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Le théâtre. Texte, dramaturgie, histoire de Alain Couprie
Conformément au précepte aristotélicien, le héros doit être "médiocre", c'est-à-dire ni franchement vertueux, ni totalement monstrueux. "Il faut, commente Racine, que ce soit un homme qui soit entre les deux, [...] qui ne soit pas extrêmement juste et vertueux ; mais il faut que ce soit un homme qui par sa faute devienne malheureux, et tombe d'une grande félicité et d'un rang très considérable dans une grande misère." Son Néron, dans Britannicus, est ainsi un "monstre naissant", qui bascule de la justice et de la bonté dans la perversité. Seul le théâtre de Corneille, riche en héros exemplaires qui, après une série d'épreuves, parviennent à la gloire, offre des exceptions notables à cette règle par ailleurs unanimement admise. Grâce à cette "médiocrité", la tragédie suscite, chez le spectateur, la pitié et la crainte, but que ce sont toujours officiellement assigné les dramaturges. Par la médiation artistique, l'horreur peut se muer en plaisir et opérer une catharsis qui "purge" l'âme des passions. Première partie, chapitre 4 - Structure d’une pièce classique + Lire la suite |