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Critiques de Alexandra Midal (6)
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Top secret : Cinéma & Espionnage

Ce catalogue de l'exposition TOP SECRET : CINÉMA ET ESPIONNAGE que l'on peut voir à la Cinémathèque jusqu'au 21 MAI, revient sur quasiment un siècle de longs métrages consacrés aux femmes et aux hommes de l'ombre. de l'encre sympathique aux gadgets sophistiqués de James Bond, des résistants français aux agents américains traquant les islamistes au Moyen-Orient, à toutes les époques, sur tous les continents, les agents secrets inspirent scénaristes et cinéastes parmi lesquels Hitchcock, Lang, de Palma, Assayas…

Entrevues, reproductions, affiches, photos, Top Secret rend compte de l'extraordinaire vitalité et de la longévité du genre que les auteurs ont choisi de présenter via un abécédaire: F comme Farewell, N comme Nord Sud Corée, S comme George Smiley… C'est l'occasion de découvrir quelques oeuvres méconnues du public européen (Private Snafu, Hatufim…) et de se remémorer les classiques Notorious ou L'Affaire Cicéron. L'ouvrage fait aussi la part belle aux femmes, non pas comme séduisants appâts mais comme agents actifs, via la fiction (X27, par von Sternberg avec Marlene Dietrich ), ou la vraie vie (Hedy Lamarr, l'inventeure). Top Secret constitue aussi une base de données dans laquelle on pourra aisément piocher de quoi lire et regarder pour les 50 prochaines années au moins.

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La Manufacture du meurtre

Selon l'hypothèse d'Alexandra Midal, l’industrialisation (c’est-à-dire le processus de fabrication de produits manufacturés avec des techniques permettant une forte productivité du travail et qui regroupe les travailleurs dans des infrastructures constantes avec des horaires fixes et une réglementation stricte) aurait permis l’émergence des tueurs en série. Parce que la productivité était rentrée dans la norme sociale, elle l’aurait été logiquement dans tous les domaines, donc le meurtre, CQFD.



Cela me bottait bien cette idée du « fordisme du meurtre » ; et je subodorais même une sorte de pamphlet anticapitaliste via un "serial killer" ; allez savoir pourquoi je m’étais fait tout un roman de cet essai.



Aussi, malgré des caractères minuscules expliquant peut-être un ratio prix/page scandaleux (12 €, 74 pages, les 30 suivantes étant la lettre d’aveu – traduite certes par l’autrice – de H.H. Holmes), je me suis fendue d’une dépense grâce à la ristourne obtenue pour carte de fidélité remplie de ma librairie (qui est bien aimable de m’autoriser à mettre près de deux ans à acheter dix fois). Et en ce 1er novembre pluvieux, tranquillement, sans lunettes hein, je deviens presbyte, c’est scandaleux à mon âge, je suis trop jeune bordel !, je me suis lancée dans La Manufacture du Meurtre.



Alors H.H.Holmes d’abord (je ne m’y fais pas – Holmes – ce nom est sanctifié dans mon panthéon des personnages de fiction).



Né Herman Webster Mudget en 1860 dans une famille plutôt aisée et (forcément) dévote, il se fait rapidement escroc, produisant des cadavres volés ou achetés pour toucher des primes d’assurance-vie. Devenu pharmacien à Chicago, il diversifie ses affaires et devient grosso merdo un homme d’affaires / promoteur immobilier débrouillard. Il se fait alors construire un complexe immobilier accueillant commerces, sociétés de bureaux et hôtel.



Ce « château », construit d’après ses propres plans, était une espèce de labyrinthe sur trois étages + sous-sol avec de la technologie dernier cri. A l’époque, eau courante, électricité, gaz, c’est-à-dire eau chaude, lumière (mmm bains chauds)… Un palace quasi futuriste.

C’était également une véritable usine à tuer. Imaginez près de cent chambres la plupart sans fenêtres avec des portes s’ouvrant sur des murs de briques, des couloirs avec des angles improbables, des escaliers ne menant nulle part, des trappes, des portes s’ouvrant seulement de l’extérieur, des tuyaux d'arrivée de gaz, des passe-plats à taille humaine, permettant d’affamer, brûler, asphyxier à loisir en toute discrétion (et des client.e.s - crédules donc).

Arrêté et condamné à la pendaison pour deux meurtres (celui de son complice de toujours et de son fils), Holmes avouera peu de temps avant son exécution 27 meurtres et 6 tentatives alors qu’"on" est certain qu’il en aurait commis plus de deux cents. PLUS DE DEUX CENTS.

Il est considéré comme le premier « serial killer » de l’histoire (une théorie américaine appelle un alpha américain).



En bonne chauvine que je suis, je m’écrie derechef « mais et Landru bon dieu ! » (si si cet épouvantable docteur qui recrutait des meufs sur petites annonces, les tuaient et les faisaient brûler dans sa cuisinière), mais las, recherches faites, Holmes est bien son aîné.



Aussi, je me suis concentrée sur la thèse soutenue par l’autrice : la naissance du « design » - soit inventer, améliorer et/ou faciliter l’usage ou le processus d’un élément ayant à interagir avec un produit ou un service matériel, au service d’une meilleure qualité de vie pour les consommateurs – qui fait donc émerger la notion de « productivité » et ipso facto productivité pour le meilleur, dans l’économie familiale, les arts etc… puis le pire, le meurtre.



Intéressante quoiqu’un peu barbante thèse soutenue au fil d’une bibliographie sur le design (l’autrice est designer) abondante sur l’imprégnation de ce fameux « rapport qualité/prix », de l’éloge de la technique émergente à la fin du 19e siècle, de ce CAPITALISME (osons dire son nom même si pas une fois il n’est écrit) qui rapidement allait être la norme économique, politique et sociale de nos sociétés occidentales, voire mondiales.



Cependant, et en toute mauvaise foi – puisque je n’ai pas la culture ni les connaissances nécessaires pour expliquer pourquoi je ne suis pas complètement d’accord, cette thèse de l’émergence du tueur en série au moment de l’industrialisation me chagrine la cervelle.



J’eusse aimé que l’autrice explore plus avant la notion de « meurtrier sériel ». Parce que selon les thèses des plus éminents spécialistes, on devient « serial killer » en ayant commis au moins trois meurtres séparés par un intervalle de temps compris en quelques jours et plusieurs années. Et je ne vois pas en quoi l’industrialisation aurait quelque chose à voir avec la choucroute vu qu’on trouve des assassins de cet acabit bien avant Holmes.



Pensez-y un peu : Barbe bleue – Gilles de Rais (Cocorico bordel !), le bien-aimé compagnon d’armes de notre Jeanne d’Arc nationale (15e siècle pour les buses), le plus grand meurtrier pédophile de l’Histoire de France (avant que l’église catholique ne nous donne de nouvelles références). Quid ? Point d’industrialisation. Des oubliettes bien pratiques. Cela suffisait bien.



Et cet indien, Thug Berham qui aurait assassiné plus de 900 personnes entre 1790 et 1840 en utilisant un foulard.



Et le nombre de femmes infirmières dès le début du 19e siècle qui ont expédié ad patres leurs patients… Allez voir sur le net, hashtag tueuSES en série. Vous allez voir si les femmes ne sont pas moins meurtrières et efficaces que les hommes.



Tout ça pour dire que la mention du premier tueur en série coïncidant avec la naissance de l’industrialisation ne suffit pas.



Il me paraît également logique de dire qu’à chaque avancée technologique ou sociétale, un petit malin diabolique utilise le système ; regardez Landru (pour y revenir, qui utilisa le système des petites annonces), ou Marc Zuckerberg qui profita de son réseau social pour tuer des milliards de famille (ok j’exagère), pour en profiter pour le pire - et l’un peu mieux parfois, ne soyons pas trop cyniques.



Pour chaque argument, Alexandra Midal de démontre rien et se contente de brandir un unique exemple (je vous les liste, m’en manque une un truc de Fritz Lang j’ai déjà oublié - Du crime considéré comme un des beaux-arts de Quincey (très bon essai), La Corde d’Hitchock (très bon film), L’Eloge du Crime de Marx – je croyais à cette mention que cela allait devenir un peu croustillant mais non – épicé-à-peu-près-tout).

Certes « souvent trop d'abondance appauvrit la matière », comme l’a dit Boileau, mais cela rend aride la lecture et suspicieux.se sur l’hypothèse.

Et ce postulat de départ, « j’ai décidé de laisser de côté l’attrait morbide généralisé pour les faits divers », c’est présenter d’entrée de jeu une réflexion partisane mais non assumée tout au long de l’essai (parce que soyons clairs, si elle avait surfé sur cet attrait, certes morbide mais complètement humain, son essai se vendrait mieux hein).



En résumé, ce n’est pas une démonstration – ce que j’en attendais tout de même – mais une ébauche de raisonnement insuffisamment soutenu qui aurait pu être pourtant follement intéressant.

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La Manufacture du meurtre

Entrez dans le monde des tueurs en séries !

Cet essai est passionnant et nous fait découvrir la personnalité tout premier serial killer des États Unis, personnalité au combien déroutante, machiavélique et toute la machination, les subterfuges qui lui permet d’attirer à lui ses futures victimes. Une machine à tuer mais aussi un talentueux inventeur dans son concept. Une bien belle découverte !
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La Manufacture du meurtre

Un très intéressant essai, qui se lit de manière fluide. Le lecteur du "Diable dans la ville blanche" d'Erik Larson et de la BD "Beast of Chicago" de Rick Geary, déjà bien renseigné sur le tueur en série H. H. Holmes, en apprendra plus sur un acteur muet : l'hôtel lui-même. Ses pièces, sa logique proche de l'industrie (du meurtre en série), ses liens avec des pensées de son époque : s'organiser, centraliser, normaliser. Affirmation peut-être hardie d'Alexandra Midal : Holmes aurait projeté d'ouvrir un quasi chaîne d'hôtels sur le même modèle... On ose ne pas y croire !



En annexe, les "Confessions" de Holmes, inédites en français.
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La Manufacture du meurtre

Je ne sais plus pourquoi j’ai acheté ce livre, sûrement pour frissonner... c’est une réussite ! Non plus sérieusement, je trouvais intéressant de comprendre - tenter d’approcher - un serial-keller. Ici, une première partie est réservée à l’analyse de l’homme mais aussi de son époque - le Chicago du XIXe - et, plus surprenant, à la modernité ; à l’industrialisation ; à la mécanisation. Le journaliste traite le tout en soutenant l’idée que le développement de l’industrie et des machines se fait en parallèle de la criminalité sérielle. Dans une deuxième partie, c’est l’assassin lui-même qui se confie sur ses meurtres et ses méthodes. C’est assez hard d’ailleurs et étonnant d’imaginer que cela soit paru à l’époque dans un journal !

Âmes sensibles s’abstenir (...) !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La Manufacture du meurtre

Un essai passionnant sur l'essor des tueurs en série, dont le phénomène semble apparaitre à la période charnière de l'apogée de l'industrialisation et du capitalisme. le motif sériel propre à la production de masse semble alors s'inscrire durablement dans la psyché humaine, et se transposer dans le domaine criminel. H. H. Holmes, qualifié officiellement du titre "prestigieux" de "premier serial killer" (avec l'accent d'Alain Chabat please !), va officier dans l'ombre pendant des années avant d'être pris la main dans le sac... Il va même imaginer sa demeure comme une véritable usine du meurtre, avec tout le confort moderne mais aussi des équipements novateurs et à la pointe de la technologie et du design, qui vont lui permettre de torturer, de tuer mais aussi de se débarrasser de ses victimes en toute discrétion. le principe de rationalisation des coûts et de l'énergie est à l'oeuvre dans chacune de ses décisions architecturales, ainsi le principe du rendement s'applique au meurtrier dans l'air du temps ! Avec une liste de victimes longue comme le bras, qui témoigne de sa méthodologie stricte et ses motivations simplement financières, H. H. Holmes est le premier à pratiquer le meurtre standardisé, dénué de toute émotion. La preuve, il parviendra même à rentabiliser les squelettes qu'il revend aux écoles de médecine, ou comment supprimer les preuves tout en mettant du beurre dans les épinards...
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