Les soufis invitent la personne à faire de chaque épreuve un tremplin de croissance en entrant dans l'amour et la non-peur.
- Annick de Souzenelle -
Aujourd'hui, l'on peut croître en conscience à travers la quête spirituelle qu'offre le soufisme, cette mystique de l'Islam qui se veut le contraire absolu de l'intégrisme et du fanatisme. Dans ce récit bouleversant, les auteurs montrent que la quête initiatique reste une affaire de discernement individuel et de cheminement intérieur.
Écrit à la première personne, ce livre, nourri de leurs échanges, réflexions et expériences réciproques, nous enseigne combien la paix développée en soi peut se manifester en Présence, en actes et en paroles dans les vicissitudes de la vie quotidienne et les urgences des situations actuelles.
Infos : 288 pages, 130 x 200 mm, 318g
Parution : mars 2023
Editeur : LE RELIÉ
EAN : 9782354902926
ISBN : 978-2-35490-292-6
https://www.editions-tredaniel.com/au-seuil-de-laube-p-10836.html
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Que notre regard sur nos enfants
nous amène à retrouver
un regard lucide sur nous-mêmes.
Mais pourquoi attendre que les déchirements venus
de l'extérieur nous apprennent un jour qui nous sommes ?
Pourquoi attendre de grands malheurs pour apprendre
à quitter celui ou celle que nous ne sommes pas,
celui ou celle que nous paraissons être ?
Pénétrer la pulpe, au-delà de la coque, atteindre au cœur des choses, en ouvrir le noyau pour en libérer l'énergie, cela ne peut se faire par seule voie extérieure si ce n'est en reconduisant le geste dont fait part le mythe de l'exil (appelé “chute” dans le langage religieux), alors que la voie intérieure dont seul dans la création l'Homme est capable, le conduit au cœur de lui-même et le fait alors entrer en résonance avec le cœur de l'univers.
C'est ce chemin-là que nous avons perdu.
Dans le secret de l’Arbre de la connaissance, Job est devenu son NOM ; en celui de l’Arbre de vie, il devient l’Elohim épousé de Dieu, de Celui qui, amoureux fou de l’Homme, sans cesse frappe à sa porte, l’appelle, et auquel l’homme Job a répondu.
Aujourd'hui il ne s'agit plus de croire ou ne pas croire, mais de devenir.
Job est dit parfait.
Qui dit perfection dit statisme.
Dans l’arbre qu’il est, l’Homme est appelé à faire croître en lui la connaissance dont nous savons qu’elle est lumière et non encore lumière, qu’elle est « parfaite » à un niveau de connaissance et reste « imparfaite » dans les ténèbres, parce que non encore révélée.
Job ne se connaît pas.
Je compris que dans cette aventure grandiose, chaque membre et chaque organe du corps a un rôle dont la fonction physiologique immédiate est la manifestation. J’entendis le nom de chacun de ces lieux du corps résonner du sens de sa fonction et je sus pourquoi les premières vertèbres sont dites « sacrées », pourquoi le cervelet est appelé « arbre de vie », les couches optiques « couches nuptiales », etc.
Perturbé, désorienté par rapport à cette vocation fondatrice, le corps souffre ; il parle au niveau de l’organe signifiant l’origine du trouble, et le manifestant.
Il parle, il vit, ce corps ; il transmet l’exigence de croissance du noyau de l’être dont chacune de ses cellules est porteuse et dont chacune est faite pour en libérer l’énergie. Sa finalité est le « corps divin », son modèle, que Moïse a vu et dont il nous a transmis la mémoire sous le dessin de l’Arbre des Sephiroth.
Voilà le corps tel que je l’ai vu, tel que je l’ai ressenti. J’ai conscience des lacunes importantes que comporte l’étude que je viens de faire, lacunes dues pour une bonne part, certes, à l’étendue des domaines que j’ignore, ou dont je n’ai pas l’expérience, mais aussi aux nombreuses « circoncisions » auxquelles il m’a fallu m’astreindre en écrivant ce livre.
Il a, lui aussi, poussé comme un arbre et, pour que la sève puisse jaillir assez drue, sans se laisser boire par les nombreuses branches secondaires qui la sollicitaient, j’ai obéi à la loi selon laquelle l’arbre doit être taillé pour être mis à fruit. Le danger était grand de faire de chaque branche un arbre en soi et d’offrir au lecteur l’inextricable taillis d’une forêt vierge.
Retrancher une partie du corps, c’est mutiler l’unité de l’Homme, son harmonie. Arracher une dent, procéder à l’ablation des amygdales, quoi de plus bénin en apparence ?
Oui, apparemment. Il est certain, et je l’ai déjà signalé, que lorsque je parle d’un organe, je ne parle pas uniquement de cet organe en soi mais essentiellement de sa fonction qui se rejoue au niveau de chaque cellule du corps, en tant que celle-ci est un corps potentiel total.
Lorsqu’on procède à l’ablation d’un organe, sa fonction ne disparaît pas totalement, mais on ne peut nier qu’elle est considérablement blessée jusque dans sa dimension la plus subtile.
Et je vécus alors la jubilation de l’un des aspects de ce « jour un » de la Création où, soudain, « la Lumière est ».
Joie, ivresse même ! Tout était relié. Tout prenait un visage signifiant. Tout vivait. Tout ! Y compris le corps.
Et je découvris le corps de l’Homme, image du « corps divin » dont la Tradition rapporte que Moïse en vit la « forme » (Nb 12, 8), image appelée à retourner au modèle dont elle procède, dans un mariage ineffable image dimension symbolique du corps !