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Critiques de Anne-Marie Beaudoin-Bégin (8)
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La langue rapaillée

Les trois petits essais de AMBB dont ceci est le premier sont d'une importance capitale pour quiconque souhaite comprendre le rapport du Québec au français (mais conserver son intérêt pour le lecteur français).



AMBB est une sociolinguiste qui enseigne à l'Université Laval et ce livre permet d'aborder les bases de la discipline.



Ainsi, le français souffre d'être l'une des langues qui donne le plus de légitimité aux prescriptivistes. Ces gens et institutions dont le rôle est de dire quelles sont les manières acceptable ou non d'écrire et de parler. Les puristes, quoi. Sauf que le langage est une chose qui évolue naturellement. Que ce soit pour s'adapter à un monde changeant, ou simplement parce que les plus jeunes n'aiment pas parler comme leurs parents.



Le Québec souffre encore plus de cette situation puisque les termes qui finissent par être acceptés par les institutions proviennent habituellement de Paris. Et, au contraire, des termes toujours utilisés au Québec se voient souvent déclarés banni, désuet ou archaïque.



Autrement dit, le parlé québécois dérive de plus en plus de la norme acceptée puisque cette dernière évolue dans une direction qui ne tient pas compte de son existence. Toute expression originale est vue comme un nivellement par le bas.



Bref, on passe tout notre cheminement scolaire à se faire dire que notre français est mauvais alors qu'il a simplement évolué dans une direction différente du français de l'Hexagone.



Et tout ceci a des répercussions négatives sur la culture québécoise, car cela nous empêche d'en apprécier la richesse et d'en accepter la spécificité.



C'est l'une des raisons pour laquelle AMBB préfère une approche descriptive : c'est-à-dire de simplement considérer la langue comme ce que parlent locuteurs. Le rôle des institutions ne devrait pas être de trier les bons des mauvais usages, mais bien de rendre compte des façons dont la langue est utilisée.
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La langue rapaillée

Dans son premier livre, l'Insolente linguiste, met le doigt et des mots sur le bobo! Elle démystifie les mécanismes sournois de nos insécurités linguistiques de colonisés, tant face à la norme hexagonale, jugée plus prestigieuse, que par rapport à l'anglais, parlé par la majorité dominante en Amérique du Nord.



Les idées et les concepts linguistiques sont très bien vulgarisés. C'est un essai accessible et extrêmement pertinent, que tous les canadiens francophones devraient lire, que ce soit pour mieux comprendre la québécitude ou pour souffler un peu sur les braises de la Révolution tranquille! Dire "couverte" ou "mitaine" est une façon plus socialement acceptable de se rebeller que de lancer des cocktails Molotov!

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La langue rapaillée

Que nous avons besoin de ce type de livre pour nous faire comprendre que le français est vivant et qu'il évolue dans le temps, dans l'espace et surtout avec les gens qui le parlent et l'écrivent. Merci
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Le Boss des bécosses

'' Chauffer le dehors, se prendre pour le boss des bécosses, avoir la broue dans le toupet, avoir les yeux dans la graisse de bines, avoir de l’eau dans la cave, se revirer sur un dix cenne, avoir une poignée dans le dos, faire la baboune, ça ne prend pas la tête à Papineau, passer sous la table, avoir son voyage, attacher sa tuque avec de la broche… Cet album dévoile sur la signification de 40 expressions tirées de la langue populaire québécoise que l’on a répertoriées sous diverses thématiques: La météo – Les sentiments, les émotions, le caractère – Les relations avec les autres, la communication – Les mouvements (réels ou imaginés) – L’apparence, l’aspect (réel ou imaginé) – Pour en savoir plus. Un bref paragraphe présente chaque locution en la remettant dans son contexte et en fournissant un exemple éloquent où elle est employée. Exemple appuyé par une saynète amusante à laquelle sont intégrés des phylactères. ''
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La langue rapaillée

Il y aura, pour moi, un avant, et un après La Langue rapaillée. Ce que j’aime de ce court essai de la linguiste Anne-Marie Beaudoin-Bégin, c’est qu’il s’attaque à ce qui menace le plus le français parlé au Québec : son statut, les préjugés dont il est l’objet, voire le mépris. Je pense, ici, à la remarque d’Eugénie Bouchard, il y a quelques années, ou celle de Thierry Ardisson, sur le plateau de Tout le monde en parle. Beaudoin-Bégin remonte plus loin, au frère Untel, pour qui le joual, c’est-à-dire le français québécois familier, est « une langue désossée », « un cas de notre inexistence ». L’auteure cite aussi cette blague qui circule encore sur Facebook, où, sur trois colonnes, des mots anglais sont comparés à leurs équivalents en français soigné, puis en « Québécois » familier : « right here », « ici même », « drette là »... Mais, aussi bien, le mépris se voit chez ceux qui trouve le français d’ici « pittoresque », « cute »…



Cette situation a des causes historiques, mais s’explique aussi par la prépondérance d’une certaine idée de la langue française, qui serait si « belle, esthétique, grande, prestigieuse ». Pour déconstruire ce mythe, Beaudoin-Bégin rappelle d’abord quelques évidences : toutes les langues évoluent, elles sont vivantes, hors de tout essentialisme, et toutes possèdent deux registres : le registre soigné, ou soutenu, et le registre familier, dont aucun n’est supérieur à l’autre, chacun ayant sa valeur, son utilité. Le problème, c’est que les puristes comme Guy Bertrand, premier conseiller linguistique de Radio-Canada, appliquent au registre familier, celui de la langue parlée au quotidien, en situation informelle, les règles plus strictes du registre soigné, réservé aux situations « formelles ». Or, le registre familier se définit par sa liberté, le fait, précisément, que chacun peut utiliser la langue comme il veut, employer l'épenthèse, modifier des mots, en utiliser certains plutôt que d’autres, comme des anglicismes, des archaïsmes : « Lorsque les puristes viennent affirmer que tel ou tel mot est acceptable en registre familier, ils sortent de leur juridiction. Personne, sauf les locuteurs, ne peut gérer le registre familier ». Une seule contrainte : être compris de son interlocuteur.



Beaudoin-Bégin se montre particulièrement convaincante lorsqu’elle met en lumière, à partir de plusieurs exemples, l’incohérence des puristes dans leur critique des anglicismes, et le peu de valeur de leurs arguments, qu’ils tentent d’appuyer sur l’étymologie, sur la logique, alors que la langue est truffée d’illogismes. Si certaines formes ne sont pas acceptées, inutile de chercher « des explications plus approfondies que le fait que ces formes ne sont pas acceptées ». Point. « La norme prescriptive est un ensemble de règles auxquelles la société accorde une valeur ».



Si sa critique des puristes, aussi appelés « prescriptifs », est si sévère, c’est qu’ils « ont bel et bien réussi à profondément inculquer dans l’imaginaire linguistique des Québécois l’idée que la plupart des formes caractéristiques à cette communauté linguistique sont les symptômes de l’étiolement de la langue »



Cet essai réhabilite le français québécois, non pas comme langue distincte, comme le suggère le terme « joual », mais en tant que variation du français. Une variation parmi les autres variations, ni dégradée, ni étiolée. Car, en matière de langue, il ne peut y avoir rien d’autre que cela : des variations. Et aucune n’est supérieure à l’autre, pas même la variation française, élevée au statut de norme de référence au Québec depuis le rapport Durham, au XIXe siècle. Toutes ont leur registre soigné et leur familier, toutes sont composées de mots anciens et modernes, toutes évoluent, toutes expriment une identité. Les mépriser, c’est mépriser les gens qui en font usage.

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La langue affranchie

Super analyse qui met en perspective beaucoup de comportements des Québécois par rapport à leur langue - et je suis certain que des Suisses, des Belges, des Francophones de partout au monde pourraient s'y reconnaître!

J'ai d'abord présenté mes Impressions de lecture de cet essai sur mon vidéo-blogue, qu'il me fait plaisir de partager ici (de manière plus détaillée que ce petit commentaire). Pour le consulter, cliquez ici bas:
Lien : https://youtu.be/sJG-TDKoNAY
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La langue rapaillée

Super analyse qui met en perspective beaucoup de comportements des Québécois par rapport à leur langue - et je suis certain que des Suisses, des Belges, des Francophones de partout au monde pourraient s'y reconnaître!

J'ai d'abord présenté mes Impressions de lecture de cet essai sur mon vidéo-blogue, qu'il me fait plaisir de partager ici (de manière plus détaillée que ce petit commentaire). Pour le consulter, cliquez ici bas:
Lien : https://youtu.be/sJG-TDKoNAY
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La langue rapaillée

excellent livre sur ce qu'est le français québécois, registre populaire, bel ouvrage
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