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Citations de António Ramos Rosa (186)


Cheval, cheval de la terre, tu foules
toute pauvreté, obstacle ou poussière du sol.
La vigueur du mot est une évidence brûlante,
c’est te connaître du sol jusqu’à la crinière.

Qui arrache ta force racinaire,
en quelle vallée es-tu enterré, es-tu oublié,
de profil ou de face tu es toujours cheval,
cheval de toujours.

Ton nom est une muraille qui nous parle
par-dessus ton silence. Et c’est un nom
sans débords qui se lit à l’horizontal,
ou à pic.
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La frange de terre, le labyrinthe
où je chemine dans la cécité ou la blancheur.
[..]
La vision de l’animal m’obstine, me fascine.

[..] Quelle que soit sa couleur,
il brûle d’être tout entier la densité
d’une danse immobile sur le mur.

L’écrire c’est la tentation de la ténacité,
la persistance verticale, la hardiesse muette,
dire ce que dit entièrement son nom.
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Quelque chose vient du goût et de l’atmosphère
dans le privilège où nous sommes le mouvement
si concret qui façonne le paysage
et donne au corps la vibration du souffle
Tout découle des arbres et du vent
et des marges les plus obscures de la saison
Masses multicolores les champs oscillent
en assemblée minutieuse et parfumée
Déjà l’attention se décante et approche
la haute pénombre des collines
Le bleu s’abolit et le violet surgit
entre les ombres pourpres et les reflets
des vitres En tout il y a une pondération
un office sacré du paysage
qui livre le monde à la paix des faubourgs
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Comme s'il n'était pas de circonstance mais une donnée permanente
et intangible comme s’il avait toujours été là
même si nous ne savons pas le lieu
comme s’il n’était pas avec lui-même toujours identique
dans la paix irréductible d’être celui qui se trouve
là où naissent des lumières intimes et transparentes
qui arrivent à peine à luire et à s’élever
et nous ne savons pas si elles bougent ou brillent
ni même si leur ombre tremble
Comme s’il n’était rien d’autre qu’une subtile constellation
mais on ne peut rien dire de sa permanence indivisible
inexpugnable
pas même l’attention naissante qui le parcourt en cercles de solitude
ne pas voir davantage que ce qu’elle voit
dans la grossesse de l’ombre
et la gloire essentielle
Peut-être tout reste-t-il latent et la souveraine nudité
est-elle l’imminence de ce corps qui n’émerge jamais
Une seule touche de mélancolie et la souterraine plénitude
nous étreint Nous nous détachons infiniment Et toute cette subtile marée
monte immobile
ne couronne rien ne conclut rien
elle est dans sa sobriété la suprême exemption
qui ne se prononce pas
et module la diction
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Il ne veut qu'effleurer telle une épaule obscure
et à la nuit tombée toucher quelques pierres
ou une jarre blanche sur les dunes
On dirait que la nécessité se métamorphose
et dans un éclair le visage dilacéré
s’illumine d’une joie tranquille
Peut-être vacille-t-il encore sous la nuit constellée
Mais il médite et consent : que la source ne s’arrête pas
dans des mots de conciliation à la saveur légère
Qu’elle glisse dans la vague immobile de l’été
aussi confiant qu’un bateau de lumière
et dans la placidité infinie où le temps scintille
qu’elle soit le murmure de notre identité
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De quels doigts silencieux touchera-t-elle la pierre !
Comme elle est surprise et lente la conscience qui se lève
se prolonge et se coule dans le lieu !
Elle croît encore dans une blancheur architectonique
et ne quitte plus la vive atmosphère
quand elle est dans la coïncidence la partie transparente
Eclairée par la saveur de tout ce qu’elle voit elle consume
tout le savoir toute la saveur de son succès éclatant
Elle aime dans la paix immense d’un large mouvement
Et elle n’est plus attente ni patience car elle accroît
le cercle qui est une mer incendiée
et de grandes pierres ouvertes Au plus fort de la veille
le temps est un sommeil scintillant et une ardeur silencieuse
Elle est si posée et attentive qu’elle est une lumière plus que lente
et tout ce qu’elle pense est une lumière aussi verte que dense
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Comme si personne n'était dans cet état de tranquillité
où nous sommes au bord de l’inviolable
Tout ce que nous sommes est atmosphère
ni existence encore ni substance
mais vide repos penchant
pour ce qui ne s’ouvre pas n’éclaire pas
et reste en suspend telle une impossible possibilité
Si nous pouvions seulement être cette présence au bord
dans le cercle de l’intimité
si nous étions complets dans l’incomplétude
nous pourrions peut-être nous concentrer
sur ce qui sans se montrer serait une lenteur
lumineuse et la saveur d’un abîme sans nom
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C’étaient des jours de clarté estivale Il y avait
la fougue de la lumière et de la chaleur et une concave
densité Les arabesques tombaient des murs
Il n’y avait que l’espace l’ivre lucidité
du feu le sang dans les arbres violents
Nous étions sur le versant aride et fulgurant de la chaleur
Jamais substance ne fut si aveuglante et si épaisse
De la mer émergeaient des corps très ardents
Ils se consumaient dans la fraîcheur et la clarté
Qui pourra inventer des images si pures
qu’on les croirait imaginées par la brise légère ?
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Le monde est une rumeur de marteaux et de cris d'enfants
et c’est là le vide profond et triste
de celui qui s’est égaré depuis l’origine
Mais le monde est aussi la substance
solaire et la sérénité incandescente
d’un mystère pour toujours silencieux
Et plus que la rumeur le monde est encore cette distance
qui au travers des murmures fait sentir l’immensité
monotone qui se recueille autant qu’elle se prolonge
Et nous sentons au loin la sphère illuminée
bien que nous soyons noyés dans la paix solaire
et le vide pur d’une lumière inextinguible
Rien n’est plus immédiat Aucune urgence
Que seule demeurent la solitude si nette
et ces îles blanches plus que douces
dont la fraîcheur se pressent parmi le feuillage
Et que se poursuive le murmure lumineux
dans sa langue de silence et d’espace
pour qu’il nous nimbe de sa clarté
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Tant d'absence entoure la flamme obscure
que nous ne savons plus si elle brûle encore
Mes yeux ne voient pas les voûtes d’ombre
Comment se mettre en chemin dans une matière si lointaine ?
J’aimerais dessiner le flanc rouge de la pierre
et le feuillage qui se trouve au fond du fleuve
Ô bouche ce que tu réclames est bien plus qu’un reflet
ou une écume superflue Entendre ou ne pas entendre
le murmure de l’être revient peut-être au même
Peut-être qu’il n’y a pas de chemin et que rien ne bouge dans le feuillage
où brille le divin Peut-être que la ressemblance
s’offre comme un fruit au plus secret du silence
Les mots se courbent et battent dans l’immobilité
pour dire l’ardeur du néant comme si c’était l’être
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Dans le cœur une chose est tranquille impondérable
aussi ouverte en elle-même qu’à l’espace
Et rien ne manque dans son immobilité permanente
parce qu’en tout ce qui advient elle est le cercle
du silence et la vigilance fluviale
Comme si elle ne changeait pas elle s’écoule imperceptible
et n’attend rien dans l’atmosphère intime
où nous n’entrevoyons ni volume ni forme
Etre avec elle c’est être en sa lointaine compagnie
dans la lumière et l’obscurité sans que rien ne se passe
si ce n’est peut-être la substance d’une tranquillité
si immobile qu’elle nous détache de tout
et nous ne sommes plus que la distance de tout ce qui s’ouvre en nous
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Nous ne savons rien de presque tout L’immensité
ne peut s’appréhender La simultanéité
ne peut s’appréhender La disparité
ne peut s’appréhender Et il y a un mutisme
dans le monde et en nous qui ne se brise jamais
Sur la page il y a un silence inexpugnable
Peut-être que quelque chose veut courir et se dissiper
dans les turbulences de l’eau Peut-être qu’un autre espace
même dans l’ignorance pourrait être la transparence
Mais tout est loin et nonchalant et plongé dans le silence
Nous ne progressons pas dans la grande solitude qui enveloppe tout
Comment l’entendre ? Elle est comme éblouissante et d’une
densité tranquille qui perdure en nous
comme s’il y avait en nous comme une secrète correspondance
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Presque sans tristesse ou à son apogée
l’extrême densité de l’ombre est descendue en moi
comme si c’était celle d’un dieu à la gravitation immobile
qui serait en l’absence de lui-même la présence absolue
Quelque chose venue jeter l’ancre au centre
du corps lors d’une vague obscure de silence
lenteur et oubli
d’une paix de majesté occulte
Dans le bleu de la haute mer le temps s’éternisait
[..]
dans l’harmonie d’un sang renouvelé
telle une sève interminable et noire
L’or très dur et profond continait à vivre
dans une atmosphère de conscience silencieuse
La matière dense contemplée persévérait
dans la lointaine et très triste inclination
qui s’embrasait dans la profusion de l’eau
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Un mouvement neuf imprévisible un luminaire
qui traverse les grandes salles et les longs couloirs
et presque rien devient un souffle un résidu de lumière
sur une eau parfaite entre les ombres et le vide
une espèce de promontoire oblong de bronze vert
limite l’inexpugnable
une fragilité pure alimentée par le vent
a toute la force d’être
[..]
l’élégance et la pudeur d’une figure de femme
tissent l’intériorité d’un mouvement immobile
et la fragile offrande à toutes les forces qui la convoitent
[..]
si la figure se perd l’espace parle encore
la grande rumeur le cri et le silence
le vide s’entrevoit sous l’excès ou la carence
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Est-ce le point de départ, cette obscurité précaire
sur le fond sombre de la mort? L’espérance
naîtra-t-elle de cette blancheur vide, de cette main
de cendre?
Le voyageur, encore hésitant, est entré dans une
barque
ou un arbre qui le soulève et l’emporte dans l’immensité
de l’ombre d’un astre. Il s’approche
de formes vagues, de miroirs parmi des pierres,
[..].
Tout flotte encore au cœur de la poussière bleue
et pourpre, épars et rassemblé
comme dans la première conscience de ce monde
si lointain et si présent, comme si le soleil était un
parfum
qui descendait de la montagne sur des paroles murmurées.
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Cheval bleu, non, mais la forme
de mon haleine qui respire son ardeur.

Je suis cheval dans le cheval
parce que la parole dit son entièreté et je
vois qu’elle creuse, elle est terre, pierre,
muscle après muscle je retiens sa force.

Avec la patience du champ et l’amour du regard,
la précision du cheval est plus grande que le
chemin
et porte en lui tout le souffle de la demeure.
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À l’ombre du cheval, la vacuité retrouve sa plénitude.
Le plaisir de regarder la liberté du champ
où chaque arbre et chaque ombre disent
la tranquillité d’être à l’ombre du cheval.

La tranquillité du soleil, la terre égale à la terre,
et la lumière qui affermit les volumes et les couleurs.
Tout resurgit en force,
dans la pureté d’être en paix sous le cheval.

À l’ombre du cheval, la vacuité apprend à être
cela même qui est, une existence de lumière,
une raison d’être sans se savoir rien d’autre
que la raison des pierres, la vision des arbres.
L’ombre du cheval englobe tout le reste.
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La passion de t’inventer d’un néant me fait
écrire, un simple filament, bientôt un autre
signe, un tissu fébrile et nous avons un cheval
entier avec le son et l’exactitude du nom.

J’ignore ta robe, mais tu portes le champ,
la liberté et la force que j’expérimente en toi.
[..]

Je parcours cette terre comme un sein amoureux,
tu cours déjà dans mon corps avec la vie du feu,
ta passion m’aveugle et embrase ma terre.

C’est toi qui me nourris avec les mots justes
qui émanent de ton élégance et de ton rythme,
et m’élèvent à une vie pure et verticale.
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Cheval prêt à s'élancer, à gravir,
mais toujours la terre et le silence
soulèvent la maison et le chemin,
le tronc et la croupe, des noms forts.

Cheval de parole et de terre,
vaste par son nom et par son être,
il court le temps d'un regard sur la plaine,
ou se cabre embrasé sur les maisons.

Cheval à la fureur contenue,
écume d'un hennissement sur le mur
le plus haut de la terre, oreille
de la nuit en forme de cheval
sur l'horizon.
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Les mots ont un visage : ou de silence ou de sang.
Le cheval qui nous domine est tout juste une ombre.
Sans syllabes d’eau, il avance jusqu’à l’automne.
Un arbre étend ses branches. Les nuages demeurent.

Le cheval est une hypothèse, une
passion constante.
Dans le réseau de ses veines court un
sang temporel,
un arbre se déplace avec l’allégresse des feuilles.
Arbre et cheval deviennent un seul être réel.

Caressant l’arbre je sens la force tenace
de la tête du cheval, l’éternité du métal,
l’explosion de l’être. Et moi, feuille légère

dans l’ombre de cet être animal végétal, je
cherche la raison parfaite, l’humilité statique, la
force verticale d’être qui je suis, et l’air.
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