Andrea Kettenmann

À la fin des années quarante, l'état de santé de Frida Kahlo s'était beaucoup aggravé. En 1950, elle dut rentrer à l'hôpital ABC de Mexico pour neuf mois (ill. p. 90). À cause de la mauvaise irrigation sanguine de sa jambe droite, quatre orteils du pied avaient noirci, et l'amputation fut envisagée. Elle avait également de plus en plus de problèmes avec sa colonne vertébrale. Après une seconde opération, il y eut une inflammation qui finit par rendre inévitable une autre opération de la colonne vertébrale. C'est seulement en novembre, au bout de la sixième opération sur un total de sept, quelle fut de nouveau capable de peindre quatre à cinq heures par jour. Un chevalet spécial fut fixé au lit, de sorte qu'elle pouvait peindre couchée sur le dos.

(p. 81)

On me prenait pour une surréaliste. Ce n'est pas juste. Je n'ai jamais peint de rêves. Ce que j'ai représenté était ma réalité.

il cherche à faire ressortir les caractéristiques fondamentales des personnes et souligne parfois de façon expressionniste certaines parties du corps comme c'est le cas dans une toile étonnante portrait de Lupe marin où il représente son ex-femme devant un miroir, motif qui lui est cher et qui revient souvent dans ce groupe d'œuvres.

Je dois lutter de toutes mes forces pour que le peu de positif que me permet mon état physique serve aussi la révolution, la seule vraie raison de vivre. (Frida Kahlo)

Je dessine n’importe quoi, sauf ce que je veux, j’ai poussé un hurlement de rage, mais je n’ai rien obtenu de bon.

l'artiste n'est pas seulement apprécié par les amateurs américains qui, depuis la fin des années vingt achètent ses portraits d'enfants mexicains, mais, dans les années cinquante, ce sont surtout les Mexicains fortunés qui lui commandent les portraits de leurs femmes et de leurs enfants.

son amour pour les cultures anciennes de son pays lui donnent l'idée de construire un bâtiment monumental sur le modèle des pyramides aztèques.

Mon style naquit comme un enfant, avec cette différence que la gestation, douloureuse, a duré trente-cinq ans. (Diego Rivera)

c'est après San Francisco que Rivera s'attelle à un projet auquel il travaillera tout le reste de sa vie. Depuis les année 20 l'artiste donne cours à sa passion pour l'art populaire et les objets archéologiques précoloniaux qu'il collectionne et pour lesquels il dépense une grande partie de ce qu'il gagne.

dans aucune de ces toiles on ne constate un désir d'idéalisation, contrairement à celles qui représentent des commanditaires. Toutes sont d'un réalisme extrême.

- tout au long de sa carrière, Rivera peignit, dans des techniques diverses, de nombreux autoportraits. Ceux où il est en pied sont rares; la plupart du temps on voit sa tête et ses épaules. C'est surtout le visage qui l'intéresse et rien dans l'arrière plan ne vient en distraire.

la série des peintures murales qui porte le titre L'industrie de détroit compte aujourd'hui aux états unis au nombre des plus remarquables œuvres monumentales de ce siècle. elles sont la synthèse des impressions glanées par le peintre lors de son étude des installations industrielles de la famille Ford, et surtout des usines de Rouge River.

dans ces premières œuvres monumentales, comme dans toutes celles qui suivront, Diego Rivera associe sa profonde connaissance de l'art traditionnel à sa maitrise des éléments stylistiques contemporains.

c'est en janvier 1922, six mois après son retour d'Europe, que Diego Rivera commence sa première peinture murale, la création à l'Escuela Nacional preparatoria, l'Ecole supérieure située dans l'ancien Colegio de san Ildefonso

la peinture murale, utilisée de manière pédagogique, est pour lui un élément porteur de cette idéologie; elle doit permettre de rompre avec le passé - mais pas avec la tradition - et, surtout, de rejeter le colonialisme et la culture européisant du XIVème siècle.

le retour dans mon pays provoqua chez moi une jubilation esthétique indescriptible, écrit plus tard Diego Rivera. "j'avais l'impression d'une seconde naissance..."

les fresques des peintres du trecento et du Quattrocento, et surtout celles de Giotto, lui ouvrent des horizons sur la peinture monumentale qui plus tard, lorsqu'il sera de retour au pays nourrira une inspiration révolutionnaire qui fera de lui nu artiste officiel.

le mélange des pigments avec du sable ou d'autres substances la couleur appliquée en couches épaisses et l'utilisation de la technique du collage sont autant d'indication de l'influence de Gris.

dans ses toiles rivera s'efforce d'adapter le motif de la grille, typique de gris, dans chaque case de laquelle est représenté un objet différent avec sa perspective particulière.

le cubisme synthétique de l'espagnol dont on sent l'influence des moyens d'expression chez rivera, s'exerce surtout au niveau de la composition pour laquelle Gris avait mis au point une méthode originale.