On l'appelait Anastasie. La censure est la fille aînée du pouvoir ainsi que la compagne de l'information, son double, ou son ombre. Et on l'imagine volontiers ricanante et brandissant de grands ciseaux. Tout ce que l'on supprime est-il de l'ordre de la censure?Ce que l'on tait est-il de l'auto-censure?
Et si les mots imposés étaient de la censure? La censure ne serait donc pas simple retranchement fait à la libre expression et à la pensée, elle serait reconfiguration de celle-ci.De nos jours la communication est partout, ses possibilités instantanées semblent illimitées. Mais corollairement la parole ainsi libérée doit entrer dans des chartes de bonne conduite et de soumission. Spinoza exprima son indignation face à undouble assassinat pour raison politique en écrivant sur un mur "ultimi barbarorum". Notre société judiciarisée le poursuivrait pour calomnie, ou bien le censurerait sur un réseau social. Comme quoi les échanges humains semblent nécessairement entraîner une forme de désordre, d'entropie.
"Mais même si elle se reproduit et si l’ordre s’accroît ainsi dans une partie de l’univers, le bilan global est celui que le second principe rendait prévisible : La vie ne peut créer de l’ordre à partir du désordre ambiant qu’au prix d’un accroissement du désordre ambiant global. La vie pollue. Elle est un luxe dans l’univers.
La couleur de la terre vue l'espace et la grisaille des autres planètes nous renvoient à la différence fondamentale entre la matière inanimée et la vie. La couleur de la terre est le signe de l'ordre supérieur dont la vie est capable. La grisaille qui l'entoure nous rappelle la règle générale dans l'univers, l'entropie, à laquelle la vie semble s'opposer, mais qu'elle accroît en réalité."(Encyclopédie de l'Agora)
L'ordre,la grisaille, l'uniformité, contre ce luxe insensé de la vie au prix du désordre.
Vive la biodiversité.
"Anastasie, l'ennui m'anesthésie" (François Béranger)