Citations de Alain Bron (46)
La pensée totalitaire, ajouta-t-il, fabrique des crétins capables de nier l’évidence, de mentir pour être dans la ligne, d’agresser les autres pour se prétendre supérieurs. Je crois que si on laisse faire les intolérants au nom de la tolérance, les tolérants seront balayés, et avec eux la société de tolérance.
Il entendit soudain des cris étouffés. Une langue étrangère. Europe centrale, ou quelque chose. D'abord une femme, puis un homme. Et un silence. Lourd, menaçant.
Aussi longtemps que mon chef fera semblant de bien me payer, je ferai semblant de bien travailler.
L'idéologie du chiffre avant tout avait tracé son chemin silencieusement de mois en mois, sans aucune réaction visible.
Les gens parlaient peu dans la rame. Beaucoup finissaient leurs rêves.
Le profit à court terme rend le patronat encore plus aveugle que moi. Aucune raison économique ne peut justifier les délocalisations et les licenciements.
Comme cette goutte de pluie d'ouest qui venait de frapper doucement une vitre. La goutte se fraya un chemin d'homme ivre sur le verre, hésita à rejoindre une autre goutte plus petite, l'avala toute crue, puis s'unit à une grosse goutte pour le meilleur ou pour le pire. Elle fit alors ménage à trois, à quatre, à cinq avec d'autres congénères et coula en minuscule ruisseau sur la margelle de la fenêtre. Pour lui, c'était ça, la vérité. Une goutte qui finissait par arriver, mais pas forcément où l'on s'y attendait.
Il n'était pas rare, en effet, de voir des coupables oublier la réalité, puis la recouvrir d'une histoire crédible dans le seul but de vivre sans remords. Parfois même, le choc de la violence infligée à une autre personne inhibait tout souvenir, c'était prouvé. Les crimes non résolus se nourrissent souvent de ce phénomène somme toute banal
Jacques blêmit. « Tonnerre ! Pourquoi pas moi ? Pourquoi la police ne m’a-t-elle jamais interrogé ? Ni ce jour là, ni après, je n’ai été convoqué pour témoigner. Etrange, vraiment étrange. J’aurais pu… Non, réflexion faite, je n’aurais pas pu apporter d’éléments, à part dire que j’étais amoureux de Brigitte, qui n’aurait pas été très utile à la justice. »
Élie avait toutefois le sentiment d’avoir menti par omission. Il ne leur avait pas dit qu’il avait renseigné Tassin sur le lieu de travail de Simone. Pour une bonne raison : personne ne lui avait demandé. Plus généralement, personne ne s’était enquis de ce que lui, Élie, avait bien pu dire. Comme s’il était muet, ou pire, comme s’il était dépourvu de pensées. Et à la question : « Que t’a dit Tassin avant de partir ? », il aurait pu répondre ce que Jacky lui avait lancé avant qu’il ne s’endorme : « Tu vois l’Ardéchois, le but de la prison, c’est pas de faire payer une faute, c’est d’achever les types comme nous. Nous, on est cabossés par la vie d’avant. On est des naufragés. Et la prison, c’est pas pour moi ». Oui, il aurait pu le dire. Mais il ne l’avait pas fait. Pourtant, le peu qu’il connaissait de la prison donnait bougrement raison à Jacky. Mais ça, les gardiens ne pouvaient pas l’admettre. Est-ce qu’un viticulteur avoue que son vin est aigre ? Jamais. Bon.
A l’époque, vous savez, on n’était pas embêtés par les avocats et tout le tremblement. On travaillait à la caresse. Les baffes, les coups de bottin dans la poitrine et les doigts tordus, ça y allait. Bon il a fini par cracher le morceau et le juge l’a inculpé. On a cru que l’affaire était pliée.
Thierry la regarda avec un air de flibustier qui découvre une femme à bord.
Celui qui n'est pas le chef subit le temps du chef, de préférence en silence.
Élie n'aurait jamais dû s'emporter. Jamais il n'aurait dû hurler à son voisin : «Un jour, j'aurai ta peau !». Et devant témoins, par-dessus le marché ! Il aurait mieux fait d'obéir à sa culture parpaillote et laisser à Dieu seul le soin du châtiment. Ces quelques mots ne lui avaient valu rien de moins qu'une garde à vue, suivie d'une mise en examen et une incarcération à la maison d'arrêt de Privas. Pas fort pour un Ardéchois silencieux, travailleur et tenace. Un Ardéchois, quoi.
Les romans suivent l'état d'esprit de leur créateur, et souvent avec zèle. Mais, attention, ils ont le chic pour se détourner, se cabrer, se faufiler à la moindre occasion. A l'auteur de les reprendre au lasso et de les guider vers leur fin. A moins du contraire
- oui les gens sont beaux, même les moches. on dirait que la splendeur des tableaux déteint sur eux pour un instant de vie
tu ne trouves pas que les gens sont beaux dans les musées? lui confia-t-elle avec un enchantement dans le regard?
Yann et ambre médusés de voir tant de savoir assoupi sur une chaise partirent à la découverte de cette fameuse donation.
je crois que si l'on est fidèle à son intuition on a davantage de chances d'être réceptif, d'apprécier ce que l'on voit, d'être touché.
une légende en surbrillance donnait le titre du tableau: "trois musiciens" et son auteur Picasso. une de ces peintures du cubisme synthétique des années 20 où le peintre avait rassemblé sur la toile des formes colorées en aplat sans perspective conventionnelle.