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Citations de Antoine Quatremère de Quincy (29)


On s’est persuadé que le secret de faire fleurir les Arts devait consister dans la vertu de ces rassemblements d’ouvrages qu’on appelle Collections, Cabinets, Muséum. Toutes les nations en ont fait à l’envi. Chose singulière, qu’on ne se soit pas encore avisé de remarquer que les chefs-d’œuvre ou modèles, recueillis et amassés à grands frais, ont tous préexisté aux recueils et aux amas de modèles, et que depuis qu’on a fait des Musées pour créer les chefs-d’œuvre, il ne s’est plus fait de chefs-d’œuvre pour remplir les Musées. Ne sait-on pas que Constantinople avait possédé dans les collections du palais Lausus et du Gymnase de Zeuxippe, les plus beaux recueils des ouvrages de la Grèce, sans que ces recueils aient donné naissance à un artiste Byzantin ? La Rome ancienne n’avait-elle pas eu précédemment les portiques d’Octavie, les galeries de la Maison d’or et du temple de la Paix ? Et cependant l’histoire n’a pas conservé le nom d’un sculpteur romain. Les collections classiques destinées à l’instruction des élèves sont utiles sans doute, mais elles ne doivent pas être formées aux dépens de l’Art même, et pour cultiver le goût des amateurs, il n’est pas nécessaire de détruire la véritable école du goût. Cette école ne consiste pas dans ces rassemblements universels des productions de tout genre. Cette école est partout où des ouvrages destinés à un emploi public sont livrés publiquement à la critique du sentiment, qu’exercent des juges mis en rapport avec le but que l’artiste s’est proposé. Le goût qui n’apprend à juger que dans les cabinets, ressemblera au talent qui travaille pour eux. C’est une nécessité que l’amateur juge comme l’artiste a exécuté. Ce qui a été fait sans le sentiment moral d’une destination utile, est reçu et jugé de la manière dont s’apprécient en tout genre les objets inutiles.

Or, peut-on mieux proclamer l’inutilité des ouvrages de l’Art, qu’en annonçant dans les recueils qu’on en fait la nullité de leur emploi.
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INGÉNIEUR, s. m. On distingue deux classes d'ingénieurs ; il y a les ingénieurs militaires et les ingénieurs civils : ce qui les distingue, c'est la différence des travaux de construction auxquels ils s'appliquent.
L'ingénieur militaire est un homme qui doit être parfaitement instruit de tout, ce qui regarde la construction et l'entretien des fortifications, des édifices militaires nécessaires dans les places de guerre, et doit par conséquent connaître à fond tout ce qui concerne l'attaque et la défense des places.
Relativement à la marine, l'ingénieur militaire est tenu d'être versé dans tout ce qui a rapport à la construction des vaisseaux, des ponts, des jetées, des
môles et autres édifices de ce genre.
L'ingénieur civil, et qui appartient à ce qu'on appelle l'établissement des Ponts-et-Chaussées, est un homme ayant fait des études de construction qui s'appliquent à la bâtisse des ponts, des murs de quai, des turcies et levées, et à la formation des routes ou des grands chemins publics.
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Ainsi, lorsqu’on parle de ce que Raphaël a dû à Michel-Ange, ici encore on ne voit pas ce que cette prétendue redevance offre de réel et de positif. Quand nous admettrions donc en cet endroit, comme nous l’avons admis plus haut, qu’il dut à Michel-Ange d’agrandir sa manière, il n’y a encore moyen d’entendre par là autre chose, sinon que Michel-Ange, par ses ouvrages, aurait été ce noble aiguillon qui, dans tous les genres, a incité les grands hommes à égaler et à surpasser les grands hommes qui les ont précédés.
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Selon le sens particulier que la théorie des beaux-arts donne au mot idéal, ce mot est l’expression superlative de ce qui nous semble, non pas hors de la nature, mais supérieur en qualité à ce que la nature nous montre le plus ordinairement, et partiellement considéré dans ses oeuvres.
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ADOUCIR, v. a. C'est l'art de laver un dessin d'architecture, de manière que les ombres se perdent insensiblement dans le clair, pour éviter la dureté qu'emporterait avec elle une ombre trop tranchante : cette règle n'est point cependant générale. Lorsqu'il s'agit de corps sphériques et de corps quadrangulaires, on doit la négliger pour les exprimer distinctement. La plupart des dessinateurs ne font pas cette attention ;. ils fondent indistinctement leurs ombres. Mais on ne peut les adoucir qu'en supposant que les ombres viennent d'un certain jour et non pas du soleil ; et alors les ombres ne sont plus décidées ; elles paraissent faibles et incertaines, et ôtent l'effet du dessin.
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Pour prendre une juste idée de la direction du génie de Michel-Ange dans Fart de la sculpture , qui occupa presque exclusivement ses premières années , et dut exercer une assez grande influence sur son goût, il faut se rendre compte de l'état général des arts en Italie , à l'époque où il naquit , et particulièrement du point où en était la sculpture , surtout à son égard , dans le demi-siècle qui précéda sa naissance.
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Les arts peuvent donc se considérer comme des miroirs où l’homme aime à se voir. D’après ce sentiment naturel , le goût des arts doit être partout plus ou moins fort , selon le plus ou le moins de perfection ou de fidélité de ces miroirs, ou selon les causes qui peuvent rendre plus ou moins agréable à ceux qui s’y regardent, la répercussion de leurs images.
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L'excellence du goût de Palladio, ou ce qui a donné à son école une plus grande autorité, tient à ce qu'il a plus soigné ses plans qu'on ne l'avait fait ordinairement avant lui qu'il les a rend us plus accommodés aux besoins des temps modernes, et aux facultés des fortunes moyennes; qu'il a su faire du grand sans de grandes dimensions, de la richesse sans beaucoup de dépense; qu'il a eu le secret d'approprier les ordres aux façades des palais, avec un goût particulier, d'employer toutes les variétés de matériaux, comme moyens de décoration des bâtiments.
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Monsieur, j'attends de jour à autre que vous m'écriviez si vous avez reçu le quatrième de vos tableaux , lequel je vous ai envoyé franc pour Paris, par le courrier de Lyon nommé Moslart. Je vous en ai écrit consécutivement par deux ordinaires, et vous ai annoncé que j'avois été payé dudit tableau par le sieur Géricaut, banquier, au profit duquel j'ai tiré sur vous deux lettres de change, première et seconde, qui doivent servir à le rembourser. Je vous ai envoyé en même temps un compte de l'argent que j'ai dépensé pour vous, depuis le compte dernier jusqu'à présent, en vous priant , si vous le trouviez bon , de m'envoyer un mot de quittance.

Aujourd'hui, il me semble assez à propos de vous écrire par anticipation ces deux lignes, par lesquelles je vous donne avis que j'espère vous envoyer, le i5 du mois prochain, le cinquième de vos Sacrements ; à cette fin que , si vous êtes encore hors de Paris, vous puissiez ordonner à quelqu'un des vôtres de le retirer ou du coche ou du messager : car je ne sais pas quelle voie on prend pour vous les faire tenir de Lyon à Paris, et je recommande toujours qu'on vous les envoie par celle qui est la plus sûre et la plus courte.

Le gros Chapron est de retour dans cette ville ; et y vit une seconde fois aux dépens du bon M. Renard. Il se vante de ravoir son tableau, et dit qu'il a ordre de le finir pour le Roi, aux dépens duquel il a été commencé : je ne sais si son dessein réussira. Je suis, Monsieur, votre très humble, etc.
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Il en est de l'histoire de Raphaël, lorsqu'on veut embrasser l'ensemble de ses ouvrages, comme de ces histoires universelles qui comprennent tant de régions à la fois, que l'écrivain, quelque méthode qu'il emploie, est parfois obligé d'intervertir l'ordre des temps et des matières, de revenir souvent sur ses pas, et de reprendre un sujet qu'il aura été forcé de laisser en arrière, pour ne pas trop couper la suite d'objets qui se lient nécessairement les uns aux autres.
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Les lettres de Poussin le présentent comme doué d'un sens droit, d'un jugement sûr, d'un esprit sérieux. Ses raisonnements sur la peinture sont pleins de solidité. Mais Poussin était trop occupé de son objet dans les études littéraires qu'il rapportait exclusivement à son art, pour avoir jamais songé à paraître un homme instruit et lettré en écrivant. On sait qu'il dissertait à merveille, qu'il parlait avec aisance et très volontiers sur la théorie comme sur la pratique de la peinture ; mais il est certain qu'il n'a jamais fait d'écrit sur ces objets. La manie d'écrire pour être imprimé n'était point celle de son siècle. Plusieurs alors furent d'habiles écrivains sans s'en douter. Un grand nombre de bons ouvrages de ce temps restèrent en portefeuille, et ne virent le jour qu'après la mort de leurs auteurs.
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Il aurait eu trop à perdre à se faire le suivant de Michel Ange. Les ouvrages qu'il produisit alors, et dont on va rendre compte, ne dénotent réellement aucune influence sensible de la manière de Michel Ange sur la sienne. On y trouve la preuve qu'il ne cessa point de suivre la ligne que son propre génie lui avait tracée, et même sans accélération dans sa marche. Il y a chez lui progression, mais lente, mais graduée; et l'on n'y aperçoit ni changement brusque, ni intervalle franchi.
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L'art de la tapisserie, et celui de la mosaïque, se sont disputé à l'envi , dans leurs procédés mécaniques, l'honneur de donner aux inventions de Raphaël une existence plus durable que celle qu'elles peuvent devoir au pinceau. La peinture en émail s'était aussi, depuis longtemps, chargée du soin de les perpétuer.
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La gravure naissante, en Italie, avait consacré à Raphaël ses premiers et mémorables essais. Toutes les époques de cet art furent marquées depuis, par l'ambition qu'ont eue les plus célèbres graveurs, d'associer l'honneur de leur burin à l'honneur de son pinceau. On dirait que plus le temps a pu se montrer contraire à la durée de ses oeuvres, plus l'art, destiné à en prévenir ou réparer les ravages, s'est empressé de soustraire à la destruction et à l'oubli les moindres productions même de sa première jeunesse. Non -seulement tous les ouvrages de Raphaël ont été gravés, mais le plus grand nombre l'a été plusieurs fois.
Toujours on a vu les graveurs enchérir sur leurs devanciers, dans le soin qu'ils ont mis à égaler le mérite de leurs copies, à celui des originaux.
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BUSCHETTO - architecte du onzième siècle
Le monument de Buschetto devait donner, et donna réellement une impulsion sensible au renouvellement des arts et de l'architecture, et il devint, par le grand exemple qu'il présenta, le premier moteur de la restauration du bon goût.
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IMPRESSION , s. f. C'est, dans la peinture de bâtiment, une couche , un enduit de couleur posé à plat, soit sur toile, soit sur toute autre matière, et dont l'objet est de préparer la surface ainsi enduite à recevoir les couleurs propres à ce que le peintre doit représenter ou exécuter.
On donne toujours une impression, c'est-à-dire une première préparation de couleur , soit à l'huile, soit à la cire, aux bois dont se forment les lambris et les panneaux de menuiserie dans les appartements, et souvent encore au revers des boiseries, pour les préserver de l'humidité.
Il est peu de matières auxquelles on ne donne ainsi une impression quelconque. Les bois de charpente exposés à l'air ou à l'action de l'humidité dans les ponts, les barres de fer, les travaux de tôle, les ouvrages en fer-blanc, reçoivent des impressions contre l'humidité, qui tantôt fait jouer et voiler les bois, tantôt oxide les métaux ou les consume par la rouille.
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ADYTUM, était un endroit secret et obscur des temples dans lequel les prêtres seuls pouvaient entrer; c'est de là qu'on entendait sortir les oracles. Sénèque, dans sa tragédie de Thieste (4, i, 679),

Hinc orantibus
Responsa danlur certa, cum ingénu sono
Laxantur Adyto fana.

Cette partie des temples des Grecs répondait aux Secos des temples égyptiens , dont Strabon nous a donné la description, et où il n'entrait même point de figure humaine, mais qui était rempli de figures symboliques d'animaux : ce que Lucien nous apprend aussi lorsqu'il dit : Semblables à ces temples d'Égypte qui sont si précieux au-dehors, et qui dedans ne renferment que des monstres.

Le seul adytum bien conservé et bien entier qui soit resté des anciens, se voit au petit temple de Pompeï ; c'est dans son intérieur que fut trouvée la Diane de goût archaïque, que l'on conserve au muséum de Naples. Cet adjtum était élevé de quelques marches au-dessus du niveau du temple, et était privé de lumière.
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Lorsqu'on analyse à l'égard de l'architecture, ou de l'art de bâtir des différents peuples, ce qui devrait constituer un véritable corps d'histoire, on y découvre de si divisions de temps et de lieux, qu'il serait impossible d'en coordonner les productions et leurs notions à aucune méthode, soit abstraite, soit chronologique ou géographique.
Que si, sans embrasser cette universalité, on se borne à l'histoire de l'architecture Grecque, devenue celle de toute l'Europe et d'un grand nombre d'autres contrées, on ne trouvera encore que trop de difficultés (pour ne rien dire de plus) à soumettre la totalité de ces connaissances au système régulier d'un ordre méthodique, et d'un plan à proprement parler historique.
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Il importe ordinairement moins au Public de savoir, qu'à l'Auteur de dire, quand et comment un écrit a pris naissance. Je crois effectivement être aujourd'hui seul intéressé dans cette petite révélation. Peut-être trouvera-t-on que je ne manque pas de quelque raison pour apprendre au lecteur que cet opuscule , anciennement composé , l'a été sans aucun autre but de ma part que d'éprouver la valeur et l'effet de certaines idées, détachées de l'ensemble d'un Traité plus considérable, sur l'effet poétique des ouvrages de l'Art.

J'en lus, il y a environ dix ans, quelques morceaux à la classe des Beaux-Arts de l'Institut, qui me parut les avoir écoutés avec indulgence. Le rapport des travaux de cette classe pour 1807 en fit même une mention obligeante.
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La même lettre me ravit et me console doublement quand , par les termes dont vous vous servez en m'écrivant, je connois assez qu'il vous plaît de me conserver en l'honneur de vos bonnes grâces, et de vouloir bien que je vous honore de tout mon cœur.

Je vous remercie infiniment de la promesse que vous me faites de vous souvenir de mes intérêts, si les affaires s'accommodent. Quant à ce que vous désirez de moi, assurez-vous, Monsieur, que j'ai renoncé à moi-même pour être tout vôtre.
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