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EAN : 9782377590551
255 pages
In Octavo (02/11/2023)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Pierre, 92 ans, vit en EHPAD. Toujours alerte, respectable et respecté, il poursuit un but secret : venger sa mère morte de faim à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise sous l’occupation allemande.
Dans le même temps, l’équipe du commissaire Berthier se voit confier une enquête sur un meurtre étrange. Aucune trace, une arme datant de la Deuxième Guerre mondiale...
Existerait-il un lien entre ces deux drames ?
Une fois encore, Alain Bron ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le fils, sexagénaire, d'un ancien préfet est assassiné dans l'Oise : un coup de baïonnette lui a transpercé le crâne. La gendarmerie ne trouve aucune trace de l'agresseur auprès du cadavre. L'équipe du commissaire Berthier, de la PJ parisienne, est alors sollicitée pour aider les pandores.
Monsieur Pierre, un nonagénaire encore bon pied bon oeil, vit entouré de sa petite cour, Igor, un soignant, Denise, Georges et Roger, trois autres pensionnaires, à l'EHPAD Les Pinsons. Un petit cercle qu'il semble manipuler sans vergogne...bron 2

J'ai eu la chance de côtoyer Alain Bron au cours de ma vie professionnelle, et nous partageons un même amour pour la littérature. Alors quand Alain me propose de lire son prochain roman quelques semaines avant sa sortie en librairie, je ne peux pas résister... Et ne le regrette pas.
J'y ai retrouvé son sens de l'intrigue, qu'on peut qualifier de tout, sauf de simplicité. Je sais qu'Alain peaufine en détail le scénario de ses romans, et cela se sent.
J'y ai retrouvé son sens de l'humour, un peu caustique, teinté de dérision.
J'y ai retrouvé son ancrage dans le réel, ou dans l'histoire. Alain a le soucis des réalités qui entourent ses écrits. Et dans "Faim de parcours", il y a un cri de colère par rapport à ce que furent les hôpitaux psychiatriques en France au cours de la dernière guerre mondiale.
J'y ai aussi trouvé, et c'est nouveau, un brin de nostalgie. Bon, Alain, même si tu as quelques années de plus que moi, nous avons encore de belles années devant nous avant de devenir des "M. Pierre".
L'écriture est toute en retenue, en rondeur. Ne cherchez pas dans ce roman le rythme trépidant d'un thriller. Vous seriez déçus ! N'y cherchez pas non plus les exercices intellectuels d'un Hercule Poirot ou d'un Sherlock Holmes. On est plus près du pragmatisme d'un Maigret ou d'une Miss Marple.

Meilleurs voeux de réussite pour ce roman, Alain.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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le temps passe, la justice demeure (Hora fugit, stat jus)

Qu'est-ce qu'un bon livre ? La question est vaste, « hénaurme » comme disait Flaubert, et les pistes de réponses nombreuses. On en suggérera quelques-unes… Des personnages, une conduite du récit, des lieux et des milieux traversés, un ton ou encore une atmosphère, et enfin une question que le roman soulève et dont on n'avait pas idée avant d'ouvrir le livre... Tous ces éléments sont présents dans le récit puissant et enjoué d'Alain Bron « Faim de parcours ».
On y rencontre des personnages bien marqués. Pierre, tout d'abord, une personne d'un âge certain, « un flambant vieux » et dont on découvre petit à petit les projets criminels. Un homme animé non par la vengeance ou le ressentiment comme on pourrait le croire, mais habité par l'esprit de justice, la justice ayant été oubliée dans cette affaire. Malgré le temps qui passe, la justice avec lui va demeurer. Ensuite, Gérôme Berthier, la figure du flic, quelqu'un d'obstiné, de tenace mais comme tout bon policier animé par le doute. Et toute une « comédie humaine » vient graviter autour de ces deux-là ; les amis de Pierre, évidemment d'un certain âge, pris dans l'univers de l'EHPAD, cet endroit marqué par une « odeur singulière » propre aux maisons de retraite, « mélange d'urine âcre, de produits pharmaceutiques et d'eau de Cologne ». Et les acolytes de Berthier, Paule la secrétaire dévouée, Malavaux le lieutenant futé, Cédric le stagiaire perspicace … Ce sont toutes des figures saillantes de l'humanité. Et l'on sent le regard riche de sensibilité de l'auteur sur ses personnages qui fait penser à Simenon.
Entrer dans le livre d'Alain Bron, c'est également découvrir un fil narratif original. On suit alternativement nos deux personnages dont on accompagne le parcours. Une sorte de jeu de pistes où chacun s'épie et se méfie, se défie et se piège. On devine les projets criminels de l'un, les avancées de l'autre. Cette narration à deux perspectives rend le récit alerte, rythmé et tendu dans le bon sens du terme. Une belle atmosphère dense et intense.
Le lieu, c'est la discrète région du Valois. Loin de l'onirisme nervalien, c'est un pays « avec des champs à perte de vue » dont les vastes ciels sont parfois plombés couleur ardoise ou d'une lumière cristalline, d'un « bleu délavé ». Et côté policier, c'est le mythique 36 quai des Orfèvres qui vit ses derniers moments avant l'installation aux Batignolles. Et les hommes semblent en résonance avec ces lieux. Dans le Valois, du sérieux, de la gravité mais aussi une bonne dose d'humour qui prend les choses à distance, autrement dit un « certain fatalisme » et en même temps de la « fierté » ; du côté du Quai des Orfèvres, un sens aigu de la rationalité faite de méthode opiniâtre et de cohérence avec une petite nuance de supériorité sur les Provinciaux.

Au-delà du récit et de l'anecdote policière, c'est le problème des hôpitaux psychiatriques qui est ici soulevé, et notamment lors d'une période douloureuse de l'histoire, celle de Vichy et de l'occupation. On apprend assez rapidement que la mère de Pierre était internée dans l'un de ces hospices et qu'elle a disparu, faute de soins dus aux difficultés d'approvisionnement et surtout à l'irresponsabilité des soignants. Comme beaucoup d'autres personnes dans les institutions de cette époque, la mère de Pierre est morte … de faim. Ce récit pointe du doigt le laisser-aller mais aussi le cynisme de ceux qui encadraient les malades ; nous nous voyons replongés dans une époque où l'on semblait avoir perdu la raison. Non seulement la folie frappe les malades mais elle gangrène cette période entière. Sans remonter jusqu'au philosophe Michel Foucault qui a révélé le caractère excluant de l'hôpital psychiatrique, la mise à l'écart des malades et leur rejet depuis le XVII°, on découvre ici dans le récit d'Alain Bron la lâcheté tragique, la bassesse et le mépris d'une période trouble à l'encontre de ceux qu'on a catalogués comme des « déséquilibrés ».
On ne regrettera qu'une seule chose dans ce récit, ce sera la seule remarque critique ; c'est qu'une des armes utilisées par le criminel soit un livre, et en plus de Victor Hugo. Une antique grenade de la période de la guerre se voit cachée à l'intérieur d'un roman de l'écrivain national, une fois l'ouvrage évidé. Comment un livre, objet culturel, bien d'apaisement, peut-il être instrument de mort ? Et comment Victor Hugo peut-il être ainsi détourné ? Trêve de plaisanterie potache … on comprendra que le livre d'Alain Bron, loin d'être un simple polar, par toutes ces qualités d'écriture, a le pouvoir d'émouvoir, de sensibiliser et de séduire. On le conseillera à quiconque possède l'esprit de curiosité, souhaite rencontrer dans ses lectures une véritable voix et aime découvrir un récit fort et marquant.
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Qui dit roman policier dit indices.
Même pas besoin d'ouvrir le livre d'Alain Bron pour découvrir le premier, celui que délivre la très belle couverture arrangée par l'artiste Jacques Blanpain à partir d'une photo du réfectoire de l'asile psychiatrique de Clermont-de-l'Oise (circa 1935).
C'est dans l'annexe de cet hospice que Séraphine de Senlis mourut misérablement en 1942, comme de nombreux autres patients internés sous l'Occupation, là et ailleurs en France. La photo est sombrement évocatrice du dénuement macabre dans lequel "on" les avait laissés.
Le titre-jeu-de-mots dévoile la clé principale (mais pas la seule) de l'intrigue : la vengeance !

Qui dit roman policier dit enquêteurs, victimes et suspects, mais celui-ci n'a rien d'un whodun'it à la Agatha Christie !
Parce qu'on sait très tôt qui l'a fait et pourquoi ! Mais pas comment...

Pierre Fontaine, 92 ans, est un ancien de la CII, résident d'un ehpad dans l'Oise ; ayant encore toute sa tête, il profite autant qu'il peut de son temps de “solitude agréable” pour peaufiner son “grand projet”.
C'est aussi dans l'Oise, à Trumilly, qu'un meurtre horrible vient d'être découvert : un retraité égorgé dans son jardin à l'aide d'une baïonnette de la seconde guerre mondiale.
Au 36 quai des Orfèvres (on est en 2017, quelques semaines avant le transfert de la PJ dans le 17è), l'équipe du Commissaire Gérôme Berthier est chargée de l'affaire de Trumilly.

Au début, les scènes très courtes alternent façon essuie-glace ; on passe rapidement de la Résidence des Pinsons (l'ehpad de Pierre) aux bureaux de l'équipe du commissaire Berthier, et retour.

On fait ainsi vite connaissance avec la petite cour de fidèles cacochymes qui se rassemblent autour de Pierre : la douce Denise et ses ressassements infantiles, Roger le bricoleur mythomane collectionneur de ressorts, Georges l'informateur de couloir fomenteur de petites rébellions. On partage leurs petites manies et leurs soi-disant activités récréatives : le loto, le scrabble, la télévision.

On pourrait croire que les forces et les moyens sont déséquilibrés entre les deux “équipes”, celle du commissaire et celle de Pierre Fontaine, mais pas du tout ! Nous — lecteurs qui avons quelques longueurs (quelques pages) d'avance — ricanons quand les lieutenants de Berthier partent sur de fausses pistes et s'enlisent malgré leurs méthodes bien rodées mais pas infaillibles. On sourit quand “ils brûlent” par hasard grâce à l'intuition d'un jeune stagiaire un peu trop fougueux et gaffeur.

Le commissaire Berthier est un as de la gestion du temps, de la conduite de réunion... Un peu moins doué pour ce qui est de sa vie privée : cinquantenaire, divorcé, workaholic.
Un peu malgré lui, sa rencontre inopinée avec la belle Carole va lui redonner un peu de légèreté et de sensibilité.
De même que sa coopération avec l'enthousiaste Cédric, étudiant en droit, stagiaire coaché par Paule, la documentaliste du groupe.

Alain Bron ne manque jamais d'envoyer des piques bien senties, gentiment moqueuses, ciblant nos petits (et gros) travers sociétaux !

Jusqu'ici j'ai pas mal insisté sur l'humour pince-sans-rire d'Alain Bron, mais il n'occulte jamais la colère et la rage qu'on trouve aussi dans Faim de parcours.
Sans dévoiler l'intrigue plus que ne le fait la quatrième de couverture, il y a au coeur du roman une évocation précise et documentée de la période dramatique de l'Occupation allemande dans la région picarde ; en particulier la situation dans les hôpitaux abritant ceux que l'on disait fous et inutiles, qu'on a laissés mourir de faim et de manque de soins, dans des conditions cauchemardesques, sous prétexte que les restrictions tout autour empiraient et ne laissaient rien pour eux. Les responsables n'ont jamais été poursuivis, même pas pour non-assistance à personnes en danger. Agents de l'Administration française, préfet de région, cadres hospitaliers, tous ont été épargnés, leurs supérieurs également, jamais inquiétés dans aucun scandale sanitaire. On a tiré le tapis sur leur insensibilité, leur bêtise, leur violence froide.
Sans justifier franchement les actions vengeresses de son personnage, l'auteur fait clairement pencher la balance de la culpabilité du côté des édiles passées, aujourd'hui inatteignables si ce n'est par la fiction.

J'ai pas tout dit, mais c'est exprès !
Je vous souhaite tout le plaisir que j'ai eu à la lecture de ce roman multi-genres (noir, polar, historique, territorial), et le plaisir de retrouver l'imagination, la verve, l'humour et l'empathie d'Alain Bron. Vivement le prochain.

Lien : https://tillybayardrichard.t..
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La couverture et le résumé m'ont tout de suite interpelée lorsque j'ai fait mon choix lors de la dernière Mass Critique. Aucun regret ! Je remercie les éditions In Octavo pour cette belle découverte.

Dès les premières pages, nous suivons en parallèle deux histoires : celle de Pierre, résident de 92 ans en EHPAD, et celle de l'équipe du commissaire Berthier. Bien que sa vie semble paisible, Pierre nourrit en secret le désir de venger sa mère, décédée de faim dans un hôpital psychiatrique sous l'occupation allemande à Clermont-de-l'Oise. Pendant ce temps, le commissaire Berthier se retrouve face à un crime perpétré avec une arme datant de la Seconde Guerre mondiale. Ces deux histoires semblent converger, laissant entrevoir un lien entre elles.

Le lecteur jongle entre les époques et les perspectives. En alternant entre le point de vue de Pierre et celui de la police, le roman maintient un rythme haletant, permettant d'assembler peu à peu les pièces du puzzle. le lecteur est concentré sur le déroulement de l'enquête. Pourtant, dès le début, on connaît l'identité du coupable. Malgré cela, on est addict, on cherche surtout à découvrir le modus operandi du criminel.
Le point fort de l'enquête réside dans la précision et la minutie de la recherche d'informations pour aboutir au suspect. Cédric, étudiant en droit, explore les archives avec une abnégation presque obsessionnelle, cela donne au récit une profondeur et une authenticité intéressantes avec une narration riche en détails.

Au-delà de l'intrigue, ce sont les personnages qui illuminent le récit. Pierre et ses compagnons d'EHPAD sont des figures attachantes, on suit avec tendresse leur quotidien entre scrabble et loto. Ils sont dessinés avec finesse, suscitant une gamme d'émotions chez le lecteur, allant de la tendresse à la colère en passant par la nostalgie. Leur amitié et leur solidarité apportent une touche de chaleur humaine à l'histoire.
L'équipe policière n'est pas en reste, très professionnelle, efficace et tenace.

L'immersion dans les années 40 est particulièrement crédible, avec un focus sur les hôpitaux psychiatriques et les horreurs commises à cette époque. le roman explore également les défis actuels auxquels sont confrontés les EHPAD, offrant ainsi une réflexion sur les enjeux sociaux et humains.

Un roman qui offre une lecture complète, suspense, émotion et réflexion.
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Faim de parcours.

Lorsque j'ai lu le résumé présenté lors de la dernière masse critique, j'ai su que ce livre me correspondrai : le résident d'un EHPAD, la "vie" dans un hôpital psychiatrique, la Seconde Guerre mondiale, une enquête... Chacun de ces thèmes aurait pu, à lui seul, attirer mon attention.

Un livre donc, qui avait tout pour me plaire. Alors j'ai eu peur, au début, d'en être déçue. D'avoir finalement développé trop d'attentes. J'ai commencé à pinailler, à m'attacher à des détails comme les poids et mesures (pourquoi "livres", pourquoi "pouces" ?). Finalement, c'est d'avoir cherché la réponse à ces questions toutes bêtes, qui m'a permis de me réconcilier avec ce livre très rapidement. En fait, ces termes qui m'avaient dérangés (très certainement parce que la lecture d'un livre sur la genèse du mètre était encore trop présente dans mon esprit), étaient parfaitement légitimes. Mieux, ils ont été pour moi le signe inattaquable que l'auteur était d'une précision exemplaire, ce qui est une qualité que j'apprécie.

Une fois mes premières réserves levées (ce qui fut très rapide), j'ai vraiment apprécié me laisser porter par les personnages. Pierre, 92 ans, dans son EHPAD mais dont la vivacité et la perspicacité force l'admiration. C'est un personnage très attachant. Gérôme Berthier, le commissaire qui enquête sur ce meurtre étrange, a lui aussi une présence agréable. II ne se laisse pas emporter par ses préjugés, laisse le maximum de portes ouvertes tant qu'il n'y a pas de réelles raisons de les fermer. C'est une attitude qui est assez admirable pour un représentant des forces de l'ordre, qui est le premier échelon de la justice. Justice... un mot qui trouve des sens différents dans la bouche de Pierre et de Berthier.

Si je craignais un peu que le fait de connaître l'identité du coupable rende le roman moins prenant, j'ai vite reconnu mon erreur. de chapitre et chapitre, passant si souvent de Pierre à Berthier, des motivations à l'enquête et ses recherches, on a toujours envie de connaître la suite. D'en savoir plus.

J'ai beaucoup apprécié ce livre que j'ai tant attendu puis un peu redouté. Son écriture est fluide et permet de se plonger dans l'histoire avec délice. Pas question de rythme effréné, ni pour autant de langueur. le lire m'a donné envie d'en apprendre plus sur le sort des pensionnaires des hôpitaux psychiatriques pendant cette sombre période. Il me semble que c'est une belle réussite pour un livre quand il donne au lecteur l'envie d'en découvrir plus sans pour autant le laisser sur sa faim.

Alors un grand merci aux éditions In Octavo. Je garderai un beau souvenir de cette lecture qui m'a ouvert les yeux sur une triste réalité.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Chaque lundi matin, le point d'enquêtes chez Berthier avait tout de la conférence de rédaction. Les lieutenants et commandants apportaient leur rapport d'avancement. Chacun se tenait debout, Berthier au centre. Seule Paule était assise devant une table et prenait frénétiquement des notes sur son inséparable cahier à spirale. Les interventions de chacun se voulaient brèves, austères, elles servaient essentiellement à recouper les informations avec les collègues. Chaque enquêteur détenait sa liberté de manœuvre dans le cadre de la procédure judiciaire, c'est la raison pour laquelle Berthier ne jugeait pas utile d'organiser des réunions-fleuves qui n'intéressaient personne. Seule importait la question des ressources à mettre en œuvre. Le commissaire devait arbitrer quand les mêmes ressources étaient demandées dans le même temps pour des affaires différentes. Par ressources, il fallait entendre les fonctionnaires de police, le matériel de télécommunication et les véhicules banalisés. Quant à recourir aux Brigades d'intervention, aux engins spéciaux, au déminage la démarche passait par le divisionnaire. En revanche, tous les détails d'investigation se traitaient en tête-à-tête avec Berthier à tout moment de la journée, et souvent tard le soir.
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En examinant chaque résident dans la salle, il se demandait parfois quelle allure avait revêtue la personne avant le naufrage de la vieillesse. Chez certains, la courbe des sourcils, un éclat dans l'œil ou des pommettes conquérantes laissaient deviner leur jeunesse passée. Chez d'autres, tout droit sortis d'un tableau de Jérôme Bosch, la débâcle avait déjà tout ravagé. Certain soir le prenait une profonde déprime qu'il jugulait en se disant : "De toute façon, la vieillesse ne dépend que du regard des autres". D'ailleurs, les termes de "quatrième âge" ou de "cinquième âge" (à quand le sixième) le faisaient hurler. Lui ne se sentait pas vieux, mais "hors d'âge", tel un bon armagnac qu'on doit savoir lentement savourer.
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Paule, fonctionnaire de police depuis trente ans, avait perfectionné sa méthode de travail, au point qu'elle regrettait presque de partir en retraite dans les mois à venir sans faire profiter quiconque de ses connaissances. Berthier n'avouait-il pas que, sans elle et sa légendaire humilité, la maison s'écroulerait ? Le compagnonnage dans la fonction publique n'étant pas à l'ordre du jour, les nouveaux apprenaient par leurs erreurs successives jusqu'à ce qu'ils soient mutés dans un autre poste. Drame des grandes organisations où la compétence se raréfiait d'année en année.
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Comme cette goutte de pluie d'ouest qui venait de frapper doucement une vitre. La goutte se fraya un chemin d'homme ivre sur le verre, hésita à rejoindre une autre goutte plus petite, l'avala toute crue, puis s'unit à une grosse goutte pour le meilleur ou pour le pire. Elle fit alors ménage à trois, à quatre, à cinq avec d'autres congénères et coula en minuscule ruisseau sur la margelle de la fenêtre. Pour lui, c'était ça, la vérité. Une goutte qui finissait par arriver, mais pas forcément où l'on s'y attendait.
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