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3.75/5 (sur 40 notes)

Né(e) : 1978
Biographie :

Aurore Bègue a été libraire.

"Treize" est son premier roman.

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Nous étions, ma sœur et moi, pressées que ces vacances arrivent enfin. Mais Marie paraissait encore plus impatiente et enthousiaste à cette idée, comme si elles allaient lui apporter quelque chose d’inédit, de nouveau et d’excitant, là où je ne voyais qu’un été parmi les autres, rempli de baignades, de glaces à l’eau, et de longs dîners avec nos parents et leurs amis parfois ivres.
Ce printemps-là, donc, assise en tailleur sur mon lit, Marie adorait me parler des histoires d’amour naissantes qu’elle avait vécues et vivrait, en vernissant ses ongles qu’elle transformait en de petits coquillages rosés ou dorés. Elle ressemblait à une caricature de grande sœur, un cliché, si jolie mais si agaçante, celle qui en sait toujours plus que vous, celle qui est toujours un petit peu plus que vous, ou bien vous, mais en mieux.
Elle tenait ses mains et ses doigts précautionneusement écartés devant elle pour ne pas abîmer le vernis couleur rose bonbon qu’elle venait d’y poser et elle souriait de cette nouvelle manière si mystérieuse de grande sœur, la tête légèrement penchée sur la droite :
–Je vais y revoir Céline… et surtout Aurélien… Tu te rappelles de lui, Alice ?
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La culpabilité est pernicieuse et ne se laisse pas vraiment apprivoiser : elle ne devient jamais plus légère. Elle est toujours ce tiraillement interne, ce trou béant creusé dans le coeur, ces pensées sans fond s'entremêlant dans le cerveau.
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« J'éprouve toujours un sentiment étrange lorsque je suis là, debout, plantée devant l'entrée de l'école élémentaire, la main devant les yeux, scrutant le soleil de fin d'après-midi qui pointe tout en haut du toit, à guetter l'heure de la sortie des classes. Une seconde il me semble avoir encore treize ans, comme si le temps tout autour et moi-même nous étions arrêtés depuis cet été-là. Comment est-il possible, alors, que j'attende ma fille de sept ans – corps fin et souple, cheveux blonds tressés – sorte de cet endroit, s'exclame d'un joyeux « Maman! » et vienne se lover dans mes bras ? Par quel étrange magie ai-je pu créer un être si parfait ? J'ai appris à vivre avec ce décalage permanent. Quoi que je fasse, où que je sois : je suis celle qui n'ai jamais au bon endroit. Écrasée par la lassitude, par la culpabilité d'être seulement là, jaugeant mes jambes trop maigres dans ce pantalon froissé, regardant les autres mères, celles qui ont l'air à leur place, celles qui sont habillées avec goût, qui ont un corps féminin, celles pour qui vivre paraît facile. Je souris, maladroitement au début, et puis mes yeux croisent ceux de ma fille, alors je suis enfin dans l'instant, je la serre contre moi, je respire son odeur, je goûte la douceur de ses joues, et je me sens comblée mais oh ! Ça ne dure jamais bien longtemps, à peine le temps de m'en repaître, doucement, que déjà la plénitude disparaît comme elle est venue. »
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Mais Simon n'était pas comme les autres. Il était sûr de lui, sûr de ce qu'il était, mais pourtant sans suffisance aucune, il avait une présence presque solaire et se révélait d'une politesse incroyable, surtout avec les adultes. Il se souciait des autres sans pour autant s'inquiéter de leurs regards et même s'il souriait beaucoup, quelque chose semblait le rendre un peu détaché de tout : cet ensemble qui le définissait avait quelque chose de fascinant.
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Il y avait les fleurs bleues, jaunes et blanches du papier peint, et son motif répété à l’infini, si familier !
Ce lit qui s’affaissait légèrement quand je m’allongeais dessus, les sandales de plage de l’année passée, trop petites et aux semelles élimées laissées en dessous à l’abandon. Dans le jardin, l’immense saule pleureur là pour nous protéger du soleil parfois trop violent, sous lequel j’aimais m’installer pour lire. Ses branches retombaient si bas qu’elles touchaient presque l’herbe, et il fallait les relever pour entrer dans l’espace ainsi créé, comme le rideau de porte en bambou qui menait à la cuisine. Les vélos dans un renfoncement de l’entrée, de différentes tailles, certains rouillés par endroits et aux pneus dégonflés, que l’on retrouvait année après année. Un monde particulier, à moi, à ma famille.
Tout aurait pu être comme d’habitude.
Nous serions rentrés le dernier jour d’août, deux adultes et deux enfants déjà nostalgiques mais le teint doré, et nous aurions repris le cours de notre vie, comme toutes les fins d’été précédentes, car ce n’était pas censé se passer comme cela, de manière aussi absurde, aussi insensée, n’est-ce pas ?
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Tout aurait pu être comme d'habitude.

Nous serions rentrés le dernier jour d'août, deux adultes, deux enfants déjà nostalgiques mais le teint doré, et nous aurions repris le cours de notre vie, comme toutes les fins d'été précédentes, car ce n'était pas censé se passer comme cela, de manière aussi absurde, aussi insensée, n'est-ce pas ?
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La culpabilité est pernicieuse et ne se laisse pas vraiment apprivoiser : elle ne devient jamais plus légère. Elle est toujours ce tiraillement interne, ce trou béant creusé dans le cœur, ces pensées sans fond s'entremêlant dans le cerveau.
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