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Citations de Aimee Molloy (62)


Je ne serais pas, me suis-je promis, comme toutes ces mères.
Qui n'arrête pas de lire des livres. Je ne serai pas du genre à m'inquiéter de la présence de phtalates dans mon shampoing ou de pesticides dans ma crème. Ou encore de bisphénol A dans le Tupperware du chinois où j'achète à emporter. Jamais, je ne parlerai hyper fort à mon gamin en faisant la queue à l'épicerie dans l'espoir que tout le monde entende et se rende compte à quel point je suis compréhensive, combien nous sommes proches ; comme si élever un gosse était une putain de performance théâtrale.
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- Bon. Ne le prends pas mal, mais puisque tu insistes...le problème, c'est que les hommes sont chiants.
Il avait ri.
- Mais encore ?
- C'est une norme culturelle, tout simplement. Nous élevons nos fils dans la croyance qu'ils doivent réprimer leurs émotions. ça rend peut-être les garçons plus faciles à gérer que les filles, mais ça ne donne certainement pas des hommes intéressants. Pas sur le long terme, en tout cas. Six mois maximum, c'est mon seuil de tolérance.
( p 212)
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La caissière m'a dit qu'elle avait seulement quatre semaines de congé maternité après l'accouchement.
Et sans salaire, évidemment.
(...)
- J'ai une copine qui vit à Copenhague, intervient Gemma. Elle a dix- huit mois de congé maternité après la naissance de son fils. Payés.
- Au Canada, renchérit Colette, ils doivent garder le poste d'une femme pendant un an. En fait, les Etats-Unis sont le seul pays avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée à ne pas avoir de congé maternité rémunéré. Les Etats-Unis. Le pays des valeurs familiales.
(...)
- Ecoutez-ça, s'exclame Yuko, lisant à voix haute l'écran de son téléphone. Finlande : dix-sept semaines de congé maternel rémunéré. Australie : dix- huit semaines. Japon : quatorze semaines. Amérique : zéro semaine.
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C'est ça le problème avec ceux des campagnes. Ils fourrent leur nez partout.
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Pas étonnant que j'ai commencé à les détester. Franchement, qui peut endurer un tel niveau de certitude ? Encaisser sans broncher des opinions aussi tranchées ?
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- Qu'est-ce qui vous a pris d'épouser un homme que vous connaissiez depuis [si peu de temps] ?
- (...) Je me suis mariée avec lui parce qu’il est intelligent et drôle et que, contrairement à la majorité des hommes, il est capable d’éprouver des émotions complexes.
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Je n'ai jamais aimé ce terme. Maman. C'est tellement chargé, tellement politique. Nous n'étions pas des mamans. Nous étions des mères. Des personnes.
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Historiquement, les femmes ont toujours dépendu d'un cercle de femmes pour les aider à accoucher. Evidemment, elles ne s'inscrivaient pas pour entrer dans ce cercle. Il se constituait naturellement. C'étaient leurs mères, leurs tantes, leurs soeurs. C'est encore comme ça que les choses se déroulaient dans les pays émergents.
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- Ouais, je sais comment c'est.
Elle sourit. Non, il n'en a aucune idée. Il a quarante- quatre ans et il est célibataire, même s'il sort paraît-il avec l'une des assistantes de Wedded Life, le magazine du groupe spécialisé sur le mariage. Il ne sait pas du tout ce que cela fait de laisser un bébé, encore nourrisson, à la crèche neuf heures par jour.
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Les mères de mai, mon groupe de mamans. Je n’ai jamais aimé ce terme. Maman. C’est tellement chargé, tellement politique. Nous n’étions pas des mamans. Nous étions des mères. Des personnes. Des femmes ayant, par hasard, ovulé à la même période et ayant en conséquence accouché à le même mois.
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Percevoir les ratés dans ma logique, mon incapacité à comprendre les choses les plus simples.
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- Il y a autre chose dont je voulais vous parler.
- Ah oui ?
- Une fille du bureau m'a accusée de harcèlement sexuel.
Sam [le psy] doit se retenir pour ne pas éclater de rire. Révélation classique de poignée de porte. Un patient passe la séance à parler d'un sujet quelconque au possible, comme les avantages et inconvénients du café filtre par rapport au café instantané, et alors que le rendez-vous touche à sa fin, BIM ! il lâche une bombe et puis s'en va. Il a besoin de le dire à haute voix dans le cabinet, mais il ne veut pas entendre la réponse du thérapeute.
(p. 51)
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- Entrez et installez-vous où vous voulez, l'invite Sam.
Il dit toujours ça. Permettre aux patients de s'asseoir où ils le souhaitent fait partie intégrante de son travail. J'ai lu pas mal de choses sur les techniques de thérapie pendant mon temps libre, et les gens du métier disent que c'est une composante du diagnostic. Nancy prend place au bout du canapé, à l'endroit le plus éloigné du fauteuil de Sam. C'est la place que la majorité des patients choisissent.
(p. 58-59)
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Sam me demandera ce que j'ai fait de ma journée, feignant de s'intéresser aux détails, me forçant à mentir (...) car la vérité me mettrait trop mal à l'aise (une heure de shopping sur Amazon et trois heures passées à laisser des commentaires !). (...) Je suis vingt-neuvième parmi tous les commentateurs Amazon.
(p. 26)
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Nell déteste ces stupides écrans qui ont récemment été installés à l’arrière de tous les taxis. Comment est-ce possible s’interroge-t-elle, que les gens aient tellement peur aujourd’hui de rester seuls face à eux-mêmes au point de ne plus supporter ne serait-ce qu’un simple trajet en taxi dans New York sans s’assommer l’esprit avec du « divertissement » inepte ?
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Le traumatisme peut avoir de nombreux visages.
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D'un coup, je percute. Cette voix. Je la connais. C'est la même que celle de cours sur You Tube, "Misery et la vie de femme"; que j'ai bien dû visionner vingt fois au moins. J'ai la tête qui tourne. La française n'est pas du tout française.
La Française est la femme de Sam;
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J’en suis au quatorzième jour de mon nouveau régime et tout ce que j’ai perdu, ce sont deux semaines de bonheur.
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Fête des Mères
14 mai

Joshua.

Je me réveille, fébrile. La pluie tambourine sur le velux au-dessus de ma tête. Telle une araignée, mes doigts glissent sur le drap à côté de moi : je suis seule, c’est vrai. Je ferme les yeux et parviens à me rendormir. Mais je me réveille à nouveau, submergée par une douleur intense et soudaine. Depuis son départ, je me lève avec la nausée tous les matins ; cette fois c’est différent. Je le comprends tout de suite.

Quelque chose ne va pas.

Me lever pour marcher fait trop mal. Je m’extrais donc du lit en rampant et me traîne par terre ; le sol est sale et poussièreux. Je trouve mon téléphone dans le salon mais je ne sais pas qui appeler. Il n’y a qu’à lui que j’ai envie de parler. J’ai besoin de lui raconter ce qui se passe et de l’entendre me répondre que ça va aller. J’ai besoin de lui dire à quel point je l’aime encore.

Mais il ne décrochera pas. Ou pire, il décrochera, et s’énervera. Il me dira qu’il ne supportera pas ça plus longtemps, me préviendra que si jamais je l’appelle encore, il…

La douleur me paralyse le dos à tel point que je ne peux plus respirer. J’attends que ça passe ; j’attends le moment de répit promis, mais il tarde à venir. Ce n’est pas comme dans les livres, rien à voir avec ce que le médecin m’a expliqué. Ils ont dit que ce serait progressif. Que je saurai quoi faire. Que je pourrai chronométrer les choses. M’asseoir sur le ballon de yoga que j’ai acheté dans un vide-grenier. Rester à la maison aussi longtemps que possible pour éviter les appareils, les médocs, tout ce qu’ils font à l’hôpital pour faire naître un bébé avant que le corps ne soit prêt.

Je ne suis pas prête. J’ai deux semaines d’avance sur le terme, et je ne suis pas prête.

Je me concentre sur le téléphone. Je ne compose pas son numéro mais celui de la doula – une femme avec des piercings prénommée Albany. Je ne l’ai vue que deux fois.

J’ai un accouchement en cours et je ne peux pas vous répondre. Si vous êtes…

Je me traîne avec mon ordinateur portable jusqu’à la salle de bain et m’assieds sur le carrelage froid, un gant de toilette humide sur la nuque. Je pose ma mince machine sur mon ventre. Mon fils est là, en dessous. Je consulte mes emails et décide d’écrire aux Mères de mai.

Je me demande si c’est normal. Mes mains tremblent pendant que je tape. J’ai mal au cœur. La douleur est terrible. Ça va trop vite.

Elles ne répondront pas. Elles sont sorties ce soir : elles mangent un truc épicé pour déclencher leur propre travail, volent quelques gorgées de bière à leurs maris. Elles savourent une dernière soirée en tête à tête. Chose que l’on ne connaîtra plus jamais, comme nous l’ont dit les mères expérimentées. Elles ne verront mon message que demain matin.

Ma boîte de réception m’alerte aussitôt de l’arrivée d’un nouveau message. Cette chère Francie. Ça commence ! écrit-elle. Chronomètre les contractions et demande à ton mari d’appuyer sur tes lombaires.

Comment ça va ? s’enquiert Nell. Vingt minutes se sont écoulées. Tu as toujours mal ?

Je me suis mise sur le côté. J’ai du mal à taper sur le clavier. Oui.

La pièce s’obscurcit, et quand la lumière revient – dix minutes plus tard, une heure plus tard, je n’en ai aucune idée – une douleur sourde irradie mon front. J’ai une bosse. Je me traîne derechef jusqu’au salon. J’entends un râle, une plainte animale, puis je m’aperçois que c’est moi qui fais ce bruit. Joshua.

Je me hisse sur le canapé et cale mon dos contre les coussins. Je tâte mon entre-jambes. Du sang.

J’enfile un imperméable par-dessus ma chemise de nuit. Et je ne sais comment, je descends l’escalier.

Pourquoi est-ce que je n’ai pas préparé mon sac ? Les Mères de mai ont pourtant toutes insisté sur ce qu’il fallait mettre dans ce sac, et le mien se trouve encore dans le placard de ma chambre, vide. Pas de musiques relaxantes sur mon iPod, pas d’eau de coco, pas d’huile essentielle de menthe contre la nausée. Pas même une copie de mon projet de naissance. Je me tiens le ventre sous la lumière diffuse d’un lampadaire jusqu’à ce que le taxi arrive et je m’engouffre sur la banquette arrière humide en m’efforçant de ne pas remarquer le regard effaré du chauffeur.

J’ai oublié la tenue que j’ai achetée pour le bébé.

À l’hôpital, quelqu’un m’envoie au sixième étage, où l’on me dit d’attendre. On va évaluer mon État. « S’il vous plaît. » Je finis par implorer la femme de l’accueil. « J’ai très froid et je me sens mal. Pourriez-vous appeler mon médecin ? »

Mais mon médecin n’est pas de garde ce soir-là. C’est une autre femme du service, je ne la connais pas. Je m’assieds, tétanisée par la peur. Un liquide à l’odeur terreuse coule sur la chaise en plastique vert, et je pense à la boue du jardin que ma mère et moi passions au peigne fin en quête de vers de terre quand j’avais six ans.

Je sors dans le couloir, déterminée à bouger, à rester debout, me remémorant son visage lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. Il était en colère, répétait sans cesse que je l’avais piégé. Exigeait que je me débarrasse du bébé. Ça va tout foutre en l’air, a-t-il crié. Mon mariage. Ma réputation. Tu ne peux pas me faire ça.

Tu n’as pas le droit.

Je ne lui ai pas dit que j’avais déjà vu la lueur verte et tremblotante au niveau du cœur, que j’avais entendu les pulsations, telle une corde à sauter tournant à toute vitesse, dans les haut-parleurs fixés au plafond. Je ne lui ai pas dit que je n’avais jamais rien désiré autant que ce bébé.

D’une poigne ferme, quelqu’un me soulève du sol. Grace. C’est écrit sur son badge. Grace m’enlace la taille et me guide jusque dans une chambre, où elle me demande de m’allonger sur le lit. Je résiste. Je ne veux pas m’allonger. Je veux savoir si mon bébé va bien. Je veux avoir moins mal.

— Je veux la péridurale.

— Je regrette, répond Grace. C’est trop tard.

J’observe ses mains. Sa peau est rêche. Trop de savon, trop d’eau traitée à l’hôpital.

— Non, s’il vous plaît. Trop tard ?

— Pour la péridurale.

Je crois entendre des pas dans le couloir qui se précipitent vers ma chambre.
Il m’appelle, non ?

J’abandonne et m’allonge. C’est lui. C’est Joshua. Il m’appelle à travers les ténèbres. Le médecin est là. Elle me parle, et ils enroulent quelque chose autour de mon bras, enfoncent lentement une aiguille sous ma peau, dans le pli de mon coude, telle la lame d’un patin sur la glace. Ils me demandent qui m’accompagne, où se trouve mon mari. La pièce vacille autour de moi, et je sens l’odeur. Le liquide que je perds. Terre et boue. Mes os se disloquent. Je me consume. Ça ne va pas, c’est sûr.

Je sens la pression. Je sens la chaleur. Je sens mon corps, mon bébé, se morceler.

Je ferme les yeux.

Je pousse.
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Tout le postulat des réseaux sociaux ne se résume-t-il pas à savoir ce qui se passe dans la vie des gens ?
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