Ariane L. Aodael

« — De plus, ajouta-t-il, je ne serais pas resté à attendre de me faire massacrer. J’aurais craché des flammes pour faire reculer ces hommes le temps de m’envoler et de t’emporter avec moi. J’aurais condamné l’entrée basse de la caverne pour qu’ils n’atteignent pas le trésor et je me serais assuré qu’ils ne tentent plus jamais de venir me défier si près de mon antre. Même si cela aurait signifié que tu ne puisses plus retourner parmi les tiens. Je n’aurais pas hésité à tuer s’il l’avait fallu.
— Parce qu’un dragon protège toujours son trésor ? releva Gottfried avec un faible sourire.
— Parce que tu es ce que j’ai de plus précieux. Parce que c’est ainsi que fonctionne l’amour, capable de pousser un cœur à faire des choses qu’il n’aurait pas imaginées autrement. »

« — Je te remercie, dit-il sincèrement. Pour tout ce que tu as fait pour moi. D’avoir sauvé ma vie au péril de la tienne, de m’avoir soigné et traité avec tant de respect et de douceur. De me porter parce que je ne peux pas marcher. De tous ces efforts que tu fais pour moi, cette apparence que tu prends, ce vêtement que tu portes, ces couverts que tu utilises. Pour le bain que tu m’as offert, la tunique, la nourriture… et la chaleur dont je ne me lasse pas.
— Tu me remercies de t’avoir enlevé ? releva Wilhelm avec un petit sourire qui laissait apparaître un croc.
— Disons… de m’avoir enlevé sans me dévorer, corrigea Gottfried. Je dois avouer que mes cauchemars ne se déroulaient pas vraiment de la sorte et je m’imaginais un sort bien pire que cela… Tu es un être redoutable, mais tu n’es certainement pas cruel. J’en regrette toutes les pensées que j’ai pu avoir à ton encontre jusque-là, et je te présente mes excuses pour toutes ces craintes infondées.
En réponse, le dragon laissa échapper un petit rire amusé accompagné d’un nuage de fumée, pour le plus grand bonheur de Gottfried qui le regarda avec de grands yeux. »