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Critiques de Anne Rabinovitch (187)
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Deuxième lecture de Kazuo Ishiguro et deuxième satisfaction. Cette fois-ci, au lieu d’un de ses romans, j’ai essayé un recueil de nouvelles, Nocturnes. Le sous-titre l’explique très bien, la musique est au cœur de ses courtes histoires et, quant au crépuscule, je peux l’associer à une certaine nostalgie qui les empreint, soit le succès qui abandonne tranquillement certains artistes sur le déclin ou soit les débuts difficiles qui pourraient pousser des jeunes à abandonner ce métier avant même que leur carrière n’ait décollée.



Mais je vais trop vite. Plus haut, j’écrivais que ce recueil était constitué de courtes histoires. Oui, mais pas trop. La plupart comptent une cinquantaine de page, la plus longue en a septante-cinq. Ainsi, je sens que je peux m’investir dans leurs protagonistes, me sentir concerné par leurs aventures sans craindre de les voir disparaître à jamais. D’autant plus que les tranches de vie qui sont proposées ne prennent pas fin abruptement, n’offrent pas de réelles conclusions. Je peux m’imaginer la suite dans ma tête…



Kazuo Ishiguro promène ses lecteurs en différents endroits d’Europe et d’Amérique. Sans qu’il n’entre dans des descriptions sans fin, l’auteur glisse suffisamment d’informations pour qu’on s’en fasse une tête, pour qu’on ait l’impression d’y être et de ressentir les mêmes émotions que ses personnages. Et ces lieux, et l’atmosphère qui s’en dégage, conviennent à chacune des situations. La terrasse d’un café italien pour les rencontres opportunes et presque irréelles, l’hôtel hollywoodien pour les scènes de couple pas très glamour, l’appartement miteux pour la situation pathétique d’un jeune artiste sans le sous, la campagne anglaise pour l’autre qui cherche un endroit calme et bucolique pour composer ses chansons en paix, etc.



Mais, surtout, il y a ces personnages. Ils pourraient être vous ou moi, n’importe quel jeune qui cherche à vivre de son art – c’est beau, les rêves ! – ou bien n’importe quel individu qui a connu un certain succès dans sa carrière et qui doit accepter d’être éventuellement remplacé. Ça ne s’applique pas qu’à la musique.



Le narrateur de la première nouvelle est un jeune musicien qui espère percer (sérieusement) dans le métier. Pour l’instant, il n’est qu’un « Bohémien », il joue dans les petits clubs. Puis, un jour, il croise un chanteur à succès sur le déclin et ce dernier, plutôt que de le regarder de haut, commence à échanger avec lui, à lui donner des trucs. Un peu comme un mentor le ferait avec une recrue. Mais leurs échanges ne se limitent pas à la musique, il y est question de la célébrité, des femmes, de la vie quoi !



C’est pareil pour les autres nouvelles. Je ne vous les résumerai pas toute, il suffit que je vous dise que la plupart ont comme narrateur un jeune homme qui souhaite faire carrière dans la musique. Leurs aventures ne concernent pas toujours directement leur art, bien souvent ils apprennent des leçons de vie. Par exemple, dans Les collines de Malverne, le narrateur prend pitié d’une vieille enseignante et découvre que la vie en couple n’est pas aussi rose qu’il le croyait. Dans Nocturne, il apprend que la célébrité a ses couts.



Mais il n’y a pas que les protagonistes qui sont importants. Les personnages « de soutien », si on me permet cette expression plus propre au cinéma, apportent beaucoup. Je pense à Tony Gardner, ce cronner sur le déclin, qui n’est pas amer ni aigri malgré la célébrité qui l’abandonne petit à petit. Il a une attitude sage et humaine. Pareillement pour son épouse Lindy, qui revient dans la quatrième nouvelle, qu’on découvre moins superficiel qu’on ne l’aurait cru. Et que dire de la virtuose Eloise McCormack ? Ils sont tous touchants, vrai malgré leurs travers !



J’ai passé de très agréables moments à lire ces nouvelles. Je les recommande vivement.
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Le Petit copain

Ceci n'est pas un polar.

J'en veux pour preuve que certaines questions soulevées au début ne connaîtront pas de réponse à la fin, et j'ai cru comprendre que ça n'était pas le plus important. N'empêche, autant être prévenu, parce que s'envoyer les 850 pages du Petit copain pour parvenir à ce léger point de frustration… c'est quand même énervant (enfin moi ça m'a un peu énervée) je tenais à le souligner.



Au-delà de ces considérations mesquines, reconnaissons à Miss Tartt un inestimable talent pour installer ses ambiances, ici la torpeur d'une petite ville du Mississipi, moite, hypnotique et oppressante, où se débat une môme obstinée en quête de vérité, voire de représailles si affinités.



L'importance de l'intrigue se trouvant donc supplantée par la narration proprement dite, atmosphère et personnages remarquablement évoqués prennent vie sous nos yeux ébahis à mesure que montent en puissance les mésaventures de la jeune Harriet.



Ce deuxième roman de Donna Tartt, publié en 2002, est chronologiquement pour moi le dernier, après le maître des illusions (1992) qui m'avait un peu déçue, et le Chardonneret (2013) dont je garde un souvenir ébloui. Vérification faite, et comme je l'envisageais dans ma critique du Maître des illusions, le petit copain fait finalement « le lien chez moi entre enthousiasme et légère déception ».



Oui, j'ai tout lu Donna dans le désordre, néanmoins je peux en déduire que la prochaine oeuvre tarttéienne – d'ici deux ou trois ans si l'on se fie à la cadence coutumière de l'auteure – devrait en toute logique friser les six étoiles babéliennes.



Hâte !




Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Le Petit copain

The Little Friend


Traduction : Anne Rabinovitch.





Voilà un livre que j’ai longtemps hésité à commencer car, autour de moi, ce n’était que critiques et déception. Mais « Le Maître des Illusions », premier roman de Donna Tartt, m’avait fait penser à ce qu’une Ruth Rendell tire elle-même d’une intrigue au départ policière. Aussi finis-je par penser que, si ça se trouvait, « Le Petit Copain », s’il pouvait se révéler décevant pour les amateurs de polars classiques, était susceptible de plaire à ceux qui, au-delà l’intrigue policière, attendent autre chose d’un roman construit autour d’un crime. (Cette considération me fait donc le classer ici et non dans la catégorie réservée aux policiers ...)





L’action du « Petit Copain » se situe dans l’une de ces petites villes du Sud des Etats-Unis où la Guerre de Sécession n’a pas en fait changé grand chose aux mentalités. D’un côté, les riches qui vont se baigner au Country Club et ne connaissent pas de problèmes financiers. C’est à ce milieu qu’appartient notre jeune héroïne, Harriet Cleve Dufresne, 12 ans pour l’Etat-Civil mais au moins 18 par la puissance de raisonnement et la fermeté du caractère.


Harriet vit dans une grande maison avec sa mère, Charlotte, que l’assassinat non résolu de son fils, douze ans plus tôt, a fait sombrer dans une dépression profonde, sa sœur, Allison, adolescente rêveuse qui s’offre quelques petites escapades en voiture avec un garçon dont elle est amoureuse, et Ida Rhew, la domestique noire qui s’occupe de la maison depuis … ma foi, depuis des lustres.


Autour de cette cellule primitive qui n’a jamais oublié le cadavre du petit Robin, retrouvé pendu à un arbre, dans le jardin, alors que la fête pour son anniversaire battait son plein, croisent la mère de Charlotte, Edith, dite « Edie », et ses sœurs : Libby, Adelaïde et Tatycorum et, de temps à autre, le père de Harriet, Allison et Robin : Dixon Dufresne qui s’est séparé de sa femme à la mort de leur fils et vit à Nashville.


A l’extérieur, la société provinciale sudiste maintient ses deux grands clivages entre les Noirs qui ne sont plus esclaves mais travaillent toujours pour les blancs aisée et les « pauvres blancs » ou « redneks » qui, déjà avant la Guerre Civile, trimaient tout seuls sur le lamentable carré de coton qui leur appartenait.


C’est dans la haine et le mépris que se portent ces deux dernières catégories sociales que « Le Petit Copain » trouvent sa première clef : Ida Rhew affirme un jour à Harriet que la seule personne qui ait pu assassiner son frère n’est autre que Danny Ratcliff, l’un des rejetons d’une famille de « redneks » qui avait l’habitude de passer devant la maison des Dufresne pour inciter Robin à jouer avec lui.


Ida paraît si sûre de ce qu’elle avance que, peu à peu, l’idée vient à Harriet de liquider à son tour celui qui a tué son frère aîné et ruiné la santé de sa mère.


Mais ce n’est là qu’un argument qui permet à Donna Tartt de nous dresser le portrait d’une région qu’elle connaît manifestement fort bien et de ses mœurs. Certaines pages, comme celles qui sont liées à Eugène Ratcliff et au prêcheur qui se sert des serpents pour vendre la parole de Dieu, sont saisissantes tant elles révèlent le mic-mac religieux qui sévit aux Etats-Unis.


Si Tartt est loin d’égaler le style unique d’un Faulkner, sa vision du Sud profond rejoint bien celle qu’en avait l’auteur de «Sanctuaire. » Le personnage de la grand-mère des Ratcliff, l’affreuse Gum, est bel et bien un personnage faulknerien. Et le désespoir presque viscéral qui anime Danny Ratcliff donne à celui-ci une étrange humanité qui ne peut qu’émouvoir le lecteur.


Si vous ne cherchez qu'un roman policier de plus, passez votre chemin. Sinon, lisez "Le Petit Copain." ;o)
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Le Petit copain

J'ai dévoré ce gros roman comme une grosse tranche de gâteau.

J'ai adoré l'histoire de cette gamine qui, du haut de ses 12 ans et dans l'ennui et la chaleur d'un été, se met en tête de trouver le meurtrier de son grand frère. J'ai adoré cette Harriet intelligente et effrontée, mélange de Zazie et de Frankie Addams, qui va vieillir malgré elle en se confrontant au monde des adultes. J'ai adoré sa solitude et son désarroi, entre une mère et une soeur éthérées, un père absent, et 4 tantes fantasques rêvant encore du temps où leur famille était riche et respectée dans ce coin propret du Mississippi. J'ai adoré sa colère et sa révolte face à la ségrégation raciale et sociale qui n'en finit pas de sévir. J'ai adoré son entêtement, sa hargne, son imagination délirante, et sa dureté envers elle-même et les autres.

Et j'ai adoré l'ambiance imprégnée de langueur et de mystère, la régularité des détails sensoriels, l'impossibilité de dater précisément l'époque de cette histoire. Ce roman est comme un rêve flou. Il a reçu un moins bon accueil que les 2 autres, mais c'est désormais mon préféré de Donna Tartt. Elle a su y enfouir tous les trésors et les secrets de l'enfance, d'une façon qui relève du chef d'oeuvre. Je trouve dommage qu'il soit si peu coté, car il est le plus abouti à mon sens ; alors, laissez-lui une chance de vous envoûter à votre tour !
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Lorsque j'ouvre un livre et que la magie extraordinaire des mots me propulse à des lieux, à des moments, à des odeurs et à des impressions de déjà vu, c'est alors une plénitude bienfaisante que je classerais dans les petits bonheurs gratuits de la vie.



Ces 5 nouvelles qui ont comme thème principale la musique m'ont renvoyé à une sensation très précise, celle de me lever à 5h du matin tous les lundis du mois de juillet pour me rendre à Les Aubes musicales à Genève.

C'est un rendez-vous magique, hors du temps, qui démarre à 6h du matin et où des groupes de musique viennent jouer au bord du lac Léman. Cet événement célèbre autant la sortie de l'obscurité que le retour de la lumière et de la chaleur, dans l'insouciance d'une journée à naître.

Quelques aficionados courageux se retrouvent pour déguster ce moment suspendu .



Le langage universel de la musique est comme un ciment de connexion sociale.



Dans Nocturnes, recueil composé de cinq nouvelles, l'auteur japonais naturalisé britannique fait bruiter personnages et décors autour de la musique, avec cette précision et cette rapidité exigée par le genre littéraire, sans que cela ôte pour autant la profondeur.



Passionné de musique, dans ce recueil l'auteur nous fait part des thématiques liées aux changementx et à la difficulté de vivre dans un monde en constante évolution. 

Si le style d'Ishiguro est empreint de douceur et de calme, c'est pour mieux aborder les drames auxquels chacun fait face.



Ce recueil se picore comme des cartes postales qu'on aurait trouvé dans une vieille boîte dans un grenier, nous incitant à ouvrir grands les yeux sur le monde qui nous entoure.



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Le Livre d'Hanna

J’ai hésité à lire ce livre. J’avais du mal à m’immerger dans l’histoire au départ. Puis j’ai insisté (et il en valait la peine).



Une jeune femme conservatrice de livres anciens se voit confier un ouvrage « la haggadah de Sarajevo ». Elle y découvre des traces insolites et là se révèle son histoire chapitre par chapitre, entrecoupé de la vie de la jeune fille.



C’est un recueil juif, donc vous devinez le récit qui tourne autour de ce livre de sa construction en 1480 jusqu’à son sauvetage en 1940. Roman entre réalité et romance, un très belle ouvrage.





Extrait :



— … Tu sais que je ne suis pas croyant. Mais, Hanna, j’ai passé de nombreuses nuits éveillées ici, dans cette pièce, à me dire que la Haggadah était venue à Sarajevo pour une raison précise. Elle était ici pour nous éprouver, pour voir s’il y avait des gens capables de comprendre que ce qui nous unissait était plus fort que ce qui nous divisait. Que le fait d’être un homme compte plus que d’être juif, musulman, catholique ou orthodoxe.



Bonne lecture !
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Je dois faire deux aveux.

Le premier c'est que je n'avais pas encore lu le Prix Nobel britannique d'origine japonaise - et oui on a tous des impasses - et c'était mon cas.

Le second est que j'ai commencé par ce recueil de nouvelles, trouvé dans ma Médiathèque, un peu par hasard, et que je dois avouer ne pas avoir été transportée.



Certes il y a un certain charme suranné dans ces cinq nouvelles d'un autre temps.



On y croise des couples, qui vont plutôt mal, des musiciens - connus et inconnus - et des lieux différents. Tous ont un lien avec la musique, soit qu'ils en vivent, soit qu'ils en rêvent, soit qu'ils en écoutent, tandis que le couple se défait dans une atmosphère de nostalgie et de mélancolie.

Je ne nie pas qu'elles aient un certain charme, mais je dois reconnaître que je suis restée sur le bord du chemin sans être embarquée réellement.

Je crois que cela arrive parfois - rien de grave au fond - et je pense que je réessaierais ultérieurement.



Je ne doute pas que "Les vestiges du jour" soit un grand livre (je suis fan de sa traduction en film avec Anthony Hopkins) et que Ishiguro soit un grand écrivain.



Mais ce sera pour une autre chronique - une autre fois.
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La double vie d'Irina

Le grand flop pour moi ! Arrivée à la page 255, j’ai lâchement abandonné le morceau, impossible de tenir jusqu’à la fin, càd p.790 !



Je m’attendais à un roman alerte, j’ai lu un roman larmoyant et vindicatif.

Je m’attendais à un roman psychologique mâtiné d’actions, j’ai lu un roman rempli de vulgarité et de psychologie forcée.



Pourtant, j’avais bien compris le système de narration : Irina, une dessinatrice russe, vit avec Lawrence à Londres depuis plusieurs années. C’est un couple « qui marche », quoique certaines de leurs façons de fonctionner posent de petits problèmes, sans conséquences.

Irina, alors que Lawrence est parti quelques jours pour son travail, se retrouve au restaurant avec un ami de leur couple, divorcé. Et là, ça dérape…ou pas : ils ont très envie de s’embrasser. Ceci est le chapitre 1.

Le chapitre 2 montre les conséquences du baiser, le chapitre (2) montre les conséquences du non-baiser.

Et ainsi de suite.

Cela aurait pu être marrant, mais pour moi c’était très pathétique, très américain, avec des conversations se voulant profondes mais que j’ai trouvées superficielles, cherchant la petite bête, et en plus, vulgaires.



Bref, au suivant ! J’ai sur mon étagère « Il faut qu’on parle de Kevin »… J’espère que j’en parlerai d’une autre façon qu’à propos d’Irina !

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Le Petit copain

Je ne m’attendais pas à ce récit.

Je me suis ennuyé au cours de ce livre.

Je pensais à une histoire d’amour vu la photo sur la couverture… Je m’attendais à en savoir plus sur ce qui était arrivé à Robin… Je souhaitais dénuder plus de sentiment sur le désespoir de Charlotte ou d’Allison…

Enfin bref, le maître des illusions fut pour moi un chef-d’œuvre… Celui-ci ne sera pas… Gravé… dans ma mémoire…



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Le Livre d'Hanna

Le livre d'Hanna est une oeuvre de fiction inspirée par la vraie histoire d'un manuscrit Hébreu connu sous le nom de Haggadah de Sarajevo.



La Haggadah de Sarajevo découverte en Bosnie en 1894, manuscrit orné de magnifiques enluminures.



Son histoire à travers les siècles.



L'histoire d'Hanna, aussi, jeune restauratrice passionnée de manuscrits anciens.

Hanna qui préservera l'art et un élément du patrimoine culturel mondial.



Au fil des pages se dénouent les secrets de ceux qui ont tenu cet ouvrage sacré entre leurs mains.



Des caractères très fins, tracés en caractères arabes révèleront l'artiste qui a peint d'un ton à peine plus foncé que le safran de sa robe les hachures minuscules qui font la particularité de cet ouvrage .

La femme au safran :

"Zahra bint Ibrahim al-Tarek, dite al-Mora à Séville"

al-Mora - ça veut dire la Mauresque.



Intrigue intéressante qui fait des allers retours à travers les siècles, une partie pour ma part qui m'a moins intéressé, mais dans l'ensemble j'ai apprécié.









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Le Petit copain

Le récit d'un été étrange et dangereux, dans le Mississipi, l'été des 12 ans d'Harriet. Quand elle était encore toute petite, son frère a été assassiné et l'assassin n'a jamais été retrouvé. Sa mère et sa soeur sont dépressives, et le père est parti. Harriet, livrée à elle-même depuis trop longtemps, pense avoir découvert qui a tué son frère. Et elle veut faire justice...

C'est une histoire dense, intense, comme sait les concocter Donna Tartt, (qui ne met pas moins de 10 ans pour écrire un roman) où l'on suit Harriet lors de cet été moite et glauque, cette enfant qui devient adulte face à la souffrance et au sentiment d'injustice insupportable qu'elle doit porter... Harriet va se mettre en grand danger, pour venger son frère, mais aussi pour réveiller cette famille morte avec lui.

Un livre puissant, envoutant, émouvant, fort.
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Petite déception avec ce recueil de nouvelles, d'un auteur dont j'ai beaucoup aimé les trois romans que j'ai lus.

Ces cinq nouvelles, organisées autour des mêmes thèmes - la musique, le couple en déliquescence - et le même type de personnages - un narrateur à la carrière qui ne décolle pas, un peu banal, des femmes à la personnalité ambivalente...- finissent par se confondre une fois le recueil terminé; elles sont construites comme des variations dont les dénouements sont systématiquement en queue de poisson.

C'est vrai que certains passages, surtout dans la première nouvelle où un homme se retrouve dans une situation complètement absurde parce qu'il a froissé la page d'un journal intime de son amie et qu'il essaie de cacher son acte, certains passages comme celui-ci donc m'ont bien fait rire, mais dans l'ensemble, je me suis un peu ennuyée et je trouve que ce livre n'est pas du tout à la hauteur de ce que Kazuo Ishiguro a pu écrire d'autre. Ces nouvelles sont beaucoup plus terre-à-terre que ses autres récits, nimbés de mystère. Dommage!







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Le Petit copain

Dans la famille Cleave, la mort de Robin est entourée de mystère et de silence. Comment a-t-il pu se retrouver ainsi pendu dans le jardin, à neuf ans, un soir de fête des Mères ? Une dizaine d’années plus tard, Dix, le père, est parti vivre dans une autre ville. Charlotte, la mère, vit dans un brouillard constant. Allison, la cadette, est une lycéenne aimable et douce, terrorisée par ses cauchemars. Harriet, la benjamine, est au contraire volontaire et brusque, déterminée à comprendre ce qui s’est passé. « C’était la plus grande obsession d’Harriet, et celle qui engendrait toutes les autres. Car ce qu’elle voulait […], c’était ramener son frère auprès d’elle. Et ensuite découvrir qui l’avait tué. » (p. 55) Mais Harriet n’a que douze ans. Au cours d’un été qui semble interminable, marqué par la mort d’un chat adoré et d’une vieille tante et par le départ d’une domestique, la gamine se lance dans une mission implacable avec son ami Hely : elle va venger son frère en tuant son meurtrier. « Pourquoi est-ce que je laisserais d’autres gens le punir ? » (p. 162) Hélas, Harriet s’en prend à la pire famille d’Alexandria : tous les fils Ratliff sont d’anciens taulards, de grands violents souvent drogués et paranoïaques. « Daniel Ratliff était coupable, elle en était sûre, c’était un fait indiscutable. La seule explication qui eût un sens. Elle était sûre qu’il avait commis ce crime, même si personne ne le savait. » (p. 586)



Conseil d’une lectrice paumée : toujours lire les titres originaux, quand on peut les comprendre. Ici, la traduction française respecte parfaitement le titre du livre, mais il faut se méfier des faux amis. Ainsi, le titre du roman est The Little Friend et pas The Boyfriend. Je dis ça comme ça… parce que pendant les 200 premières pages du livre (un tiers, donc…), j’ai vainement cherché la trace d’un amoureux avant de me reporter à la page de garde et au titre original. Quand on est bête…



Mais ce n’est pas le plus important puisque j’ai énormément apprécié ce roman, bien plus que Le chardonneret de la même auteure. Ici, la narration, même si elle est riche, complexe et traversée de nombreux personnages et de nombreuses péripéties, n’est pas alambiquée ni ennuyeuse à pleurer. Et surtout, le personnage principal n’est pas insupportable : la jeune Harriet est certes une gamine pas commode, pas tendre et pas facile à comprendre, mais elle s’est attiré ma sympathie dès le début, obstinée qu’elle est à vouloir faire la lumière sur la mort de son grand frère. « À l’école, il y avait beaucoup de filles plus jolies que Harriet, et plus gentilles. Mais aucune n’était aussi intelligente ni aussi courageuse. » (p. 125)



Si la vengeance est un sujet important du roman, je retiens surtout celui de la mort et combien il est difficile de l’accepter, de l’intégrer dans le quotidien et dans l’histoire d’une famille. « La mort – disaient-ils tous – était un rivage heureux. Sur les vieilles photographies de bord de mer, ses parents étaient de nouveaux jeunes, et Robin se trouvait avec eux. […] C’était un rêve où tout le monde était sauvé. Mais c’était un rêve de la vie passée, et non d’une vie à venir. » (p. 442) Allison et Harriet étaient trop jeunes pour comprendre la mort de leur frère aîné, mais l’absence de ce dernier pèse sur leurs jeunes existences. Et leur manque s’exprime bruyamment lors de la mort du chat de la maison, ancien compagnon de Robin. (Attention, épisode hautement lacrymal pour tous les amis des bêtes…) Pour Harriet, ce triste été est la fin de l'enfance et la mort de l'innocence.



L’intrigue se déroule dans les années 1970, au Mississippi, dans un décor qui est vraiment ce que le sud des États-Unis a fait de plus pauvre et de plus crasseux, avec un racisme latent qui imprègne le quotidien. Il y a plusieurs épisodes avec des serpents qui m’ont frémir d’horreur. Et la confrontation finale entre Harriet et celui qu’elle soupçonne d’avoir tué son frère intervient au terme d’une effroyable explosion de haine, de violence et de délire. Ça demande un peu de tripes pour supporter ça sans broncher. Si vous aimez les romans qui prennent leur temps, mais qui ne confondent pas voyage et destination, vous apprécierez Le petit copain de Donna Tartt.
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Avec mélancolie, Kazuo Ishiguro décrit les instants fragiles où tout bascule. Les nouvelles de « Nocturnes » ont pour points communs le couple, le crépuscule qui reflète les renoncements des personnages, la musique qui fait écho aux subtiles variations des liens amoureux face au temps qui passe.



Certains passages, avec un humour mordant, décrivent des situations pathétiques. Ainsi cet ancien copain de fac qui se trouve pris au piège dans un traquenard conjugal et accepte de s’enliser en rentrant dans un jeu cruel. Un musicien talentueux qui n’arrive pas à percer peut-il accepter de refaire son visage aux frais de l’amant de sa femme, pour réussir ?



La quête intérieure de ces personnages qui n’ont pas réussi et s’accrochent à leurs rêves est subtilement décrite. Installez-vous donc à la terrasse d’un café à Venise, écoutez un orchestre de jazz en buvant un café et vous apercevrez peut-être une vieille gloire oubliée qui a enchanté votre enfance. A moins qu’une femme vienne à votre table pour vous faire une étrange proposition….



Kazuo Ishiguro avait déjà démontré son immense talent (« Les vestiges du jour », « Auprès de moi toujours ») mais il sait se renouveler et ses prochaines parutions seront très attendues.

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Le Livre d'Hanna

Voici un roman comme je les aime : un délicat mélange d'Histoire et d'histoire. Pendant quelques centaines de pages, on remonte le temps à la suite de ce livre vieux de plus de 500 ans, au travers du travail d'analyse et de conservation réalisé au XXIème siècle, on part à la rencontre des différentes personnes qui l'ont eu en main dans des moments tragiques, jusqu'à la naissance des premières pages.

C'est magnifiquement documenté, et ce fut pour moi l'occasion de découvrir de nombreux sujets que j'ignorais, à commencer par la liturgie hébraïque et différentes périodes de l'Histoire des religions en Europe.

Étrangement, ce texte fait écho à tout ce qu'on peut entendre autour de la montée de l'antisémitisme ces dernières années... En fait, je ne suis pas convaincue par cette montée, j'ai plutôt maintenant l'impression que le Monde est globalement anti-sémitique et que ce "sentiment" a été tu ou caché pendant quelques dizaines d'années, mais que finalement tout revient comme avant. Malheureusement l'Histoire est un éternel recommencement.... et c'est bien ce que raconte ce roman.
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..



Donc cinq nouvelles sur la musique. Que ce soit celle d’un chanteur à succès en déclin, celle que deux amis appréciaient lorsqu’ils étaient étudiants, celle d’un guitariste qui cherche à percer avec son groupe puis se réfugie à la campagne…

Il est beaucoup question du succès bien sûr et de la difficulté à rester en haut de l’affiche lorsque l’on y est arrivé. Il ne faut pas hésiter à sacrifier ses amours, son visage…

J’ai été particulièrement interpellée par la dernière, Violoncellistes, dans laquelle un musicien débutant rencontre une virtuose qui lui propose des leçons. J’ai eu une réminiscence d’une nouvelle de Balzac un peu semblable mais concernant la peinture.

Même si Ishiguro nous laisse généralement sans réelle conclusion, libres d’imaginer la suite, je n’ai pas eu le sentiment d’être simplement spectatrice d’un moment de vie sans comprendre les tenants et les aboutissements, comme pour les nouvelles d’autres auteurs.

Un bon recueil tant pour le sujet que pour le traitement par l’auteur.



Challenge ABC 2015-2016





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Le Petit copain

Harriet a grandi sous le poids d'un terrible drame qui a anéanti toute sa famille : le meurtre non-élucidé, quand elle était bébé, de son jeune frère Robin.

Dans la maison familiale à l'abondon le temps semble s'être arrêté.

L'été de ses douze ans, Harriet, à bout, décide de découvrir qui a tué Robin et de se venger de celui qui lui a volé son enfance.

Mature, froide, prête à tout, rien ne peut alors la dissuader d'aller au bout de ses plans.

Mais la vérité est-elle bien celle à laquelle elle croit ?



Le moins que l'on puisse dire c'est que Donna Tartt s'y entend à merveille pour créer des atmosphères.

Et malgré la longueur du livre, on ne peut qu'être envoûté par le climat trouble et oppressant de ce roman insolite où la chaleur moite du Mississipi souligne encore davantage la sensation d'étouffement.

Roman noir, récit d'une adolescence brisée par le souvenir, sombre, mystérieux, d'une puissance stylistique exceptionnelle, après "Le maître des illusions", l'auteur réussit encore à capter toute notre attention.

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Le Livre d'Hanna

J'ai lu les soixante-dix premières pages avec beaucoup de plaisir et de curiosité. On y suit les pas d'une jeune Australienne chargée de restaurer la célèbre Haggada de Sarajevo, miraculeusement sauvée suite à l'incendie de la Bibliothèque nationale de Sarajevo en août 1992 dû à l'artillerie serbe.

Le récit alterne entre 1996 et 1941 au moment où les Nazis occupent la capitale de la Bosnie-Hezégovine.

La confrontation entre Hanna et Ozren Karaman, le jeune conservateur de la Bibliothèque m'a rappelé des discussions que j'ai eues à Sarajevo en 1996. D'un côté la confiance en la vie et l'idéalisme naïf de la jeune occidentale, de l'autre la désillusion et le cynisme aigu de la génération bosnienne née dans les années 1970. Après avoir connu le décollage économique de la Yougoslavie dans les années 1980, couronné par les Jeux Olympiques d'Hiver de 1984, quatre ans de guerre civile et 10'000 morts... Depuis, un pays éclaté entre trois communautés, une économie à genoux, une corruption digne de l'Amérique latine, des écarts de niveau de vie entre riches (mafieux) et le reste de la population qui deviennent abyssaux, un chômage de 50% et, last but not least, aucune perspective d'amélioration en vue...

Des scènes de vie qu'il faut avoir vécues pour sentir à quel point les propos de Géraldine Brooks sonnent juste.

C'est aussi l'impression que j'ai eue en lisant le flashback qui narre la séparation définitive (en 1941) entre Lola (18 ans), sa mère Rashela et Dora sa petite soeur. Suite à une rafle allemande, R. et D. se retrouvent enfermés dans la synagogue de Sarajevo avec des centaines d'autres juifs. Lola parvient à entrer par la fenêtre des toilettes et se faufile discrètement jusque vers sa famille. Elle propose à sa mère d'emmener sa soeur, mais celle-ci refuse en arguant du fait que Lola ne pourra s'enfuir que seule dans la montagne. Une scène déchirante qui m'a fait monter les larmes tant elle semble réelle...

J'ai par contre moins aimé la suite qui se déroule dans des époques antérieures pour lesquels je ne ressens pas d'attirance particulière. Mais mon épouse a adoré. Alors pourquoi pas vous ?
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Le Petit copain

Mon premier roman de Donna Tartt, ce pavé impressionnant qui dépeint l'Amérique profonde du sud du Mississipi, à l'atmosphère poisseuse fourmillant de serpents venimeux, de pauvres Noirs domestiques de Blancs aisés mais pas moins dépressifs, de miséreux des quartiers où la drogue circule autant que les armes, de pasteurs qui règnent sur le troupeau de fidèles soumis.

Presque un thriller, avec une gamine qui veut reprendre une enquête ratée sur la mort de son frère assassiné quand elle était bébé et punir elle-même le coupable. J'ai eu quelquefois l'impression d'être dans un roman jeunesse, genre club des cinq, mais ce serait injuste; les personnages sont tous très bien campés et le propos sociétal est approfondi sans édulcoration ni style bisounours. C'est plutôt un roman d'initiation vers la maturité, la description d'une volonté farouche de s'en sortir avec un courage exceptionnel dans un monde dur et aveuglé.

En ce temps de lecture , les gros livres ne devraient pas faire reculer!
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Tombé par hasard sur ce recueil de nouvelles, j’ étais impatient de retrouver Ishiguro d’autant que le thème principal est la musique

J’ avais apprécié Auprès de moi, toujours, livre subtil, complexe mais passionnant

J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser à ces nouvelles .Indifférence polie

Pas de chance pour Ishiguro: je venais de relire des nouvelles de Stefan Zweig

Il n’ y a pas photo

Je partage un conseil maintes fois donné : pour découvrir Ishiguro commencer par Les vestiges du jour ou Auprès de moi toujours
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