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Critiques de Abdellah Taïa (141)
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Celui qui est digne d'être aimé

C’est le premier roman d’Abdellah Taïa que je lis. J’ai apprécié ma lecture mais je n’ai pas été entièrement convaincue. Je ne pensais pas avoir affaire à un roman épistolaire et j’ai bien aimé le choix de cette forme. Je trouve que c’est intéressant de découvrir un personnage par ses lettres mais aussi par les lettres qui lui sont destinées. Cela nous permet de l’observer sous différents angles, différents points de vue. J’ai trouvé la lettre de Vincent particulièrement touchante. Il n’a pas peur de se mettre à nu, de dévoiler ses sentiments en prenant le risque du rejet et de l’abandon.



Ce qui m’a manqué dans cette lecture, c’est de l’empathie. Ahmed n’est pas antipathique et son histoire familiale peut expliquer sa façon d’être actuelle, notamment en amour. Pourtant, je ne me suis pas attachée au personnage. Vincent et Lahbib ont bénéficié d’un capital sympathie bien plus important !



Toutefois, ce roman était intéressant. Le personnage d’Ahmed permet à Abdellah Taïa d’aborder des thématiques différentes : l’exil, l’acceptation de soi, l’importance de nos racines et de la famille, le couple… Ces lettres se lisent d’une traite avec beaucoup de fluidité.
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Celui qui est digne d'être aimé

Elle est cruelle la vie d'Ahmed, jeune Marocain homosexuel élu ou dragué (les deux à la fois) par un intellectuel parisien qui le ramène en France et sera pour un temps son amant et son protecteur.

Dans ce roman épistolaire, le narrateur exprime de la rancune, de la révolte envers son environnement. Mais au fond c'est la vie qu'il a choisie et qui lui a tout de même permis d'être éduqué et de sortir de la pauvreté à laquelle son milieu familial l'aurait contraint.

Est-il vraiment honnête en reportant sur les autres son malaise intérieur ?





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Celui qui est digne d'être aimé

Ce roman est composé de quatre lettres qui nous dévoilent différentes facettes de la vie d'Ahmed, Marocain homosexuel issu d'un milieu très pauvre. La première lettre date d'août 2015 et est adressée à sa mère, Malika. Chargée de reproches, elle dévoile la difficile enfance du jeune Ahmed. La deuxième lettre, datée de juillet 2010, est écrite par Vincent, un homme avec qui il vécut une courte passion. La troisième est écrite en juillet 2005 par Ahmed à Emmanuel, son partenaire avec qui il a quitté le Maroc pour la France. Enfin, la dernière correspondance, de mai 1990, contient le cri du cœur de son ami d'enfance, Lahbib.

Ce roman, d'une rare intensité, questionne les rapports à l'autre, à l'identité, à la langue et à la sexualité.
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Celui qui est digne d'être aimé

Comment vivre son homosexualité en tant que jeune marocain ? La question est centrale dans l'oeuvre à la fois intime et intensément politique d'Abdellah Taïa. Ahmed, le héros de Celui qui est digne d’être aimé, n’envisage qu’une issue : l’exil vers la France, perçue comme une terre de liberté par opposition à son pays natal où aucun droit n’est garanti pour les LGBT.



Au fil d’un roman épistolaire ramassé, économe et précis, la vie d’Ahmed se dévoile à rebours, depuis son âge mûr qui le voit regretter son incapacité à s’attacher aux hommes qui traversent sa vie jusqu’aux rudes années d’enfance. Entre le Maroc et la France, c’est l’histoire d’une violence sans cesse renouvelée, qu’évoque Abdellah Taïa : la violence physique subie au village natal puis la violence symbolique qui s’exerce en France sur celui qui est considéré par les hommes comme un objet sexuel exotique à manipuler et dominer. Enfermé dans les rôles que d’autres lui assignent, Ahmed est un personnage aux abois, infiniment émouvant, qui questionne aussi bien l’homophobie que le racisme de nos sociétés dites progressistes.
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Celui qui est digne d'être aimé

Ce court roman est constitué de quatre lettres, écrites par Ahmed ou s’adressant à lui, dans un ordre chronologique inversé.



La première lettre est un véritable règlement de compte à l’encontre de sa mère défunte. Les mots sont chargés de reproches, de colère, voire de haine face à cette mère qui l’a tyrannisé autrefois.



Dans les autres lettres, il y a Vincent, l’amant éconduit, rejeté par Ahmed mais aussi celle écrite par son ami d’enfance qui clôt le roman de façon bouleversante.



Il y a également la lettre où Ahmed s’adresse à son compagnon Emmanuel pour lui annoncer son départ après des années de vie commune. Un homme qu’il a rencontré au Maroc alors qu’il était encore adolescent et qui l’a peu à peu forcé à renier ses racines marocaines.



Chacune de ses lettres donne au lecteur une nouvelle clé pour mieux comprendre le protagoniste principal et l’origine de ses blessures.



Cette correspondance s’inspire de l’histoire personnelle de l’auteur. L’amour, la quête d’identité ou encore l’homosexualité sont au cœur de ce roman. La plume est incisive et va droit au but.



Un intense roman épistolaire qui sert d’exutoire et dans lequel se mêlent la colère, la souffrance et la rancœur d’un homme blessé. Une lecture forte, poignante et percutante.




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Celui qui est digne d'être aimé

"Celui qui est digne d'être aimé " d'Abdellah Taïa (144p)

Ed. Cadre Rouge (Seuil).

Bonjour les fous de lectures...

Voici un roman qui est constitué de 4 chapitres sous forme de 4 lettres.

La première lettre est écrite par Ahmed et est destinée à sa mère défunte.

Il y règle ses compte vis-à-vis de cette mère dominatrice.

La seconde lettre est une lettre d'un amant éphémère d'Ahmed.

La troisième est une lettre d'Ahmed destinée à son amant de longue date, celui qui l'a modelé et en a fait un " bon petit parisien"

La dernière lettre n'est pas manuscrite, c'est une lettre imaginaire du meilleur ami d'Ahmed.

Récit en grande partie autobiographique.

Il retranscrit les difficultés des relations amoureuses, filiales ou autres.

L'écriture est sèche, directe. On croise la violence, la haine et le désespoir.

On n'a pas de temps à perdre pour découvrir ces 4 confidences basées sur la recherche d'un amour impossible .

L'auteur écrit vite et veut que la lecture se fasse à cette cadence .

Pari réussi .

Beaucoup aimé
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Celui qui est digne d'être aimé

Quatre lettres, de la plus récente à la plus ancienne.

En 2015, Ahmed écrit à sa mère décédée depuis cinq ans, lui parle de son homosexualité, de leurs ressemblances, de sa conscience de n’avoir été rien pour elle.

En 2010, Vincent écrit à Ahmed pour lui rappeler ces 24 heures passées ensemble il y trois ans, son coup de foudre immédiat, sa difficulté à se remettre de ce qu’il ressent comme un abandon. Et lui proposer de se revoir.

En 2005, Ahmed écrit une lettre de rupture à Emmanuel, le Français qui l’a pris son sous aile et a fait du pauvre gosse marocain un intellectuel parisien.

En 1990, Lahbib écrit une dernière lettre à Ahmed et lui demande de se venger.



C’est sans doute cette dernière lettre qui donne la clé de lecture de ce court roman épistolaire. « Se venger » : est-ce là le sens qu’Ahmed a donné à sa vie ? Se venger de sa mère qui a failli le tuer avant même sa naissance ? Se venger des hommes français, forcément sûrs de leur supériorité sur les Marocains, les utiliser avant qu’ils l’utilisent ? Les détruire parce que d’autres ont détruit ?



Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne compréhension de ce roman, mais c’est la seule que je trouve.

C’est la deuxième lettre, celle de Vincent, qui m’a vraiment touchée et qui m’a permis de rentrer dans la lecture, car la première était un peu absconse.

J’ai également compris le parallèle entre le paternalisme d’Emmanuel envers Ahmed et une forme de néo-colonialisme : Ahmed s’occidentalise, peut vivre son homosexualité au grand jour, mais en y perdant sa langue et sa culture.



Ce roman n’est pas inintéressant, loin de là, mais il ne m’a pas vraiment emportée avec lui.

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Celui qui est digne d'être aimé

J’abandonne la lecture ici. Je n’arrive pas à apprécier le style d’écriture. J’espérais trouver de jolies figures de style pour m’accrocher mais le ton direct du récit n’arrive pas à me retenir. Je crois que l’auteur parle de lui, de sa naissance indésirable par sa mère car elle pensait qu’il était une fille, la septième après les six autres. Il parle aussi de son homosexualité qui pourrait aussi avoir un lien avec sa naissance non souhaitable, c’est un avis pas une affirmation; je ne suis pas analyste. Homosexualité et naissance indésirable, deux thématiques à haut potentiel. On aurait pu mieux les exploiter dans un récit percutant. Dommage.
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Celui qui est digne d'être aimé

J'ai toujours été sensible à la plume d’Abdellah Taïa, même si tous ses romans ne m’ont pas touché avec la même intensité, ou pour les mêmes raisons. Il y a pourtant une constante solide à son œuvre, c'est cet enchevêtrement complexe de fiction et de récit personnel, qui fait que l’on ne sait jamais trop à quel moment l’on doit être empathique, touché par le destin d’un personnage potentiellement pur produit de l’imagination de l'auteur.



Celui qui est digne d’être aimé ne diffère pas, en ce sens, de ses précédents romans. Ahmed est un marocain de quarante ans, installé à Paris. le récit débute par une lettre à sa mère, sorte de figure tyrannique dans sa mémoire adolescente, décédée quelques années plus tôt, dans laquelle il exorcise ses démons et parle sans faux semblants de son homosexualité à cette mère qui avait effacé le père à peine était-il mort.



Ahmed, c'est aussi un cœur meurtri, un garçon tombé amoureux trop tôt d’un flamboyant français qui, d’une attitude paternaliste, aurait presque glissé à une posture colonialiste. C'est dans les lettres que ce roman s’écrit, et c'est une lettre de rupture qu'Ahmed écrit à Emmanuel, une lettre lucide sur le chemin parcouru, sur les bénéfices perçus, et sur l’émancipation du jeune homme de Salé, devenu aujourd’hui professeur en France.



Enfin, il y a cette lettre d'amour de Vincent, un amour fou et passionné, dévoré dans l’instant, aussi fugace que tragique, et celle de Lahbib, d’un amour d’évidence, fraternel, lui-même objet d’une attention concupiscente de la part d’un homme en âge d’être son père.



Derrière ce court récit épistolaire, c'est tout le talent d’Abdellah Taïa qui se dessine. C'est une longue et morne mélancolie comme on les aime, bercée d'amour, de déception et de souvenirs du Maroc, avec tout au fond, là-bas, l'espoir d’un avenir meilleur, d’un amour heureux, d’êtres en paix avec eux-même.
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Celui qui est digne d'être aimé

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Celui qui est digne d'être aimé

Ce court roman est en réalité la succession de quatre lettres d’inégales longueur, et présentées à rebours sur le plan chronologique. Elles sont à la fois des lettres reçues, et envoyées.

Bien sûr, on devine le caractère autobiographique de ce roman épistolaire. L’auteur, dit à la fois la difficulté d’être homosexuel, aujourd’hui dans les pays du Maghreb, celle de se soustraire à l’emprise maternelle, et de se construire sans se déconstruire …



La structure de ce roman rend à ce dernier les respirations nécessaires alors qu’à contrario l’écriture porte toute la révolte intérieure de son auteur, et sa détresse. Les phrases sont courtes et tranchantes. Abdellah Taïa utilise un vocabulaire cru. Son propos qui est rythmé laisse peu de répit à son lecteur ; un style qui perdrait sans aucun doute son intérêt sur la longueur, mais qui dans un format court va droit au but.



Je retrouve dans cet ouvrage le caractère un peu spécial qui m’avait interpellé lors de la lecture de "Le jour du Roi". Son œuvre reflète une personnalité malmenée, tiraillée entre ce qu’elle est et ce que sa famille a souhaité pour lui , une personnalité complexe qui semble toujours en bagarre contre lui et son environnement.


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Celui qui est digne d'être aimé

Mon ressenti : Saddhu



Abdellah Taïa n’en finit pas de ressasser son passé d’enfant pauvre dans un quartier populaire de Salé. De son homosexualité en marge dans un pays ou la religion est au cœur de la Société et la dirige, ou le seul espoir de d’améliorer sa vie est de s’exiler, en Europe !



Dans ce livre nous découvrons la vie d’Ahmed au travers de quatre lettres s’échelonnant dans le temps :





En substance comment se construire sans se déconstruire question ouverte ! L’homosexualité ne suffit pas pour faire de nous des égaux et ce quel que soit le pays d’où nous venons…




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Celui qui est digne d'être aimé

Sonnée.

Ce roman m’a sonnée.

Aussi court que puissant. Aussi puissant que violent.

« Un bon gros uppercut dans ta face ! », comme dirait un ami.

Et on sent dans chacune des lettres le besoin urgent, quasi vital de les avoir écrites.

Ca transpire, ça prend toute la place.

Du coup, on les lit presque avec cette même urgence, cet empressement affamé.

On découvre cette mère tyrannique et obscène. Cet amoureux blessé. Cet Emmanuel qui a fait de lui un gentil et docile petit parisien, l’étouffant, le colonisant.

On découvre aussi cet ami d’enfance, avec son lot de blessures et de cris silencieux.

A la fin du livre, on aimerait tellement le retenir, le prendre dans nos bras.

Prendre aussi dans nos bras Ahmed/Abdellah. Ahmed enfant, Ahmed adulte.

Lui dire que non, l’amour ce n’est pas cela.

L’amour, ce n’est pas souffrir et faire souffrir pour se venger.

Magistral !
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Celui qui est digne d'être aimé

Celui qui est digne d’être aimé est un roman épistolaire basé sur des lettres dont Ahmed, un marocain de 40 ans vivant à Paris depuis quelques années, en est soit l’auteur soit le destinataire. Ces lettres remplies de colère décrivent la nature de ses relations avec sa mère, ses anciens amants et amis et témoignent de la souffrance qu’il a emmagasiné au fil des années.



Ici on retrouve les ingrédients qui font les romans d’Abdellah Taïa, c’est-à-dire, la jalousie, l’amour, la femme qui assume sa sexualité et son pouvoir sexuel, on retrouve le jeune homme homosexuel parfois abusé à l’adolescence, les antagonismes riche/pauvre, homme/femme, dominant/dominé et bien sûr la religion.



C’est le troisième roman que je lis de cet auteur, j’avais lu auparavant Le jour du roi et Infidèles. Ce qui frappe de prime abord dans la lecture de ce roman c’est la colère immense d’Ahmed. C’est un sentiment qui anime régulièrement les personnages de l’auteur mais cette fois-ci Abdellah Taïa est passé à un degré supérieur en intensité.



D’autres thèmes ressortent de ce livre dont voici quelques-uns :

L’acculturation et la crise identitaire, l’homosexualité et la religion ou bien encore l'amour.


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Celui qui est digne d'être aimé

Un écrit qui ne peut laisser indifférent.

C'est un long cri de souffrances : enfant mal aimé, homosexuel exploité, trompé ; jeune arabe convaincu de renoncer à sa langue pour adopter celle du colonisateur, et souffrance suprême : reproduire la violence que lui a fait subir sa mère.

Malgré toute cette violence, on ne peut qu'être en empathie avec cet auteur qui est sûrement digne d'être aimé.

Petite réserve : le vocabulaire est souvent très cru, les formulations brutales : âmes sensibles s'abstenir.
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Celui qui est digne d'être aimé

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Celui qui est digne d'être aimé

4 appels, 4 cris, 4 monologues pour parler de haine, d'amour, d'émancipation et désespoir, tous en quête de liberté et de vérité. Ce n'est pas la première oeuvre de cet auteur, loin de là, il a l'habitude de puiser dans ses racines, dans l'histoire politique du Maroc et de la France, dans le néo-colonialisme. Il me semble que c'est son 6ème roman et je ne compte pas son film et ses autres écrits. .

Abdellah Taïa fait face et quelque part on peut lire cette œuvre comme un manuel de déconstruction des identités forgées à force d'assimilation. Il fait face aux rapports sociaux de sexes, de races et de classes. Il fait face au lecteur et assume: on peut haïr sa mère autant qu'on l'aime, on peut-être homosexuel et foncièrement méchant, on peut-être homosexuel couple avec un marocain et être foncièrement raciste. On peut être homosexuel et cruel. On peut être homosexuel et refuser toute forme d'assimilation. Peut-être le doit-on?
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Celui qui est digne d'être aimé

Abdellah Taïa n’en finit pas de ressasser son passé d’enfant pauvre dans un quartier populaire de Salé. De son homosexualité en marge dans un pays ou la religion est au cœur de la Société et la dirige, ou le seul espoir de d’améliorer sa vie est de s’exiler, en Europe !



Dans ce livre nous découvrons la vie d’Ahmed au travers de quatre lettres s’échelonnant dans le temps :



Une écrite à sa mère avec qui il règle les comptes douloureux du passé, Une seconde de Vincent, un homme qu’il a dragué au point de le rendre fou amoureux de lui et, qui l’a attendu en vain durant toute une journée dans un café de Belleville, une troisième, mais celle-ci de rupture, à Emmanuel l’homme qu’il a aimé ? et qui a changé son existence en le ramenant en France, une dernière que lui adresse son ami d’enfance, son presque frère Lahib, juste avant de se suicider.



J’ai beaucoup aimé ce livre, mais je n’y ai pas forcément vu les mêmes choses que l’auteur quand il reproche à sa mère, sa dureté, sa mise à l’écart du père et sa prise de pouvoir à sa mort.



Mais, n’est-ce pas une revanche sur une vie imposée par la société ou la religion est très présente, ou les lois sont faites par les hommes, pour les hommes ? Son seul pouvoir pour exister se situait dans la chambre à coucher conjugale, elle l’a utilisé dès que cela lui a été possible ! Quant à sa dureté, sans doute provenait-elle d’une vie qu’elle n’avait pas choisie : Un époux porté sur le sexe (c’est Ahmed qui le dit) qui lui fait neuf enfants, l’a fait vivre dans la pauvreté, dans un minuscule appartement d’un quartier populaire de Salé quel espoir avait-elle ? Comment ne pas être aigrie de tant d’injustices ?



Quant à lui, Ahmed, avant dernier fils non désiré d’une fratrie donc seul l’ainé est choyé, homosexuel de surcroit, conscient avec toute sa sensibilité propre qu’il lui faut s’en sortir pour ne pas « mourir » et qui pour cela, est prêt à tout ! Son innocence il y a longtemps qu’il l’a perdu et lorsqu’un qu’un européen lui demande son chemin sous un prétexte fallacieux, il comprend. Il comprend et saisi sa chance pour sortir de cette pauvreté tant matérielle qu'intellectuelle. Nulle tromperie d’un côté ou de l’autre. L’Européen voulait un jeune homme pour satisfaire ses appétits, le jeune homme voulait l’Européen pour exister, fuir cette misère sociale. Chacun, un temps, y a trouvé son compte.



Ahmed plus jeune a suivi les conseils d’un homme, plus mûr, pour évoluer dans la Société. Il s’est construit à son contact au point d’avoir à se renier. L’homme a fait ce qui fallait pour lui tant que leur histoire a durée, tant qu’Ahmed avait la jeunesse puis, l’un et l’autre se sont éloignés. Ahmed parce qu’il avait perdu son identité, l’homme parce qu’il avait déjà remplacé Ahmed en pensée par un autre marocain plus jeune.



Quant à la rencontre de Ahmed avec Vincent, et ce qui en a suivi, je l’ai pris pour une revanche, la vengeance d’un humilié, envers un innocent qui avait pour seul tort d’être européen. Symbole d’un pays colonisateur avec sa force économique et intellectuelle envers un pays qui a été colonisé et qui peine à panser ses plaies, et revanche de celui-ci qui a la jeunesse et la sensualité qui manque à l’autre.



La relation d’Ahmed avec Lahib et sans doute la plus sincère, il est son ami, son frère, à qui il dit tout, avec qui il peut tout partager sans honte, celui qui lui raconte sa vie avec Gérard. Le pourquoi il ne pouvait revenir en arrière, le poids trop fort des traditions, cette pauvreté (et non misère) qui colle à la peau et le fait surtout d’avoir été pris et jeté comme on le ferait d’un objet trop usé et abusé.



En substance comment se construire sans se déconstruire question ouverte ! L’homosexualité ne suffit pas pour faire de nous des égaux et ce quel que soit le pays d’où nous venons…



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Celui qui est digne d'être aimé

Quatre lettres de ruptures.

Pourquoi j'ai peu aimé :

- l'écriture d'abord, surtout : tant de mots répétés (façon fleur bleue ?), cette répétition n'apportant à mes oreilles aucune musicalité supplémentaire ;

- une certaine recherche d'innocence à mes yeux fallacieuse : dans cette relation Européen-Marocain, chacun y trouve son compte, chacun est libre d'y mettre ce qu'il souhaite, chacun est manipulateur de l'autre et hypocrite ; l'auteur n'a sûrement pas oublié la dialectique du maître et de l'esclave : chacun est tour à tour et en même temps dominant et dominé. Ce que l'auteur semble reconnaître dans la première lettre ; mais c'est l'inverse qui paraît dans l'ultime, sur laquelle s'achève le roman et que gardera en tête le lecteur.

Non, le responsable n'est pas l'Autre.



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Celui qui est digne d'être aimé

Voici un petit volume que j'ai mis moins de temps à lire qu'à chroniquer. C'est pour vous dire à quel point mon avis est partagé.

Ahmed règle ses comptes affectifs par écrit, à sa mère morte d'abord, puis à Emmanuel, sa passion ravageuse. Entre lettres envoyées et reçues, entre passé marocain pauvre et présent parisien cultivé, on parle de colonialisme amoureux, de désamour maternel, d'homosexualité, de langue et d'identité.

Mon bémol en quelques mots : le style l'emporte sur l'histoire. Le soin apporté à la langue dépasse de loin celui apporté à la trame. Si j'ai vraiment apprécié ces belles lignes de l'intime, l'unité du tout m'a manqué. Un liant ou un fil rouge, quelque chose de plus adhérant pour souder ces petits bouts de vie joliment décrits. C'est donc pour moi un livre inabouti et éclaté. De la poésie pas finie...
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