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4.5/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Rome , le 22/12/1955
Mort(e) à :
Biographie :

Antonella Anedda (Anedda-Angioy), née le 22 décembre 1955 à Rome, est une écrivaine italienne contemporaine d'origine sarde et corse. Elle vit à Rome.
Elle a des ascendances sarde et corse (Serra de Serra-di-Scopamène par sa grand-mère).
Elle est diplômée en histoire de l'art, époque moderne. Pendant sa formation elle s'intéresse à la poésie russe (Ossip Mandelstam), à la la littérature et poésie contemporaine italiennes, ainsi qu'à la poésie dialectale. Elle enseigne le français à la Faculté de Lettres et de Philosophie de l'Université de Sienne-Arezzo.
Elle collabore a plusieurs revues dont Il Manifesto, Linea d'ombra, Poesia et Nuovi argomenti.
En tant que traductrice, elle a publié une anthologie de poèmes de Philippe Jaccottet : Appunti
Recueils de poésie :
• Residenze Invernali (Crocetti, Milan, 1992), pour lequel elle a reçu le prix Sinistralité, le prix Diego Valeri et le Tratti Poetry Prize.
• Notti di pace occidentale (Donzelli, Rome, septembre 1999). Prix Eugenio Montale 2000. Traduction française : Nuits de paix occidentale & autres poèmes (L'Escampette, Bordeaux, novembre 2008. Traduit de l'italien par Jean-Baptiste Para, rédacteur en chef de la revue littéraire Europe).
• Il catalogo della gioia (Donzelli, Rome, 2003).
• Tre stazioni (LietoColle, Faloppio, 2003).
• Dal balcone del corpo (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, 2007). Prix Napoli 2007.
• Salva con nome (Mondadori, Collection Lo specchio, Milan, 2012).
Tenue pour l’une des voix les plus originales de la poésie italienne contemporaine, Antonella Anedda est présente dans de très nombreuses anthologies italiennes et étrangères. Une traduction partielle de Notti di pace occidentale (Nuits de paix occidentale & autres poèmes) est parue en 2008 aux éditions bordelaises L'Escampette (traduction de Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe)**. Certains des poèmes traduits dans ce recueil ont déjà paru dans le n° 1 de la revue Confluences poétiques (Mercure de France, mars 2006), dans le n° 132 (décembre 2006) de la revue Décharge, dans le n° 20 (automne-hiver 2007) de la revue Rehauts, et dans la revue Europe (novembre 2007).
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Source : Wikipedia
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Avec Antonella Anedda, Michel Deguy, Jacques Demarcq, Benoît Casas, Andrea Inglese, Sophie Loizeau, Valerio Magrelli, Claude Mouchard, Guido Mazzoni & Martin RueffAndrea Zanzotto est né il y a cent ans et mort il y a dix. Ce double anniversaire, marqué par d'importantes publications posthumes, Erratici, disperse e altre poésie (1937-2011 – Francesco Carbognin éd., Mondadori, 2021), Traduzioni, trapianti, imitazioni (Giuseppe Sandri éd., Mondadori, 2021) est l'occasion de nombreuses célébrations en Italie comme en France. Dans le cadre d'un colloque de trois jours, « Zanzotto europeo, la sua poesia di movimento » (25-27 novembre 2021), organisé par Giorgia Bongiorno, Laura Toppan, Andrea Cortellessa et Martin Rueff, la Maison de la Poésie accueille cette soirée exceptionnelle. Des poètes de France et d'Italie évoqueront la figure d'Andrea Zanzotto, l'importance de son oeuvre, la fécondité de son héritage. Le programme du colloque est consultable sur le site de l'Institut Culturel Italien À lire – Andrea Zanzotto, Venise, peut-être, trad. de l'italien par Jacques Demarcq et Martin Rueff, éd. NOUS, 2021.

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Dans une même terre


Si j’ai écrit c’est par inquiétude
parce que j’avais souci de la vie
de la félicité des êtres
serrés dans l’ombre du soir
quand le soir s’abat soudain sur les nuques.
J’écrivais pour la pitié des ténèbres
pour toute créature qui recule
dos plaqué à la rambarde
pour l’attente marine – sans cri – infinie

Écris, me dis-je, et j’écris
pour avancer plus seule dans l’énigme
parce que mes yeux m’alarment
et le silence des pas est mien, mienne la lumière
déserte – clarté de bruyère –
sur la terre de l’avenue
Écris parce que rien n’est défendu et le mot arbre
tremble plus fragile que l’arbre, sans ramure ni oiseaux
parce que seul le courage peut creuser
vers le haut la patience
jusqu’à ôter du poids
à la noire pesanteur du pré.
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décembre, nuit


« Demain treize décembre, Sainte-Lucie. Je grimpe les marches de l’église avec la même peine que celle qui guide le pas des aveugles vers la statue couronnée de feux, j’avance sans prière sachant que la lumière se lève ailleurs là où fulgure pour moi un langage insurmontable. Je paie cependant mon cierge et tourne autour de l’autel, privée – telle est la leçon – de la flamme allumée à quelques pas par une anonyme main de sacristie.

Souviens-toi de ce soir, sa réalité moins reluisante
l’autel pauvre, les fidèles peu nombreux, la messe déjà finie depuis des heures.
Traverse l’espace et le tourbillon d’herbe des chambres ardentes
imagine la face – lourde comme une tête de bête
dressée au sommet des mains et le fil transparent
qui dans la mort unit sur le marbre les chevilles.
Pour toi, que mon amour a tristement manqué
– avec horreur.

Attends que tombe l’effrayante nuit, que disparaisse
la lumière du crépuscule, et que la terre
tourne sur son axe.
Telle est la vérité de ce soir incertain
sur les buissons d’acacias et sur les maisons
telle est sa mesure - une acre de désert.

Supporte tes pensées dans le noir
qu’elles avancent en foule de mémoire.
Tu peux les mettre en file jusqu’aux sommets de l’effroi
les fixer vacillantes quand la plaine s’obscurcit
en attendre le retour maintenant que le chien se tait
et que l’esprit s’éteint
durant un instant forme sans mal
âme du géranium
tendu sur la balustrade. »

SAINTE LUCIE


Riche et belle jeune fille de Syracuse, Lucie, convertie au christianisme, est trahie par son fiancé qui la dénonce au consul. D’abord condamnée à être menée au lupanar, la jeune fille est préservée dans sa vertu par le refus obstiné des bœufs de l’y conduire. Exacerbée par ce prodige, la haine de ses bourreaux ne connaît plus de limites. Non satisfaits de l’asperger d’huile bouillante, ils lui arrachent les dents et les seins. Elle est alors mise sur le bûcher dont les flammes l’épargnent. Elle meurt décapitée en 304 sous l’empereur Dioclétien. Selon une autre légende (rapportée par Fernand Ettori dans Anthologie des expressions corses, Rivages, 1984), la sainte Syracusaine se serait elle-même arraché les yeux pour ne point désobéir à son voeu de chasteté et la Sainte Vierge lui aurait alors restitué des yeux encore plus beaux et plus brillants.

Particulièrement vénérée en Corse, dont de nombreux villages portent le nom, Santa Lucia est une sainte réputée pour guérir les maladies des yeux. Nombreuses sont les fontaines qui lui sont consacrées dans l’île. Et les pèlerins profitent du jour de sa fête pour aller puiser l’« acqua di Santa Lucia », aux vertus curatives pour les yeux malades.

Le 13 décembre, jour où tombait le solstice d’hiver selon le calendrier julien (le jour le plus court de l'année), rappelle « la menace des ténèbres et la nécessité de la protection divine pour garantir le don précieux de la lumière ».

Aujourd’hui encore, l’on retrouve dans la langue corse de nombreuses expressions, proverbes ou dictons où ces yeux tiennent une place importante : « Chì santa Lucia ti mantenga a vista ! » (Que sainte Lucie te garde la vue !) ou « Si santa Lucia li manteni a vista » (Il ira loin si sainte Lucie lui garde la vue). Le continent n’est d’ailleurs pas épargné dans la mémoire collective corse. Ainsi dit-on, à propos d’une personne qui louche : « Ha un ochju chi guarda in Francia ! » (Elle a un œil qui regarde en France !).

Une des plus célèbres représentations picturales du martyre de la sainte est celle du peintre Caravage (Michelangelo Merisi) : le tableau intitulé Seppellimento di santa Lucia (L’Enterrement de sainte Lucie), 1608-1609, anciennement exposé dans l’église Santa Lucia al Sepolcro de Syracuse, a été mis en dépôt à la Galleria regionale di Palazzo Bellomo, dans l’île d’Ortygia.

Ont aussi été conservées plusieurs toiles de Sainte Lucie peintes par Francisco de Zurbarán (voir la note de lecture que j’ai consacrée à Lucie de Syracuse de Marie Ferranti).


dicembre, notte


« Domani tredici dicembre, santa Lucia. Salgo gli scalini della chiesa con la stessa fatica che guida i passi dei ciechi verso la statua incoronata di fuochi, avanzo senza preghiera sapendo che la luce si sta levando altrove là dove sfolgora per me un linguaggio insormontabile. Ma pago la mia candela e ruoto intorno all'altare, priva – questa è la lezione – della fiamma accesa a pochi passi da un'anonima mano di sagrestia.

Ricorda questa sera, la sua realtà meno splendente
l'altare povero, i pochi fedeli, la messa già finita da ore.
Attraversa lo spazio e il vortice d'erba delle camere ardenti
pensa la fronte - pesante con un testa di bestia
scagliata sul crinale delle mani e il filo trasparente
che nella morte unisce sul marmo le caviglie.
Per te, che il mio amore ha mancato mitemente
- con orrore.

Aspetta che scenda la temuta notte, che scompaia
la luce dal crepuscolo, e ruoti
la terra sul suo asse.
Questa è la verità di questa sera incerta
sei cespugli di acacie e sulle case
questa è la sua misura – un acro di deserto.

Sopporta i tuoi pensieri dentro il buio
che avanzino in fitte di memoria.
Puoi schierarli fino a crinali di spavento
fissarli fino a crinali di spavento
fissarli vacillare quando la pianura si oscura
attenderne il ritorno ora che il cane tace
e la mente si spegne
per un attimo forma senza male
anima del geranio
teso sulla ringhiera. »
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ARCHIPEL (UN COLLAPSE)



Rouge et gris, une couronne brisée de granit et de sel
un souffle dans le cœur de chaque écueil.


Je suis tombée sous peu de nuages
un jour de plein printemps
avec un arbuste plié sous le corps
et l’entier promontoire sur la nuque.
J’avais du sable dans les oreilles, la patte
incertaine du chien sur les tempes.
Un éboulement semblable à celui que nous connaissons dans le rêve
l’instant où le mouvement semble trouver l’énigme de l’espace.


Toutes les îles volaient
reproduisant avec exactitude le vide entre les pierres
se remplissant de vent à chaque halte
les pierres bondissaient en sifflant
comme des frondes jusqu’à la glace des pieds
et le souffle était un tronc avec des feuilles à engloutir
avec des yeux étroits, jusqu’aux racines.


Avant il y avait la maison, grise, parfaite dans le soleil
axes déconnectés, vieux clous, une chaise,
puis ce sifflement mixte de voix
deux enfants et la langue du chien
comme une touche d’infini sur la gorge.


Peut-être est-ce cela qui a montré au destin
comment encore brûlait pour moi la ligne de la vie


quand la main écorchée s’est mise
à chasser une mouche
qui pointait décidée vers le ciel.



ARCIPELAGO (UN COLLASSO)

Rosso e grigio, una corona spezzata di granito e sale

un soffio nel cuore di ogni scoglio.

Sono caduta sotto poche nuvole
un giorno di piena primavera
con un cespuglio piegato sotto il corpo
e l’intero promontorio sulla nuca.
Avevo la sabbia nelle orecchie, la zampa
del cane incerta sulle tempie.
Uno smottamento simile a quello che conosciamo in sogno
l’istante in cui il moto sembra trovare l’enigma dello spazio.


Tutte le isole volavano
riproducendo con esattezza il vuoto tra le pietre
riempiendosi di vento a ogni sosta
i sassi scattavano fischiando
come fionde fino al gelo dei piedi
e il fiato era un tronco con foglie da inghiottire
a occhi stretti, fino alle radici.


Prima ci fu la casa, grigia, perfetta dentro il sole
assi sconnesse, vecchi chiodi, una sedia,
poi quel fischio misto a voci
due bambini e la lingua del cane
come un tocco d’infinito sulla gola.
Forse fu questo che mostrò al destino
come ancora mi ardesse la linea della vita


quando la mano scorticata si mosse
a scacciare una mosca
che puntò decisa verso il cielo.
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POUR UN NOUVEL HIVER

À la mort d’A.R. [Amelia Rosselli]

S’il suffisait de ceci : arriver quelque part
en prononcer parfaitement le nom, être à la maison.

Heureux hiver quand le nouvel hiver est passé
d’un début qui pour nous est encore sans nom
proche du chemin des filets, l’été
peut-être, un faible cercle de lueurs.
Autour, des plantes seules
que tu n’aurais pas eu le temps de déplacer
de l’eau sur les pierres soufflée ― la grêle
nous ne saurons jamais si elle est arrivée au bruit
qu’elle faisait sur les toits, là à ton époque
dans la propreté blanche et humaine des sanitaires.
Jusque là, juste des pas nets
que tu écoutes peut-être avec un ardent silence
et l’air entre les orangers agités lentement par la main des vivants.

Tu vois, ici pour la première fois, rien ne se perd.
Ce matin, ils ont battu la terre
froide ― comblée par la joie des eaux
le vent dans la cour
a oublié pour toi
la barre de la chaise, la nuque renversée.
Bonne nuit maintenant qu’il fait nuit à nouveau
et il est faux que le gel durera
et doucement tu abaisses la pensée
peut-être un déclic déclenche-t-il quelque chose en hauteur
très haut ―
une note
au-delà du bec, au-delà des yeux brillants d’un oiseau
un éclair de colline ― celle-là en bas
collée au toit vert bronze de l’église.
Bonne nuit à toi
à jamais privée d’abîme une steppe de l’âme étouffée
où l’olivier se plie sans un bruit
Jérusalem de la quiétude
de la quiétude et du tronc qui encercle et inscrit la mort
qui l’aspire dans le vide et dans le vide la jette
et la mâche lentement.

Je n’ai ni voix ni chant
mais une langue tressée de paille
une langue de corde et du sel dans mon poing
plein pour chaque fissure
dans le portail de la maison qui frappe sur le tombeau dur de l’aube
de l’obscurité à l’obscurité,
pour qui reste
pour qui tourne.
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LE DIT DE L’ABANDON


À quelle profondeur coule la source de l’abandon ?
Il y a des jours où elle rode avec un manteau sur son pyjama.
L’infélicité est scandaleuse.
Elle est si coupable qu’elle ne peut avoir de commerce avec le corps.
Elle le regarde avec détachement. Elle s’emmitoufle dans le manteau
et dort comme un fœtus. Le froid est bienvenu.
Le corps n’est rien d’autre qu’un toit.
Il n’y a pas de désir, pas de noms, pas de sexe.
" Comme les escargots ", murmure-t-elle.
Le col de fourrure couvre ses yeux et ses oreilles.
En s’endormant sa tête fend l’air
elle navigue en rêve au bord des corniches de pierre.

« Antonella Anedda a dit que la poésie était la réalité même de sa vie : "une racine, et parfois une lame". Une racine qui la relie à la totalité de la terre et du cosmos, aux vivants et aux morts, à la parole même de ce qui semble ne pas avoir de voix. Et une lame qui ouvre au monde, désigne une blessure, mais devient aussi l'emblème du tranchant de la poésie. »

PARLA L’ABBANDONO


Quanto profonda scorre la vena dell’abbandono ?
Ci sono giorni in cui vaga con il cappotto sul pigiama.
L’infelicità è scandalosa.
È così colpevole che non può avere commerci con il corpo.
Lo guarda con distacco. Si avvolge nel cappotto
e dorme come un feto. Il freddo è benvenuto.
Il corpo è solo un tetto.
Non esistono nomi, né desiderio, né sesso.
" Come lumacche " bisbiglia.
Il bavero di pelo copre occhi e orecchie.
Addormentandosi la sua testa fende l’aria
naviga in sogno lungo i cornicioni di pietra.
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Avant le dîner, avant que les lampes ne chauffent les lits et que le feuillage
des arbres ne devienne vert-noir et la nuit déserte. Dans le court espace du
crépuscule défilent des saisons entières et méconnues; le ciel alors se charge
de nuages, de courants qui soulèvent bûches et ronces. Contre les vitres de la
fenêtre bat l’ombre d’une tempête mystérieuse. L’eau renverse les buissons,
les bêtes chancellent sur les feuilles mouillées. L’ombre des pins s’abat sur les
planchers; l’eau est gelée, de la forêt. Le temps s’arrête, disparaît.
Soudainement, dans le calme solennel des allées, dans le vide des fontaines,
dans les pavillons éclairés toute la nuit, l’hôpital resplendit tel une résidence
de Saint-Pétersbourg en hiver.

Il y aura un cauchemar pire
entrouvert entre les feuilles des jours
aucune porte ne claquera
et les clous plantés au commencement de la vie
plieront à peine.
Il y aura un assassin étendu sur le palier
son visage dans les draps, l’arme à ses côtés.
Lentement la cuisine s’entrouvrira
sans le bruit des vitres brisées
dans le silence d’un après-midi d’hiver.
Ce ne sera pas l’amertume, ni la rancune, seule
- pour un instant – la vaisselle
deviendra immense d’une splendeur marine.

Alors il faudra s’approcher, monter peut-être
là où le futur s’étrécit
à l’étagère remplie de pots
à l’air renversé de la cour
au vol sans déploiement de l’oie,
avec la mélancolie du patineur nocturne
qui d’un coup connaît
le sens du corps et de la glace
se tourner à peine,
s’en aller.
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Antonella Anedda
ÉPILOGUE

C'est une montagne
avec un sommet noir pointu. C'est le mont Cinto dei Corsi,
dépourvu de grandes rivières, de plaines, très proche de la mer,
véritablement entouré uniquement de ruisseaux.
Cette fois le souvenir est clair, il n'y a pas de lacunes:
je me souviens avec précision, avec précision
comme pour un triangle, le vide au centre et pointé
vers le ciel: un pic qui s'éloigne de la terre
et à l'intérieur a l'abstraction de
l' air . toute la vie blanche que trois lignes compressent.
Cette montagne n'est ni le Sinaï
ni le Parnasse, il n'y a ni dieux ni prophètes.
Seul, il nous prépare au silence, à la nuit
qui lentement muraille et fait basculer le ciel
et laisse
une odeur marine s'installer sur les sapins
un désir, une musique muette
comme
le pensaient peut - être les premières créatures de l'histoire.
L'épilogue aura lieu plus tard,
je sais comment le mot «fin» s'annonce
comme un regard formidable
creusant la poitrine de ceux qui se taisent
et comment une âme perdue
(la troisième, la centième) sonne à jamais
chez ceux qui abandonnent.
Ma montagne ne se venge pas, pas encore
parce que l'amour n'est pas encore utilisé.
Aujourd'hui, j'appelle
cet être irréel proche de la réalité .
A l'est, Rome est déserte sans églises
ici, une tempête s'épaissit simplement
, les nuages ​​se rassemblent.
l'ombre de la pluie qui nous confond maintenant.

Corse, Monte Cinto 1997 - Rome, mars 1998
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OCTOBRE, NUIT


« Accepte ce silence : la parole étranglée dans le noir de la gorge comme une bête engourdie, comme le sanglier empaillé qui durant les orages d’octobre étincelait dans le cellier. Livide et tressé de paille, le cœur sec, sans fumée, et pourtant face à la foudre qui clouait la porte, chaque fois à l’endroit exact où la mort avait commencé : l’inutilité de reculer, le corps ardent, la crosse du chasseur sur son flanc.

Ferme les yeux. Pense : lièvre, et renard et loup, appelle les bêtes qui pourchassées courent sur la terre rase et sont à un jet de fronde de mourir et de s’endormir épuisées dans la tanière où seul celui qui est poursuivi connaît vraiment la nuit, vraiment le souffle. »


OTTOBRE, NOTTE


« Accetta questo silenzio: la parola stretta nel buio della gola come una bestia irrigidita, come il cinghiale imbalsamato che nei temporali di ottobre scintillava in cantina. Livido e intrecciato di paglia, il cuore secco, senza fumo, eppure contro il fulmine che inchiodava la porta, ogni volta nel punto esatto in cui era iniziata la morte: l'inutile indietreggiare, il corpo ardente, il calcio del cacciatore sul suo fianco.

Chiudi gli occhi. Pensa: lepre, e volpe e lupo, chiama le bestie che cacciate corrono sulla terra rasa e sono nella fionda del morire o dell'addormentarsi sfinite nella tana dove solo chi è inseguito conosce davvero la notte, davvero il respiro. »
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FRONTIÈRES



La énième nouvelle du massacre nous parvient ce soir
à l’heure où, une fois mis à laver les tout derniers vêtements,
on fait la couverture pour dormir.
Sur l’écran de télé unique source de lumière dans la pénombre de la pièce
défilent les visages des morts et ceux des morts-vivants, éclairs d’armes,
corps dénudés et parmi les décombres un chien.
L’histoire démultiplie ses spectres, elle les agglutine
aux confins des empires dans l’ère de fer qui nous irradie.
Un assaut sans nom a commencé.
Eaux résiduelles, alluvions, roches éclatées
pour la prospection pétrolière. Les esclaves résistent
affairés à empiler nos biens en pyramides.



CONFINI

L’ennesima notizia della strage arriva questa sera
nell’ora in cui messi gli ultimi panni in lavatrice
si scoperchiano i letti per dormire.
Sullo schermo del televisore unica luce nella stanza buia
scorrono visi morti e morti vivi, lampi di armi,
corpi nudi e dentro ai calcinacci un cane.
La storia moltiplica i suoi spettri, li affolla
ai confini degli imperi nell’èra di ferro che ci irradia.
Ha inizio un assedio senza nome.
Acque reflue, alluvioni, rocce spaccate
in cerca di petrolio. Resistono gli schiavi
intenti a costruire le nostre piramidi di beni.
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MAI, NUIT

À ma mère et mon père

« Vent de mai de Bonifacio à Corte, mistral depuis les Bouches à rebours jusqu’à Santa Teresa et au sud du sud jusqu’au Campidano. Archipels en étoile et fureur de beauté sans dieux. Les vaches défilent pour la fête de Sant’Efisio, avec les cornes entourées de fleurs, elles avancent avec la mer lumière-blanche sur le dos.
Là-bas ― l’horizon. Ici ― dans la pièce ― meurt le chien le plus aimé, avec le museau entrouvert à la lumière comme fini par une main invisible. »


MAGGIO, NOTTE

a mia madre e mio padre

« Vento di maggio da Bonifacio a Corte, maestrale dalle Bocche a ritroso fino a Santa Teresa e a sud del sud fino al Campidano. Arcipelaghi a stella e furore di bellezza senza dei. Le mucche sfilano per la festa di Sant'Efisio con le corna circondate di fiori, avanzano con il mare luce-bianca sul dorso. Laggiù ― l'orizzonte. Qui ― nella stanza ― muore il cane più amato con il muso socchiuso alla luce quasi finito da una mano invisibile. »
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