas d’insurrection armée. Ça ce sont des trucs d’anarchistes. Il fallait plutôt resserrer les liens avec les syndicats. Dans cette sombre petite église de Hackney, les camps s’inversèrent. Les bolcheviks se retrouvèrent en minorité. Trotski s’en mêla, tentant de jouer un rôle de médiateur. Comme les gens peuvent changer.
Sur le trajet du retour, au milieu de la Manche, sous un ciel chargé de nuages, Koba laissa tomber une question dans le sillage des vagues.
– Qu’est-ce qu’on dit à Kamo ?
Depuis des mois les camarades géorgiens surveillaient un transport de fonds qui traversait Tiflis à intervalles réguliers et sous assez maigre escorte. Kamo et sa bande étaient prêts à attaquer le convoi à la dynamite et à profiter du désordre pour prendre l’argent.
– Combien d’argent ? avait demandé Krassine.
Un demi-million de roubles.
– Faisons-le, avait suggéré Lénine dans le train qui les ramenait en Finlande.
Les mains se levèrent. Approuvé à l’unanimité.
Le soin d’apporter la bonne nouvelle à Kamo avait été confié à Koba.
Koba & Kamo. Les Géorgiens. Amis d’enfance, ils s’étaient fait renvoyer ensemble du séminaire. De prêtres manqués à révolutionnaires, il n’y a qu’un court chemin. Et de prêtres à bandits, il est encore plus bref. Ils volaient les armes pour les bolcheviks, les leur procuraient par tous les moyens nécessaires. Kamo n’était pas un brigand sorti d’un roman de Dumas. Il n’avait pas besoin d’habiller ses exploits de romantisme. Il résistait aux arrestations. Il s’évadait des prisons. Et quand la révolution avait échoué et que les cosaques l’avaient torturé pour obtenir les noms et les adresses, ils n’avaient pas réussi à lui arracher un mot.
Il était l’homme de la situation pour le plus grand vol qu’ils aient jamais tenté.
Il fallait un camarade qui assure la communication. Quelqu’un qui ne soit pas connu des autorités du Caucase.
Léonid Volok avait combattu dans la Marine, il connaissait les armes. C’était un militant déterminé. Il avait cette bague au doigt, « pour taper plus fort ». Il avait tout et il n’avait rien. Il était parfait.
Léonid accepta, enthousiaste, et partit pour la Géorgie avec le camarade Koba.
– Ne te fie pas aux apparences. Celui-là il boite et il a un bras mal en point mais il n’y a pas plus rusé que lui. Ne le perds pas de vue.
Un bon conseil.
Lénine s’est en revanche aperçu un peu tard qu’il fallait avoir le Géorgien à l’œil. Entre-temps, Koba a changé de nom de guerre. « L’homme de fer ». Staline.
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Depuis le début, tous les choix du bureau de statistique, même les plus sûrs, avaient des alternatives de la même valeur. Même dans une société comme la nôtre, sans intérêts particuliers, il existe différentes façons d'assurer le bien-être collectif. Si nous en sommes
arrivés à discuter de l'invasion et de l'extermination des humains, c'est parce que nous avons épuisé les ressources de notre planète. Et nous les avons épuisées parce que le bureau de statistique était programmé ainsi, pour considérer qu'un équilibre avec l'environnement était impossible. Notre science disait que la seule façon de survivre était de poursuivre le développement. Si on arrête, on est perdus. Mais justement. C'était notre science. Et en définitive nous pensions qu'elle était juste et universelle. Mais il n'y a pas que nous, sur Nacun. Et il n'y a pas que Nacun, dans l'univers.
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― Tu l'as écrit dans ton livre. Certains d'entre nous pensent que la société nacunienne doit imposer son modèle aux mondes plus arriérés.
― Et vous êtes en train de la faire ? la presse Bogdanov.
La jeune fille essuie ses joues avant de répondre.
― La vérité est que nous sommes trop nombreux, nous vivons trop longtemps, nous sommes trop vieux et nous avons presque épuisé nos ressources. Nous sommes en train d'étudier la meilleure stratégie pour nous étendre à votre galaxie car le socialisme ne peut pas se faire sur une seule planète. Ce que nous avons ne suffit plus.
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