Aurélie Laloum

13 mars 1150, 13 heures, Paris

Une fois la cérémonie achevée, les pèlerins sortirent en premier de la basilique bondée. Devant l'édifice, un groupe de cinq chevaliers en armure attendait. Mathias les regarda avec un mélange d'admiration et d'émotion. À leurs tabards blancs immaculés et barrés d'une grande croix rouge et à leurs étendards, il reconnut les célèbres Templiers. L'un d'eux s’avança et parla d'une voix puissante à l'assistance :
-Bonjour, amis pèlerins ! nous sommes les chevaliers de la Milice du Christ. nous vous accompagnerons dans votre voyage pour la Terre sainte. Nous nous rendrons jusqu'au port de Messine, au sud du royaume d'Italie. Nous embarquerons ensuite pour Jaffa. nous marcherons enfin jusqu'à Jérusalem. Plusieurs abbayes, monastères et même châteaux ont proposé de nous héberger. Nous camperons le reste du temps. Ceux qui pensent qu'il s'agit d'une simple promenade se fourvoient. Ce périple sera long et semé d'obstacles de toutes sortes. Mes frères chevaliers et moi-même ferons de notre mieux pour vous apporter assistance et secours, même si cela doit nous coûter la vie. Cependant, nous ne pouvons vous garantir que vous arriverez saints et saufs à Jérusalem. Ceux qui ne se sentent pas le courage ou la force d'affronter fatigue et peur peuvent encore librement décider de ne point partir. Mais si votre âme est habitée par le souffle divin et que vous nous suivez, vous aurez sûrement la chance de voir le lieu le plus saint du monde chrétien. Là-bas, plus que nulle part ailleurs, vous sentirez la présence de Notre Seigneur et vous serez touchés par Sa grâce. Vos prières seront entendues et, si Dieu le veut, exaucées. Jamais dans votre vie vous ne connaîtrez pareille aventure.
La foule était à présent sortie de la basilique, mais tout le monde restait silencieux, captivé par la voix du chevalier. Il fit une pause puis finit d'une voix forte :
- Nous suivrez-vous ?
Les pèlerins et Mathias, que le discours avait enflammés, crièrent alors en chœur un grand "Oui !". Le templier cabra son cheval. Les autres membres de la Milice du Christ se joignirent à lui et s'écrièrent d'une même voix : "Dieu le veut !", et ils s'engagèrent dans une rue, doucement, pour que les pèlerins aient le temps de dire au revoir à leurs proches, et que ceux qui désiraient suivre le convoi puissent rejoindre les rangs.