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Citations de Albert Lozeau (70)


Intimité

En attendant le jour où vous viendrez à moi,
Les regards pleins d’amour, de pudeur et de foi,
Je rêve à tous les mots futurs de votre bouche,
Qui sembleront un air de musique qui touche
Et dont je goûterai le charme à vos genoux…
Et ce rêve m’est cher comme un baiser de vous!
Votre beauté saura m’être indulgente et bonne,
Et vos lèvres auront le goût des fruits d’automne!
Par les longs soirs d’hiver, sous la lampe qui luit,
Douce, vous resterez près de moi, sans ennui,
Tandis que feuilletant les pages d’un vieux livre,
Dans les poètes morts je m’écouterai vivre;
Ou que, songeant depuis des heures, revenu
D’un voyage lointain en pays inconnu,
Heureux, j’apercevrai, sereine et chaste ivresse,
À mon côté veillant, la fidèle tendresse!
Et notre amour sera comme un beau jour de mai,
Calme, plein de soleil, joyeux et parfumé!

Et nous vivrons ainsi , dans une paix profonde,
Isolés du vain bruit dont s’étourdit le monde,
Seuls comme deux amants qui n’ont besoin entre eux
Que de se regarder, pour s’aimer, dans les yeux!
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L’attente

Mon cœur est maintenant ouvert comme une porte.
Il vous attend, ma Bien-Aimée : y viendrez-vous?
Que vous veniez aujourd’hui ou demain, peu m’importe!
Le jour, lointain ou proche, en sera-t-il moins doux?

Ce n’est point un vain mal que celui de l’attente;
Il conserve nouveau le plus ancien désir.
L’inattendu bonheur dont la venue enchante
Passe; à peine en a-t-on su goûter le plaisir.

Et l’on s’en va criant l’inanité des choses,
Pour ne s’être jamais aux choses préparé;
Insensé, qui repousse un frais bouquet de roses,
Accusant le parfum qu’il n’a pas respiré.

Une heure seulement de pure jouissance,
Pourvu que Dieu m’accorde un quart de siècle entier
De rêve intérieur et de jeune espérance,
Pour méditer sur elle et pour l’étudier,

Pour ordonner l’instant suprême qui décide,
Pour que rien ne se perde et que tout soit joui
Jusqu’à la moindre miette, et que le temps rapide
S’envole, n’emportant que de l’évanoui!

Une heure suffira. J’aurai vécu ma vie
Aussi pleine qu’un fleuve au large de son cours,
L’ayant d’une heure, mieux que de jours fous, emplie;
D’une heure, essence et fruit substantiel des jours!

Mon cœur est maintenant ouvert comme une porte.
Il vous attend, ma Bien-Aimée : y viendrez-vous?
Que vous veniez demain ou plus tard, il n’importe!
Mon attente d’amour fera de telle sorte

Que mon lointain bonheur en deviendra plus doux.
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Je l’aime

Je l’aime, comme on aime un beau vers de poète,
Qui chante clair comme un pinson,
Et que l’âme ravie avec ferveur répète, –
Pour la douceur de sa chanson.

Je l’aime, comme on aime une fleur fine et frêle
Qui paraît exquise à chacun,
Et qui charme encor plus lorsqu’on s’approche d’elle, –
Pour la douceur de son parfum.

Je l’aime, comme on aime une fleur, un vers tendre,
Comme une étoile au ciel d’été,
Comme tout ce qu’on aime aussi sans le comprendre, –
Pour la douceur de sa beauté!
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Les mots d’amour

Les mots d’amour ne meurent pas,
Ils vivent au fond des mémoires
Comme les anciennes histoires
Qu’enfants, on nous contait, tout bas.

Ils sont les souvenirs des heures
Dont les regrets sont les moments;
Parfois, ils en sont les tourments
Et blessent les âmes meilleures.

Car plus d’une, au jour des aveux,
Prenant pour témoin l’hirondelle,
Jura qu’elle serait fidèle
Et ne ferait qu’une de deux.

Elles ont trahi! Pauvres âmes,
Leur amour, c’était l’amitié…
Mais les mots d’amour. sans pitié,
Les brûlent ainsi que des flammes!

Car – tristesse! – ils ne meurent pas,
Ils vivent au fond des mémoires
Comme les anciennes histoires
Qu’enfants, on nous contait, tout bas.
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Douleur

Ce soir je me sens malheureux
C’est qu’il a menti le beau songe!
Je m’exaltais en plein mensonge
Ah! comme j’en sors douloureux!

Je croyais, et c’était ma gloire!
J’espérais, c’était mon bonheur!
Et maintenant, j’ai dans le cœur
Le mal affreux de ne plus croire!

Je pleure, et ma main tremble un peu…
Demain, je serai triste encore.
Je verrai sans plaisir l’aurore
Et sans plaisir l’infini bleu…

Quand on souffre par une femme,
Sans espoir d’être consolé,
On ne voit, d’un œil désolé.
Que le ciel sombre de son âme…
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La chanson des mots

Il est des mots qui sont des joies
Et d’autres qui sont des douleurs.
D’autres ont la douceur des soies,
D’autres ont l’arôme des fleurs.

Tous ont monté de l’âme aux lèvres,
Un soir triste, un matin joyeux;
Tous ont brûlé du feu des fièvres,
Ils ont lui tous au fond des yeux.

Tous ont fait vibrer d’autres êtres
De leur propre et sacré frisson;
Tous auront la gloire des maîtres,
S’ils ont fait naître une chanson,

Une chanson douce et câline,
Légère à la brise des soirs,
Une chanson grave et divine
Où sonnent d’immortels espoirs…

Il est des mots qui sont des joies
Et d’autres qui sont des douleurs,
D’autres ont la douleur des soires,
D’autres ont l’arôme des fleurs.
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Rêve de neige


Votre âme s’attriste en voyant l’automne
Pleuvoir du ciel gris en averse lente ;
Le front à la vitre au bruit monotone,
Vos paupières ont joint leurs cils tremblants.

Vous rêvez déjà, presque somnolente
Au rythme endormeur de l’eau qui chantonne,
Des premiers flocons de neige si blancs,
Afin que du blanc sur du noir détonne.

Qu’ils rêvent du clair dans l’ombre qu’il pleut,
Vos chers yeux pensifs au fin regard bleu ;
Ne les rouvrez pas : la chimère est brève !

Car il vous faudrait, en voyant glisser
La pluie à la vitre et le ciel baisser,
Reculer, hélas ! d’un peu votre rêve.

p.117
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L’aube


C’est l’aube. Les oiseaux l’annoncent sur la branche.
La première clarté du jour, vaguement blanche,
D’un horizon s’étend, lente, à l’autre horizon.
À la ville, tout dort encor dans la maison.
Un filet rose, qu’un grand pan de ciel écrase,
S’élargit doucement, puis de pourpre s’embrase.
Au milieu d’une mare immense d’or sanglant
L’astre parait royal et monte rutilant.
Le jour est né. Des bruits circulent dans la rue.
Une hirondelle au ciel profond est apparue,
Pendant que tout s’éveille et que vibre, lointain,
Le premier angelus en l’air frais du matin.

p.65
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Croquis d’hiver


Pour la course au lointain, jeunes femmes coquettes,
Attachez à vos pieds les légères raquettes.
Les champs sont blancs à l’infini ; de toutes parts
Il neige. C’est le temps propice aux beaux départs.
Sous vos habits de laine épaisse, souple et chaude,
Ne sentant pas l’hiver, vous irez en maraude,
Passant les vergers nus et passant les maisons
Où la neige a planté de pâles horizons.
Et vous croirez pouvoir atteindre jusqu’au pôle !
Il neigera toujours du blanc sur vos épaules,
Et vos lèvres seront rouges comme un œillet !
Vous rirez de tomber, d’un beau rire complet !
Chacune sera gaie aussi de toute chose,
Et chacune sera rose comme une rose !
Sur le tapis fourré de molle hermine, au soir,
Lasses, vous reviendrez au foyer vous asseoir.
Belles d’avoir bu l’air ardent des étendues,
Ayant marché sur tant de blancheurs épandues
Dont vos yeux resteront pour longtemps éblouis,
Quelque nuit, vous aurez des songes inouïs
D’arbres blancs, de maisons blanches, de paysages
Exquisement givrés, beaux comme des visages !

p.123
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Silence


L’heure coulait comme un ruisseau, vive et divine,
Sous les arbres feuillus où tous deux nous rêvions ;
Et comme font les vrais amants, nous écoutions
Tout ce qui dans nos yeux attendris se devine.

Les mots ne rendent pas tout ce qu’on imagine.
Depuis que l’homme souffre en proie aux passions,
Ils trahissent, les mots ; et nous, qui le savions,
Nous gardions le silence où l’amour grave incline...

Si nous pouvions ainsi, jusqu’au bout du chemin,
Nous dire nos secrets d’un geste de la main,
Nos peines d’un regard, nos bonheurs d’un sourire...

Et nous passer des mots, infidèles, petits,
Qu’on désavoue, à peine aussitôt qu’ils sont dits, –
Comme ceux-là qu’ici, pour vous, je viens d’écrire !

p.42
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Il pleut


Jour gris d’automne. Il pleut des strophes ;
Poètes, tendez vos corbeilles :
Vos cœurs meurtris aux catastrophes,
Et saignant des gouttes vermeilles !

Tendez vos cœurs : il pleut des vers
Entre-choquant leurs rimes d’or !
Oh ! tendez-les tout grands ouverts !
Qu’il pleuve donc ! Qu’il pleuve encor !

Il pleut des cadences nouvelles
Berceuses d’espérances folles,
Des cadences aux doux bruits d’ailes,
Qui parlent comme des paroles !

Poètes, frères malheureux,
Le ciel aujourd’hui prend pitié
De tous vos chagrins douloureux,
Et vous prouve son amitié.

Poètes qui faites la chasse
À l’idée, aux phrases parfaites
Où le mot précieux s’enchâsse
Comme un rubis dans l’or ; poètes,

Tendez vos cœurs : il pleut des vers
Entre-choquant leurs rimes d’or !
Oh ! tendez-les tout grands ouverts !
Qu’il pleuve donc ! Qu’il pleuve encor !

p.110-111
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Au lecteur

Toute ma clarté vient d’un bleu rayon d’espoir,
Et toute ma chanson, teinte d’un peu de soir,
Bien aisément tiendrait dans une demi-gamme.
L’immensité des cœurs humains aux grandes voix !
Moi, je ne suis qu’un tout petit oiseau des bois,
Et j’ai Musset pour maître et pour Muse la femme.

Je prends ma part des pleurs et du rire des cieux,
Et, des matins bruyants aux soirs silencieux,
Je vis ce que le jour m’abandonne de rêve ;
Comme le papillon qui va de fleur en fleur,
Je vais, amant du rythme, épris de la couleur,
De la chimère blonde à l’illusion brève.

Parfois, de ce voyage, on revient le cœur las ;
Mais ayant tant frôlé de roses, de lilas,
On en garde toujours un parfum qui demeure ;
Car le rêve après lui nous laisse un souvenir
Que ne peuvent jamais entièrement ternir
Les longs ennuis du jour et les regrets de l’heure...

p.21
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Pensée d’amour


Je pense à ton âme aussi pure qu’elle,
Quand je vois la neige au soleil briller, –
Candeur où la grâce ardente étincelle...
Et j’aime à prier.

Je pense à l’étoile aussi claire qu’elles,
Quand, de leur regard trop longtemps privé,
J’évoque, le soir, tes chères prunelles...
Et j’aime à rêver.

Je pense à la rose aussi douce qu’elle,
Quand un tendre mot, d’amour velouté,
Passe sur ta lèvre et la fait plus belle...
Et j’aime à chanter !

p.41
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Le beau jour


Oh ! le ciel bleu ! le clair ciel bleu !
Éclatant là-haut comme un feu
Qui flamberait frais et tout bleu,
Si bleu, si bleu !

Oh ! le vent doux ! le bon vent doux !
Qui passe en caresse sur nous,
Comme un frôlement de doigts doux,
Si doux, si doux !

Oh ! le jour léger, calme et beau !
Qui plane comme un grand oiseau,
Et qui disparaîtra plus beau,
Si beau, si beau !

p.151
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Ma vitre


Le soleil sur la neige éclate, sans la fondre,
Mais la vitre où le gel a ciselé des fleurs,
Perd son relief nacré sous l’effet des chaleurs ;
Tiges et fleurs bientôt ne peuvent correspondre.

Tout s’imprécise et se dissout pour se confondre,
Car le givre n’a plus ses neigeuses pâleurs ;
Comme une feuille d’eau mince il s’écoule en pleurs,
Ou, glissant par fragments translucides, s’effondre.

Tout au bas de la vitre, une bordure luit ;
Une goutte descend, une goutte la suit ;
L’humide ourlet, gonflé d’eau successive, crève...

Dans l’âme humaine, ainsi toujours se résoudra
En eau vaine la joie éphémère du rêve,
Que l’éternel espoir demain refleurira !

p.118
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Les lucioles


Dans l’affolement de leurs courses,
De petites mouches de flamme
Semblent jaillir des noires sources
En resplendissants rayons d’âme ;

C’est que, dans les reflets d’étoiles,
Traçant sur l’eau des auréoles,
Comme des filaments de voiles
En feu, passent les lucioles.

Elles disparaissent dans l’ombre
Avec les morts et les fantômes ;
Puis, soudain, surgissent du sombre
Comme de lumineux atomes...

Et longtemps, sans lasser leurs ailes,
Éprises de courses frivoles,
Le long des heures solennelles
Passent les blondes lucioles.

p.73
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Les mots d’amour

Les mots d’amour ne meurent pas,
Ils vivent au fond des mémoires
Comme les anciennes histoires
Qu’enfants, on nous contait, tout bas.

Ils sont les souvenirs des heures
Dont les regrets sont les moments;
Parfois, ils en sont les tourments
Et blessent les âmes meilleures.

Car plus d’une, au jour des aveux,
Prenant pour témoin l’hirondelle,
Jura qu’elle serait fidèle
Et ne ferait qu’une de deux.

Elles ont trahi! Pauvres âmes,
Leur amour, c’était l’amitié…
Mais les mots d’amour, sans pitié,
Les brûlent ainsi que les flammes!

Car — tristesse! — ils ne meurent pas,
Ils vivent au fond des mémoires
Comme les anciennes histoires
Qu’enfants, on nous contait, tout bas.
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Albert Lozeau, quelques jours avant sa mort si inattendue, avait choisi et classé les poèmes qu’il voulait inscrire dans l’édition définitive de son œuvre poétique; il les avait fait précéder d’une préface de M. l’abbé Charbonnier et d’une note personnelle qui rend aujourd’hui un accent pathétique; il avait même réglé les détails matériels de l’édition. Les amis qui ont l’honneur d’assurer la publication de cette œuvre n’avaient donc plus qu’à exécuter le plus fidèlement qu’il leur était possible les volontés de l’auteur. Ils l’ont fait avec un pieux scrupule
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AMOUR SYLVESTRE

Comme si vous aviez pris racine en mon cœur,
Je vous dirai toujours: Beaux arbres, je vous aime!
Érables, vous surtout, dont la feuille est l'emblème
Du pays où je vis ma joie et ma douleur.

Qu’un tendre amour rend l’âme encline à la douceur!
Depuis que j’ai passé sous votre ombre, un poème
Chante adorablement au-dedans de moi-même,
Comme si vous chérir faisait l’homme meilleur!

Honneur à vos rameaux, gloire à vos vertes cimes
Qui composent, le soir, sur de fluides rimes,
L’hymne le plus léger, le plus fin, le plus grand!

Lorsque je vous écoute aux clartés de la lune,
Dans le grave silence, un désir fou me prend
D’étreindre vos troncs vieux couverts d’écorce brune!
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FRANCE ÉTERNELLE

Ton nom a retenti, France, dans tous les temps,
Comme un écho de force, et d'honneur et de gloire!
Ton épée aujourd'hui déchire la nuit noire;
Tes hommes dans la mort se dressent éclatants!

Quelles pages encor tes soldats haletants
Aux fracas des obus écrivent pour l'Histoire!
France, qui jadis peuplas notre mémoire
Des faits prodigieux d'illustres combattants!

Des anciens aux nouveaux la chaîne se renoue;
Chacun de tes enfants au pays se dévoue;
S'il tombe, il meurt ainsi que Turenne ou Bayard!

Au passé, par le sang, le présent se rattache,
Et le même héros, sous un autre étendard,
Lutte d'un cœur égal, sans reproche et sans tache!
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