Anaïs au réveil possède ce genre de charme naturel qui vous pousse à commettre des folies dès le matin.
Le souvenir olfactif n'est pas tendre. Il nous percute de plein fouet, nous plonge dans le passé sans nous laisser le choix... Il est vif, saisissant, incontrôlable et d'une exquise rareté. Après tout, qui n'a jamais plongé le nez dans le t-shirt de son amant ? Qui n'a jamais chercher à retrouver la marque du parfum d'une femme aimée, qu'elle soit une mère, une grand-mère ou une maîtresse ? Le souvenir olfactif est pérenne. Et dangereux.
L'amour, ce sentiment irrationnel, est en train de reprendre se place dans mon sang, s'insinuant jusque dans la plus minuscule de mes cellules.
Dix ans. Le plus fastidieux des voyages. Un interminable périple, s'étirant avec la plus cruelle des lenteurs sur un horizon sans fin. Et, aujourd'hui, dans ses yeux, la promesse de retrouver enfin la lumière au bout du tunnel.
Ma vie n'était animée que par une rage noire qui me dévorait de l'intérieur.
Tu m'as toujours répété que le jour où l'on te verrait faire un footing serait certainement "le premier jour du reste de ta déchéance" me rappelle-t-elle.
''Victime... Je n'aime pas ce mot. Les femmes qui résistent et continuent à vivre malgré la violence, les coups, les insultes ne sont pas des victimes. Ce sont des battantes, des survivantes qui font preuve d'une grande force.''
Voilà comment ça va se passer, m'explique-t-il à voix basse, me tirant un frisson délicieusement électrique. J'utiliserai mes doigts, mes paumes, ma bouche, ma langue, tout ce que j'ai à ma disposition pour effacer ce dégoût dans tes yeux. Je vais déployer des trésors d'ingéniosité pour effacer I'image que tu as de toi, parce que, entre ce que tu as l'air de penser et ce que j'ai sous les yeux, je suis sûr qu'il y a un monde. Et quand tu auras oublié ce qui t'empêche de voir la femme époustouflante que tu es, alors on pourra enfin se concentrer sur le plus important : moi. à l'intérieur de toi.
Et c'est là, à l'instant où le sol s'ouvre sous mes pieds pour m'engloutir dans ses ténèbres, que je prends ma décision. Peu importe la douleur, peu importe la difficulté ou l'horreur, peu importe notre passé, mon passé, je serai présent pour elle dans chaque foutu moment à venir. Même les plus durs, même les plus irrespirables... Je serai partout où elle voudra que je sois.
Ce soir, je la retrouve.
Ce soir, je la déshabille lentement.
Ce soir, je la caresse de mes mains, de ma langue, de tout mon corps.
Ce soir, je prends mon temps, plus besoin de rester dans l'urgence.
Ce soir, j'apprends à connaître son corps.
Ce soir, elle apprend à connaître le mien.
Ce soir, je la fais mienne.
Ce soir, nous nous voyons pour la première fois.