Eulalie ne communique avec elle- même que pour s’autosucer , se féliciter quand elle s’embrouille fort avec quelqu’un qui d’après elle le mérite , se trouver des excuses quand elle a déconné.
Quand on lui dit non elle ne demande pas pourquoi , elle encaisse dans la rage et en déduit que tout vise à la détruire; qu’on parle du suicide de sa mère ou d’une cigarette refusée, même tarif , sa vie est un enfer.
Elle est un peu à côté de la plaque »
Le genre de mec qui doit batailler dur pour pouvoir baiser. En qualité d'ex-moche, elle n'a aucune pitié pour le laisser-aller.
Coup d’œil à son portable ; elle allume une cigarette ; elle est en retard. Léonie se dit qu'elle pourrait enseigner à la gamine deux-trois trucs pour ne pas tomber amoureuse. Après avoir testé elle ne recommande pas. Pour elle, c'est trop tard, mais les générations à venir devraient être prudentes. Les enfants, aimez-vous vous-même, ça devrait vous occuper pendant un moment. Il est près de sept heures. A contrecœur, Léonie écrase sa cigarette pour aller sauver le monde.
Ce qui donne envie, est-ce le regard, des cheveux clairs, un grain de beauté bien placé ? Elle voudrait se souvenir des épiphanies, connaître l'intimité, même par procuration. Inspirer.
Le premier shoot de cruauté avait été addictif. La complicité qui naît du crime et le désespoir bien visible; deux ingrédients pour créer un souvenir de qualité.
Le danger lui était plus doux que le confort, la mollesse la gavait jusqu’à la nausée; tout était meilleur à prendre que ce qu’elle possédait.
Eulalie, sept ans, brandit une paire de ciseaux plus longs que sa main. Les doigts bruns se perdent dans des poignées trop grandes, outil trop lourd. Les lames claquent près de sa joue. La baby-sitter, en proie à une violente gueule de bois, regarde ailleurs.