« Et si la conquête de l’espace avait un siècle d’avance ?
1868. Au seuil d’une incroyable découverte à bord de son ballon de haute altitude, la mère de Séraphin disparaît mystérieusement à la frontière de l’espace. Un an plus tard, une lettre anonyme révèle que son carnet de bord a été retrouvé…
Séraphin et son père, échappant de justesse à un enlèvement, suivent la piste du carnet jusque dans les contreforts des Alpes. C’est là, à l’ombre d’un château de conte de fées, que le roi Ludwig de Bavière a entrepris la construction d’un engin spatial de cuivre et de bois qui s’apprête à changer le cours de l’histoire…
1869 : la conquête de l’espace commence ! »
(Présentation officielle de l’album).
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Cette première intégrale regroupe les trois fascicules pré-publiés cette année. D’une vingtaine de pages chacun, le présent volume contient la première saison – en trois chapitres – d’une série attrayante.
Je commencerais par parler de l’objet en tant que tel et note la qualité du travail éditorial co-réalisé par les éditions Rue de Sèvres et Gilles Paris. Superbe album grand format, très agréable à prendre en main et dont on appréciera le toucher.
Alex Alice s’est déjà fait remarquer avec des séries comme Siegfried ou le Troisième testament. Auteur capable d’embarquer son lecteur dans n’importe quelle ambiance, il a choisi cette fois un univers plus onirique… en apparence du moins si l’on en croit la luminosité appréciable des aquarelles de l’album.
Développant un registre narratif qui n’est pas sans rappeler certaines épopées de Jules Verne, Alex Alice dresse les fondations d’une aventure qui nous emportera vers de nouveaux horizons et devrait nous permettre – a priori – de poser les yeux sur des paysages totalement inédits… pourquoi pas ceux de Vénus ou de Mars ? Le dépaysement visuel est attendu dans le second tome.
Pour enrichir le récit, l’auteur s’appuie sur différentes références, la principale étant l’hypothèse de l’existence de l’éther telle qu’elle fut pensée par Socrate (« Mais la terre pure elle-même est située dans le ciel pur où sont les astres, que la plupart de ceux qui ont l’habitude de discourir sur ces matières appellent l’éther. C’est l’éther qui laisse déposer l’eau, le brouillard et l’air qui s’amassent toujours dans les creux de la terre » – La mort de Socrate, LVIII, suivre ce lien pour accéder au texte plus complet) ou Descartes. Alex Alice se laisse donc guider par la représentation qu’il a de cet éther, sorte de champ d’énergie magnétique dont la seule évocation exulte certains scientifiques qui s’affairent à démontrer son existence. Quant à l’idée de contrôler ce champ de force, cela représente une perspective alléchante pour Bismarck… une précieuse énergie qui servirait son dessein : unifier l’Allemagne, soumettre les états à sa botte, conquérir le monde voire plus. Conspiration, stratégie militaire… voilà de quoi camper le contexte historique de l’intrigue.
Pour finir, l’auteur injecte quelques histoires de famille, épiçant ainsi les interactions entre les personnages, justifiant l’investissement démesuré qu’ils accordent à cette quête de l’éther. Il permet ainsi au lecteur d’investir les uns et les autres et de se projeter dans cette conquête de l’espace avant-gardiste.
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