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Critiques de Anne Cordier (9)
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Grandir connectés

A part quelques articles de revues spécialisées, j'ai un principe pour préserver mon optimisme professionnel : ne jamais lire d'ouvrages ayant rapport aux sciences de l'information et de la communication. Discours relayant les directives officielles et utopiques du ministère de l'Education nationale ou bien au contraire beaucoup trop militants, ils sont soit trop abstraits et emplis d'un jargon universitaire barbant et démagogique, soit trop revendicatifs et défaitistes. Mais là, bonne surprise ! Tout d'abord, l'ouvrage d'Anne Cordier, ancien professeur-documentaliste aujourd'hui maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, s'adresse à quiconque s'intéresse de près ou de loin au rapport de nos adolescents avec le numérique, plus précisément dans la recherche d'information. Parents, enseignants, médiateurs, chacun peut y trouver une analyse fine des pratiques numériques des jeunes. Ensuite, il est écrit de manière très compréhensible et avec beaucoup d'empathie vis-à-vis des jeunes interrogés, sans se départir du sérieux de l'objectif de recherche.



Dans cet ouvrage intelligent et réaliste composé de quatre chapitres, l'auteure s'attache à opposer d'une part les fantasmes et imaginaires qui désignent tous les jeunes nés à partir des années 2000 comme des « digital natives », c'est-à-dire des sortes d'experts innés du numérique ; et d'autre part les pratiques effectives de ces adolescents sur Internet et leur compréhension de tout cet environnement informationnel complexe. Vaste programme…S'appuyant sur des entretiens individuels et des séances d'observation de collégiens et lycéens en situation de recherche, formelle et non formelle, Anne Cordier bat en brèche tous ces discours sociaux, tous ces poncifs qui polluent notre compréhension des pratiques adolescentes et notre relation aux adolescents eux-mêmes. Elle tente également de contribuer aux recherches sur les pratiques informationnelles qui sont déployées dans différents contextes d'observation. En s'appuyant sur ces observations, elle réfléchit à des actions et souhaite avant tout optimiser les actions pédagogiques en lien avec le numérique.



Au fil des questions et des séances d'observation d'Anne Cordier, les adolescents se racontent, s'offusquent, murmurent parfois, et c'est tout un pan de la jeunesse qui se dévoile dans sa relation aux pratiques numériques. Collégiens et lycéens avouent tout d'abord que l'injonction des « digital natives » pèse sur eux et c'est parfois honteux, à demi-mot, que certains reconnaissent qu'Internet ne les intéresse pas ou que « c'est dur ». Quel discours éhonté de faire croire qu'aujourd'hui, le savoir est « déjà transmis » dès lors que l'on est sur Internet. D'autant plus aberrant que ces idées sont relayées par « d'émérites » chercheurs en science de l'information qui confondent information et savoir, accès et appropriation. C'est nier totalement que ces jeunes ont besoin d'une formation au numérique. Or pour ces adolescents, l'expertise en recherche d'information est un facteur d'intégration sociale et amicale non négligeable. Des différences de niveau et de représentation des adolescents à propos d'Internet apparaissent, des inégalités que les discours sociaux répandus tendent à masquer en offrant des portraits-robots trompeurs de ces jeunes vis-à-vis du numérique.



Après avoir vu Internet comme un objet socialement partagé, l'auteur s'intéresse à l'environnement social et numérique des adolescents. Elle aborde les questions de la frontière ténue entre intégration de l'outil par les adolescents et une dépendance consciente ou inconsciente, le rôle des parents à la maison concernant l'accès à Internet et la localisation – primordiale – de l'ordinateur, ainsi que la différence très nette que font les élèves entre la recherche d'information sur Internet qui s'apparente au travail scolaire, et son utilisation comme divertissement dès lors que l'on est chez soi.

Enfin, loin des discours alarmistes qui annoncent la fin de l'ouvrage imprimé, les entretiens avec les adolescents révèlent que pour un tiers des interrogés, le livre « rassure » et demeure objet de plaisir, de « flânerie », tandis qu'Internet rime avec immédiateté, exhaustivité et plaisir aussi. le Centre de Documentation et d'Information reste d'ailleurs pour les élèves un lieu d'information mais aussi de curiosité et de vie, qu'ils ne pourraient imaginer sans livre !



Omniprésence du moteur de recherche Google, connaissances techniques opposées aux connaissances « manipulatoires » de l'ordinateur, problème du vocable numérique, rapport du droit à l'image, l'ouvrage d'Anne Cordier est une mine d'informations.

Reconnaissant le rôle légitime des médiateurs quelque soit leur statut, préconisant un regard empathique et compréhensif sur les pratiques informationnelles des adolescents, l'auteur souhaite que les adultes encadrant ces jeunes les aident à développer une culture de l'information essentielle aujourd'hui. Elle montre également que ces adolescents sont très loin de l'image véhiculée par les discours sociétaux et qu'ils sont tout à fait conscients de leurs pratiques. Aux adultes également de les écouter.

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Grandir connectés

Une étude des pratiques informationnelles adolescentes qui laisse pantois et reste toujours d'une brûlante actualité, malgré les quelques années qui séparent l'enquête de la publication. Rien de neuf aujourd'hui. le livre se lit comme un roman et en devient passionnant et montre bien la place, et le rôle important, qu'ont les professeurs documentalistes, titulaires du capes, comme leurs collègues des autres disciplines.
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Les enfants et les écrans

Ce petit livre aurait été tellement parfait pour préparer mon CAPES de prof doc. En 10 chapitres, des spécialistes du numérique ou des neurosciences debunkent dix idées qu’on entend souvent sur les enfants et les écrans.

Je n’ai pas appris grand chose car c’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup travaillé il y a 4 ans mais pour les novices, c’est très intéressant. Les experts décryptent de manière très précise, claire et surtout sourcée les mythes que l’on entend trop souvent sur ces sujets.
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Grandir connectés

Ouvrage de référence sur la génération des "digital natives" qui déconstruit les clichés et analyse les pratiques réelles de ces jeunes connectés.

Si certains éléments paraissent "datés" ils sont bien le témoin d'une évolution très rapide des usages du numériques par ces jeunes.

De plus cet essai intelligent nous offre des pistes interessantes pour nous, professeurs-documentalistes, pour comprendre et faire réfléchir les ados sur leurs pratiques numériques.
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Grandir connectés

C’est une intervention d’Anne Cordier lors d’une journée d’échanges entre professeurs documentalistes qui m’a donné envie de découvrir son enquête sur ce que les jeunes « pensent d’internet, ce qu’ils y font, comment ils recherchent l’information avec », en vue de réfléchir aux méthodes d’enseignement. J’avoue avoir failli abandonner ma lecture au premier chapitre : dans celui-ci, l’autrice justifie sa démarche en long et en large à grand renfort de définitions de notions, et je n’en pouvais plus des nombreuses notes et circonvolutions universitaires. Heureusement par la suite, elle laisse la part belle aux transcriptions de ses échanges avec les collégiens et lycéens. J’ai beaucoup apprécié qu’elle livre leurs paroles telles quelles, avec leurs hésitations, leur façon de parler, leurs expressions : c’est très réaliste et tellement juste !



Ces dialogues commencent par bousculer les idées reçues : ce n’est pas parce qu’ils sont des « digital natives » que tous les jeunes sont à l’aise avec le numérique (« Le problème, c’est que les profs ils considèrent qu’on doit connaître, et qu’on sait faire »). Les adolescents interrogés insistent également sur les discours « excessifs » des adultes sur les dangers d’internet (« On ne fait pas n’importe quoi. », « Oui je passe beaucoup de temps en ligne, mais j’ai une vie, ça va merci ! »). Enfin, internet a de nombreux bons côtés : on développe sa connaissance de l’anglais, on rencontre de nouvelles personnes, on tisse des liens avec des personnes du monde entier autour d’intérêts communs (« Ils font partie de ma vie numérique »). Et puis ne pas faire comme les autres (sur les réseaux sociaux notamment), c’est prendre le risque de n’avoir rien à dire lors des conversations de groupe : « L’expertise en matière d’internet pèse dans les relations amicales, sociales, que les jeunes entretiennent avec leurs pairs », c’est un facteur d’intégration non négligeable.



Dès lors, on comprend qu’un adolescent qui ne maîtrise pas bien l’outil affiche une nette dévalorisation de soi (« Je suis nul·le », « Je sais pas comment ça marche et j’ai la honte »). Or, seulement 4 à 7 % se familiariseraient au numérique à l’école primaire... Certains évitent le problème, se résignent. D’autres mentent pour faire croire qu’ils maîtrisent. Cependant la plupart vont chercher à se former en s’appuyant sur des démarches d’observation, d’imprégnation, d’imitation des personnes de leur entourage. C’est l’apprentissage non formel au sein du groupe familial qui prédomine (un parent, un grand frère ou une grande sœur, qui partage son savoir en la matière). Mais l’expertise circule aussi entre camarades : l’entraide en cours booste la prise en main par la suite à la maison (« après je cherche toute seule comme une grande »). L’autonomie conquise grâce à la bienveillance des autres procure un véritable sentiment de fierté.



Comme on le constate, cette étude met en avant la psychologie adolescente et aide à prendre conscience de la façon dont les jeunes voient les choses, distinguant bien les pratiques « non formelles » de celles utilisées dans le cadre scolaire. Personnellement, je n’ai pas eu l’impression d’apprendre grand-chose de nouveau, sûrement parce que je suis prof doc en collège et maman d’une lycéenne et d’un étudiant. Je vois bien comment cela se passe au quotidien, dans et hors contexte scolaire, et cet ouvrage enfonce des portes ouvertes. Il conviendrait davantage, je pense, aux autres enseignants (ainsi qu’aux parents) afin qu’ils en tiennent compte lors des séances pédagogiques requérant l’outil numérique.

Anne Cordier conclut d’ailleurs sur quelques suggestions (« Et maintenant ? ») : développer une culture technologique (« s’éloigner d’une conception encore trop souvent procédurale même si elle est nécessaire ») afin que les jeunes comprennent les implications de l’utilisation d’un outil (« construire sa propre carte mentale de l’univers informationnel »), structurer les apprentissages avec des méthodes et des connaissances, encourager le partage d’expérience entre élèves mais aussi entre élèves et adultes car enseigner, c’est autant transmettre que recevoir !
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Les enfants et les écrans

Cela faisait quelques temps que je voulais découvrir la collection "Mythes et réalités" aux éditions Retz. Je vois en effet régulièrement des thèmes qui m'intéressent passer dans les opérations Masse Critique : les neurosciences, apprendre avec le numérique, l'échec scolaire... Je n'osais jamais me lancer préférant lire des fictions, mais cette fois-ci le nom d'Anne Cordier sur la couverture a fini de me convaincre.



Le thème de cet ouvrage ci est les enfants et les écrans. On y retrouve dix idées reçues sur les usages du numérique par les enfants et adolescents. Idées reçues qu'on entend régulièrement dans les débats sociétaux, politiques et médiatiques et qui sont ici décryptées par des chercheurs venant de différents domaines d'étude : les sciences de l'information et de la communication, la psychologie, la sociologie, les sciences cognitives ou la psychiatrie.



Les écrans - ordinateurs, tablettes, télévisions, smartphones - , bien qu'utilisés quotidiennement par bon nombre d'entre nous, sont sans cesse associés à un danger pour les enfants. Santé publique, vie sociale, qu'en est-il vraiment ? C'est l'objectif que se donne ce titre. J'ai d'ailleurs trouvé le concept de "panique morale" abordé dans l'introduction très à-propos.



A sa réception, j'ai été étonnée du format de cet ouvrage. Il est plutôt petit et court pour un livre scientifique. ça peut attirer les non spécialistes comme les parents. Je ne m'attendais pas non plus à ce que les droits d'auteurs soient reversés à des associations.



J'ai apprécié la forme de ce livre avec une partie conclusion à chaque chapitre et un récapitulatif à la fin. C'est pratique pour y revenir quand on cherche une information en particulier.



Niveau contenu j'ai regretté que chaque chapitre en arrive plus ou moins à la même conclusion : les études faites ne sont pas suffisantes ou pas assez bien réalisées pour confirmer ou réfuter chaque idée reçue. Quelques conseils pratiques sont bien parfois donnés pour une utilisation raisonnée des écrans par et avec les enfants et adolescents, mais je n'ai personnellement rien appris de nouveau. A voir si c'est la même chose dans les autres titres de la collection ?



Bref, j'ai bien aimé la forme de cet ouvrage qui permet une lecture relativement rapide et dans laquelle on peu picorer des informations. J'ai cependant été déçue par son contenu. Des personnes non initiées aux sciences de l'information et de la communication y apprendront peut être des choses, mais ça ne fut pas mon cas. 2,5/5
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Grandir connectés

Lu en 2016. Un ouvrage de référence en ce qui concerne l'EMI (éducation aux médias et à l'information), qui intéressera la toute la communauté éducative, parents y compris, sur les usages et pratiques numériques des jeunes dans leur recherche d'information.

Anne Cordier a mené une enquête auprès des 11-17 ans sur quatre ans dans plusieurs établissements de Lille. Un ouvrage très intéressant et instructif, mais au vocabulaire parfois ardu, s'appuyant sur des thèses de chercheurs en sciences de l'information et de la communication, des sociologues, des spécialistes de l'adolescence.
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Les enfants et les écrans

Les enfants et les écrans est un essai qui regroupe dix articles écrits par différents chercheurs sur le thème des écrans. J’avais envie de le lire depuis longtemps, et j’ai eu la chance de le recevoir dans l’opération Masse Critique de Babelio. Ca tombait bien, j’ai entamée ma lecture alors même que j’étais en pleine séquence sur le thème des écrans avec mes dix classes de 6è et 5è. J’ai beaucoup appris pendant cette lecture qui ne ressemble pas à ce qu’on a l’habitude de lire sur le sujet.



Anne Cordier et Séverine Erhel ne partent pas du postulat de base habituel qui consiste à diaboliser les écrans. Elles insistent sur le fait que les écrans ne sont pas mauvais en eux-mêmes, qu’il faut être beaucoup plus souple dans notre vision des écrans. Pour commencer, il faut différencier les écrans (télévision, smartphone, ordinateur…) et différencier les usages (jeux vidéo, films/séries, réseaux sociaux, jeux éducatifs…)



Les différents articles de l’essai s’attachent à mettre la lumière chacun sur un sujet particulier : le développement de l’enfant et de l’adolescent, les troubles du développement, la baisse d’intelligence, les relations au sein de la famille, les jeux vidéos nuisibles pour la santé, la crédulité face aux écrans, l’inculture des adolescents, les dispositifs numériques éducatifs, les réseaux sociaux. Cet essai est extrêmement documenté : de nombreuses études sont citées, avec de nombreux chiffres. La conclusion est assez claire : il n’y a pas de quoi s’inquiéter tant que cela !



De nombreuses pistes de travail sont proposées, tant pour les enseignants que pour les parents. J’ai trouvé les articles extrêmement intéressants. Certains sujets m’étaient moins connus que d’autres, j’ai beaucoup réfléchi pendant (et après) cette lecture. L’idée de lutter contre la « panique morale » qui assaille la société à ce sujet est primordiale afin de travailler calmement avec les enfants et les adolescents, afin d’améliorer les choses sans pour autant diaboliser les écrans.



Si cette lecture s’est avérée très enrichissante, je l’ai quand même trouvée compliqué, notamment à cause des nombreuses études citées dans le texte (et non, par exemple, en note de bas de page) qui coupent la lecture. J’ai mis au moins une heure par article (environ 12 pages par article), je voulais prendre le temps de tout bien appréhender, et notamment parce que je pense que certains de ces articles vont m’être très utile dans ma pratique de prof-doc.



Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, je vais mettre sur mon blog mes notes plus précises pour chacun des articles.



Merci à l’éditeur et à Babelio, et désolée pour le retard de lecture !!

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Grandir connectés

Anne Cordier est allée à la rencontre de collégiens et de lycéens qu'elle a suivis pendant plus d'un an. Elle les a observés et les a interrogés sur leurs pratiques informationnelles. Pour nous, adultes, il est parfaitement clair que ces digital natives, comme on les appelle, savent utiliser Internet et que nous pouvons les laisser faire leurs recherches sans se poser de questions. Tout faux ! Anne Cordier démontre, à travers les résultats de ses observations, que les ados ont besoins de nos conseils, d'être guidés. Ils savent utiliser l'outil, ils vont savoir bidouiller pour s'en sortir, mais c'est comme pour nous, ce n'est pas inné, ils ont besoin d'apprendre. Ils ont bien conscience de leurs limites, mais n'osent pas toujours demander de peur de passer pour des demeurés. Et c'est bien ce que je peux observer avec mes élèves au quotidien.

Cet ouvrage est donc très intéressant pour tous les enseignants, les parents d'adolescents qui veulent comprendre comment ceux-ci utilisent Internet.
Lien : https://laptitesourisduweb.s..
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