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Critiques de Arnaud Genon (32)
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Fous d'Hervé : Correspondance autour d'Hervé Gu..

Livre intéressant pour tout fan de l'écrivain et journaliste Hervé Guibert, une figure dans la littérature française. Je l'ai connu notamment avec son roman "À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie" et j'avais envie d'en savoir un peu plus sur lui. L'opération masse critique m'a permis de lire ces écrits. On voit bien l'influence qu'a pu avoir l'écrivain sur chacun.

Je trouve, à mon goût, que le format épistolaire est un peu lassant à la longue et peut-être aurais-je préféré un récit sur les gens qui parlent de lui ?

Intéressant mais le format ne m'a pas conquis, ce n'est qu'un goût personnel.
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Fous d'Hervé : Correspondance autour d'Hervé Gu..

Un livre reçu dans le cadre d'une masse critique et j'ai apprécié cette lecture. J'avais lu, il y a plusieurs années, certains textes d'Hervé Guibert et vu des expositions de ces photographies.

Un univers et un romancier dont je connaissais un peu l'itinéraire. Considéré comme l'un des auteurs de l'auto fiction, j'avais été bouleversée à la lecture de certains textes, certains interpellaient, d'autres émouvaient mais ces lectures ne laissent jamais indifférents.

Dans ce texte, ce que j'ai apprécié le plus, c'est les différentes approches de chacun et chacune face à l'homme qu'était Hervé Guibert, à l'homme de lettres, à l'homme d'images. Des témoignages de personnes l'ayant connu, d'autres qui l'on découvert grâce à ses œuvres, écrits, photographies, films.. Et découvrir que sa vie, ses œuvres irriguent encore des vies, des textes.

Des textes récents abordent le sujet du sida et ce texte m'a incité à (re)lire les textes d'Hervé Guibert et lire des textes de personnes présentes dans cet opus de lettres.

J'ai aimé aussi ce style d'envoyer une lettre à chacun et d'attendre et publier la réponse.

Un texte pour les fans d'Hervé Guibert mais aussi pour ceux qui souhaitent découvrir l'homme de mots-maux, d'images.

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Fous d'Hervé : Correspondance autour d'Hervé Gu..

Une vingtaine de missives et autant de petits portraits, chacun avec son angle. Ce qui est joli, c’est comment Guibert devient vecteur d’écriture, fait écrire.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Fous d'Hervé : Correspondance autour d'Hervé Gu..

Masse Critique et les Presses Universitaires de Lyon méritent tous mes remerciements pour la découverte de ce volume, dont la lecture plaira même à ceux qui n'ont jamais lu Hervé Guibert, mais aiment la littérature et vivent avec elle. Son index fournira d'utiles indications pour s'orienter dans la création contemporaine, si l'on est totalement novice.



Hervé Guibert appartient à cette génération d'auteurs et d'artistes que le sida a tués au tournant des années 1990. On dit de lui que c'est un maître de l'autofiction, qu'il est un "véritable écrivain pour qui vie et littérature étaient indissociables" (p.112). On ajoutera que ses autofictions n'ont rien de la platitude et du conformisme nobélisés d'aujourd'hui : "il y a toujours de la poésie, une sorte de hauteur de vue artistique qui fait qu'on ne tombe pas dans le prosaïsme plat" (p. 158). Guibert est un artiste véritable, à qui s'impose le travail du style et qui ne se cache pas derrière de faux prétextes de sobriété. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, son oeuvre n'est pas narcissique : est narcissique l'auteur qui se regarde écrire, qui prend des poses et joue à l'écrivain ; Hervé Guibert, en transformant sa vie en écrit et en en faisant de la fiction, crée avec le lecteur une relation amoureuse émouvante qui est une offrande : "Mon corps est un laboratoire que j'offre en exhibition, l'unique acteur, l'unique instrument de mes délires organiques. Partitions sur tissus de chair, de folie, de douleur. Observer comment il fonctionne, recueillir ses prestations ... Un vrai corps, mon vrai sang. Prenez et mangez, buvez (ma paranoïa, ma mégalomania)".(p. 115)



Avec ce livre, "Fous d'Hervé", on rencontrera donc une définition renouvelée de l'acte de lire. Lire Hervé Guibert (et quelques rares autres), c'est se laisser habiter, hanter, imprégner par le langage d'un autre, et devenir à son tour, si on l'aime, un peu autre soi-même. On devient dans ce cas la somme des auteurs qu'on a aimés et par qui on s'est laissé marquer. En quelque sorte, devenant étranger à soi-même, mais dans le meilleur sens du terme, on devient "un peu fou", aliéné à soi-même (ce pauvre et étroit soi-même, si petit quand il se réduit au peu qu'il est naturellement). Tout comme Hervé Guibert a été "Fou de Vincent", nous-mêmes, lecteurs, devenons "Fous d'Hervé". "Et toi, lecteur ou lectrice de ces lignes, si tu n'as plus non plus aucun espoir, crois-moi, tu peux toujours le retrouver, même si tu te sens seul(e) sache que depuis ma tombe je veux te réconforter comme on vient de le faire pour moi." (p. 80)



Un livre de critique universitaire traditionnel, distancié, surplombant, traitant l'oeuvre et l'auteur en objets d'étude, ne conviendrait pas à cette relation affectueuse entre l'auteur et ses lecteurs. Arnaud Genon ne peut faire comme s'il n'était pas concerné directement, charnellement, par Hervé Guibert : "Le corpus : quelle belle idée ! A condition que l'on veuille bien lire dans le corpus le corps : ... qu'on ait avec cet ensemble quelque rapport amoureux (faute de quoi le corpus n'est qu'un imaginaire scientifique)." (Barthes, p. 86) Conscient de cela, Arnaud Genon invente une forme heureuse, adaptée à l'auteur, dans laquelle il s'engage personnellement, se raconte dans sa découverte d'Hervé Guibert, ses lectures et les études qu'il lui a consacrées, ses affects, sa propre "folie d'Hervé", sans vanité ni bavardage. Arnaud Genon écrit aux amis et à l'entourage d'Herbé Guibert, fait figurer dans chaque chapitre, après une courte introduction, sa lettre et la réponse du correspondant, ménageant une multitude de regards, de témoignages, d'expériences d'Hervé Guibert : "esquisser le portrait en creux d'Hervé Guibert. En creux. Il ne s'agissait pas de le retrouver lui, mais de le chercher en nous qui l'aimons. En ceux qu'il aimait et en ceux qui l'aimaient." (p. 13) C'est un renouvellement rafraîchissant du genre critique, où Hervé Guibert, être de relations, revit dans le réseau de ses amis.



Ecrire enfin est une activité que le livre d'Arnaud Genon contribue à redéfinir. Ecrire est aussi affaire de relation, ainsi que le dit Guibert lui-même : "Je crois qu'on est écrivain en étant lecteur. L'écrivain que je lisais ou son ombre, ou son fantôme, devenait presque un personnage de la fiction que j'écrivais. C'est à la fois un personnage et un modèle. Je n'ai jamais eu le fantasme de la modernité, de l'invention littéraire. Je n'ai jamais voulu faire quelque chose de neuf, de nouveau. J'avais ces amours pour des écrivains et j'essayais de me laisser porter par eux." (p. 75) Et nombreux sont les auteurs contemporains, dans ce volume, qui disent écrire "avec, par et dans Guibert" (p. 117) .



Il faut remercier Arnaud Genon d'avoir placé l'amour au centre de toute activité littéraire, de la création à la lecture.
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L'ennui

Objet littéraire non identifié, ce recueil collige tout un tas de textes, poèmes, dessins, essais, peintures, calligrammes, photographies, roman-photos et autres productions graphiques que je n'évoquerai pas au risque d'ennuyer. Car c'est bien de cela dont il est question - de l'ennui - traité sur tous les modes par une palanquée d'auteurs, tantôt connus, tantôt émergents. La plongée est distrayante, fourre-tout inconcevable, comme seules les éditions Jacques Flament osent encore en pondre. Absolument pas notable à mon sens, tant l'hétéroclite est ici loué, j'en garde une lecture amusée et curieuse.
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L'ennui

Pour faire simple et efficace : recueil sans prétention, mais bourré d'idées et d'imagination. Né d'un appel à textes sur un thème, l'ennui, cet ouvrage mélange tous les genres. L'humour côtoie le drame, le moyen l'excellent, qu'importe, on découvre des nouvelles plumes, dont un Séverin Foucourt avec une histoire (tendre, légère,...) qui tient la (courte) distance et promet de beaux textes pour la suite. À SUIVRE...
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L'ennui

Quel étrange mélange...

Des productions disparates s'enlacent sous nos yeux, singulières et biscornues, elles embrassent l'ennui, l'enserrent, valsent, chaloupent avec, lui trifouillent la couenne, lui tortillent des recoins inavouables. Pauvre ennui tiraillé de toute part. On ne sait trop si l'on doit regarder - on a sa pudeur, mais aussi le goût du difforme - alors on fonce, se défronce les sourcils et s'amuse du mêli-mêlo sur papier.

Mais tout de même, quel étrange mélange...
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L'inconfort du Je

Dialogue entre un écrivain et un chercheur autour de l’écriture de soi.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Les indices de l'oubli

J'ai été agréablement surprise à la lecture de ce petit livre reçu à l'occasion d'une "masse critique". Je remercie en conséquence beaucoup Babelio et les éditions "La reine blanche" pour ce cadeau.

Trois personnes ont contribué à l'élaboration de cet ouvrage.

- L'auteur, Arnaud Genon, reconstitue l'enfance de sa mère, décédée prématurément, ainsi que ses propres souvenirs de jeunesse, à l'aide de photographies argentiques sorties de leur boîte à l'occasion d'un jour pluvieux. Il les examine en compagnie de sa propre fille. Tout en les détaillant dans une langue claire et concise, il s'interroge et nous permet de réfléchir sur la mémoire et le temps.

- Le photographe, Hugues Castan, immortalise cet instant et ce lieu (la maison où ils se trouvent) en nous montrant les photographies éparses autour d'eux, ces photos qui ressuscitent des détails oubliés.

- La préface de Marta Caraison nous permet de mieux entrer dans le récit.

Les manchettes de la couverture présentent une courte biographie de chacun-e des contributeurs et contributrice à ce livre.

Celui-ci m'a plu et je le relirai aisément.
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Les indices de l'oubli

Les indices de l’oubli pour lesquelles Arnaud Genon nous conte ses réflexions sont toutes ces photographies familiales oubliées dans un tiroir, une boite en fer ou rangées, façon disciplinées, dans un album. Qui ne s’est pas perdu à remuer ces petits carrées bordées de blanc où la vie s’étale, souvent anonyme et oubliée ?



Arnaud Genon nous entraîne dans une de ses promenades pour comprendre et essayer de cerner ce que l’on y vient chercher. Pour lui, c’est une chemise bleue qui renferme son passé, et qu’il ouvre tout d’abord avec son fils, puis après seul.



Arnaud Genon raconte ses rencontres à la recherche d’un détail, d’une expression et même d’une émotion pour faire parler les visages, la posture de ces souvent sans-noms. L’imagination vient reconstruire un discours souvent défaillant. Mais qu’importe, son voyage nous entraîne vers le silence permettant au lecteur de retrouver l’envie d’ouvrir ses boîtes mystérieuses !



Avec des chapitres courts, Arnaud Genon raconte ses ancêtres en associant souvenirs et images. Il balaye son enfance d’avant la souvenance et retrouve l’amour des siens aujourd’hui disparus. Même les photos ratées trouvent leurs places dans cet essai sur les traces.



Toutes ces photos qui attendent de retrouver vie, Arnaud Genon nous les décrit mais ne les partage pas, permettant aux lecteurs d’y insérer son propre passé.



Ce petit essai est une pépite poétique de notre univers familier ! Les indices de l’oubli redonnent vie à cette intimité qui expose, sans le dire, les liens d’une famille, essentiels mais devenus silencieux. Arnaud Genon nous les transmet avec presque affection pour nous aider à repousser l’idée que chacun, un jour, ne sera plus qu’une photo jaunie !



Remerciements à @Babelio avec sa #massescritique et @reineblancheeditions pour #Lesindicesdeloubli de @ArnaudGenon
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Les indices de l'oubli

Dans une édition très soignée, en petit format, ce court essai, composés de chapitres d’une page ou deux, résonne en chacun de nous.

Arnaud Genon est un spécialiste de l’autofiction mais sa réflexion sur les photos de famille, celles qu’on retrouve un dimanche pluvieux dans une vieille boite en carton, revêt un caractère universel. En effet qui ne s’est pas interrogé sur la photo d’une grand-mère enfant ou jeune-fille. On scrute le portrait, on cherche des ressemblances avec ce qu’elle est devenue. Qui était-elle? A quoi pensait-elle? Etait-elle comme moi? Chacun d’entre nous invente son histoire, surtout si il ne l’a pas connue. Et personne ne saura jamais. Arnaud Genon a su admirablement retranscrire ses émotions.

L’écriture est belle, délicate, pudique, un peu mélancolique.

Merci aux éditions de la Reine Blanche et à Babelio pour ce Masse Critique insolite.
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Les indices de l'oubli

C'est un joli livre mince édité avec soin - une centaine de page - presque plus petit qu'un poche. Il est composé d'une préface de Marta Caraion, prof à l'Université- préface que j'ai re parcourue après avoir lu le livre - qui décrit plutôt justement la réalisation de Arnaud Genon. Le "niveau" - université oblige sans doute -y est assez élevé : on comprend mieux si on connait les mots herméneutique, narrativisation, ontologie, topiques, phénoménologie, intertextualité.. J'ai donc redouté un texte par trop exigeant pour mes neurones, comme l'avait été, il me semble, le livre de Susan Sontag cité dans le livre.

L'écrit de Arnaud Genon est plus accessible : une quarantaine de parties brèves (souvent 2 petites pages à peine remplies, voire une seule) de réflexions qui nous ont probablement déjà tous effleuré (en tous cas pour ceux d'entre nous, très nombreux, qui avons connu l'expérience de la photographie argentique et des photos sur papier qu'on a plus ou moins classées dans des albums) mais qui ont le mérite d'être exprimées ici, dans un langage simple mais juste. Il l'a dit lui-même : ce sont des fragments

Le plus intéressant, le plus pertinent, se trouve dans le dernier paragraphe de ces brèves pages, voire dans la dernière phrase. Et cette dernière phrase - voire le dernier mot - est, au moins par 2 fois émouvante.

A. Genon, qui a eu l'intelligence avec l'éditeur, de ne pas nous montrer les photos qu'il évoque (qu'il invoque ?) pour que nous puissions y substituer les nôtres, pointe davantage ce que ne peut pas ces images et exprime, entre autres, le paradoxe apparent de la photographie dont on attend vainement qu'elles remplacent les souvenirs non-photographiques que nous avons dans notre mémoire.

Lui (l'homme qui a écrit) est d'ailleurs le grand invisible de cela car il ne se décrit pas, parle peu de sa vie récente, reste plutôt en retrait et ne se montre pas ni ne se fait entendre - préférant confier cela à sa petite fille - sur le site internet où l'on peut voir les photos qui ont inspiré ce travail d'écriture et que je conseille d'aller visiter après la lecture et non avant.

Au risque de me tromper, je pressens un homme pudique, qui ne lève pas la voix, doux, sensible, discret, voire un peu solitaire et qui a été sans doute irrémédiablement imprimé par ce qu'il s'est passé beaucoup trop tôt dans sa vie et que quelques photographies ne permettent pas d'en atténuer l'effet.

J'ai songé à Vincent Delerm et ses chansons.

Photographe, j'étais intéressé par ce livre, entre autres, lors d'une Masse Critique et je remercie la maison d'édition la Reine Blanche, ainsi que Babelio, de m'avoir offert l'occasion de nourrir mon questionnement sur cette pratique somme toute étrange de "faire" ou de "prendre" des photos et, ce qui est le sujet de ce "récit" (d'une expérience largement partagée mais peu interrogée), de regarder ces éléments matériels tirés d'un passé mais qui ne le font revivre que très partiellement et imparfaitement

Mieux que moi, Arnaud Genon écrit (p.14) : " la photographie, en saisissant un présent instantanément mué en passé, joue les revenants, en éternisant ce moment révolu".

Mais elle ne fait pas revenir ceux qui sont partis.
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Les indices de l'oubli

Le titre m'a attiré, je l'ai trouvé paradoxal pour évoquer le rapport que l'on entretient avec les photos de famille.

Il s'agit d'un recueil de courts fragments dans lesquels Arnaud Genon, d'une plume élégante et sensible, tente de reconstituer une généalogie en regardant des photographies familiales à propos desquelles il ne sait pas grand-chose.

Il explore sa famille maternelle sans le récit maternel puisqu'il a perdu sa mère à l'adolescence.

Cette exploration des traces le conduit à toutes sortes de réflexions dans lesquelles le lecteur, sensible au temps qui passe, peut piocher matière à penser.

L’auteur se livre avec pudeur au détour de quelques- uns de ces fragment ( le talisman- les photos à blanc) On passe du général au particulier puis du particulier au général.

Voilà un petit livre bien agréable ( 104 pages ) illustré de quelques photos qui ne sont pas celles contemplées avec acuité par l’auteur, à laisser sur sa table de nuit pour y glaner de jolies pépites.

Merci à Babelio et son opération Masse critique ! Merci aux éditions de la Reine Blanche pour ce bel objet.

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Les indices de l'oubli

Enfin une autofiction dans laquelle n'importe quel lecteur peut se reconnaître ! L'auteur nous livre une belle réflexion, à la prose délicate et subtile, sur toutes ces photos de famille qui traînent dans nos placards.
Lien : http://www.editionsdelareine..
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Les indices de l'oubli

Étrangement c'est d'abord son physique qui m'a séduit. Ce petit livre est un très bel objet. Couverture sobre, papier épais de qualité, pages légèrement sépia, police de caractère simple et élégante.



Le sujet ensuite. L'après-midi d'un dimanche pluvieux, Arnaud Genon regarde des photos de famille. Des portraits d'aïeux inconnus, des photos de ses parents, d'autres époques, d'autres lieux, d'autres attitudes. Une succession de clichés pour parcourir un passé familial figé en noir et blanc, parfois inconnu et dans lequel flotte quelques souvenirs.



Au fil d'une succession de très courts chapitres d'une à deux pages, il nous livre les émotions et les réflexions qui le traversent en regardant ces clichés. Il parle simplement du pourquoi des photos, des photos floues et des photos ratées, des photos de famille, des portraits de ses aïeux, des parents redevenus enfants, du photographe toujours absent des clichés, de ce que dévoilent les objets et le décor.



Et pourtant on ne verra pas les photographies qui provoquent tant de choses chez Arnaud Genon. Quelques beaux clichés pris par Hugues Castan illustrent le l'ouvrage mais les photos originales, elles, sont absentes pour que chacun puisse y superposer les siennes.



A noter l'introduction de Marta Caraion sur la photographie. Brillante mais un peu difficile pour moi (quelques mots que je ne connaissais pas comme "herméneutique").



Voilà, j'aime ce livre et je vous invite à le lire. Merci a Babelio et masse critique pour cette belle découverte.

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Les indices de l'oubli

« Comment établir un dialogue avec ce qui n’était que des surfaces photosensibles ? » (3). C’est à cette question que songe, en 2003, au cœur du cinquième livre de Nathalie Rheims, une narratrice quelque peu déboussolée qui, alors qu’elle vient de prendre possession d’une maison qu’un mystérieux inconnu lui a léguée par testament, découvre, tapissant les murs de chacune des pièces, agencée en une sordide scénographie muséale, toute une collection de portraits. Hommes, femmes, enfants, célébrités ou anonymes, y sont représentés, sereins, les yeux clos. Sur la pellicule ils posent, ils reposent ; à jamais ils se reposent, paradoxalement immortalisés, fixés, figés pour toujours, dans l’éclatante noirceur et l’éternelle fulgurance du dernier souffle.



Les formules oxymoriques de la phrase précédente ne sont pas choisies par hasard. Parce qu’elles expriment, peut-être mieux que nulle autre, l’ambivalence constitutive du tout « geste photographique » (p. 57, 87), même lorsque celui-ci est raconté a posteriori avec le recul de l’analyse objective : faire (per)durer l’éphémère, rendre compte d’un flux temporel tout en cherchant à l’interrompre. Cette dualité, me semble-t-il, est cruciale pour qui veut percer la mécanique souterraine des Indices de l’oubli, le dernier récit d’Arnaud Genon, remarquablement préfacé par Marta Caraion et illustré par les belles photos d'Hugues Castan, que les Éditions de la Reine Blanche ont fait paraître en août 2019. En effet, bien que ce mince ouvrage ne soit pas exclusivement tourné vers l’imagerie mortuaire (la problématique du deuil n’en sera pas pour autant écartée ; l’auteur l’abordera avec pudeur par le truchement de la figure maternelle qui innerve l’ensemble du texte), force est de constater que, dans ce « roman archéologique sans mot » (p. 18), l’inlassable travail de « fouille photographique » (p. 8) – qui a tout d’une exhumation – reste au service d’une réflexion (tant lumineuse qu’intellectuelle), voire d’une « épreuve métaphysique » (p. 102).



Que les lecteurs se rassurent ! Ils ne trouveront dans ce livre ni commentaires techniques professionnels ni dissertations philosophiques poussées. Non, Les indices de l’oubli n’a rien d’un essai. Il ne s’agit pas (ou pas uniquement) d’interroger la photographie en tant que discipline artistique. On a plutôt affaire à une (en)quête des sensations. Ce qui prime dans ces pages, en réalité, c’est, bien plus que la chronologie d’un passé que le sépia tenterait froidement de re(con)stituer, l’impression esthético-mnésique que les clichés sélectionnés au gré des découvertes – saines oasis « abandonnée(s) au milieu d’un désert d’images » (p. 25) – laissent, de façon plus ou moins durable, sur la rétine du narrateur-observateur. Ce dernier, en une paradoxale « variation proustienne » (p. 65) qui s’efforce de « rester en-deçà de la tentation fictionnelle » (p. 9), se penche sur l’oubli, les fluctuations de la mémoire et du temps. Il ouvre, pour lui-même et avec nous, sa chemise bleue. C’est un porte-documents cartonné tenu par des élastiques, on le sait. Mais quand bien même il aurait été question du vêtement, l’effet eût été identique.



Car ce qu’Arnaud Genon construit dans cette petite centaine de pages, ce n’est ni plus ni moins que son très guibertien « mausolée des instants de vie » (p. 55) : en cherchant à se retrouver lui-même à travers les autres, dans l’ailleurs de ses aïeux, il esquisse (autant qu’il révèle) une sorte d’autoportrait oblique, une autobiographie de la lumière dans laquelle, par petites touches discrètes, avec pudeur et délicatesse, il se met métaphoriquement et progressivement à nu.



Ce n’est pas son anatomie qu’il dévoile, mais plutôt les chemins de son intimité, les petites routes, les sentiers buissonniers de sa vie, avec leurs tours et leurs détours, Les souvenirs de l’ombre resurgissent, recomposés verbalement dans le présent éclairé de l’énonciation littéraire, avec, comme maîtres-mots, partage et universalité.



Alexandre Dufrenoy
Lien : http://www.autofiction.org/i..
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Mes écrivains

Un auteur qui raconte son rapport aux livres, comment les écrivains ont joué un rôle dans les différentes étapes de sa vie. C'est fascinant! Cela raconte aussi notre propre rapport à la lecture, nous rappelle et nous permet de chercher dans notre mémoire quels sont les auteurs ou les livres qui ont marqué nos vies. Un exercice intéressant que cet ouvrage nous invite, involontairement, à faire. Pourquoi pas marcher dans les pas de Arnaud Genon?
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Mes écrivains

[...] Mes écrivains. Une histoire très intime de la littérature ou pourquoi j’ai commencé à écrire se présente bel et bien comme « une autofiction, c’est-à-dire une autobiographie consciente de son impossibilité : je ne suis jamais que la fiction de mes souvenirs, de ma mémoire » (105), lit-on quelque part dans une des pages du péritexte. [...] Grâce à ce recueil de récits d’une centaine de pages, Arnaud Genon nous montre à quel point notre rapport au livre est complexe et sa fréquentation, lourde de conséquences [...]
Lien : https://proprosemagazine.wor..
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Mes écrivains

Arnaud Genon est enseignant-chercheur et auteur de plusieurs essais consacrés au genre autobiographique. Dans « Mes écrivains », sa seconde autofiction, il revient sur les rencontres d’auteurs, les livres qui ont marqué sa vie. Sur des mots qui l’ont touché, qui lui évoquent sa propre histoire, qui symbolisent des étapes de son existence.



Il explique que « La littérature a joué dans ma vie, comme pour beaucoup, je crois, un rôle capital. Je l’ai découverte alors que le monde s’effondrait sous mes pieds, peu avant la mort de ma mère. J’avais onze ans. Les livres sont ensuite devenus des compagnons, des amis. ». Un rapport aux livres très personnel donc. C’est pourquoi chaque chapitre de ce livre est associé à une œuvre qui l’a marqué comme pour « se raconter » lui. En quelque sorte, une autobiographie romancée, une autofiction par les livres.



Il y évoque sa passion pour Rousseau et du « vif attachement » envers sa professeure de littérature à l’Université, qui deviendra sa Mme de Warens en l’initiant aux Confessions.



L’une des grandes étapes de sa vie de lecteur, la découverte de Jacquou le Croquant. Un livre offert par sa mère alors malade, et dont le parallèle avec l’histoire du héros fut troublante : la mère de Jacquou est aussi souffrante…Ce roman a été un déclic, lui a permis de comprendre qu’il ne serait jamais seul, que la littérature serait là pour l’aider car son histoire était déjà écrite dans les livres.



Durant 12 chapitres, Arnaud Genon est lecteur, alors que le 13ème chapitre marque la transition en devenant écrivain à son tour. Ce livre est le lien entre « Ecrire sur les autres, écrire sur soi, écrire, tout court ». Grâce à « ses écrivains », il a pris conscience de son envie d’écrire, d’exposer son propre « je » sans s’identifier à celui des livres.



Cet ouvrage me parle tellement : en tant que lectrice, blogueuse littéraire, je suis en effet amenée à écrire sur les autres. Mais au fil de mes lectures, je ressens de plus en plus l’envie de prendre la plume à mon tour. Ecrire non plus sur des mots mais avec mes mots. Ecrire ce qui vient du fond de mon être et plus seulement en décortiquant les oeuvres d’auteurs.


Lien : https://aurelivres57.wordpre..
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Tu vivras toujours

Dans ce court roman, Arnaud Genon décrit la maladie fatale d’une mère au travers des yeux de son enfant. À la venue de la mort, toujours brutale, bien qu’inévitable, attendue et même finalement désirée par la malade, succède l’histoire de la maladie dans une famille ordinaire, comment elle s’installe, emplit le quotidien, puis l’intègre. Le jeune narrateur, âgé de onze ans au début du cancer de sa mère, décrit simplement ses questions, ses doutes, ses ressentis : quelques mots surpris derrière des portes, avant de s’endormir, des sanglots parfois, un vocabulaire nouveau, les changements de la vie quotidienne… Au décorum incompréhensible de la mort et à ses rites font suite les souvenirs d’une vie heureuse qui va se déréglant tout comme l’organisme de la mère, avant qu’une rémission, comme une rédemption, ne permette pour l’enfant un nouveau départ, et pour la mère confrontée à la reprise de sa maladie, l’acceptation de son propre départ.

L’écriture est nette, sans effets superflus, d’une lecture agréable et d’une précision qui rendent parfaitement les interrogations, les visions et les réflexions d’un garçon de douze ans vues au travers du prisme mémoriel, nécessairement déformant, de l’adulte qu’il est devenu. Ce roman autobiographique est aussi un témoignage amoureux, celui d’un enfant pour sa mère partie trop tôt, et pour laquelle, par ses lignes, il tient sa promesse d’alors : par les mots d’Arnaud Genon, sa mère vivra toujours.

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