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Citations de António Ramos Rosa (186)


Il y a un moment où tout va commencer Quelque chose s’endort ou s’enroule
dans un espace verdoyant aux éclats blancs
Les mots seraient-ils fleurs du chaos ou syllabes du silence ?
Comme est doux cet été mûri presque un automne !
C’est une force féline une lenteur d’harmonie
Il a traversé les intempéries d’une steppe la solitude d’un désert
Les images se multiplient mais leur colonne est nue
contemporaine des arbres et des nuages
la luxuriante intégrité de n’être pas encore
tout en étant le temps déjà d’une imminente maturité
C’est le désœuvrement ocre et veiné de rouge
C’est la vigueur d’un cheval au port somptueux
C’est un rêve un jeu vague et ces corolles dessinées
ne sont pas du feu ni de l’eau mais elles luisent
parce qu’elles naissent d’une face incandescente et ingénue
à laquelle le monde encore n’est pas né la merveille c’est le possible
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Je suis la transparence céleste d’une poitrine dilatée
la proue subtile d’un absolu passionné
qui pourrait être un dieu et qui est mon aimé converti en air
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J’ai déjà dit plus d’une fois ce que j’ai dit
sans dire ce dont maintenant je ne sais si je vais le dire
C’est sans doute une illusion de supposer que le mot se dresse
et brûle en ce qu’il coïncide avec la substance réelle
Mais si le mot ne parvient pas à être une évidence fertile
du monde il est la soif qui invente sa source
et nous ne savons plus si l’eau en est substance verbale ou liquide
Le désir se porte sur la chance d’un lien silencieux
avec un corps éparpillé mais d’une vibrante unité
Ce corps se tient dans l’espace selon un abandon voluptueux
mais pour nous nous avons les muscles trop rigides
et la langue ne trouve pas les voyelles vivantes qui font le velours de la paix
C’est ce corps que jadis les hommes partageaient sans le couper en parts
de nouveau ils naissaient des saillances viriles et des poumons
Quand viendra-t-il le jour où entre-reconnaître nos visages
comme de fauves fruits avec leurs sillons d’ombre et leur chanson de source ?
Voilà la communauté vive à laquelle toujours nous rêvions
voilà la gloire l’unique de l’identité commune
dans laquelle les rêves battaient des ailes parmi d’heureuses ombres
parce que nous nous tenions en bord de mer auprès de grandes jarres bleues
gorgées de sève ou du pollen d’immenses tournesols
Mais le scribe patient finit par se lasser
par désirer la présence effective de tout ce qu’il projette
dans un futur possible ou improbable Il se tourne
vers le possible pur d’être tout cela qu’il désire
afin d’être lui même entre commencement et fin
Et comme on dresse un large tissu blanc
pour y projeter une image ou bien une ombre
sur la table du vent il dépose sa page
et y écrit dans la violence de l’éclat ces mots :
J’écris afin que l’univers dise oui dans l’espace pur
et que ce oui résonne en ma poitrine ouverte
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Ce que nous devons accueillir parce que c’est ce qui nous manque
serait-ce l’épaisseur impondérable d’un instant
dans le lien non réel mais d’un souffle possible ?
Peut-être est-ce vivant tout ce que nous aimons
sous l’arche du début et sous l’arche dernière
C’est à chaque moment que tout peut commencer
et même si nous ne sommes pas préparés voilà que nous le sommes
entre ce qui est prématuré et ce qui vient à mûrir
Le mot survient dans la lenteur féline
de ses muscles d’eau et de feu facile
Nous sommes attentifs comme si nous étions dans une barque
traversant un désert dépourvu de signaux
Nous vivons sous la basse corolle du vide
mais quelquefois nous rencontrons le bras d’une oasis
et l’horizon d’un seul instant devient tout le monde possible
Vivre c’est naviguer entre sens et non-sens
et gagner un sens dans le vent comme si nous étions son pouls
ou un pont de verdure oscillant entre deux collines
Mais être vivant c’est perdre ses propres pas
ou avancer vers ce que nous ne savons pas
ou ne savons que trop et voulons ignorer
Qui sait peut-être cheminons-nous vers le commencement
ou alors vers quelque possible indépassable
Qui nous cherchons serait-ce à jamais un autre anonyme
ou bien cet autre est-il notre être le plus nôtre ?
Dira-t-on que le monde est une quille qui nous fend
à tout moment ? Ou bien est-ce la mort ?
Les lettres seraient-elles les boucles d’une étoile
et leur ondulation la délivrance d’une femme enceinte ?
Ou encore tout ce qui dans la page se redresse
serait-ce la naissance d’un espace une respiration ?
Nous savons que nous perdons mais nous ne savons pas quoi
et nous vivons dans la perte et peut-être de la perte
C’est en elle que la proue du poème avance
en inventant sa confiance audacieuse
en la saveur du vent qui nous dénude et nous remue
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De la maison blanche
on aperçoit la mer
le dos fauve
de la plage
nu

femme de sable
allongée sinueuse
dans la fraîcheur bleue

Une blanche voile
d’une fraîche minutie

au regard offre la brise
au silence la mer

La femme sommeille
vivante
dans l’écume
du silence
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Quelqu’un n’a pas trouvé l’espace
mais seulement une sourde ondulation
dans un bateau de fumée et d’ombre
Tout pourrait commencer dans la fragilité pure
d’un presque rien d’une syllabe de soleil
sur la page calcinée
Combien d’images combien de miroirs combien de mains
combien d’armes suspendues
sont noyées sous une liquide sépulture
violement figés par une glaciaire inflorescence
Mais quelque chose veut émerger une flèche secrète
une simple ligne en profondeur
des murmures
des prémices de fraicheur
et un arc s’élève
une constellation bleue s’allume
une corolle oubliée scintille sur les pierres
[..]
Ouverts depuis peu sont les chemins et les bois
et la nuit cette pierre intemporelle
confond sa secrète haleine
avec la très pure respiration de l’instant
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C’est le vide qui affirme une telle neutralité
qu’une seule ligne relie l’aura et l’oubli
Son silence est un détachement une lumière d’ombre
toujours l’absence bien que l’absence brille parfois
[..]
Mais le vide est l’identique qui ne répond
et ne se consume Néanmoins il habite
les formes dans la délicatesse de leurs contours
Comme une figure vivante cette jarre se perçoit
dans le silence bleu du centre
La passion trouve la dimension géométrique
quand elle s’éprend des espaces cristallins
d’un palais On dirait alors que le néant
s’embrase et dort la pénombre d’une patrie
Et la lumière très haut éblouit le cœur du vide
jusqu’au tremblement d’un premier nom
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Contre la violence de la parole le geste musical
absorbe le silence et le transforme en autre silence
peut-être identique mais désormais substance transparente
au-delà de la solitude ou au contraire en son giron même
Comme si un instrument prenait l’accord jusqu’à être l’œil ouvert
qui crée des présences à la lisière du monde
ou qui nous ouvre un espace pour un acte d’amour
Comme si la parole devenait un corps qui s’offre tout entier
et dépassait l’espérance et l’illusion
si plus qu’une image elle était le temps transparent
où la forme la plus intime de chacun
se convertissait dans la claire géométrie d’une terrasse
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On perd avec l’âge un je ne sais quoi
peut-être l’ombre la saveur et même la tristesse
et nous touchons ainsi une autre paix qui s’incline
sur des clairières de lumière frappées d’échos
mélancoliques et lucides Presque sans illusion
nous nous rendons aux confins d’une paix
qui est la mesure du monde quand plus rien
ne s’offre à nous sinon la possibilité
d’habiter les heures d’un univers qui
est une gloire obscure et transparente dans le silence
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Ton visage s’est ouvert et l’ombre secrète
s’est bleuie de ton image lumineuse
Je t’aime quand tu nais tournée vers ta lumière
Ton ignorance est la musique des sources
sur ton front courent les nervures de l’eau
sur ton visage affleure un timbre de mercure
Et toute la part d’ombre en toi
semble se rassembler et pressentir l’arbre
qui loin d’éblouir est douceur et mort
plus unanime en son automne que la lumière sans ombre
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Nous dormions au creux d’un sein comme au creux d’un coquillage
immense était la terre un arbre était un prodige de présence en majesté
l’eau la vive liberté de la nudité
et les étoiles avaient l’éclat frémissant de leur nom
Nous allions à travers champs au milieu de l’or des moissons
et nous sentions la grande force fauve de la terre
Sur la face pleuvait parfois une pluie claire
le monde éblouissait étoffe que l’on a blanchie
Nous étions ignorants notre ignorance était savoir latent
par bordées de clartés sur pierres et nuages
Nous étions au monde dans la haute innocence
qui sous l’arche du jour nous faisait perspective
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Nous recourons au mot comme si son mouvement pouvait nous abriter
dans la végétation luxuriante des métaphores
ou dans la pauvreté de ses blancs vestibules
Mais afin qu’il soit plus qu’une illusoire transparence
il faut entendre enfin le secret de ses eaux
la résonance bleue de ses guitares noctambules
Et si le mot n’est rien que le mouvement vague d’un nuage
qu’il nous défende en cet instant de la violence des voix diurnes
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Notre erreur de tous les instants est de trop espérer
sans savoir vivre à l’étage de l’existence
L’imagination nous mène au multiple puis au rien
Nous ne pouvons monter nous ne pouvons descendre
mais nous pouvons au moins donner une lune à la solitude
et au vide creusé l’incertitude d’une page
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Quand il n’y a rien à dire définitivement
mais comment le saurions-nous si brûle encore une étincelle impatiente
capable d’embraser méandres du désir et sentiers de la soif ?
Nous nous voulons toujours quelque chose excessif quelque chose dressé
et telle est notre liberté notre caressante violence
car ce qui nous habite dans sa nullité ne tient pas en nous
Nous avons besoin d’une perspective pour notre ombre propre
comme s’il lui était donné de devenir l’évidence blanche d’un horizon
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La vérité jamais ne pourra être un terme
mais une modulation des voix entre deux rives
d’un silence à un silence
et nous serons en tous un seul le même et l’autre
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Le désir nous dresse de vague en vague
nous dépose dans l’oubli mais de nouveau nous dilate
et c’est cela le temps et nous n’avons que cette terre
cette évidence qui nous fuit
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LONGUE, ENDORMIE



Longue, endormie comme une énigme,
dans une verte agonie sous les eaux,
longue et lente, lointaine et presque aveugle,
tant soit peu divine dans un nuage
blanc et fluide, inachevée
dans une lumière de lymphe parmi le reflet des arbres
et les petits miroirs lisses
du fond de l’eau,
longue, endormie comme une énigme,
impétueusement silencieuse,
elle traverse les images scintillantes,
traîne derrière elle les feuilles desséchées,
et s’en va recueillir les caresses immobiles
dans son visage tremblant de lune blanche.


/Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
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Qui a recueilli l'oiseau, marges dilacérées ?
Quelle est l'écriture du visage ?
Que soit vivante la femme, le feu de son visage.
Il ya un pré dont l'herbe est faite pour le bonheur.

Il y a une assiette d'eau pure pour le bec de
l'oiseau
il y a un chemin proche entre les décombres et les
fougères,
il y a un silence d'été
et des monuments inviolés parmi les herbes
rebelles.

Qui a recueilli l'oiseau dans le jardin de l'eau ?
Qui a monté la pénombre du cheval de pierre ?
Qui l'a mis au soleil, l'a exposé sous la lune ?

p.45
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DANS LA DENSITÉ VÉGÉTALE


Ni promesse ni espérance, car la barque
du sommeil vogue sur un fleuve de chevelures
et la pluie tombe verticale sur un visage d'argile.
La dispersion est végétale dans les veines de la forêt,
un oiseau de sang fait son nid dans la pierre.
Dans l'extrême densité nous sommes le semblant
et la clarté verte. Nous habitons la sève
du silence sans recevoir de messages.
Entre l'eau et le feu l'adolescente de granit porte
une amphore transparente et c'est le temps qui
brasille.

p.105
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LES ROUTES LÉGÈRES


Un dieu joueur qui ne veut rien,
qui rêve ou chante, est lui-même un rêve
qui scintille dans le sable. Feu ou désir,
enfant qui court dans le vent parmi le vert des
étoiles,
la main ondule, écrirait presque, danserait presque,
et dans une violence bleue embrase et efface
les routes légères suspendues au-dessus de l'abîme.

p.102
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