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Citations de Albert Lozeau (70)


Tombé des cieux

J’avais la passion des étoiles, m’a confessé mon ami.
Que de soirs j’ai passés à regarder le ciel en une heureuse et muette contemplation. Ce qui faisait mon plaisir sans mélange, c’est qu’il n’y entrait aucune préoccupation scientifique, pas le moindre calcul savant. Je n’ai jamais cherché à savoir si les étoiles sont fidèles aux rendez-vous que leur assignent les almanachs aux cartes célestes, selon le cours des mois, et je n’ai pas voulu connaître leurs noms ; elles auraient alors revêtu un caractère trop humain. Leur beauté me suffisait, elle m’inondait l’âme d’une petite pluie lumineuse, fraîche et lente.
Certaines nuits, c’était un fourmillement de menues étincelles, et par endroits, une large traînée de lumière neigeuse. D’autres fois, quelques étoiles oubliées, çà et là, attiraient le regard par leur splendeur solitaire. De temps en temps, une se détachait et s’éteignait en fuyant.
Je contemplais cela la paix dans le cœur, inconscient des heures qui s’écoulaient, avec personne qui me rappelât qu’en s’écoulant le temps se perd.
Depuis qu’un labeur mercantile remplit mes jours, même aux instants de loisir, je ne lève plus les yeux au ciel, sinon pour constater les conditions atmosphériques. J’ai perdu la faculté de me recueillir sur autre chose qu’une phrase anglaise, – quand je traduis, – et je ne peux plus rassembler en une seule les petites impressions qui m’effleurent le cerveau, car ma sensibilité s’est comme désagrégée. Mon ancienne émotion devant le spectacle stellaire est morte : je ne ressens plus en profondeur. J’ai usé quelque chose de mon être, quelques fibres délicates et subtiles qui ne frémiront jamais…
Ainsi parlait mon ami.
Et j’ai compris pourquoi Platon conseillait de chasser les poètes de la république modèle : probablement que, d’un regard prophétique, voyant les pays de chez nous vautrés dans la matière, il voulait leur éviter la honte d’avoir tué l’idéal, par souci de l’honneur universel.
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BONHEUR RÊVÉ

J’aurai pour vous aimer des tendresses nouvelles,
Des sourires plus doux des lèvres et des yeux
Que vous enfermerez dans votre cœur joyeux,
Comme de blancs oiseaux qu’on prive de leurs ailes.

Et vous aurez pour moi des grâces maternelles,
Des baisers délicats, des mots délicieux,
Des consolations apprises dans les cieux,
Avant votre venue en nos plaines mortelles.

Nous irons l’un et l’autre en l’azur infini
D’un rêve intérieur que n’aura pas terni
La réalité sombre au malheur condamnée.

Vous me direz: Mon frère, et je dirai: Ma sœur,
En savourant l’oubli du mal et la douceur
D'être l’âme qui va par la vôtre menée.
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Albert Lozeau, quelques jours avant sa mort si inattendue, avait choisi et classé les poèmes qu’il voulait inscrire dans l’édition définitive de son œuvre poétique; il les avait fait précéder d’une préface de M. l’abbé Charbonnier et d’une note personnelle qui rend aujourd’hui un accent pathétique; il avait même réglé les détails matériels de l’édition. Les amis qui ont l’honneur d’assurer la publication de cette œuvre n’avaient donc plus qu’à exécuter le plus fidèlement qu’il leur était possible les volontés de l’auteur. Ils l’ont fait avec un pieux scrupule
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NUANCES

Les nuances du vert aux branches balancées
Sont comme une fraîcheur exquise pour les yeux.
On voit les arbres fuir jusqu’au lointain des cieux,
Ayant chacun sa teinte aux feuilles déplissées.

Tout le long des maisons les cimes vont, pressées.
L’une est couleur de l’herbe au ton délicieux,
L'autre, plus sombre, est comme un velours précieux,
L'autre est pareille à l’eau des vagues apaisées.

Une immense émeraude a, cette nuit, coulé
Sur les arbres émus par l’azur étoilé,
Comme une lente pluie inégalement verte.

Et maintenant, heureux de leur neuve beauté,
Les arbres, dont la grâce au soleil est offerte,
Au moindre vent rôdeur commencent à chanter.
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AMOUR SYLVESTRE

Comme si vous aviez pris racine en mon cœur,
Je vous dirai toujours: Beaux arbres, je vous aime!
Érables, vous surtout, dont la feuille est l'emblème
Du pays où je vis ma joie et ma douleur.

Qu’un tendre amour rend l’âme encline à la douceur!
Depuis que j’ai passé sous votre ombre, un poème
Chante adorablement au-dedans de moi-même,
Comme si vous chérir faisait l’homme meilleur!

Honneur à vos rameaux, gloire à vos vertes cimes
Qui composent, le soir, sur de fluides rimes,
L’hymne le plus léger, le plus fin, le plus grand!

Lorsque je vous écoute aux clartés de la lune,
Dans le grave silence, un désir fou me prend
D’étreindre vos troncs vieux couverts d’écorce brune!
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Silence

L'heure coulait comme un ruisseau, vive et divine,
Sous les arbres feuillus où tous deux nous rêvions ;
Et comme font les vrais amants, nous écoutions
Tout ce qui dans nos yeux attendris se devine.

Les mots ne rendent pas tout ce qu'on imagine.
Depuis que l'homme souffre en proie aux passions.
Ils trahissent, les mots ; et nous, qui le savions.
Nous gardions le silence où l'amour grave incline...

Si nous pouvions ainsi, jusqu'au bout du chemin.
Nous dire nos secrets d'un pressement de main.
Nos peines d'un regard, nos bonheurs d'un sourire...

Et nous passer des mots, infidèles, petits.
Qu'on désavoue, à peine aussitôt qu'ils sont dits, —
Comme ceux-là qu'ici, pour vous, je viens décrire !
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LA TEMPÊTE

La terre est rouge et le ciel noir; le canon gronde.
Une rumeur de fer couvre la voix du vent
Et, comme en un linceul, roule l'être vivant;
La tempête rugit sur l'Océan du monde!

Le cœur frissonne, plein d'une crainte profonde;
Et les bras, dans la nuit sinistre se levant,
Cherchent à s'accrocher au tumulte mouvant,
Comme un nageur perdu crispe ses doigts dans l'onde!

Aux lueurs des éclairs crevant les horizons,
Des cris montent: "Voyez, Seigneur, nous périssons;
Si vous ne venez pas aussitôt à notre aide!"

—Peuple peureux! douter quand je suis avec toi!
Hommes de droit vouloir que la frayeur possède,
Pour vaincre sans trembler que n'avez-vous la foi!..
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FRANCE ÉTERNELLE

Ton nom a retenti, France, dans tous les temps,
Comme un écho de force, et d'honneur et de gloire!
Ton épée aujourd'hui déchire la nuit noire;
Tes hommes dans la mort se dressent éclatants!

Quelles pages encor tes soldats haletants
Aux fracas des obus écrivent pour l'Histoire!
France, qui jadis peuplas notre mémoire
Des faits prodigieux d'illustres combattants!

Des anciens aux nouveaux la chaîne se renoue;
Chacun de tes enfants au pays se dévoue;
S'il tombe, il meurt ainsi que Turenne ou Bayard!

Au passé, par le sang, le présent se rattache,
Et le même héros, sous un autre étendard,
Lutte d'un cœur égal, sans reproche et sans tache!
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LAURIERS

"Les armes de Satan c'est l'horreur de la guerre,
"Les peuples affolés, Jésus sur le Calvaire,
"Le sang, le cri de mort, le meurtre volontaire;
"Les armes de Jésus c'est l'honneur de la guerre,
"Les peuples rétablis, Jésus sur le Calvaire,
"Le sang, le sacrifice et la mort volontaire."

CHARLES PÉGUY.
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NUANCES

Les nuances du vert aux branches balancées
Sont comme une fraîcheur exquise pour les yeux.
On voit les arbres fuir jusqu'au lointain des yeux,
Ayant chacun sa teinte aux feuilles déplissées.

Tout le long des maisons les cimes vont, pressées.
L'une est couleur de l'herbe au ton délicieux,
L'autre, plus sombre, est comme un velours précieux,
L'autre est pareille à l'eau des vagues apaisées..

Une immense émeraude a, cette nuit, coulé
Sur les arbres émus par l'azur étoile,
Comme une lente pluie inégalement verte..

Et maintenant, heureux de leur neuve beauté,
Les arbres, dont la grâce au soleil est offerte,
Au moindre vent rôdeur commencent à chanter.
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LE VOYAGE

Dans l'océan dit ciel d'avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d'étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d'^un remous l'onde bleue;
Leur marche est paresseuse et leur but est lointain.
Depuis une heure, ils n'ont pas fait plus d'une lieue;
Pour leur voyage, ils sont partis dès le matin.

Ce soir, pour les guider resplendira la lune,
Comme un phare dressant sa clarté sur la mer;
Ils glisseront alors sur l'onde calme et brune,
Et dans l'ombre le port leur apparaîtra clair.

Atteindront-ils jamais les îles fortunées,
Les blancs petits bateaux de l'océan divin f ...
Hélas! rêves déçus de toutes nos journées,
Bonheur, archipel d'or cherché toujours en vain!
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Albert Lozeau
Effets de neige et de givre, IV
     
Ma vitre, ce matin, est tout en feuilles blanches,
En fleurs de givre, en fruits de frimas fins, en branches
D’argent, sur qui des frissons blancs se sont glacés.
Des arbres de vermeil l’un à l’autre enlacés,
Immobiles, ont l’air d’attendre qu’un vent passe
Tranquille, mol et blanc. Calme petit espace
Où tout a le repos profond de l’eau qui dort,
Parce que tout cela gît insensible et mort.
Vision qui fondra dès la première flamme,
Comme le rêve pur des jeunes ans de l’âme ;
Espoirs, illusions qu’on regrette tout bas :
Sur la vitre du cœur, frêles fleurs de frimas…
      
     
Veilles du Jour et de la Nuit – La Chanson des Mois,
« L’Âme Solitaire – Poésies », F.-R. de Rudeval éditeur, 1907. (p. 117)
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Albert Lozeau
Première feuille morte
     
Quelques feuilles au bout des branches sont jaunies,
Les arbres ont encor de frêles harmonies
Et, bercés par le vent qu’attiédit le soleil,
Ils rêvent d’un automne au lourd été pareil
Mais voici que Septembre, au détour de l’année,
Vient dans la pourpre et l’or fixer leur destinée.
Leur songe bienheureux ne l’entend pas venir
Ils continuent, entre leurs bras gris, de tenir
De tout petits fragments d’azur, et les balancent, ―
Et même les oiseaux ne savent ce qu’ils pensent…
― Cette feuille qui choit, ne l’entendez-vous pas ?
Comme un papillon large elle vole, là-bas,
Emportant avec elle un peu du grand murmure
Qui s’élève, comme un cantique, des ramures.
C’est dans votre musique une note de moins ;
C’est votre gloire, dont vous n’êtes pas témoins
Tant votre tête semble impassible et sereine,
Qui, feuille à feuille, meurt sous l’insensible haleine…
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JE L'AIME
Je l'aime, comme on aime un beau vers de poète,
Qui chante clair comme un pinson,
Et que l'âme ravie avec ferveur répète, —
Pour la douceur de sa chanson.
Je l'aime, comme on aime une fleur fine et frêle
Qui paraît exquise à chacun,
Et qui charme encor plus lorsqu'on s'approche d'elle,
Pour la douceur de son parfum.
Je l'aime, comme on aime une fleur, un vers tendre,
Comme une étoile au ciel d'été,
Comme tout ce qu'on aime aussi sans le comprendre,
Pour la douceur de sa beauté !
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Chaque âme a sa voix, à quoi bon lui demander des notes inconnues, dans un ton qui ne lui convient pas. Le talent est libre, et il serait ridicule de croire qu'on va poser des frontières à son vol ou des règles à son caprice.
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Ainsi, loin d'être un marginal, Albert Lozeau a joué un rôle actif dans l'institution littéraire de son temps. S'il a toujours refusé de se laisser embrigader dans une école et n'a jamais pris la plume qu'en franc-tireur, indépendant de toute attache sauf des amitiés, ce qu'il disait, avec clarté et modération, avait néanmoins son poids et établissait sa position et sa renommée.
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Le rêve

Comme on est bien ce soir — un soir rempli d'ivresse —
Plongeant de longs regards dans l'azur étoile!
Dans l'air semble passer un souffle de tendresse;
Le souffle doux d'un cœur par un cœur consolé.

J'aime à sentir en moi ce vague qui nous presse
À rechercher toujours quelque rêve envolé;
Cette mélancolie empreinte d'allégresse,
Qui fait que l'âme chante et qu'un bel ange ailé

Sème sur mon chemin des illusions roses,
Et dit à mon oreille, oh ! de si tendres choses
Que la brise jalouse en emporte à foison !

Comme ils sont malheureux ceux qui n'ont pas de rêves,
De châteaux en Espagne élevés sur des grèves
D'où l'on n'aperçoit bien qu'un ciel sans horizon!
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Albert Lozeau
À une valseuse


Pendant que vous valsez, belle, gaie et légère
Dans les bras du premier venu,
Et que vous acceptez l’étreinte passagère
D’un étranger, d’un inconnu,

Vous la femme si bonne et la vierge si pure
Ignorant tout du sombre mal,
Vous subissez, modeste et douce, la souillure
Des désirs qu’avive le bal.

Et sans en rien savoir, livrée à la cadence,
Vous ne sentez pas que des bras
Vous possèdent bien plus que n’exige la danse ;
Vous valsez et ne pensez pas.

Mais moi qui vous adore et tremble de le dire,
Qui vous aime comme de loin,
Qui connais la vertu de votre cher sourire,
Hélas ! moi qui ne danse point,

Je ne mérite pas cette faveur insigne
De presser vos petits doigts blancs,
Et je n’ai pas le droit, moi l’ami trop indigne,
Qu’a le dernier de vos galants…

Valsez, charmante fée aux jolis pieds agiles,
Qu’on se repasse tour à tour
Comme ces fins bijoux délicats et fragiles
Qu’on admire et qu’on aime… un jour !
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Le chemin du silence

L’automne a, malgré ses pleurs,
Décoré les blanches routes
Et fait aux chemins des voûtes
Frémissantes de couleurs.
Dans les champs nus qui sommeillent
Se dressent des arbres d’or,
Et l’on voit passer l’essor,
Au-dessus d’eux, des corneilles.
Tout est tranquille ; le vent
Souffle dans les cieux, à peine ;
Son imperceptible haleine
Cueille une feuille en passant.
Et comme un ruban qui brille,
Là-bas, au bout du chemin
Qui trouve en elle sa fin,
La rivière est immobile.
Parfois, dans le ciel brumeux
Frissonne comme un bruit d’ailes ;
Puis, même les feuilles frêles,
Tout devient silencieux.
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Albert Lozeau
À la lune

Quand la lune au ciel noir resplendit claire et ronde,
Le vers en mon cerveau comme une eau vive abonde.
Il coule naturel comme une source au bois,
Avec des sons fluets de flûte et de hautbois
Et, souvent, des accords doux et mélancoliques
D'harmonium plaintif et de vieilles musiques.
La lune verse au coeur sa blanche intimité
De rêve vaporeux où passe une beauté,
Et dans les chemins creux où la fraîcheur s'exhale
Ajoute aux flaques d'eau quelques mares d'opale,
Où l'on voit quelquefois se noyer éperdu
Un insecte ébloui dans de l'astre épandu.
Mais elle qui parait pour toujours endormie,
Apaisée a jamais dans la grande accalmie,
Est si puissante encor qu'elle émeut l'Océan
Et fait frissonner l'homme aussi dans son néant.
Elle rend plus hardis les jeunes gens timides
Et plus près de l'amour la vierge aux yeux candides.
Tu n'es pas morte, non ! chère clarté des soirs
Qui trembles sur les lacs comme sur des miroirs !
Et le cerf altéré qui boit à l'onde clairev En même temps que l'eau boit aussi ta lumière ;
Tu circules en lui comme un sang plus divin,
Car on n'absorbe pas de la splendeur en vain !
Le vaste ciel poudre d'étoiles d'or scintille.
Quelqu'un dans l'ombre, en bas, attend qu'un rêve brille.
La Lune bienveillante au sourire d'argent,
Aide en son pur labeur le poète songeant,
Et tendrement, le long de ses rayons sublimes,
Laisse glisser des vers chantants aux belles rimes.
O Lune ! quel mystère habite en ta clarté,
Et quel pacte te lie a notre humanité ?
Toi pour qui les anciens vivants eurent un culte,
Tu fais régner sur nous ton influence occulte ;
Et ton charme attirant fait même, comme un jeu,
Tourner les papillons des nuits dans ton feu bleu !

Quand tu parais, les soirs bénis, à ma fenêtre,
Ta lumière lointaine et vague me pénètre,
Et je me baigne en toi ! Transfigurant ma chair,
Tu me fais pur et beau, surnaturel et clair ;
Et je suis comme un dieu tout imprégné de lune,
Participant ainsi qu'un astre à la nuit brune !
Oh ! l'heure incomparable et la divine nuit !
Où donc l'amer chemin ? Où donc le morne ennui !
La souffrance est passée, et ma joie est profonde
De goûter ici-bas la paix d'un autre monde...
Je ne me livre pas au néant du sommeil,
Et j'attends l'heure triste où viendra le soleil...

Changeante Lune ! Un soir, au ciel couleur d'ardoise
Tu montas rouge ainsi qu'un énorme tison ;
Et petit à petit, en laissant l'horizon,
Tu pris une nuance exquise de turquoise.
Une autre fois, ce fut comme une boule d'or
Que masquait par moment un passager nuage ;
Et puis tu redevins la Lune au bleu visage,
La Lune habituelle et que je vois encor.
Un lourd après-midi de juillet, tu fus blanche
Comme une immense hostie apparue en l'azur ;
Tu fondis, tel un peu de neige au soleil dur,
Et l'on ne revit plus ta face qui se penche...

Quand tu pleus en reflets sur les grands arbres verts,
Les oiseaux endormis que tu trempes d'opale
Doivent songer a Toi, Lune adorable et pâle,
Pénétrés de bien-être en leurs abris divers.
Leur petite âme frêle, inquiète et farouche,
Se pelotonne à l'aise en leurs chauds petits corps,
Quand tu luis; chaque oiseau craignant les mauvais sorts
Fait sa prière a Toi, Lune, quand il se couche.
Et tu veilles sur l'homme autant que sur le nid,
Du haut de ta demeure inaccessible et sombre ;
Car le mal, ce complice ordinaire de l'ombre,
A dû craindre souvent ton regard infini.
O Lune ! jusqu'à toi permets que je m'élève !
Je rampe plein d'ennui ! Jette-moi des rayons,
Que je m'en serve ainsi que de bleus échelons
Pour suivre dans l'éther, ton domaine, mon rêve !
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