Alain Deneault en conférence-dédicace à la SCOP Librairie Les Volcans ! Il répond aux questions de ses lecteurs pour son ouvrage Médiocratie.
Si nous sommes honnêtes, on est tous un jour ou l'autre moyens en quelque chose – on ne peut pas toujours être au maximum de nos capacités ! Le problème, c'est que l'on nous contraigne à l'être en toute chose.
La principale compétence d'un médiocre ? Reconnaître un autre médiocre.
On s'éloigne de l'appréciation des choses en s'obligeant à passer par la monnaie pour en mesurer la valeur. La culture de l'argent fait écran. La culture capitalistique au sein de laquelle la valeur se mesure par le patrimoine financier et les objets de luxe, chez les riches, et, chez les consommateurs moyens et les pauvres, par les aubaines et le rapport qualité-prix, a entraîné le développement de pathologies spécifiques. Elle a rendu les uns structurellement avares et cyniques, les autres blasés et cupides.
Jusqu'alors, la gestion gouvernementale avait toujours été entendue comme une pratique au service d'une politique publiquement débattue. Mais puisque cette politique s'est laissée renverser par cette pratique au point de s'effacer à son profit, il convient de dire de la gouvernance qu'elle prétend à un art de la gestion pour elle-même.
La finance devient maîtresse du jeu tout en n’étant rattachée à aucun État.
On voit encore les riches comme ceux qui créent une richesse dont on attraperait une menue part à notre compte, plutôt que de les considérer comme ceux qui la ponctionnent à notre détriment.
La médiocratie est l'ordre en fonction duquel les métiers cèdent la place à des fonctions, les pratiques à des techniques, la compétence à de l'exécution.
Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l'affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l'aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune bonne idée, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé (...) : les médiocres ont pris le pouvoir
Convenons enfin que le régime dans lequel nous évoluons maintenant ne menace plus la démocratie, mais a mis ses menaces à exécution. Nommons-là ploutocratie, oligarchie, tyrannie parlementaire, totalitarisme financier... Que ce soit chanter, se consacrer à la philatélie, frapper dans un ballon, lire Balzac ou fabriquer des moteurs, l'oligarchie s'assure que la moindre opération socialisée s'insère dans une gestion des inscriptions et des codes qui favorisent au sommet la concentration du pouvoir. Toute activité humaine s'organise de façon à ce qu'augmente le capital de ceux qui surplombent l'agrégat d'opérations. Cela nous rend pauvres, à tous égards.
Il continue d’y avoir un droit, mais les contraintes qu’il impose s’appliquent aux majorités n’ayant pas accès aux paradis hors la loi.