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Citations de António Ramos Rosa (186)


António Ramos Rosa
J'aime,
je sens le tremblement
des arbres.
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António Ramos Rosa
Je veux appartenir à la voûte obscure comme un armant désarmé
devenir le souffle du silence sur les épaules des nuages.
Je veux adhérer à l'ombre des paroles du feuillage
et comprendre la terre dans la soie farouche du désir.


( anthologie de la poésie portugaise contemporaine)
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T'écrire c'est me préparer à un nouveau jour,
une lutte d'étreintes et de fleurs dans la mer.
T'écrire c'est tomber amoureux de mon premier nom, la terre,
la maison, le sol ; les relier muscle après muscle
jusqu'au goût chaud de ton haleine animale…"
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Les images se sont dispersées. Rien n'a pris leur place. La respiration est désormais d'une subtile douceur. Rien ne s'est altéré, rien n'est arrivé. Et rien n'arrivera. Je m'enivre d'une eau que je ne boirai jamais. L'événement sera toujours purement à venir ou déjà passé. L'Absence sera la forme la plus pure, parce que nulle, de la Présence. Blanche consomption de quelques mots ténus et flexibles, afin que le cœur obscur puisse par moments devenir la pulsation même de la clarté.
     
     
Les mots s'éteignent un à un dans l'intimité ouverte de la distance. Ou dans le sommeil de la montagne. Ou sous les paupières de l'air.
     
Une couleur perdue, un tressaillement de syllabes.
     
Extrême pauvreté, lampe calcinée.
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Parfois nous suivons la calligraphie du vent
nous demandons au feuillage l’orfèvrerie d’une oreille
Ce sont les souples médiations évanescentes
qui permettent l’espace au filigrane d’un instant
    
-
  
La vérité jamais ne pourra être un terme
mais une modulation des voix entre deux rives
d’un silence à un silence
et nous serons en tous un seul le même et l’autre
Nous tracerons un arc de solitude aimante
Ce qui nous couvre est ce qui nous ouvre un espace
où les arbres respirent ...
    

   
Às vezes seguimos a caligrafia do vento
ou pedimos à folhagem a ourivesaria de um ouvido
São as flexíveis mediações fluídas
que permitem o espaço na translucidez de um instante
    
-

A verdade nunca poderá ser um termo
mas a modulação das vozes entre duas margens
de um silêncio a um silêncio
e seremos em todos um o mesmo e o outro
Traçaremos um arco de solidão amante
O que nos obriga é o que nos abre um espaço
com a respiração das árvores...
    
   
Traduit du portugais par Patrick Quillier | pp. 104-5 & 23-25
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L’HORIZON DES MOTS
Sans direction ni chemin,
j’écris cette page dépourvue d’âme.
Si je réussis à parvenir à la substance d’un mur,
j’allumerai la lampe de pierre dans la montagne.
Et sans prise je me glisse dans les interstices
fuyants,
ou j’énonce les simples réitérations de la terre,
les mots qui sont des graviers dans ma bouche ou
sous mes pas.
J’essaierai de construire la matière d’un adagio
de syllabes sylvestres, de ruisseaux vibrants.
Et dans la substance plongent la main, le
balbutiement blanc
d’une langue épaisse, le bois, les abeilles,
un organisme vert donnant sur la mer,
Les touches de l’été les industries de l’eau.
Je suis maintenant ce que le langage montre
dans ses vertes stratégies, dans ses ponts
de musique visuelle : l’équilibre comble les trous
avec ses arches, ses collines, ses arbres.
Une aube est née dans les mots et les collines.
L’imprononçable est l’horizon de ce qui est dit.
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... l'écho et la source multiplient les demeures
mobiles évanescentes
rythmées dans la nacre
où le monde bat comme dans une conque
si la figure se perd l'espace parle encore
la grande rumeur le cri et le silence
le vide s’entrevoit sous l’excès ou la carence
comme une galaxie inexistante ou une amande du vertige
les lignes tremblantes les couleurs scintillantes se combinent
en pétales de hasard ou d'un kaléidoscope fustigé par la brise
mais toute cette incohérence est encore un don ou une invitation
à la création continue ...


pp. 39-40
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CELUI QUI ÉCRIT



Celui qui écrit veut mourir, veut renaître
dans un bateau ivre au calme abandon.
Celui qui écrit veut dormir dans des bras matinaux
et dans la bouche des choses être une larme animale
ou le sourire de l’arbre. Celui qui écrit
veut être terre sur la terre, solitude
adorée, resplendissante, odeur de mort
et rumeur du soleil, la soif du serpent,
le souffle sur le mur, les pierres sans chemin,
le midi obscur tombant sur les yeux.


/Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
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António Ramos Rosa
Peut-être que le poème est un petit fanal
solitaire, ou un sortilège blanc, le prodige
qui restaure la verte transparence
d'un monde immobile, ou seulement des fragments
obscurs, une pierre claire, une haleine solaire.

(" Volant vert")
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LA CLARTÉ


C'est la clarté qui palpe soudain le corps aveugle,
l'ouvre et le dissout. Et la langue prononce
l'écume et la danse lumineuse. Ce sont les flammes
de la terre,
les gorges d'ombre, les veines vertes.
Toute la vie visible dans le silence qui respire,
et dans les allées les caresses traversées par les
oiseaux.
Quel est celui qui dort parmi les fruits et les fleurs,
qui rit dans une demeure claire et scintillante
et se sent construit et dédoublé,
et rien d'autre que la volupté qui le soulève
dans la blancheur de l'espace où les éléments se
joignent,
et où tout est le caprice d'un seul souffle clair ?

p.109
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Je voudrais dire, je voudrais dire la nudité de ta peau,
la caresse des vents et la pluie sur tes épaules,
je voudrais toucher, je voudrais te toucher, je voudrais
me trouver,
je voudrais étancher cette soif qui invente tant de noms,
je voudrais libérer la langue pour être ce monde
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Je cherche la chambre la plus profonde où l’on ne sait rien. Dans la tranquillité d’un mystérieux abandon, avec l’autre visage et le secret dans sa nudité inexpugnable et silencieuse…
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DE LIGNE EN LIGNE


Entends-tu la rumeur des fleuves, ceux du monde
et ceux du sang obscur ? Tes mains habiles à nouer
là où il n'y avait plus de chemins, sans crispation ni
espoir,
n'ont d'autre secret que le fil de la vague,
la lumière du vent, ou la gorge végétale
qui t'accueille. Écrire n'est pas vivre,
mais si nous échouons dans la blancheur silencieuse,
de ligne en ligne, si dans l'inachevé
nous ne savons nommer et, le bleu de l'amnésie
remontant aux lèvres, fidèles et désemparés,
nous réapprenons à flanc de colline à marier
la note la plus claire à l'ombre la plus sombre,
nous pourrons peut-être formuler les signes d'un
commencement,
à la fois île lointaine et lumière immédiate.

p.107
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TERRE


J'ai connu ton visage mélancolique, ton corps majestueux
et tes hanches d'eau. Je suis passé entre tes seins
de basalte et j'ai entendu la clameur de tes cataractes
et le silence profond de tes gorges ténébreuses.
Et à tes pieds la mer magnifique et sur elle une lune rouge.
Je circulais dans tes veines, plongeais dans les chevelures
de ton visage multiple, posais ma bouche sur les feuilles de la nuit.
J'ai aimé, aimé dans la joie juvénile les grandes plages marines
et respiré les nuages lointains qui traversaient la montagne.
Ô lèvres immenses qui ne cessaient de vivre, ô constellations
qui brillaient dans les abysses parmi les poissons farouches !
Ô arbres, merveilleux arbres sous un soleil mélodieux
et ces paupières intactes, ces paupières de velours
qui conservaient sur la terre leurs secrets magiques !
Terre, dans ta gloire fulgurante, je t'ai aimée ébloui,
je me suis rendu à ta lumière et à ton ombre, à ta vie infinie
et j'ai baisé le sable ardent avec une ivresse lucide
comme un corps d'amant lumineux et fragile,
et c'étaient de minuscules bouches de soleil qui scintillaient.
Terre, je te vois comme une grande rose ardente sous la rosée
et j'entends les premiers soupirs amoureux, une rumeur de lèvres,
et je te sens passer dans le cœur de la lumière dorée
comme une barque légère d'allégresse végétale.
Une fois, une fois de plus ta chevelure m'accueille
et tes veines consentent ces paroles rouges
qui sont ivres d'amour, de clarté et de musique.
Je suis immergé dans ta bouche comme dans un nid paisible.
Bonheur inviolable qui est le mien et celui de l'univers !

p.123-124

À toutes et à tous, je souhaite une très bonne année aux bonheurs soloumineux (solaires lourds et lumineux à la fois) et aux soucis d'une légèreté d'hélium.
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J'écris là où la parole n'a pas encore été délivrée
entre l'eau et le désir, par la langue du vent
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LE CHANT DE LA SOURCE



Si quelque chose nous protège et nous oublie dans
la dispersion des oiseaux et la gravité des voix,
c’est peut-être que nous avons nos racines dans la montagne
et que nous traversons l’épaisseur avec les muscles de l’air.

La lumière cherche un nid en nos mains
et l’eau parle de la clarté de l’ombre.

Entre le désordre et le bleu se dressent des formes
au rythme de la transparence et d’un sang de silex.

Certaines perdent leur éclat auprès d’une naissance
ou d’une matière ailée. Et le regard retourne à la
source obscure sous l’arbre du chant.
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LA LUMIÈRE ET LA NUIT


Ici la lumière élabore ses plans
dans la tache du silence et la nuit
se met à parler aux portes. Voici le temps du corps,
le bois de l'ombre. De l'obscurité
montent des cordes transparentes, des violons
d'herbes, un tournoiement d'ailes
à contre-jour. Quelqu'un expulse
son image du miroir et l'oblige à se faire nuage.
L'ignoré est devenu la rose du midi.

p.135
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Le cheval diamant, qui s'efface
dans la couleur la plus dense ― la rose possible.
Neutre lenteur, pause de la matière,
front de terre, aurore insufflée.

Animal taillé par la lumière dans la couleur
lapidaire, traversé par le goût de la terre,
promptitude et force de la masse qui se dresse
comme la terre de loin dans l'éclat de toute chose.

Arêtes vives, courbes souples,
poitrine d'eau que le vent soulève
langue de la saveur de la terre entière,
fertilité de l'aridité minérale,
corps sonore esseulé parmi les herbes,
violence immobile,
la main le recouvre entièrement, terre placide.

p.17
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Nous sommes sur le point de vivre quand s’ouvre
l’avenue où notre passage procure
l’immédiate profusion du souffle de l’air
Fourvoyés et sûrs de nos pas nous trouvons
alors l’impossible terre qui se donne
et nous attend dans la solitude du monde
Ainsi nous sommes la transparence
de tout ce qui est opaque ou brillant
en des méandres obscurs et heureux
où l’eau respire et s’incline
Dans l’ombre nous jouissons d’une telle paix
que dans l’équilibre ardent nous nous sentons
de simples éléments parmi des éléments mobiles
Être ainsi tellement heureux dans la lumière
c’est laisser la brise devenir le sens pur
de la claire harmonie qui éclaire la parole
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GLOIRE D'UN CORPS


Non, un écho non, ni le reflet de la solitude
de la lune ; qui chante doucement dans le feuillage
l'amour fugace et tisse sa forme brillante ?
Ah scintillante merveille, tu es davantage qu'un
vague nuage
et si semblable à la mer, à son écume, à ses oiseaux !
Ton cœur n'est pas immobile comme une pierre
obscure.
Je peux boire par ta gorge ta verte splendeur.
C'est la sève de la vie et le délire d'un songe
sur un visage constellé, sur un corps qui naît
des abysses de la mer, et velours d'ombre
et de sang, il respire avec le silence de la terre
près d'un arbre de pierre sur le sable vif.
Je ne peux retenir cette forme fugitive de la beauté
cette gloire d'un corps où se consume l'univers.

p.119
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