L'anecdote, l'ingratitude de son physique, ses origines aristocratiques masquèrent longtemps la réelle originalité artistique et le talent de Toulouse-Lautrec,
Peintre de grande classe. Parisien jusqu'à la rosserie, écrivait son ami Huc, qui le considérait comme le plus vivant de son époque décadente.
Lautrec ne nous paraissait surnaturel que parce que qu'il était naturel à l'extrême.
Par l'invocation du monde des cabarets, il en devint le chroniqueur privilégié ; créant de nombreuses affiches lithographiques sur ces thèmes. Le développement de ce nouveau moyen publicitaire permettait d'attirer l'attention du public sur les vedettes de spectacles. A la différence de ses contemporains, dans ses affiches Lautrec élimine les détails, vise l'essentiel pour accentuer l'impact.
A la manière de l'Andy Warhol des années 1980, il consacre en effet une part essentielle de son art à la combinaison créative de ces diverses techniques dans un but de communication de masse. Artiste du XIXe siècle, il fut d'ailleurs mieux compris au XXe qui généralisa l'emploi des moyens d'expression graphique que Lautrec lui-même a inventés.
Lautrec, extraordinaire dessinateur, épurait grâce à la méthode du report au calque, ainsi évitait-il les détails inutiles et les informations redondantes ou brouillonnes pour aller à l'essentiel. Sa parfaite maîtrise du dessin lui permettait de synthétiser la représentation par de larges aplats colorés sucitant une harmonie inhabituelle.
Pour ses contemporains, Lautrec était surtout portraitiste. Il est en effet l'auteur d'une inoubliable galerie de portraits. Lui-même affirmait d'ailleurs que «seul la figure existe».